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« Life in plastic, it’s fantastic »…

et féministe !

© Mattéo Colson

Cette petite effigie de plastique, au visage adolescent et à la silhouette invraisemblablement féminine, est aujourd’hui sexagénaire. Véritable référence de la pop culture au symbolisme fascinant, elle est plus qu’un simple jouet. En effet la Barbie incarne notamment toute l’évolution de la société américaine depuis les années cinquante, mais aussi, et cela malgré tous les stéréotypes qu’elle peut projeter et auxquels elle est associée, une certaine idée progressiste de la femme.

La première Barbie a été créée par Ruth Handler, qui était à cette époque vice-présidente de Mattel, pour sa fille Barbara surnommée « Barbie », alors qu’elle revenait d’un voyage en Allemagne. L’ingénieuse maman y avait découvert « Bild Lilly », une poupée adulte à taille de guêpe, à la poitrine généreuse et aux jambes dont la longueur semble infinie. C’était une poupée tout droit sortie d’une série de bande dessinée à succès présentée alors chaque jour dans le quotidien Bild Zeitung. Elle représente maintenant le « motif warholien ultime » et les valeurs par excellence de la société américaine : la jeunesse éternelle et l’opulence. Le succès de sa fulgurante commercialisation est un coup de génie marketing et son histoire est en quelque sorte une leçon de mondialisation de l’économie.

Le féminisme selon Barbie

Si l’immense succès commercial ne peut se démentir au fil du temps, c’est que Barbie, à « l’expression coulée dans le plastique », a néanmoins su s’adapter aux tendances et aux évolutions, et notamment à l’inévitable inflexibilité politique. Ainsi elle s’est transformée en astronaute quand il a fallu calmer les remontrances féministes autour de l’image de passivité qu’on lui donnait. « Nous les filles, nous pouvons faire tout ce que nous voulons », clamait-elle dans les années 80. Mais, lorsqu’on regarde les choses de plus près, on se rend compte que Barbie a toujours été libre et indépendante, elle « ne confine pas les fillettes dans une fonction nourricière, dispensatrice de caresses. Barbie est une femme de pouvoir qui ne cède pas aux avances de Ken », affirmait l’écrivaine Marie-Françoise Hanquez-Maincent dans son essai Barbie, poupée totem. 

D’ailleurs, explique Elisabeth Moet, directrice marketing de Mattel France et Belgique : « Au départ, Barbie est un flop. À l’époque, dans la société américaine des années cinquante, la priorité pour les mamans était de faire en sorte de trouver un mari à leur petite fille plutôt qu’elle se projette dans le monde de demain avec un métier. Dès l’origine du projet Barbie, l’idée était qu’à travers ce jouet, la petite fille s’imagine devenir une femme qui a le choix et une certaine liberté. D’où les multiples professions qu’elle exerce. Il existe aujourd’hui une Barbie juge, par exemple. »

Effectivement, avant Barbie, la poupée servait à apprendre à la petite fille comment devenir une bonne mère. Avec le bébé, la petite fille apprend à materner… et avec la maison de poupées, elle s’entraîne à faire le ménage ou la cuisine. Avec Barbie, que nenni, elle a un rôle émancipateur et si elle doit s’entraîner quelque part c’est uniquement sur les courts de tennis ! En 1962, seulement trois années après sa naissance, Mattel décide de coordonner Barbie et Ken avec la création de deux collections dans le thème du tennis : « Tennis for Anyone ? » pour Barbie et « Time for Tennis » pour Ken. Jouant des tons iconiques de la marque et du blanc emblématique du tennis de l’époque, c’est une dizaine de pièces qui mélangent habillement l’univers de la poupée mythique avec celui de la balle jaune. 

La liste complète de leurs vêtements et accessoires :

  • Robe de tennis blanche
  • Cardigan blanc avec bordure orange
  • Lunettes de soleil bleues
  • Cardigan blanc avec bordures bleu marine et rouge 
  • T-Shirt en coton à manches courtes blanc
  • Lunettes de soleil vertes 
  • Chaussettes blanches
  • Chaussures de tennis blanches
  • Livret des règles du tennis
  • Balles de tennis blanches 
  • Raquettes de tennis jaunâtres aux manches noirs 
© Mattéo Colson

Real « Sheroes »

Au début des années 1960, une grande partie des Etats-Unis souffre encore énormément de la ségrégation raciale. Cependant la société évolue grâce à la pression exercée par le mouvement des droits civiques. Une nouvelle et importante législation étendant les droits des Noirs est votée, et en 1967 la Cour suprême juge anticonstitutionnelles les lois interdisant les mariages mixtes entre individus de couleurs différentes. Malheureusement, Martin Luther King est assassiné l’année qui suit. Pour lui rendre hommage et en même temps afficher son soutien à la communauté afro-américaine, Mattel créé la première Barbie noire. L’entreprise a toujours fait preuve d’un certain militantisme, et aujourd’hui elle continue encore. En 2018, celle-ci décide de suivre le mouvement féministe de l’ère #MeToo et se lance dans la lutte contre les stéréotypes sexistes en finançant une chaire à l’université de New York, autour du programme « Dream gap » (le plafond des rêves) sensibilisant le public aux facteurs qui empêchent les petites filles d’atteindre leurs pleins potentiels. Même objectif pédagogique pour sa chaîne YouTube où Barbie donne des conseils aux fillettes et aborde les sujets de la dépression et du harcèlement à l’école.

La même année, pour la journée internationale de la femme, l’entreprise produit une collection rendant hommage à des femmes qui ont marqué l’histoire dans leurs domaines respectifs. S’y trouvent l’aviatrice américaine Amelia Earhart et Katherine Johnson mais aussi l’artiste mexicaine Frida Kahlo, ou une mathématicienne afro-américaine qui a participé à la réussite de la mission Apollo 11. Viendra s’ajouter à la liste l’iconique Billie Jean King, dont la poupée vêtue d’une robe bicolore bleue et turquoise est un clin d’œil explicite à son match d’exhibition légendaire face à Bobby Riggs en 1973.

Ce n’est évidemment pas anodin. Au-delà d’être un simple match de tennis c’était aussi une vraie bataille idéologique. Cette année-là King vient alors de remporter trois titres de Grand Chelem, mais les primes accordées aux femmes restent bien inférieures à celles des hommes. Révoltée par les inégalités entre sexe, King fait partager au monde son ras-le-bol et exige de nouvelles conditions financières. Sous son accoutrement d’agitateur ultra macho, Riggs – par ailleurs plus attiré par l’argent et l’idée du pari  que soucieux de réellement prouver sa théorie – met au défi la joueuse américaine de remporter un match face à lui et ainsi de démontrer qui de l’homme ou de la femme est le plus fort. Il sera battu en trois petits sets et deux heures de jeu. Cette victoire symbolique – et médiatique – marquera un tournant dans l’histoire du tennis féminin puisque dans la même année l’égalité salariale entre en vigueur à l’US Open – décision fortement influencée, il faut le souligner, par la création la formation du syndicat des joueuses, la WTA (Women’s Tennis Association) créée par Billie Jean King, elle-même.

Naomi Osaka rejoint quant à elle le groupe de femmes inspirantes qui font partie de l’initiative « Sheroes » (héros au féminin) de Barbie – qui inclut notamment la gymnaste Laurie Hernandez, l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad ou la mannequin Ashley Graham. La joueuse collaborera une deuxième fois sur une nouvelle édition nommée « Role Model » dans laquelle la Barbie revêt un ensemble Nike semblable à celui qu’elle portait lors de l’Open d’Australie en 2020.

« C’est un tel honneur de faire partie de la série Barbie Role Model et de rappeler aux jeunes filles qu’elles peuvent faire une différence dans le monde. Je veux que les jeunes filles du monde entier se sentent habilitées à rêver grand et sachent que si elles croient en elles-mêmes, tout est possible, avait-elle expliqué dans un communiqué de presse. C’est quelque chose de fort, car quand j’étais enfant, je jouais beaucoup à la poupée Barbie ». Née d’une mère japonaise et d’un père haïtien, la joueuse s’est dite fière de « représenter les gens qui pensent qu’ils ne le sont pas ». « C’est vraiment un objectif important pour moi », avait-t-elle insisté.

Comme Billie Jean King, il n’y a pas que sur les courts de tennis que la joueuse engage l’échange et impose son style. En témoigne cet acte fort lors du tournoi de Cincinnati en 2020, quand elle a refusé de jouer sa demi-finale pour protester contre les violences policières aux Etats-Unis après la mort de George Floyd et les tirs par balles sur Jacob Blake. Elle avait réussi, le temps d’une journée, à mettre  le monde du tennis en pause, et obligé  les organisateurs à suivre le mouvement en reportant finalement la rencontre au lendemain. On l’a aussi vue entrer sur le terrain avec des masques au nom des personnes afro-américaines victimes de ces mêmes violences policières lors de l’US Open de la même année. Après avoir reçu une amende et avoir été menacée d’exclusion par la direction du tournoi de Roland-Garros 2021, la Japonaise avait finalement choisi de se retirer de la compétition et avait partagé, sur les réseaux sociaux, un long texte dans lequel elle faisait part de sa détresse psychologique. Rouvrant ainsi le débat (ultra tabou) autour de la santé mentale. 

Barbie n’a jamais cessé d’évoluer avec son temps. Au commencement, ses hobbies sont semblables à ceux des adolescentes : elle fait par exemple  du baby-sitting, elle sort en discothèque… Puis elle entre en faculté dans les années 1970 et fait carrière la décennie suivante. Elle a toujours pratiqué du sport et suivi le style vestimentaire de son époque, la mode étant effectivement l’un des fils conducteurs majeurs de son évolution. Aujourd’hui, elle est le reflet du monde que les enfants – et les plus grands – voient autour d’eux, un monde de diversité et dans lequel on peut devenir qui l’on veut. En somme, Barbie est bien plus complexe et utile que la simple image de bimbo à laquelle elle est assimilée alors il serait peut-être temps de la prendre au sérieux et de parler d’autres choses que de ses mensurations.

Article publié dans notre Courts no. 3 anglais, été 2022.

© Mattéo Colson

Wimbledon Qualification

Day 4, All to Play For

© Anna Britton

You are a Wimbledon qualifier“, on day four this is the end goal for everyone, the strive to hear these words is the motivation. This is it the final day of Wimbledon qualifications where one more result can help change your tennis life, you can say I played a grand slam.

Spectator participation was high again, the stands were packed. Today player interviews were being conducted after each match knowing there would be higher emotions with that main draw slot being the prize.

Even though this was an important day there was still a calm over the Roehampton complex, high pitched screams could only be heard over one court otherwise only the calling of the scores could be heard.There were no easy matches today, you could see by looking at the scoreboard this was hustle day!

After some mild drizzle in the morning slightly delaying the start of the day the high temperatures were still there and the sun was starting to show itself again.

Umbrellas up over the players at change of ends as they sat there contemplating their next move of the chessboard. The thought process trying not to get ahead of themselves and visualising entering that main draw. Talking it point by point, tactical move by move how could they exploit their opponents weakness to give them that end prize that they so badly wanted.

The confidence was now increasing on grass more slice was being used off both sides, the drop shots ever increasing and staying at the back of the court was becoming less of the main preference. The volley was becoming more of the players friend realising that this could be the clincher, a way to shorten the rally and help close out the point. I could hear some coaches comments “Wow ! I’ve never seen her come to the net like that.” Grass forces you to change your patterns and go to shots you sometimes use little on other surfaces.

© Anna Britton

The results coming in it was great to see new mum Yanina Wickmayer qualify, Wickmayer said “this is honestly an amazing moment for me its been a hell of a ride.

Australia came out well with four Australian woman qualifying for the main draw, this hasn’t happened since 1983. For Astra Sharma the qualify was especially sweet as last year she had been a set up and a break up before loosing, qualifying is always exciting but this year she realised just how much it meant,. For Australia this has proved a good tournament having eleven players in the draw and converting four into that converted main draw place , the goal of course is to have 11 in the main draw without having to qualify! Having Ash Barty as a role model seems to have had a golden effect !

The most emotion has to have been shown from Mexican Contreras – Gomez she beat Timea Babos in a long tough battle to get that illustrious main draw place. As she realised this was it she had done it she let out a scream and fell to her knees embracing the grass. Her native flag came out and lots of hugging was to be had from family and friends, her grandfather having played at Wimbledon made it extra special. He had reached the last 8 at Wimbledon and was part of the famous last 8 club enabling him to come and watch her in the main draw.

So there we have it as the last match was completed around 6.30 pm and those golden tickets had been handed out we come back to “the stage awaits!

As this centinery year begins and homage is paid to centre court the proceedings will begin on Monday.

Wimbledon will enter its gates once again with no covid restrictions and the celebrations can begin. We look forward to this unique tournament beginning, the amazing atmosphere and that English heritage showing itself again, Wimbledon we embrace you and your centinery year.

© Anna Britton

Wimbledon Qualification

Day 3, Inspiration

© Anna Britton

Everyday new ideas and innovations are appearing at this tournament. As the sun continued to shine and the temperatures continued to soar, the All England Club had taken pity on the melting spectators. Today on entering the grounds a big screen had appeared next to the innovative mini grass courts where spectators were able to watch the tennis on the big screen under teepee style tents. Young kids were able to glance at the screen to get inspiration and motivation dreaming of playing in the famous historical event whilst buying into this years theme of “the stage awaits“.

You get a strong feeling this year of inspiring the young. With the mini grass courts and the commercial advertising the BBC are using of animation to promote the tournament. In addition to this the second week of the championships will include an u14 exhibition tournament to inspire and encourage both the competing young and the next generation.

Though the qualification event is fiercely competitive outside the courts the atmosphere is relaxed and calm. With the extra seating on all courts and courts having been spaced out everybody gets a clear view . There is no hustle and bustle as there can be on the outside courts at the main event and no standing on tip toes to get a glimpse of you favourite player, it would go under the hashtag of #spectatorsatisfaction!

Day 3 provided both a mix of male and females players and with the dry weather there was little sliding and slipping around the court, a firm grasp was felt under foot.

© Anna Britton

I sat most of the afternoon with my friend Paul Kilderry from Tennis Australia as we watched the Australians compete of both men and woman as they fought it out next to each other. Both players we watched had come back from some serious injuries and surgeries, 4 knee surgeries for one of the players, but the lure of the famous grand slam had pulled them back in to compete, after all Aussies and grass historically go together!

Players famously try and make their comeback at Wimbledon but on the other side they also like to retire there, history and the final page plays a big part in a person tennis career.

As I leave I see a coaching colleague playing mini tennis on the grass courts with his son.I am happy to take pictures and videos of them playing tennis together, who knows if in years to come his son will be playing at Wimbledon,either way we made memories for the family album.

We look forward to Day 4 the testing day when everything is on the line to have that gold(or green!) qualifying place and be part of ‘the stage awaits’.

© Anna Britton

Wimbledon Qualification

Day 2, Ladies Day 

© Anna Britton

Yet again we were blessed with more glorious blue sky and radiant sunshine to start day 2 of the Wimbledon qualification process.
After entering the vast expanse of rolling green grass courts, first stop was to look at the new Centre Court that is being seeded and built for next year. A new practice area will also be built at the front of the club so spectators get to watch the warm ups of their favorite players again increasing spectator participation.

With ladies day always being Wimbledon Tuesday and in this special centenary year more female history was in the making. It was very apt that British player Sarah Beth Gray became part of Wimbledon history. Having been 1 set and 3-5 down, Beth as we know her clawed her way back to play the first 10 point tie break at 6-all in Wimbledon history to clinch the victory. Having had heart surgery only a few months ago it was also great to be part of history in a positive way. Exciting for me having known her and her tennis journey for a long time and to see this result .

Also on an injury comeback was previous doubles runner-up Timea Babos. It was good to see her return to the court having sustained the injury in last years at Wimbledon. She had a convincing 6-1 6-1 win over Katharina Gerlach. On a positive female theme It was good to see mothers competing, one of these being Yanina Wickmayer who in her 13th year playing Wimbledon confessed that she found grass her favorite surface to play on and just loved the special atmosphere that surrounded Wimbledon.

Around the courts various conversations were had about the lack of points this Wimbledon but everyone agreed that Wimbledon still came out the worthy winner of being a unique event that players wanted to compete in and of course there is still the prize money! With players from around the world competing 7 Australian women progressed to the next round strengthening their pool of players.

© Anna Britton

Spectators were delighted and grateful with the new spectator tents where some shade could be taken and sun lotion reapplied as the temperatures continued to soar. Though there is not so much pimms and strawberries consumed at this event you will see more enthused tennis fans not wanting to waste much time away from the competitive court. The tents provide another welcomed addition provided by the all England club for people to take a quick rest bite before heading back to the courts to watch more high quality tennis.

It was interesting to see some great grass court tennis from the likes of Argentinian player Nadia Podoroska, where you would expect to see higher clay court tennis being played. Great tactical awareness could be seen of the bounce of the ball, increased slice work and the charging of the net.

Especially pleasing for me was to see a young player I had formerly coached, Ranah Stoiber aged 17, being given a wild card into the event . Having had a good run at her first junior Wimbledon last year and a couple of good grass court weeks leading up to the qualifying she tried to make the most of her debut but narrowly missed out 7-5 in the third set. It’s always nice to see the younger ones coming through when it only seems like yesterday you were starting their journey!

Day 3 looks likely to provide another filled day of tennis with both the men and women playing their second rounds and the sun yet again shining down on the courts!

Ranah Stoiber (à droite) et Anna Britton (© Anna Britton)

Wimbledon qualies

The start up of “the stage awaits”

© Anna Britton

As you approach the club you instantly see the difference since the All England Club has taken over this venue. Smart signs and Wimbledon borders guide you into the club. The layout has changed with grass mini tennis courts available for kids to get their first taster of the hallowed turf. New food and canteen areas are available and there is definitely more of a professional Wimbledon vibe to the tournament.

Day 1 starts with the mens draw and both players and spectators were blessed with fantastic weather. Some players still struggled to find whites and even at this level there can be a mad dash to find white kit if you have no sponsor. As you would expect the quality of the matches was strong but you could see the majority of the players that had come off the clay courts struggling to adjust to the different bounce, speed of the ball and different footwork patterns needed. A couple of the matches only lasted 45 mins as some struggled more than others.

© Anna Britton

As the sun bounced off the crisp whites which are obligatory for both the Wimbledon qualification and main draw the style of slice, drop shot and volley was there across all matches. Larger practise areas and player tents make the whole complex seem bigger with more seating which also gives spectators a more comfortable watch. The crisp bounce of the ball and linesman’s calls could be heard across the open spaced  complex.

Matches were able to continue right through to 7pm which is always a great start for the tournament director. Let’s hope the good weather continues throughout the week and it will be interesting  to see extra additions that the All England  club introduces. Roll on day 2 the woman’s draw .

© Anna Britton

Halle en état de grass

ATP 500 de Halle 2022
ATP 500 de Halle, 2022 (© Juliette Boffy)

Du béton à l’horizon. Au milieu d’une zone industrialisée aux routes cimentées, jonchées de garages pour camions réfrigérés et agrémentées de parkings bondés, il est tout de même parvenu à s’y faufiler. Au bout de la « Roger Federer Allée », que le futur revenant a remporté à dix reprises sur seulement treize participations, il se dévoile. Depuis une trentaine d’années, un petit écrin tissé de verdure, enveloppé par l’Owl Arena et sa structure immaculée, vient rivaliser avec les plus prestigieux tournois sur gazon d’ouverture de la saison.

La rue Roger Federer, menant au stade de Halle (© Juliette Boffy)

Le roi soleil, gardien de la chaleur suffocante se faisant assassin du vent bienfaiteur en cette semaine caniculaire, n’aura cependant pas empêché la dizaine de milliers de spectateurs quotidiens de venir agiter leurs éventails à cette nouvelle édition du Terra Wortmann Open d’Halle. En transpirant peut-être tout autant pour leurs joueurs favoris que sous le plomb météorologique, les aficionados présents ont pu se délecter – entre quelques boissons cuivrées et les traditionnelles crêpes aux fraises – de la fraîcheur hebdomadaire d’Hubert Hurkacz. Le Polonais, envoyant au tapis vert le géant et numéro 1 mondial Daniil Medvedev en finale, a confirmé une possible traversée héroïque dans le borough londonien de Merton.

Daniil Medvedev, au service lors du tournoi de Halle en 2022 (© Juliette Boffy)

Balayant la solide frappe d’un Nick Kyrgios résistant lors de la demi-finale et survolant l’irritabilité du Russe dans un ultime combat abrégé, Hurkacz a pu conforter ses supporters rouges et blancs : le désormais 10ème meilleur joueur mondial n’en a pas fini d’infliger de robustes volées de bois vert à ses futurs adversaires.

 

 

An Ode to Surbiton

andy Murray, Challenger Surbiton 2022
Andy Murray, Challenger Surbiton 2022 (© Cristina Puscas)

The ball hit the net. It wasn’t supposed to but it did. Jordan Thompson blinked twice, as if in disbelief, then snarled and chuckled—a sequence of emotions he took a mere second to display. “It’s a joke“, he uttered under his breath. Minutes later, he whipped up an impossibly angled forehand at a full stretch, picking up the ball from inches above the ground, with spin that threatened to send it careening into the stands, but ultimately dragged down to a foot within the baseline. Superhuman as the shot seemed, it was routine, which made the errant forehand from the moment before all the more jarring. In the symphony of a professional tennis match, a missed shot is a false note—it rankles and unnerves. It’s shattered glass. Nails on a chalkboard.

To watch Jordan Thompson in action, the 82nd best male tennis player in the world, is to glimpse how miniscule the technical differences can be between the spotlighted tennis elite and the lower-ranked players that often, and unfairly, make for a backdrop to the matches you see on TV. But to watch him run around the green courts of Surbiton is also to glimpse the essence of grass-tennis in general.

Thompson darts across the baseline with a faint patter of footwork. His game, loaded with looping topspin groundstrokes and cunning slices, extends shots into gruelling rallies.

Inside one such rally, there comes a grunt of strain—his body tenses up for an attacking shot, arm extending—he hits a blistering forehand that wraps around his neck. A quick split step follows, then a gasp, and a sprint across the green for a skilful, put-away volley. The ball slides off his racquet and grazes the side-line of the service box. Or maybe it doesn’t. He freezes, all momentum gone. A linesman shrieks “out!, and as his voice echoes away, Thompson looks to the spot the ball had just hit, then to the umpire, with a look of utter disbelief on his face. He snarls, irritated, and demands to inspect the ball for signs of chalk which would indicate that the ball had in fact caught the line. He tosses it over in his hands. With his eyes suddenly growing wide, he theatrically drops to his knees. “Oh, come on, he shouts. This is such an important point! You can’t do this.” The umpire shakes his head sympathetically. There’s nothing I can do, he seems to be saying.

Thompson huffs. He shakes his head. He walks over to the service line. Years—decades—of tennis-trained two-second memory doing its work, he’s already pushed the point out of his mind. He’s focusing on the next one.

Thompson plants his feet on the baseline, and looks over to his opponent. He tosses the ball up, and with his gaze fixed on the yellow comet trailing an arch over his head, he hits an ace.

There is no denying that Surbiton is a far cry from the manicured perfection of Wimbledon. But it’s also where grass court tennis gets distilled to its most basic ingredients. It’s a place for the fans to fall in love with the game rather than the sport.

Surbiton Trophy is an annual event taking place in the first week of June. Serving as the entry way into the British grass-court swing, for many players the tournament is often the first contact of the season with grass. Located on the outskirts of London, over its history, the 137-year-old venue has hosted a parade of promising youngsters looking to break through, tour veterans searching for game time, and stars trying to get the feel of the surface they will be playing on for the next month. The ATP website notes that, “Past champions in Surbiton include former Top 10 stars Mardy Fish (2006) and Jo-Wilfried Tsonga (2007), with Lleyton Hewitt and Roger Federer contesting their first professional grass-court matches there in 1998 and 1999, respectively.” The list is not conclusive—Andy Murray competed on multiple occasions, and in 2018, NextGen prodigy, 19-year-old Alex de Minaur, lost in the final to Jérémy Chardy in a three-set thriller. 

It takes four minutes and twenty-six seconds to make a full round of the Surbiton Racket & Fitness Club where the event is held. With wet gravel crackling under my shoes, I walk into the tournament grounds past a small and unassuming media centre, then a cordoned-off, low-roofed building serving as the players’ restaurant, and a red-brick clubhouse with bushy, verdant tree line towering over. I go deeper, snaking around the centre court, its makeshift stands creaking under the weight of tennis-hungry fans, and into the open space packed tightly with seven tennis courts—their grass trimmed neatly to three-quarters of an inch. “Please don’t throw stones on the courts“, warns a sign. Which is fitting, seeing as at Surbiton, everything is a stone’s throw away.

Andy Murray, Pierre-Hugues Herberrt, Challenger Surbiton 2022
Andy Murray, Pierre-Hugues Herberrt, Challenger Surbiton 2022 (© Cristina Puscas)

I start noticing things—familiar details that one learns to recognise after following live tennis for a while. Groups of ball kids frolicking around as they wait to be called on court (I want to believe that a collective noun for a group of ball kids is a gaggle—it evokes the right kind of sound), officials casting nervous glances at the ominously grey sky, players, easily spotted from the crowd, with their tanned complexions and well-toned frames.

The tournament’s dates fall on the cusp of the British Summer, it is therefore irritatingly cold most of the time. As the week progresses, in a cruel rock-paper-scissors game of weather, I am forced to apply sunscreen just for the rain to wash it off and for the wind to blow the umbrella out of my hand. The lack of glamour of the Surbiton Trophy, and the lower rungs of the tennis tour in general (Surbiton is a Challenger level event—a tier below the ATP Tour), is inescapable—manual scoreboards, chemical toilets, overpriced food. And yet, it has a certain charm to it.

It doesn’t feel like a Challenger“, Denis Kudla, this year’s finalist, remarked. He is right. This year’s lineup, despite Surbiton Trophy’s modest ranking points offering (however, still more than Wimbledon’s), was packed with tennis-heavyweights. Surrounded by a crowd of onlookers, Andy Murray pinged away volleys on a practice court, tour veterans Radu Albot and Denis Kudla strutted around the grounds, newcomer Brandon Nakashima languidly watched another player’s training session, promising youngster Jack Draper and multiple Slam doubles champion Pierre-Hugues Herbert stretched out on benches and chatted with fans, in a display of access that would be unthinkable just one train-stop away at Wimbledon. 

The courts play differently, too. Both Andy Murray and Denis Kudla mentioned it—Murray saying that, “[Surbiton grass] is different to Wimbledon and Queen’s“, and Kudla noting that the courts play “closer to old-school grass than the perfection of Wimbledon.” Over the course of the tournament, the conditions were not always conducive to great hitting, with strong winds and showers interrupting play (“It was a pretty good match considering the ridiculous winds“, said Thompson of his win over Otto Virtanen), but when the elements eased off, and allowed the game to be played, it produced tennis at its most entertaining.

The clay swing was a little bit rough for me so I was really keen to get started on the lovely green stuff, and it couldn’t have started any better“, Jordan Thompson said of his start to the tournament. In a way, that was my feeling, too. Surbiton Trophy marks the start of the grass-court season, and just as its close cousin, clay, it makes for a unique part of the tennis tour. After the Australian sojourn, the American Sunshine Double, and the Mediterranean clay-swing, I was looking forward to the stoic beauty of “the lovely green stuff“. It seemed fitting, too, that this year, the quintessentially British tournament took place on the Jubilee weekend, an occasion marking Queen Elizabeth’s 70 years of reign. 

On the semi-finals day, with the Jubilee flags fluttering over the centre court, I watched Sir Andy Murray battle it out with Denis Kudla. The fans, quieter and more composed than their clay- or hard-court counterparts, applauded genially the low-bouncing rallies, the slices, and the forays to the net. They Ohhd and Ahhd at the falls, slips, and bad bounces, and whispered incredulously at the double faults. The ping and the pong of the ball echoed around the stadium, and Murray’s monologues entertained with a background of constant self-criticism. 

At one point, the sun briefly peeked out from behind the clouds, and bathed the Surbiton grass with a golden glow. And as Murray and Kudla went deep into yet another one of their rallies, a smile crept up on my face. The “green stuffis lovely, I thought.

Andy Murray, Challenger Surbiton 2022
Andy Murray, Challenger Surbiton 2022(© Cristina Puscas)

Merci, Jo

Jo-Wilfried Tsonga, ses adieux au public après le dernier match de sa carrière, Roland-Garros 2022 (© Virginie Bouyer)

Mardi 24 mai 2022. Jo-Wilfried Tsonga a joué l’ultime match de sa carrière. Avec la fin dont il rêvait, dans une ambiance dingue, et riche en émotions. Celles qu’il a ressenties, celles qu’ils nous a procurées.

Jo-Wilfried Tsonga a perdu, mais Jo-Wilfried Tsonga a gagné. Il a atteint son objectif. Il a concrétisé son dernier rêve de joueur de tennis professionnel. Celui de terminer sa carrière immense sur scène, en partageant avec le public des émotions aussi puissantes que ses “sacoches” de coup droit. “J’ai passé des jours, des semaines, des mois à me demander si j’allais réussir à rejouer ou pas, avait-il confié au quotidien Le Parisien en mars 2021. Je ne pouvais pas faire le moindre effort. Je n’arrivais même pas à prendre mon petit bonhomme (Sugar, son fils) dans les bras. (…) Mon rêve serait de jouer Roland-Garros, de pouvoir de nouveau prendre du plaisir avec une grosse ambiance. Arrêter sur un énorme match, ce serait exceptionnel.

Ses derniers résultats, plombés par une carcasse usée par le poids du temps passé à se plier aux exigences du sport de très haut niveau, pouvaient laisser craindre un acte final éclair avant la tombée de rideau. Lors du tirage, le sort a semblé vouloir l’envoyer au casse-pipe. Mais face à Casper Ruud, 8e mondial et terreur de la terre battue, “Jo” a envoyé du bois. Au point de ferrailler pendant quatre manches et 3h49 avec le Norvégien. Une empoignade qui aurait même pu se prolonger pour un ultime round. A 6/5 dans le quatrième set, le natif du Mans a servi pour faire durer le plaisir. Seul hic, sur le dernier coup droit du jeu précédent, pour faire le break, le corps a lâché. Derrière l’épaule, comme il l’a confié dans l’intimité de sa fin de conférence de presse.

“Dans la ‘vraie vie’, vous ne pouvez pas vous lâcher comme sur le court

C’en était fini, la douleur était trop forte. Pour son dernier combat, celui en qui les Australiens avaient vu un sosie de Mohammed Ali en 2008 s’était livré corps et âme. Littéralement. “J’ai tout laissé sur le terrain”, a-t-il ensuite confié. Incapable de pouvoir continuer à se servir de son épaule comme rampe de lancement pour ses missiles, contraint de pousser la balle – il a même dû engager à la cuillère -, il a tout de même mis un point d’honneur à ne pas jeter l’éponge. Quitte à ne gagner qu’un seul des onze derniers échanges du duel. Parce qu’il en avait bien conscience, il vivait ses derniers instants avec un type d’émotions que seuls les joueurs peuvent ressentir, inconnu du commun des mortels. Si, par exemple, Stan Wawrinka a sué à en ruiner tous les t-shirts de sa garde-robe pour revenir sur le circuit après 13 mois d’absence, c’était pour renouer avec ses sensations uniques.    

La vie sur le circuit est très spéciale, avait-t-il expliqué lors d’une interview pour Yonex en novembre. Je veux vraiment retrouver les stades, les fans et les émotions que le tennis procure. Cette vie me manque.” Au point qu’à chaque interview donnée avant ou après sa reprise, il a rappelé que ceci était la raison principale de sa motivation. Ce mardi 24 mai, sur le Philippe-Chatrier, Tsonga a dit adieu à quelque chose de fort. “Vous savez, dans ‘la vraie vie’, il est parfois difficile d’être intense, a-t-il expliqué devant les journalistes. Vous ne voulez pas choquer, être impoli, vous ne voulez blesser personne. vous essayez toujours d’être sympa, sociable. Mais sur le court, vous pouvez laisser parler votre fièvre. Vous pouvez tout lâcher. C’est libérateur.

Tout le public debout pour Jo-Wilfried Tsonga lors du dernier match de sa carrière, Roland-Garros 2022 (© Virginie Bouyer)

“C’était de la folie, une des plus belles ambiances que j’ai vécues”

Ce qui va le plus me manquer ? Je pense que c’est l’adrénaline, a-t-il poursuivi. Être sur un grand court comme ça, avec 15 000 personnes qui crient ton nom et te portent sur le terrain. Franchement, physiquement, les deux, trois derniers mois, je n’étais pas au mieux. Ce qui s’est passé aujourd’hui était improbable pour moi. Je ne m’étais pas senti comme ça depuis très longtemps. Je pense que c’est grâce à l’engouement, tous ces gens qui m’ont porté. Le contact avec le public va me manquer.” Meilleur tricolore du circuit masculin depuis Yannick Noah, avec une bonne marge sur les potes Gaël Monfils, Richard Gasquet et Gilles Simon, l’ancien 5e mondial a vécu un dernier tour de piste à la hauteur de son marathon de 18 saisons sur le circuit principal. 

Au rythme de ses concassages de balles, les fans se sont dressés sur leurs sièges. Ils se sont pris la tête dans les mains. Ils ont vibré, tremblé, crié. La Marseillaise a été chantée à s’en crever les tympans. “Aujourd’hui, c’était la folie, a réagi le néo-retraité de 37 balais après la rencontre. C’était l’une des plus belles ambiances que j’ai vécues, et c’est arrivé sur mon dernier match. Je ne pouvais pas demander mieux, hormis le fait de gagner (sourire).” Peu importe. Des victoires, il en a eu une kyrielle multipliée par une ribambelle en addition à une flopée. Début avril, au moment de l’annonce de son futur arrêt, certains, et trop nombreux, haters l’ont raillé. Le réduisant au rang de “bon à rien” , car sans titre du Grand Chelem à son palmarès. Or, ce qu’a réussi “JWT” à l’échelle nationale en fait un monument du tennis français. Et au niveau mondial, ses accomplissements se sont gravés très loin de l’anecdotique.

Tsonga, chasseur de géants

Outre la fameuse finale de l’Open d’Australie 2008, il a joué cinq demi-finales en Grand Chelem – Open d’Australie 2010, Wimbledon 2011 et 2012, Roland-Garros 2013 et 2015 – et trois quarts de finale à l’US Open. Vainqueur de 18 titres en simple sur le circuit principal – seul Noah a fait mieux chez les hommes en France -, il a notamment remporté deux Masters 1000. Bercy en 2008, et Toronto six ans plus tard en écartant au passage Novak Djokovic, Andy Murray et Roger Federer. Des cadors qu’il a chahutés comme très peu ont su le faire. Les chiffres en ont attesté. Tsonga s’est immiscé, aux côtés de Juan Martín del Potro et Andy Murray, parmi les trois bonhommes à avoir battu Nadal, Federer et Djokovic alors qu’ils étaient numéro 1 mondiaux. Chasseur de géants confirmé, il s’est imposé comme le quatrième joueur comptant le plus de succès face au Big 3.

Joueurs avec le plus des victoires face au Big 3 (Nadal | Federer | Djokovic) :

  • Murray : 29 (7 | 11 | 11) – en 85 matchs (34,1 % de victoire)
  • del Potro : 17 (6 | 7 | 4) – en 62 matchs (27,4 %)
  • Thiem : 16 (6 | 5 | 5) – en 34 matchs (47,1 %)
  • Tsonga : 16 (4 | 6 | 6) – en 55 matchs (29,1 %)
  • Hewitt : 14 (4 | 9 | 1) – en 45 matchs (31,1 %)
  • Berdych : 13 (4 | 6 | 3) – en 78 matchs (16,6 %)
  • Wawrinka : 12 (3 | 3 | 6) – en 73 matchs (16,4 %)

Casper Ruud dans les bras de Jo-Wilfried Tsonga, Roland-Garros 2022 (© Virginie Bouyer)

Au-delà de ces résultats, Tsonga a marqué sa génération par ce qu’il dégageait sur le terrain. “Il est très charismatique, il a apporté plein de choses positives à notre sport”, a déclaré Nadal lors la vidéo hommage diffusée sur le Central à la fin de sa joute d’adieu. “L’un des joueurs les plus charismatiques de l’histoire, il va laisser un héritage”, pour Djokovic. “C’est un grand ambassadeur de notre sport, j’ai toujours adoré le regarder jouer”, a commenté Murray, avant le message de Federer : “Tu vas nous manquer sur le circuit.” Une aura qui a envouté d’innombrables gamins à travers la planète. Certains des actuels virtuoses de la raquette ont travaillé leurs gammes en étant inspirés par Tsonga. “C’est dur pour tout le monde, pour tous les joueurs de te voir arrêter, lui a déclaré Ruud, 23 ans, lors de l’interview sur le court. Tu as été une inspiration pour moi, et pour beaucoup de jeunes dans le monde. J’avais 9 ans quand je t’ai vu battre Rafa (Nadal), qui était mon joueur préféré, à l’Open d’Australie (en 2008). Tu es un gars génial, un exemple de ce que doit être un joueur de tennis.”

Son charisme a envoûté la jeunesse du monde

Il était mon idole numéro 1 quand j’étais plus jeune, a raconté Félix Auger-Aliassime, qui avait 7 ans lors des premiers exploits de son modèle à Melbourne, en conférence de presse quelques mois auparavant. Les autres grands joueurs, je ne pouvais pas m’identifier à eux. Jo me donnait l’impression d’être comme un grand frère. (…) Pour ma génération, les idoles étaient Roger et Rafa. Mais j’étais vraiment fan de ‘Jo’. J’ai toujours adoré le voir jouer, avec son charisme, son style explosif, son service, son coup droit. Ado, à certains moments, je pouvais même bâtir mon jeu en le calquant sur le sien. Et ça a été génial quand j’ai pu discuter avec lui. Parfois, quand tu rencontres une idole d’enfance, tu es finalement déçu. Avec ‘Jo’ ; tout le contraire. J’étais ravi. C’est vraiment un gars en or.”

Nick Kyrgios, lui aussi, a été en admiration devant ce champion. “Il (Federer) n’était pas mon idole, même si c’est un super modèle, a-t-il un jour répondu en conférence de presse. En grandissant, je ne regardais pas tant le tennis, mais j’ai en quelque sorte façonné mon jeu d’après celui de Tsonga : gros service, gros coup droit, chercher à dicter l’échange. (…) Quand j’ai joué contre lui (la première fois à Marseille en 2017, victoire de Tsonga), je le regardais encore avec mon admiration d’enfant. Jouer contre ‘Jo’, ça me mettait en stress. (…) En 2008, quand il a fait finale de l’Open d’Australie, j’avais 12 ans. Je suis allé à toutes ses sessions d’entraînement, je n’en ai pas manquée une ! À chaque fois avec une nouvelle balle, et il les a toutes signées.” A chaque autographe, sans doute, Kyrgios lui a répété ‘Merci.’ Et nous, nous ne lui dirons jamais assez, pour toutes les émotions que tu nous a procurées : merci, ‘Jo’.

Why not them?

A week at the Millennium Estoril Open

Sebastián Báez, Estoril 2022 (© Cristina Puscas)
Sebastián Báez, Estoril 2022 (© Cristina Puscas)

It was nearing 10.15pm, and the scorching Estoril sun had long given way to a chilly breeze blowing over from the Atlantic. 

Frances Tiafoe, having just mounted an odds-defying comeback in his quarter-final match against Alejandro Davidovich Fokina, lumbered out of the court for his post match interview. Despite the late hour, and the three hours of tennis he was feeling in his legs, Tiafoe was all smiles. 

“I knew [I can win] if I can just hold serve, make him serve for it, and hit a couple of good returns, get the crowd behind me, he said of being 2:5 down in the final set. Maybe he feels some nerves.

“You break and, all of a sudden, the crowd erupts”, Tiafoe paused and cracked an infectious smile. “Then I was, like, shit, you’re here now, might as well see what happens.” 

Tiafoe’s win against Alejandro Davidovich Fokina, however satisfying and surely a confidence boost, added yet another three hours to his time spent on court. Over the week, he had fought through two gruelling matches in the earlier rounds, defeating Dušan Lajović and Nuno Borges, and was yet to battle past his fellow American, Sebastian Korda, in a three-set thriller where he would go on to save three match points.

Struggling with a minor illness and, at times, seemingly devoid of energy, Tiafoe would suddenly leap into a blistering forehand or execute a well-timed dropshot. More than once, he looked around the stadium with a gladiatorial air as the fans stomped their feet and chanted his name. “I don’t know what it is, but they love me out here“, Tiafoe would laugh later.

What Millennium Estoril Open may lack in stature, it more than makes up for in electrifying atmosphere and gorgeous vistas. Tennis-goers attending the tournament get the chance to enjoy the game at the highest level, with many high-ranked players preferring sunny Estoril to Munich–the other ATP 250 tournament happening at the time–with its patchy weather and an arguably less picturesque setting. 

We try to have, usually, one top-10, two, three top-20 players, says Pedro Keul, the Millenium Estoril Open Press Officer. This year we had Cameron Norrie scheduled to play, and he was just outside the top-10, so we were very happy, but he pulled out at the last minute. We were also so close to securing a big star but he didn’t want to come back yet (later, in Madrid, Rafael Nadal revealed he wanted to play in Estoril, but he had not recovered enough from his stress fracture in his rib).

Pedro Keul, the Millenium Estoril Open Press Officer, in the middle (© Cristina Puscas)
Pedro Keul, the Millenium Estoril Open Press Officer, in the middle (© Cristina Puscas)

 

It’s easy to see why Estoril makes for an enticing choice. The tournament is slotted in the week between ATP500 in Barcelona and Madrid Masters, offering players the opportunity to catch up on some much-needed clay court time before the brutal triple of Madrid-Rome-Roland Garros. The city itself, located a half-hour drive from Lisbon on the western coast of Portugal, evokes a distinct, if a bit gaudy, sense of the Old World. With its brightly coloured buildings, quaint cobblestoned streets, and numerous beaches peppered throughout the area, the region of Cascais, where Estoril is located, brings to mind images of Côte d’Azur.

We have good hospitality, says Pedro Keul. Everybody loves to come here. It’s well known over the world of tennis that Portugal is good—good seaside hotels, good places to eat. And the weather is always fantastic.” He breaks out into a chuckle, “Three or four years ago, there were one or two days when the courts in Munich were white with snow. And here it was like this, Keul points to the clear skies outside. The players were joking with each other about the weather in Munich.

The Millennium Estoril Open is a spiritual successor to the Portugal Open, which for a while also operated under the name Estoril Open. The tournament was a fixture of Portuguese tennis dating back to 1990, and steeped deeply in its history. The list of players who, over the years, lifted the Estoril trophy includes such luminous talents of the game as Roger Federer, Novak Djokovic, Carlos Moyà, Juan Martin Del Potro, and Stan Wawrinka. 

In 2015, after failing to secure the sponsorship, the tournament was rebranded and moved from Oeiras to Estoril. “This is the seventh edition of the [current] tournament, Keul explains. I think, in the first few years, people were used to the old space, near Lisbon, the old Estoril Open. It was a big space, you could do everything you wanted. And when we moved here, it was a very small organisation, just a few people. So we had to do some gymnastics to accommodate everything. But I think we are getting there“, he smiles. 

While Frances Tiafoe was fighting his way through the draw, on the other side of the ladder Sebastián Báez was making a name for himself. Unseeded himself, the young Argentine, fresh off the back of his Next-Gen appearance and a ATP250 Chile Open final, took down seed after seed on his way to the final. With boundless energy, ruthless devotion, and never-die attitude, he took down the home favourite João Sousa in the round of 32, followed by wins over Marin Čilić, Richard Gasquet, and Albert Ramos Viñolas. 

After each of his wins, Báez would write “Why not me? on the TV camera’s lens. An initially cryptic statement turned out to come from the most unlikely of places–Frances Tiafoe’s bracelet.

Sebastián Báez, Estoril 2022 (© Cristina Puscas)
Sebastián Báez, Estoril 2022 (© Cristina Puscas)

 

My coach asked me, ‘Have you seen his [Tiafoe’s] bracelet?’ You have to get a tattoo of what it says, Báez explained. The significance is to believe in yourself, in what you have, in who you are, to value yourself. And ‘Why not me?’ I believe it’s a message of belief. And if you believe, you can.

Tiafoe himself was pleased to inspire a colleague. “He told me that in the locker room a couple of days ago, he said. I’ve been wearing it so long, I didn’t even know what he was talking about.

“After he won today [Saturday], I said ‘Why not me?’ to him again. It’s cool. Any kind of inspiration, that stuff matters, it goes a long way. I think belief in yourself is the biggest thing. It doesn’t matter if everyone else around you doesn’t believe in you. If you don’t believe in yourself, it’s tough to go far in life.

On the semi-final day, I ran into Pedro Keul on the tournament grounds. Looking at the forecast, I remarked on the slight overcast predicted for the next day. He jokingly brushed aside my mobile phone. “Don’t look. It’s going to be OK” , he laughed. He was right, too. When Francisco Cabral and Nuno Borges walked on to Estádio Millennium for their doubles final against Máximo González and Andre Goransson, the skies shone blue and, as earlier in the week, the court was bathed in brilliant sunshine. 

Cabral and Borges, a Portuguese pair making their ATP debut to an understandably enthusiastic crowd, made the most of the home support and navigated a number of tricky encounters to book their place in the final. Having battled through three sets in the first two matches, against number three seed, Austin Krajicek and Ivan Dodig in the round of 16, and unseeded Nathaniel Lammons and Tommy Paul in the quarter-finals, Cabral and Borges eased into the tournament and closed out the remaining two matches in a seemingly routine fashion. The semi-final saw them cruise past number one seed, Jamie Murray and Michael Venus, in straight sets before claiming the trophy against Máximo González and Andre Goransson, also in two sets. 

It’s an unreal feeling winning on home soil, Cabral said during celebrations. First ATP event, first main draw, first title with Nuno, my childhood best friend. I couldn’t be happier.” The pair entered the media centre for their final press conference of the tournament to a standing ovation. 

When Tiafoe stepped on court to face Báez for the trophy, he was offered a chance at redemption for his 2018 Millennium Estoril Open final loss to João Sousa. But the week’s matches taking a toll on his body, he showed little of his usual fire. His game peppered with uncharacteristic errors and far-too-few winners, Tiafoe gave Báez space to play his best game, the Argentine winning 6-3, 6-2. It is a measure of Tiafoe’s success over the course of the tournament–the hearts he had captured, the imaginations he had inspired–that even at 2-5 down in the second set, having lost the first, the crowd still hooted and hollered in his support. This went beyond the usual let’s-keep-the-show-going attitude often exhibited by the fans at the end of tournaments. They truly believed, even when Tiafoe no longer did.

Frances Tiafoe, Estoril 2022 (© Cristina Puscas)
Frances Tiafoe, Estoril 2022 (© Cristina Puscas)

 

Pedro Keul smiled, “They wanted blood. They got sweat instead.”  

Quizzed in the post-match interview on what went wrong, Tiafoe gave full credit to his opponent. “Unbelievable job by Sebastian. He deserved it. He played better than me today”, he said. Sebastian Báez, for his part, asked what was going through his mind, as he dropped to his knees in victory, offered, “A lot of things, a lot of words. But I think the best words were ‘so proud’.

With the clay dust settled, and the booming sound of forehands slowly fading from memory, Báez scribbled his final on-lens statement: “Yes, it’s me”.

The young Argentine, having defeated three past Estoril champions on his way to the final, would wake up the next day as number 40 in the ATP rankings–a jump of 19 places compared to his position at the start of the tournament (and one above Roger Federer for what it’s worth). For the moment, however, his mind was solely on enjoying the moment. With the trophy in his hands, Báez turned to Tiafoe and smiled, “Why not me? And why not you, man?

As the tournament wound down, and the sun set on Clube de Ténis do Estoril, Tiafoe was wrapping up his last media duties. With few journalists left in the room, he ruminated on his now-two missed shots at the Estoril trophy. “I’ve got to win this fucking tournament“, he joked. After all, why not him?

Alcaraz au miroir de Nadal

entre reflet et différences

publié le 5 mai 2022
Calors Alcaraz, Rafael Nadal, Indian Wells 2022
Carlos Alcaraz face à Rafael Nadal, en demi-finale d'Indian Wells 2022 (© Antoine Couvercelle)

Comme Rafael Nadal, il est Espagnol. Comme Rafael Nadal, sa précocité épastrouille. Comme Rafael Nadal, il loue les vertus de l’humilité et du travail. Comme Rafael Nadal, il fait résonner les « Vamos ! » et ne lâche jamais rien. Pour toutes ces raisons, Carlos Alcaraz est très souvent décrit comme le « nouveau Nadal ». Mais dans sa façon de jouer au tennis, il est Alcaraz ; bien différent du glorieux aîné, notamment par rapport au style de ce dernier à ses débuts professionnels.

Il refuse de se voir comme celui qui doit reprendre le flambeau. De peur de se brûler, peut-être. Il le répète souvent : « Il n’y aura pas d’autre Rafael Nadal dans l’histoire, je suis Carlos. » Pourtant, Carlos Alcaraz est sans cesse présenté comme l’héritier de l’homme aux 21 titres du Grand Chelem. Que ce soit par des médias, ou des passionnés de tennis au détour d’une conversation. Inévitable. Les deux hommes présentent de nombreuses similarités. Mais, comme au jeu des sept différences, quand on y regarde de plus près, on trouve aisément de quoi décoller l’étiquette de « nouveau Nadal » du dos du surnommé « Carlitos ». Même quand celui-ci est couvert d’un t-shirt sans manche dévoilant des biceps saillants, à l’instar de son aîné. 

Au premier coup d’œil, les ressemblances sont frappantes. Presqu’au point de vous aveugler, telle une balle perdue de Denis Shapovalov donnant subitement à un arbitre l’allure d’un boxeur borgne. Nadal lui-même affirme se voir en Alcaraz. « Il me rappelle beaucoup de choses de l’époque à laquelle j’avais 17, 18 ans, confie le gaucher en conférence de presse à Indian Wells, en amont de sa demi-finale épique remportée 6/4 4/6 6/3 face à son jeune compatriote. Je pense qu’il a la passion. Il a le talent et les qualités physiques. » Culminant à 1,83 m d’après sa fiche ATP, comme le Majorquin, le prodige, animé par poings serrés et « VAMOS ! » tonitruants, dégage lui aussi une énergie dingue sur le court. Une énergie toujours propre.

Modèle de fair-play, le protégé de Juan Carlos Ferrero n’hésite pas à corriger une décision étant pourtant en sa faveur. Même dans un moment important. En demi-finale du Masters 1000 de Miami, à 6/5 contre lui et 30-0 sur son service, il lâche l’un de ses coups de raquette magique favoris : l’amortie. Hubert Hurkacz s’arrache pour remettre, mais L’arbitre, voyant à tort un double rebond, donne le point à l’Ibérique. Honnête, ce dernier fait alors ce qui est naturel pour lui, et ce que Robin Söderling n’oserait même pas réaliser dans le pire de ses cauchemars : il donne raison à son adversaire, sous ses applaudissements, pour rejouer le point. Geste qui n’a rien d’une première pour lui, comme le démontre l’épisode similaire face à Marin Čilić, à Estoril l’an passé, relaté dans notre article Carlos Alcaraz : apprenti ténor sans barreaux.

Rafael Nadal, Carlos Alcaraz, Madrid 2021
Carlos Alcaraz, applaudit par Rafael Nadal après le premier duel entre les deux hommes, à Madrid en 2021 (© Antoine Couvercelle)

Nadal et Alcaraz, phénomènes de précocité

L’une des autres similitudes entre Nadal et Alcaraz, c’est la précocité. S’il trace son propre chemin, le natif d’El Palmar marche dans les traces de son idole. 

  • Premier match gagné en Challenger :
    – Nadal : 15 ans et 3 mois
    – Alcaraz : 15 ans et 11 mois
  • Premier titre en Challenger :
    – Nadal : 16 ans et 10 mois
    – Alcaraz : 17 ans et 3 mois
  • Premier match gagné sur le circuit principal
    – Nadal : 15 ans et 10 mois
    – Alcaraz : 16 ans et 9 mois
  • Premier titre sur le circuit principal
    – Nadal : 18 ans et 2 mois
    – Alcaraz : 18 ans et 2 mois

Aguicheur, le destin se laisse même aller à des clins d’œil aux allures de véritables appels de phares. Trois semaines après son premier sacre en Masters 1000 à 18 ans et 10 mois – à Miami, lieu de la première finale de Nadal, alors un mois plus jeune, dans cette catégorie de tournoi –, Alcaraz s’impose à Barcelone, sur le court central baptisé Pista Rafa Nadal, et intègre officiellement le Top 10. Le 25 avril. L’entrée de son modèle parmi les 10 meilleurs du monde ? Le 25 avril 2003, également après son premier sacre en Catalogne.

Certains l’affirment avec un aplomb aussi déroutant qu’un coup droit de Benoît Paire : les extraterrestres n’existent pas. C’est qu’ils ne connaissent pas Carlos Alcaraz. Au cours de l’ATP 500 barcelonais, il a démontré des qualités de résistances physiques et mentales venues d’un autre monde. En demi-finale, mené 7/6 6/5 et 40-15 sur l’engagement d’Alex De Minaur, il s’est adonné à une séance de spiritisme éclair pour faire appel à l’âme de Michael Jackson et écarter la première balle de match d’un passing de coup droit en moonwalk, avant de sortir vainqueur du duel après une empoignade de 3h40. La programmation des rencontres ayant été perturbée en raison de la pluie, quelques heures plus tard, malgré le marathon précédent dans les pattes, il remportait la finale contre Pablo Carreño Busta. À toute vitesse, 6/3 6/2 en 1h06.

« Je crois que c’est Toni Nadal qui parle beaucoup d’endurance mentale, et, clairement, je retrouve cette force en lui (Carlos Alcaraz), a analysé Arnaud Di Pasquale, dans le podcast Dip Impact pour Eurosport, suite à ces performances épatantes. C’est ce qui lui permet de pouvoir enchaîner, et c’est ce qui manque à beaucoup d’athlètes. Celui ou celle qui arrive, chaque semaine, à tenir dans la tronche sera forcément plus fort. Ils sont très peu à réussir à tenir, Nadal en fait partie et je crois qu’il (Carlos Alcaraz) et aussi en train de le montrer. » Se battant de la première à la dernière frappe avec la même intensité, positif quel que soit le scénario de la rencontre et ne perdant jamais le contrôle de ses nerfs, Alcaraz nous a habitués à une mentalité similaire à celle de Nadal. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Carlos Alcaraz, Indian Wells 2022
Carlos Alcaraz, à Indian Wells en 2022 (© Antoine Couvercelle)

« Alcaraz montre qu’il peut avoir l’endurance mentale, comme Nadal » – Arnaud Di Pasquale

Si le Baléare, guidé par « Oncle Toni », a appris à maîtriser sa frustration dès ses premiers pas sur un terrain, et ne jamais briser une seule raquette, le Palmesan a dû travailler sur lui-même durant l’adolescence. « Quand j’étais plus jeune, je cassais beaucoup de raquettes, a-t-il confié en conférence de presse à Indian Wells après sa défaite contre Nadal. Je ne me contrôlais pas. Mais maintenant, je sais que l’une des choses les plus importantes dans le tennis est de savoir contrôler ses émotions. Je pense que ça fait trois ou quatre ans que je n’ai plus cassé de raquette. J’ai appris à me contrôler. » Sur ce plan, l’actuel 9e mondial  a affiché une évolution plus proche de celle de Roger Federer. 

Comme lui, le Suisse était un caractériel fracassant régulièrement son outil de travail avant de changer radicalement de comportement après ses premières années sur le circuit ATP. Et ce n’est pas son seul point commun avec l’Helvète. Le style de jeu d’Alcaraz, s’il doit être affilié à l’un des membres du Big 3, se rapproche davantage de celui du Bâlois. À ses débuts professionnels, Nadal, s’il maîtrisait déjà l’amortie à merveille, comme Alcaraz, était nettement moins offensif. Les années et les blessures s’accumulant, il a, de son propre aveu, perdu en vitesse de déplacement, mais sa palette est devenue de plus en plus complète. Il est désormais capable d’utiliser toutes les teintes pour dessiner ses victoires, peu importe la surface.

Alcaraz, s’il a rien à envier à la rapidité de jambes ainsi qu’aux qualités de contre et de défense d’un « Rafa » vintage, est déjà beaucoup plus attiré vers l’avant. Prise de balle précoce, il prend plaisir à utiliser tous les coups du tennis pour déborder son opposant, et n’hésite pas à venir finir au filet. « Honnêtement, je ne copie aucun joueur, explique-t-il lors d’une interview accordée à l’ATP en septembre 2021. Je joue mon jeu. Mais si dois en citer dont mon style est similaire, je pense que c’est Roger Federer. Comme lui, j’essaie d’être tout le temps agressif, en coup droit, en revers. Je pense que c’est une bonne comparaison en ce qui me concerne. » 

Carlos Alcaraz, Indian Wells 2022
Carlos Alcaraz, à Indian Wells en 2022 (© Antoine Couvercelle)

« Je pense que mon style de jeu est plutôt similaire à celui de Federer » – Carlos Alcaraz

Semblant être un envoyé de la paix sur Terre pour réconcilier les fans extrémistes de Nadal, Federer et Djokovic, Alcaraz a aussi des ressemblances avec le Serbe dans certaines situations. Par sa manière de glisser sur dur, et sa souplesse pour ramener des balles dans des positions funambulesques. « Si je dois comparer son style à d’autres joueurs, je dirais qu’il est plutôt comme Djokovic ou Roger (Federer), a analysé l’ancien numéro 1 mondial Juan Carlos Ferrero, coach à plein temps de la pépite depuis ses 15 ans, pour Eurosport en mai 2020. Son but est tout le temps de chercher à faire le point, et d’être à l’intérieur du court. Rafa est plus agressif désormais, mais auparavant il jouait loin de sa ligne et se battait pour faire le point. Carlos aime se positionner loin (au retour), mais ensuite il avance, entre dans le terrain pour essayer de finir le point. »

« Les gens voient beaucoup de comparaisons (avec Nadal, Federer et Djokovic) et de bonnes choses en lui, mais il doit suivre son propre chemin, a répondu le vainqueur de Roland-Garros 2003 à Teledeporte en avril. C’est vrai qu’il doit observer les meilleurs de l’histoire et essayer de prendre un peu de chacun d’eux pour être le meilleur possible, mais je crois que Carlos est Carlos. » Sa technique est aussi beaucoup plus classique que celle de Nadal, symbolisée par son coup droit lasso caractéristique. Malgré ces différences avec le « taureau de Manacor », le fait qu’il soit gaucher et lui droitier, Alcaraz, en partie parce qu’il est aussi Espagnol et brun ténébreux, ne pourra éviter d’être vu comme le « nouveau Nadal » aux yeux du grand public et des médias généralistes. Pour certains, c’est inévitable. Il doit l’accepter, et le gérer.

« Tous ceux qui voudront réussir au plus haut niveau devront endurer une pression qui les accompagnera tout au long de leurs carrières, a déclaré Toni Nadal lors d’une chronique pour El País fin 2020. Carlos n’y échappera pas. Il devra vivre avec ça et sera inévitablement comparé à Rafael. Je le vois avec une tête suffisamment bien faite pour supporter cette pression, ainsi que les compliments et les attentes engendrés par son tennis. Parmi les qualités nécessaires pour devenir un grand champion, il en a déjà beaucoup. » Grigor Dimitrov a longtemps traîné – trop à son goût – le sobriquet de « Baby Federer ». En s’évertuant à empiler les trophées pour enflammer la presse avec son propre patronyme, Carlos Alcaraz compte bien brûler le plus vite possible celui de « Baby Nadal ».