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En attendant de jouer…

Carlo Carrá, La Muse métaphysique, 1917
Carlo Carrá, La Muse métaphysique, 1917

Lorsque je regarde les œuvres des peintres italiens Carlo Carrà ou Giorgio De Chirico, je ne peux m’empêcher de penser au cinéaste Dario  Argento (lui aussi italien) et à ses films emblématiques du giallo. Que ce soit dans Les Frissons de l’angoisse, Ténèbres ou Suspiria, le réalisateur avait toujours ce goût marqué pour l’ésotérisme, ce choix de faire vivre ses personnages dans la fantasmagorie, à la lisière du fantastique pour les rendre d’autant plus réels qu’ils ne le sont. Les faire évoluer dans un espace illogique et sans fond, dans sa propre esthétique qui semblait l’obséder, une obsession de la variation formelle et du ressassement de souvenirs indécryptables. Son œuvre transpire la métaphysique par tous les pores. Il puise indéniablement notamment son style esthétique dans la peinture de De Chirico, dont le premier cycle de sa carrière artistique sera consacré à la peinture métaphysique. Sa démarche est la même que celle du peintre, un rapport équivalent à la réalité onirique, et à la puissance d’évocation des formes, des couleurs, de l’architecture et de certains objets déplacés de leur contexte. Leurs œuvres témoignent d’une volonté de fixer l’étrangeté du réel, de révéler sa part énigmatique en rendant sensible sa profondeur. D’où, chez le cinéaste, cette importance accordée aux détails, et ce chromatisme opaque souvent en devant de l’image et ces espaces à la perspective divergente qui donnent le sentiment contradictoire d’un mouvement et d’une stagnation. 

Pour comprendre le symbolisme de la pittura metafisica (la peinture métaphysique), il faut remonter à son origine. En 1917, alors que l’Italie est en guerre, Carlo Carrà part se réfugier à l’hôpital de Ferrare, où sont déjà cantonnés depuis quelque temps déjà Giorgio De Chirico et son frère Alberto Savinio. Ils resteront là-bas pendant des mois et c’est ensemble qu’ils abandonneront le mouvement futuriste, sa célébration de la vitesse de la ville moderne et des mouvements de foule pour inventer une peinture de l’immobilité et de la solitude. Leurs œuvres sont la représentation de leur état d’âme du moment. La Muse métaphysique, La Fille de l’Ouest ou Le Fils du constructeur de Carlo Carrà en témoignent, il s’en dégage effectivement un sentiment d’inquiétante étrangeté. Les mannequins de tailleurs se tiennent debout, face à nous, figés, dans une pièce claustrophobique et font office de présence humaine, complètement dénués de personnalité et sans visage… Métaphore de l’avenir bancal engendré par la guerre ? Ces muses, dont l’existence est si incertaine qu’elle est tristement reléguée au même rang que les objets colorés posés ici et là, des non-identifiables pour certains, moules en plâtre, formes géométriques, et des petites peintures réalistes. Ils attendent tous que tout se termine pour pouvoir rejouer enfin au tennis, librement. 

Carlo Carrá, Le Fils du constructeur (1917-1921) et La fille de l'Ouest (1919)
Carlo Carrán, Le Fils du constructeur (1917-1921) et La fille de l'Ouest (1919)

Anybuddy, bienvenue au club !

La Team Anybuddy
La Team Anybuddy (© Anybuddy)

Le monde du tennis se divise en deux catégories : les joueurs qui sont affiliés à un club et ceux qui se creusent la tête pour trouver des courts libres quand ils ont envie de jouer. C’est précisément à ceux-là que s’adresse Anybuddy, une plateforme miracle permettant aux joueurs qui le souhaitent de jouer sur des courts libres habituellement réservés aux licenciés des clubs. Une simple connexion à l’appli ou au site et il est possible de géolocaliser en direct tous les courts des clubs partenaires non réservés par les licenciés, au lieu et à l’heure de son choix. Pratique.

Une ressource nouvelle pour les clubs sportifs

Pratique, oui, et pas seulement pour les joueurs occasionnels. Au lancement d’Anybuddy, en 2018, ses trois fondateurs lillois ont affronté la réticence de certaines structures dont les dirigeants craignaient de perdre le contrôle sur leur planning de réservation. Il a fallu bousculer les habitudes en montrant à quel point l’accueil ponctuel de joueurs extérieurs à un club pouvait bénéficier à tout le monde. D’abord d’un point de vue comptable : pour des associations sportives devenues exsangues avec la crise du COVID et les coupures de subventions, Anybuddy constitue une nouvelle source de financement évidente. Avec deux millions d’euros de chiffre d’affaires reversés à ses clubs partenaires l’année passée, l’application a permis à de nombreuses structures de sortir la tête de l’eau, d’embaucher des employés, de mener à bien des travaux importants, voire de rouvrir des activités annexes, comme la fameuse buvette. Le tout sans avoir à investir un euro préalable. 

Terrain sur les toits du 15e arrondissement de Paris, partenaire Anybuddy
Terrain sur les toits du 15e arrondissement de Paris, partenaire Anybuddy (© Anybuddy)

C’est là le secret de la réussite d’Anybuddy. Pour mettre en place un partenariat, les clubs n’ont pour ainsi dire rien à faire. L’application vient directement se brancher sur leur propre logiciel de planning en conservant la priorité de réservation pour leurs adhérents. Et si le club n’emploie personne pour assurer l’accueil et l’intendance, Anybuddy propose l’installation d’un simple boîtier sécurisé où ranger les clés du court et dont le code est communiqué automatiquement via l’application aux joueurs qui ont effectué la réservation. Les extérieurs peuvent donc profiter du terrain en toute autonomie et le personnel du club conserve son environnement de travail familier. Voilà comment la plateforme a réussi à convaincre 1500 clubs de s’associer avec elle. 

Ramener les pratiquants occasionnels vers les clubs

À cette dimension financière vient s’en ajouter une autre, plus structurelle. En rapprochant les 2,5 millions de tennismen occasionnels des clubs affiliés à la Fédération, Anybuddy se présente également comme un vivier de futurs membres pour les structures sportives : à force de réserver des courts dans le même club, le joueur occasionnel finit par le connaître, s’y sentir bien. De là à acheter sa licence ? C’est ce qu’assure Frédéric Fouco, cofondateur du site, qui se réjouit d’avoir engendré un cercle vertueux à même de ramener vers la pratique officielle ceux qui s’en étaient détourné faute de temps ou d’énergie. 

Or, avec 300 000 joueurs inscrits sur Anybuddy, le réservoir de potentiels futurs licenciés est immense. La démarche est loin d’être anodine à l’heure du sempiternel débat sur la relative baisse d’influence du tennis dans l’horizon sportif français. D’autant que le profil-type du joueur inscrit sur Anybuddy a une approche multisport : il joue au five le weekend, court, est inscrit dans une salle de musculation. Le tennis n’est pas forcément au cœur de sa pratique sportive et il serait regrettable que, faute d’infrastructures pratiques pour taper la balle, il s’en détourne. 

Frédéric Fouco, cofondateur d'Anybuddy (
Frédéric Fouco, cofondateur d'Anybuddy (© Anybuddy)

Les autres sports de raquette ne sont pas en reste

Malgré un ADN constitué autour du tennis, Anybuddy s’est ouvert aux autres sports de raquette : sur la plateforme, il est possible de réserver un terrain de badminton, de squash ou bien sûr de padel. Anybuddy est d’ailleurs aux premières loges pour assister au boom du padel dont la pratique connaît une immense croissance depuis la fin du confinement. Anybuddy crée ainsi des ponts entre les différents sports de raquette en emmenant des joueurs d’une discipline vers une autre et inversement, puisque le site recense peu de pratiquants exclusifs de padel ou de badminton. Tous les sports de raquette trouvent ainsi un écosystème vertueux dans lequel ils peuvent s’épanouir conjointement et nourrir les pratiques des utilisateurs.

Une app tournée vers l’international

Fondée à Lille, Anybuddy a rapidement investi le territoire français, d’abord autour des métropoles puis plus largement. La plateforme est également disponible en Belgique, essentiellement dans la région bruxelloise, et elle s’est implantée en Espagne où elle compte désormais 150 clubs partenaires. Pas besoin, donc, de puiser dans ses souvenirs du jeudi après-midi dans la classe de Madame Reyes pour traduire “louer un court de tennis” pendant ses vacances en Espagne avec des amis.

Et si l’on n’a pas d’amis ? Anybuddy travaille à plusieurs verticales pour socialiser son offre. La plateforme teste en ce moment la possibilité d’inviter des amis à un match avant une éventuelle extension vers la création de profils publics pour jouer avec des inconnus de son niveau. Mais la vraie nouveauté du moment consiste à proposer des cours collectifs sur l’application. Actuellement en test dans la région lilloise, ces cours nouvelle génération sont organisés sous l’égide d’un professeur agréé appartenant à un club partenaire.

En bref, Anybuddy est en train de se positionner comme un pure player des sports de raquette au service des tennismen du dimanche pour rapprocher toujours plus les pratiquants des clubs et du plaisir.

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(Contenu sponsorisé)

 

Mulholland Drive

David Hockney, Mulholland Drive, la route conduisant à l’atelier, 1980
David Hockney, Mulholland Drive, la route conduisant à l’atelier, 1980

Fin août 1980, le peintre David Hockney rentre à Los Angeles après un séjour d’ordre professionnel à New York. C’est alors qu’il apprend que les musiciens du Metropolitan Opera de la ville qui ne dort jamais sont en grève, et qu’on ne sait pas si le triple opéra « Parade Triple Bill » dans lequel il est metteur en scène pourra avoir lieu. En attendant la reprise, il se met à travailler sur deux nouvelles peintures qui marquent un tournant artistique dans sa carrière déjà sujette aux métamorphoses. Des tableaux aux couleurs saturées et kaléidoscopiques, au large éventail de perspectives, à la veine picturale fauviste et cubiste, complètement inspirés par ses trajets quotidiens entre sa résidence dans les collines hollywoodiennes et son son studio de Santa Monica. 

« Quand on vit sur ces hauteurs, on a une vision différente de Los Angeles. Ces lignes sinueuses sont entrées dans ma vie, il fallait qu’elles entrent également dans mes tableaux. J’ai commencé Nichols Canyon. J’ai pris une grande toile et j’ai dessiné une ligne sinueuse au centre pour figurer la route. Je vivais dans les collines et j’avais mon atelier dans la vallée, donc je passais d’un endroit à l’autre tous les jours, souvent deux, trois, quatre fois par jour. Ces lignes sinueuses je les sentais réellement. J’ai continué à explorer cette idée avec la grande toile – de plus six mètres sur deux – Mulholland Drive : The Road to the Studio, dans laquelle tous les repères du décor de l’ondulation de la route sont peints de mémoire… On parcourt la toile, enfin l’œil parcourt la toile à la vitesse de la voiture sur cette route. On fait la même expérience. » Ce qui conduit le peintre à une expérimentation de l’espace : « Tout est une question de mouvement et de changement de perspective. Ce que j’étais entrain de d’apprendre était incroyable. Je me suis vraiment rendu compte de la liberté que j’avais en découpant l’espace, en jouant à l’intérieur de cet espace, que ce jeu le rendait vivant, et que ce n’est qu’en devenant vivant qu’il devenait réel. »

 

Wimbledon the Centenary Year,

Where Heritage Meets Innovation

© Anna Britton

Great Britain is in its centenary year. The Queen’s Platinum Jubilee, 100 years of the BBC (British Broadcasting Corporation), and 90 years of the BBC’s presence at Wimbledon all celebrate their respective achievements in 2022. Wimbledon itself commemorates its own centenary year—although it is the 135th staging of the Championships, 2022 marks 100 years since the opening of the Centre Court, designed by British architect Stanley Peach, and the transfer of the tournament site from Worple Road to its present location at Church Road. This year, Wimbledon will mark the celebrations and uphold the old traditions. It will also embrace modern changes that aim to enhance the Championships experience.

 You feel the AELTC knows the importance of holding tradition whilst also having innovation at the forefront of its mind. When you approach the All England Club, and walk through the magnificent gates, engraved with the gold lettering of AELTC (the All England Lawn Tennis Club), you are engulfed with an overwhelming and unique sensation of tradition, respect, and historical culture. Entering the club through any of the incredible gates, you are welcomed by thought provoking monuments, such as the silver waterfall enriched by heartfelt and inspiring words: “In pursuit of greatness.”

© Anna Britton

 Throughout the grounds of the All England Club there are many historical sculptures that have been created in remembrance of British achievements, they uphold the memories of the Championships. The bespoke sculptures include the head-and-shoulder busts of the five British ladies singles champions—Kitty Godfree, Dorothy Round, Angela Mortimer, Anne Jones, and Virginia Wade—created by the acclaimed British sculptor Ian Rank Broadley, the magnificent sculpture of the former world number one, Fred Perry, created by David Wynne, and the most modern addition, the Alchemilla—a plant sculpture created by William Pye, and unveiled by the Duke of Kent on the first day  of the 2016 Championships.

As traditions and iconic features go, Wimbledon is well known and associated with its present dark green and purple colour scheme. These colours were introduced in 1909 after it was felt that a change was needed to previous colours of blue, yellow, red, and green—they were too similar to those of the Royal Marines.

© Anna Britton

The 2022 Championships celebrates traditions of the AELTC whilst simultaneously bringing new additions. To mark the Queen’s Platinum Jubilee, the All England Club has been working with the World Platinum Investment Council to create a set of beautiful and memorable platinum coins to be used at the final weekend for the coin toss whilst a host of other enhancements have been prepared for this year’s edition of Wimbledon. The player entrance to the Centre Court has received a modernised look, refreshing the traditional feel but making sure it remains steeped in history and culture of the event. The umpires, an integral part of the tournament, have received an update of their own with a redesigned umpires chair on the Centre Court and Court 1. In 2023, the change will expand to all courts thus completing the look.

© Anna Britton

With a combination of modernisation and progress in mind, there is no other tournament that can compete with the heritage and look of the Wimbledon’s line umpires’ uniforms. Ralph Lauren will once again update their attire—a unique and valuable tradition of the Championships. In keeping with environmental changes, the tournament is working with Sports for Climate Action, a UN Climate Change initiative for the global sports community to combat climate change, encouraging a shift in spectator habits that help the environment—the new Wimbledon reusable cups will definitely be ones to hold onto!

Speaking of Wimbledon being an innovating platform, the Championships understand its strength, both nationally and internationally. In the tennis community, Wimbledon sparks passion in every corner of the world. As part of the new format, from this year onwards, the Championships will not pause play mid-tournament, and will instead continue through the middle Sunday. The AELTC will emphasise this momentous change by making the middle Sunday the focal point of its centenary celebrations. The club is also surrounded by a big and involved community, and it plans to give back on this day by making Sunday a community day—with tickets distributed to local schools, residents, charities, and community groups. To further enhance the celebrations, there is a special moment planned before the start of play on the middle Sunday taking place on the historic Centre Court. This event will celebrate the epic matches and historic Championships moments, inviting past players onto the court. I am sure it will, yet again, remind us why Wimbledon is so much more than just a tennis tournament.

As part of the 100-year celebrations, Wimbledon will mark the event by introducing a new centenary logo, therefore creating imagery that moves the Centre Court into the next century, visualising its future for the next 100 years. Aesthetic additions to the club grounds include refurbished elements to the Lawn Tennis Museum, and, in commemoration of the centenary year, a special exhibition featuring 100 years of change. Never failing to keep up with the ever-evolving modern world, the museum has also introduced a new interactive gallery which explores the Open Era of tennis.

Investing in the future remains a key priority for the All England Club, and the next century will mean investment into the AELTC Wimbledon Park project, providing year-round significant public benefit to the local community.

Looking towards the future, the club plans to move the qualifying event onsite and away from the Roehampton courts. Improvements will also be made to the junior and practice facilities, whilst also providing a third show court, increasing and enhancing the world-class facility. As Wimbledon say, they want to ensure that the event remains a premier tennis tournament, with all the associated social and economic benefits that it brings, locally and nationally.

This year’s Championships will be a celebration of not only a welcoming-back after the Covid-19 pandemic, but also of a centenary tournament filled with memories—welcoming a new era, enhancing the tournament, and moving it towards the future.

The combination of esteemed heritage and productive innovations will ensure that Wimbledon remains a tournament that players aspire to compete in, and spectators want to experience—in essence, a piece of history. May inspiration be the driving force of this unique and valued tournament, and keep Wimbledon a sporting event of unrivalled quality.

Tennis géométrique

Marcelle Cahn, La Femme à la raquette, 1927
Marcelle Cahn, La Femme à la raquette, 1927

Même si le travail de Marcelle Cahn reste encore confidentiel, il est d’une richesse rare… À la croisée du cubisme, de l’expressionnisme et du courant puriste, la peintre s’est émancipée dans un monde de poésie et de musicalité tout en assemblage et en géométrie. Pour le critique d’art Otto Hahn, elle n’a rien à envier aux plus grands noms du XXe siècle et a sa propre identité : « Finalement, elle a une place qui n’est qu’à elle. Elle ne se place ni au-dessous de Léger, ni au-dessous de Mondrian, mais dans le petit espace qui sépare Arp de Mondrian, et Mondrian de Léger. C’est-à-dire que Marcelle Cahn est un petit maître, entièrement personnel et irremplaçable. »

En 1923, Marcelle Cahn passe quelques jours à Zürich dans le même hôtel que le créateur du célèbrissime Cri, Edvard Munch ; alors qu’elle le croise plusieurs fois, elle reste muette sur sa profession et ne se présente jamais à lui comme sa consœur. Voici le plus gros trait de personnalité de la peintre racontée en une anecdote. Elle était effectivement d’une grande discrétion et d’une infinie délicatesse qui transparaissaient jusque sur la toile.

Cahn est surtout connue pour son travail dans le courant de l’abstraction géométrique. Et son œuvre la plus citée est justement La Femme à la raquette, dans laquelle elle conserve encore son influence figurative, une œuvre extrêmement sobre, douce et linéaire, au caractère secret, où la raquette, derrière laquelle se cache une femme (l’élément figuratif), apparaît comme une passerelle vers le géométrique. 

Le court abstrait de Zao Wou-Ki

Zao Wou-Ki, sans titre, 1945

Toute la poésie de Zao Wou-ki est puisée dans les préceptes du vieux sage Lao Tseu : « Grande musique peu de notes. Grande peinture sans image. »

Chez le peintre, il y a effectivement très peu d’éléments figuratifs tels qu’ils sont dessinés dans les travaux picturaux occidentaux, mais des conceptions plus abstraites dans lesquelles jaillissent des influences taoïstes. Établissant un entrelac subtil faisant correspondre le yin et le yang, la lumière et l’obscurité, le cœur de l’homme et celui (ou ceux) du monde qui l’entoure. Il ne s’agit pas pour lui de dessiner un paysage, mais plutôt de révéler, à l’aide d’un éventail de pouvoirs orientaux s’échappant de son pinceau, toute l’harmonie et la vie intérieure de la nature. 

La plupart de ses œuvres « ont pour thème la nature. Je n’aime pas le mot paysage […]. Je préfère le mot nature. Il évoque un univers plus large : de multiples espaces enchevêtrés y prennent un sens cosmique où circulent l’air, le souffle du vent… »  

« Je voulais comprendre la nature au sens large du terme et tout mélanger, la montagne, les plantes, les architectures. J’étais si pressé que je n’attendais même pas que l’encre soit sèche pour tourner les pages. Je chauffais le papier avec la flamme d’un briquet. » 

Dans Tennis Players, on peut constater que l’abstraction lyrique pour laquelle Zao Wou-Ki sera vénéré n’en est encore qu’à un stade embryonnaire. Les éléments figuratifs sont bien présents, cependant, il y a la volonté – volonté caractéristique de la peinture chinoise – de réduire l’aspect narratif du paysage. Un aspect qui n’est là, la plupart du temps, que pour servir de passage, de tremplin à l’immersion dans la spiritualité infinie du monde. Ici, la maison, les arbres et même le court de tennis placé au centre (sport qu’il a pratiqué pendant 40 ans et dans lequel il excellait au point d’avoir la réputation d’être meilleur joueur parmi les artistes) sont peints avec délicatesse et légèreté, et semblent se fondre dans un espace régit par des forces vibratoires faites de frémissements de couleurs et de lumières. Quand on lui posa la question : « Acceptez-vous qu’on dise de vous que vous êtes un peintre abstrait ? », il répondit en sachant parfaitement se définir : « Ce qui est abstrait pour vous est réel pour moi. »

 

L’homme au chapeau

Anton Räderscheidt, Die Tennisspielerin, 1926
Anton Räderscheidt, Die Tennisspielerin, 1926

Vers 1921, après s’être essayé à la fois à la peinture expressionniste et constructiviste, l’artiste allemand Anton Räderscheidt s’aventure avec succès dans le mouvement de la Nouvelle Objectivité et crée des œuvres telles que « Begegnung I » (Rencontre 1). On y découvre une rue tout à fait déserte et cliniquement propre avec en arrière-plan un immeuble de style industriel apparemment inhabité. Au centre de l’image et de ce décor oppressant est placé un couple. L’homme coiffé d’un chapeau en feutre, qui semble représenter l’artiste, fait face à la « femme pur-sang », celle-ci est calquée sur l’artiste Marta Hegemann, la partenaire de Räderscheidt de l’époque. Mais contrairement à ce qu’indique le titre de l’œuvre, il n’est pas question d’une rencontre entre les deux personnages. En effet, ceux-là se tiennent à des angles opposés, ils ne se regardent pas. Une ambiance tendue et inhibée prévaut.

Une ambiance qu’Erich Kästner a capturée dans la première strophe de son poème « Sachliche Romanze » (Romantisme factuel) en 1928 : « Après s’être connus pendant huit ans / (et on ose dire qu’ils se connaissaient bien) / Leur amour s’est soudainement perdu. / Comme les autres perdent une canne ou un chapeau. »

Les peintures de Räderscheidt ne se concentrent pas toujours sur des couples solitaires et détachés, mais durant les années 20 et sa période Nouvelle Objectivité il va explorer sa relation avec sa compagne, Marta Hegemann, et plus généralement la relation entre les sexes à travers une vision froide et cynique de la société. Souvent, les images sont dominées par une figure masculine solitaire. Parfaitement vêtu, peut-être trop – le costume fait penser à une armure -, l’homme se tient dans un décor architectural angoissant, et semble tellement perdu qu’on aurait presque envie de se précipiter vers lui pour l’aider. Selon l’historien de l’art Günter Herzog, les images de Räderscheidt sont considérées comme « des modèles de l’objectivation et de l’isolement des personnes dans la société industrielle moderne ». Il s’en dégage une tension particulière. On sent que ses œuvres pourraient facilement glisser dans un comique qu’on retrouve dans le cinéma muet et burlesque de Buster Keaton ou Jacques Tati. On pourrait aussi penser aux paysages urbains monumentaux de Giorgio de Chirico, ou aux peintures de personnages surréalistes de Paul Delvaux ou de René Magritte. 

Au milieu des années 1920, comme beaucoup de ses contemporains, Räderscheidt a produit un petit nombre de peintures sportives telles que « Die Tennisspielerin » (La joueuse de tennis), de 1926. Trois ans plus tard, l’artiste féministe berlinoise Lotte Laserstein peint elle aussi une joueuse de tennis. Alors que la joueuse de Räderscheidt se tient totalement nue sur le court, surveillée et sous le contrôle d’un homme (l’homme au chapeau), la protagoniste de Laserstein incarne l’émancipation et la confiance féminine.

Lotte Laserstein, Die Tennisspielerin, 1929.
Lotte Laserstein, Die Tennisspielerin, 1929.

Eduardo Arroyo, l’ironiste

Eduardo Arroyo, Le Saladier d’argent. Lithographie originale en quatre couleurs, signée au crayon par l’artiste, réalisée pour la finale de la Coupe Davis, France - États-Unis, Roland-Garros, 1982.

« Une drôlerie sans arrière-pensée sérieuse ne serait pas ironique, mais simplement bouffonne », rappelait le penseur et musicologue français Vladimir Jankélévitch dans son analyse de l’ironie. Eduardo Arroyo est ce que l’on pourrait appeler un peintre ironiste. En effet, dans la philosophie socratique, l’ironie est un outil qui permet de déboussoler son adversaire en le faisant se questionner. Les personnes au caractère cynique l’utilisent à volonté. Chez Voltaire, c’est précisément une raillerie qui sert à pointer du doigt toutes les injustices de son temps. Quant aux romantiques, ils y trouvent une manière de s’éloigner de l’aspect illusoire du réel et de rendre le moi absolu pour refaire le monde. On retrouve un peu de tout ça chez Arroyo, une ironie provocante et subversive. Dans sa peinture mais aussi dans sa manière d’être, de s’exprimer, et la tournures de ses phrases, ponctuant souvent des paroles sérieuses avec un petit sourire en coin.

« Je me suis formé à l’intérieur de l’Espagne franquiste jusqu’à mon arrivée en France, et à partir de ce jour, ce souvenir, les frustrations collectives subies, l’espoir et le pessimisme ont fait devenir ce pays et son histoire pour moi, une réalité constante dans ma pratique de la vie et de mon travail. »

Installé à Paris en 1958 après avoir fui l’Espagne de Franco, son pays natal ne le quittera jamais vraiment et deviendra même un sujet obsessionnel, le thème majeur de son iconographie. Il y a une grande part de mystère chez cet exilé qui se sent un peu partout chez lui, mais qui ne déballe jamais complètement ses affaires car on ne sait jamais ce qu’il peut arriver… Des œuvres souvent énigmatiques ou les principaux éléments du décor sont suspendus dans l’espace, des tableaux-rébus dont on ne trouve pas ­automatiquement toutes les réponses. Elles se caractérisent aussi par un manque volontaire de profondeur et une perspective frontale de couleur uniforme, comme on peut le voir dans ses peintures tennis. 

Ce peintre à l’esprit fantaisiste se plaît à sauter d’un tableau à l’autre, d’un pays à l’autre ou d’un sujet à l’autre. Il pouvait facilement passer de portraitiste politique avec ses célèbres et très controversés tableaux de dictateurs à dessinateur d’affiches pour Roland Garros. Et c’est dans son livre Deux balles de tennis, une œuvre-somme qu’il qualifiera de « littérature de la déambulation » que son esprit vagabond s’exprimera à l’écrit pour la dernière fois.

« Dans mes mémoires, je raconte une scène rêvée, celle de mon enterrement, auquel prenait part un éléphant géant, très semblable au proboscidien représenté par Alfred Kubin, qui portait sur son dos un coffre de métal où étaient rangés mes livres. Je venais à peine de me redresser sur mon séant, pleurant dans ma tombe, les yeux rivés sur la colline qui me faisait face. L’éléphant m’apportait mes livres ! Pas la totalité, bien sûr, mais une bonne part de ceux que j’aime, ceux que pour rien au monde je n’oublierais, ceux qui ont occupé mes nuits d’insomnie. L’émotion me submergea et je compris soudain qu’on m’enterrait aux côtés de mes livres préférés dont la présence me rasséréna sur-le-champ. Je me recouchai alors et posai ma nuque sur “Robinson Crusoé”, le volume qui serait mon compagnon dans l’au-delà, et me tiendrait lieu de passeport pour passer la frontière, la frontière de l’expiration. »

 

Frédéric Viard, 30 ans au vert

Frédéric Viard, sur le plateau de beIN SPORTS à Wimbledon (© beIN SPORTS)
Frédéric Viard, sur le plateau de beIN SPORTS à Wimbledon (© beIN SPORTS)

Depuis 30 ans, il est l’une des grandes voix du tennis, de celles qui ont tout à la fois accompagné nos longues soirées d’été indien passées devant l’US Open et les aurores hivernales auxquelles on s’astreint dans l’espoir que le match aura un peu duré dans la nuit australienne. Et au milieu du gué, fin juin, début juillet, il nous aide à enfiler nos bottes et cape de pluie pour assister à un phénomène botanique rare : la lente détérioration du gazon londonien. Quatre tournois du Grand Chelem et trois continents. Frédéric Viard est de tous les bons coups. Patron du tennis chez beIN SPORTS depuis 2014, il a accepté de prendre quelques minutes depuis la cantine du stade pour nous raconter Wimbledon, l’ambiance au sein de l’équipe de commentateurs qu’il forme avec Lionel Roux, Fabrice Santoro, Lionel Buton et Sébastien Grosjean.

 

25 ans de Wimbledon, ça crée forcément une relation particulière ?

Frédéric Viard : En 25 ans, je n’en ai loupé que cinq. Et puis j’ai commenté toutes les victoires de Federer ! J’ai eu la chance fantastique de pouvoir couvrir les quatre tournois du Grand Chelem sur site et chacun a vraiment son identité. On ne vit pas la même quinzaine dans le bruit et la fureur de New York, à l’Australian où l’on a droit à un été inespéré entouré de personnes accueillantes et gentilles, à Roland, bien sûr, avec cette identité de terre battue et à Wimbledon où la tradition, l’histoire sont omniprésentes.

 

Vous avez donc couvert tous les grands événements de tennis : qu’est-ce qui différencie Wimbledon des autres grands chelems ?

FV : Ce qui est fabuleux, ici, c’est le côté british. Il y a évidemment le poids de la tradition avec un respect énorme, un ancrage : le tennis est né ici. Et dans le même temps, les infrastructures sont phénoménales. Les organisateurs insufflent de la modernité partout où il le faut pour rester au niveau dans un monde de plus en plus concurrentiel, y compris pour les grands tournois. Je conseille à tout le monde de venir dans les allées le matin regarder les ramasseurs de balles tous habillés pareil se réunir avant de partir en file indienne de manière presque militaire vers leurs courts d’affectation. Il y a cet aspect absolument martial et puis de l’autre côté Henman Hill (NDLR : du nom de la colline où se réunissent des spectateurs pour regarder les matchs sur écran géant) où 3000 personnes se réunissent avec des bières à la main et aucun débordement. 

 

Et côté tennis ? 

FV : Quand on pense que, depuis 2003, le titre ici n’a jamais échappé à l’un des quatre grands (Federer, Nadal, Djokovic, Murray), ça en dit long sur le niveau d’exigence du jeu qu’il faut afficher pour gagner ici. 

Frédéric Viard, sur le plateau de beIN SPORTS à Wimbledon (© beIN SPORTS)
Frédéric Viard, sur le plateau de beIN SPORTS à Wimbledon (© beIN SPORTS)

Racontez-nous un peu les coulisses du tournoi. Je crois que vous, les consultants, les journalistes, vivez tous ensemble dans une maison ?

FV : Nous louons deux maisons en réalité, situées à un gros quart d’heure à pied du stade. D’une part c’est beaucoup plus pratique que de loger à l’hôtel en plein centre de Londres, car nous avons des amplitudes horaires de travail conséquentes. De l’autre, ça crée une ambiance et une convivialité particulières puisque Wimbledon est le seul événement où l’on vit tous ensemble. Il y a une vraie vie de groupe qui se met en place : on s’organise pour manger tous ensemble autour de la table, de manière chaleureuse. Il y a une cohésion. Pas plus tard qu’hier (NDLR : l’interview a été réalisée le 29 juin, au lendemain de la victoire d’Harmony Tan contre Serena Williams), comme nous allions terminer tard, les autres avaient préparé à manger pour tout le monde. C’est sympa.

 

Vous avez toujours fonctionné comme ça ?

FV : On l’a fait l’année dernière, mais c’était quelque chose que nous avions déjà mis en place chez Eurosport avec Hervé Duthu lors de mon premier Wimbledon, en 1997.

 

Comment vous répartissez vous les matchs ? Selon les envies et les plannings de chacun ?

FV : Tout rentre en ligne de compte. Nous avons deux émissions, l’une le matin et l’autre le soir en fin de programme, ainsi, bien sûr, que les matchs à couvrir et les réactions à aller chercher. On se met d’accord en fonction des affinités de chacun. Généralement, quand l’un de nous veut couvrir un match, il le couvre. Sur quinze jours, il y a tellement de matchs que l’on ne compte pas qui a commenté plus que l’autre, on n’est pas dans ce type de calculs d’apothicaires. L’avantage, à Wimbledon, est que l’on se trouve sur site, donc on peut alterner un match sur deux. On ne fait jamais deux blocs de commentaires de suite, parce que très sincèrement au bout de six heures on est rincé et on veut garder une certaine fraîcheur.

 

Et sur place, comment décidez-vous de vos formats ? 

FV : C’est assez marrant, parce que par rapport aux autres télévisions, on a un fonctionnement beaucoup plus souple, beaucoup moins lourd. Par exemple, le matin de la finale, on peut demander à visiter le court central (sans fouler le gazon, bien sûr). Une année, j’avais décidé de faire le champion’s walk (le trajet menant des vestiaire au Centre Court, NDLR) pour annoncer le match. Nous avons tourné ça à trois : moi, un caméraman qui me suivait à reculons et une chargée de production qui le tenait par la ceinture pour éviter qu’il tombe. À côté de nous, il y avait les télévisions américaines ou australiennes où, pour faire une séquence un peu similaire, ils étaient quinze. Ils nous regardaient comme si nous étions des fous.

Sébastien Grosjean et Frédéric Viard, sur le plateau de beIN SPORTS à Wimbledon (© beIN SPORTS)
Sébastien Grosjean et Frédéric Viard, sur le plateau de beIN SPORTS à Wimbledon (© beIN SPORTS)

Ce côté sous-staffé, c’est mal vu ?

FV : Pas forcément. Il y a une anecdote assez dingue qui me revient. Contrairement aux idées reçues, il peut faire très chaud à Londres, et il m’arrive de commenter en bermuda. À la télé, on ne le voit pas parce que je porte une veste, une chemise. Mais un jour quelqu’un hors-champ avait pris une photo de moi où j’étais en short-claquettes. Quelques années plus tard, je dois régler un problème avec le patron des télévisions du tournoi et je me retrouve dans son bureau : et là, accroché au mur, je vois cette photo de moi en train de présenter, veste en haut, bermuda en bas. On en rigole et il me dit : « Cette photo, c’est la définition de tout ce qu’est la télé. Ce qui est en dehors du cadre ne compte pas. » Il a été sympa, d’ailleurs, parce que je suis retourné le voir le lendemain et il m’avait fait un duplicata de la photo. Je l’ai encore.

 

Comment sentez-vous le tournoi, cette année ? Entre l’absence des Russes, l’histoire des points et le retour du COVID, on peut imaginer que c’est bizarre ?

FV : Ça reste Wimbledon. Même sans points, les joueurs ne sont pas là pour balancer les matchs. L’absence de points n’a aucune incidence sur la manière de commenter les matchs. Il faut quand même voir que pour les joueurs, notamment ceux qui sont en milieu-fin de top 100, le prize money est loin d’être négligeable. Et puis même pour soi, avec ou sans points, se hisser en deuxième semaine d’un tournoi du Grand Chelem, ce n’est pas anecdotique. Quant au COVID, sincèrement, on ne le sent pas plus que ça en se promenant dans les allées.

 

Ce sera donc un meilleur cru que l’an dernier ?

FV : En tous les cas, pour nous, l’excitation est plus forte parce qu’avec le COVID, on passait notre temps à se faire tester, on se retrouvait cas contact et puis on ne pouvait pas sortir en dehors des trajets entre notre maison et le stade. Cette année, il y a plus de vie.

 

Un pronostic pour la victoire ?

FV : J’ai du mal à imaginer Djokovic, qui n’a pas pu jouer l’Australian, qui a échoué à Roland et qui ne pourra probablement pas jouer Flushing, manquer cette opportunité. La question, c’est plutôt de savoir qui sera en finale face à lui. Et chez les femmes, Świątek est évidemment favorite, avec tout de même une petite pièce sur Ons Jabeur. 

 

Matteo Berrettini’s Brilliant Double Is a Sign of Things to Come

Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Luke Walker / LTA through Getty Images)
Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Luke Walker / LTA through Getty Images)

There are moments when the racquet feels a little bit heavier”, Matteo Berrettini confessed during his Queen’s Club Championship run. 

Sometimes in order to flip the match around, or the energy level, or your mindset, you have to scream, he said with a smile. You have to do something that gets into your body, into your mental mindset in that moment. I don’t feel comfortable throwing racquets or throwing balls—it’s not something I like to do. But sometimes screaming at yourself helps, because you, maybe, let the bad stuff out, and focus on the good and [the] today.” 

Matteo Berrettini’s handsome face and piercing, hazel-brown eyes beam with happiness, even if, at the end of a brilliant two-week run, they betray signs of fatigue. Having lifted two trophies within a fortnight, he is undoubtedly tired. But the wear is offset by a sense of relief, not only to be winning again, but to be competing. Flashing an attractive smile, Matteo Berrettini is happy to be back.

Following his fourth round loss to Miomir Kecmanović in March at the 2022 Indian Wells, Matteo Berrettini, feeling discomfort in his right wrist, decided to undergo surgery. An athlete’s body is their most valuable asset—the equivalent of a Formula 1 race car, the more finely—tuned, the more of an advantage over their opponents. But unlike a McLaren or a Mercedes, it is non-replaceable, a lease of life with a limited capacity for strain and hardship. 

Even if modern medicine offers solutions to stave off the inevitable, with a tennis career compressed to a single 24-hour period, those solutions amount to mere, and uncomfortable, minutes (“He’s number one in the world and I’m playing with a metal hip”, said Andy Murray about facing Novak Djokovic at this year’s Madrid Open). While most players hope to make it at least to dinner, with a few lucky ones able to grab a midnight snack, Matteo Berrettini worried when his wrist started to hurt just after lunch. 

I think it was maybe ten days before Stuttgart, a week before Stuttgart, he said during a press conference after successfully defending his Queen’s Club Championship trophy. My hand was hurting. Not the part that I got injured, but the rest of the hand—the callus, the wrist—the hand wasn’t strong enough, Berrettini added. I wasn’t used to hitting as many balls as I was doing, as I was hitting, and I was like: ‘What if it’s not going to hold? What if it’s not going to be strong enough?’

Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Clive Brunskill / LTA through Getty Images)
Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Clive Brunskill / LTA through Getty Images)

After the surgery took place, the long road to recovery meant that Berrettini had to skip the entirety of the European clay court season. The long layoff wasn’t so much about the prospects of his ability to play tennis in general—although he did admit there were moments when “I didn’t believe I could come back”—it was about how the injury would affect his game. It is difficult (impossible?) to find a tennis player who didn’t have to, at some point or another, adjust their game due to the wear and tear inflicted by the physical demands of the sport. Over the course of their careers, the Big Three (and in this context, even more so the Big Four), accumulated months of moulding their games to fit their ageing bodies—a sign of the relentless march of time is that, back in their prime, they would impose their bodies onto the game, changing the way tennis was played, with their skills, titanic physique, and seemingly-endless supply of stamina (“Is he going to play every point like that?”, John McEnroe cooed in the commentary box over 16-year-old Nadal upsetting then-world-number-4 Carlos Moyá in the 2003 Hamburg Masters).

For Berrettini, the questions he suddenly had to face came early in his career. “I actually thought, what if my technique has now changed because I had surgery on my hand? What if my service will not work as well as it used to?”, he admitted. 

When I was at home, and I was injured, I was doing rehab, I was watching the matches at tournaments, and I was hurting, Berrettini said after his round of 16 win against Denis Kudla. I told myself back then, ‘When you’re going to be able to play again, you’re going to fight even harder,’ and that’s what I did today. And that’s why I think when you get injured it’s really bad, but it teaches you so much. Sometimes, you take it for granted that you can play, defend your points, win matches and lose matches. When you don’t have that chance, you really understand what is missing.

Having recovered, Berrettini travelled to Germany for the start of the grass court season. The unfortunate timing of his injury and, as a consequence, not being able to defend his results from the 2021 clay swing, meant that, as he was recovering fitness, he was also losing points. Week by week, the hard-earned victories in Belgrade (win in ATP250), Madrid (final of a M1000), Rome (third round in a M1000), and Paris (quarterfinal of a Slam) dissipated into nothing. The ATP’s decision to strip Wimbledon of points, where Berrettini made the final the year prior, was another gut punch. Asked whether he would prefer to face Nadal or Djokovic (why not both? Looking at you, Carlito) at the upcoming Championships, he made a level-headed assessment. “I’m not saying that it’s going to be easy to beat Rafa there, but I think Novak will be tougher, Berrettini said before adding, but, anyway, to play against them I think I have to reach a certain result before. I don’t know my ranking, what it’s going to be in Wimbledon, whether I’m going to be seeded or not.

His comeback tour began on the grassy courts of Stuttgart at the BOSS Open, an event sponsored by Hugo Boss, which, incidentally (or not?) is a brand with whom Berrettini has his own fashion line. Stepping out on court to face Radu Albot, a tour veteran and former world number 39, Berrettini was undoubtedly nervous. What followed was a hard-fought win in three sets, then another one versus Lorenzo Sonego, a straight set win (albeit in two tiebreaks) against Oscar Otte, and yet another three-setter against the toughest opponent yet, ultimately injured, Andy Murray—a man who knows a thing or two about comebacks. “I arrived in Stuttgart, Berrettini said a week later, after lifting the Queen’s trophy. I played just one set, practice, and there was a guy, a junior, so I didn’t really have a lot of match training. It was a moment like, I’m going to be here in Stuttgart, maybe play a couple of rounds if I’m lucky, and let’s see how it goes. And look where I am now!

Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Luke Walker / LTA through Getty Images)
Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Luke Walker / LTA through Getty Images)

 

Winning back-to-back Stuttgart and Queen’s trophies, Berrettini strung together nine consecutive wins in 12 days. It is an indication of readiness, if not an outright declaration, both physical and mental, for the demands Wimbledon places on a player—the mind gets just as rusty during prolonged periods of inactivity, and whereas the body can be checked for signs of rust, the mind less so without real-match pressure.

Berrettini’s recent run of results, combined with his game’s natural predilection for grass, mean that, once again, he is at the front of the pack heading for Wimbledon (“I figured that I could play good on grass in 2019 when I played the Davis Cup against India” he said when asked about fondness for the surface. We are still joking about it with [Rohan] Bopanna because they were like ‘Okay, we’re gonna play Italy on grass because they don’t like grass.’”). His desire to do well, points or no points, is further entrenched by the loss to Novak Djokovic in last year’s Wimbledon final. And while Berrettini may not necessarily feel like he has anything to prove to others, there are things he would like to prove to himself. 

Probably beating him [Djokovic] in a Slam is one of the toughest things you can ever think to do, he said of that match. Last year, he won three Slams and made the finals in the fourth. So it’s not easy to find a way. But one thing is for sure—every time that I play him, in a Slam, I feel I am getting closer and closer because, obviously, the more you play against someone, the more you learn about him. Also every time I play against these players, I am improving, even if I am losing a match. So I think it’s about time.

Berrettini, like all his peers in the upper crust of tennis society, honed his game over years of ascetic devotion. The technique, chiselled from the marble of potential through endless hours of court time (and there is something of a Roman god in Berrettini—if he stood idly at the Foro Italico in Rome, you could easily mistake him for another statue), and the stamina, built up with a decade of brutal gym work, equip him with the required physicality. But the mental resilience his game shows today is something that he had to learn the hard way. 

That’s why I improved because I got burnt, he said after a bruising encounter with Denis Kudla at Queen’s. I got hurt mentally in a way. I was able to digest the loss, but wasn’t able to digest the fact that I didn’t try to the very end. So I said to myself today, let’s try to the very end so, at least, when you wake up in the morning, you will love yourself a little more.

Going into Wimbledon, Matteo Berrettini is ready to make a statement. But even more so, he is ready to hurt and suffer in order to improve. Over the course of his, still young, career he has learned to take the good with the bad and enjoy himself just that little bit more. At the end of the day, winning matches, or even playing tennis, is not something he can take for granted, and Berrettini, as if taking a leaf out of Rudyard Kipling’s poem If, is ready to treat triumph and disaster, those two impostors, just the same. 

I remember one of the change-overs, I look at the glass like [it’s] half-full. I said, ‘OK, you’re here, a lot of people are watching you. Two months ago you were home doing your rehab, your pinkie wasn’t even moving, so don’t complain. Fight. Enjoy it. This is what you live for and worked for all your life.’ So that’s what I did.

Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Clive Brunskill / LTA through Getty Images)
Matteo Berrettini, Queen's 2022 (© Clive Brunskill / LTA through Getty Images)