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Sparring-partner

© Art Seitz

CHAPITRE VII – Claudio monte un peu court et se fait passer

Chapitre I – Roland
Chapitre II – On achève bien les buffles
Chapitre III – Tragédie racinienne
Chapitre IV – Claudio se prend pour Chang face à Lendl
Chapitre V – Les Petits As
Chapitre VI – Midinette

 

 

– De la discrétion ! Messieurs, je vous en prie !

Le hall était couvert d’empreintes boueuses. On suivait les semelles compensées à leurs traces : elles menaient toutes à l’ascenseur. Mobilisé en pleine nuit, un agent de ménage passait la serpillière derrière chaque nouveau policier dépêché sur les lieux. Le liftier se trouvait prisonnier d’un vortex vertical situé entre le rez-de-chaussée et le septième étage. Au fond, les fauteuils clubs du bar accueillaient des hommes d’affaires curieux, ayant troqué leurs fantasmes adultérins pour un voyeurisme criminel. Les bouteilles de whisky s’amoncelaient. Et, le concierge s’agitant :

– De la discrétion !

Racine et moi suivîmes attentivement la route tracée par ses collègues et montâmes jusqu’à la chambre où, au bout d’une corde, se balançait…

Malgré les contusions et la rigor mortis, je reconnus immédiatement Johnson, l’ancien sparring de Iejov. Celui-là même qui attaquait l’entraîneur en justice pour coups et blessures. Je ne savais plus si j’avais affaire au plaignant ou aux pièces à conviction.

– Vous voyez, Loisel : tout est en ordre.

Tout était en ordre : Johnson pendu au crochet d’un ventilateur mutilé, la chambre sens dessus dessous, un rideau arraché et la fenêtre ouverte. Rien, sinon le mot griffonné et abandonné sur le lit, ne laissait sa chance à la théorie du suicide : de manière évidente, les derniers mots de Johnson avaient dû être « ouille, ouille, ouille ».

La chambre était voisine de celle de Sergueï Iejov. Iejov et son entraîneur avaient immédiatement été arrêtés. Ils clamaient des innocences en russe. On attendait un interprète.

– Vous ne l’interrogez pas ?

Nous l’interrogerons en temps utile. Pour le moment, les indices, Loisel, les indices ; surveillez où vous mettez les pieds. Messieurs, si vous avez fini vos photos, vous pouvez récupérer le corps. Les empreintes, c’est bon ? Je ne sais pas ce que vous en pensez, Loisel, mais j’ai du mal à croire au suicide.

– Que dit le mot ?

Il s’approcha du lit et, sans toucher au papier, lut :

I feel tire of me be alive.

– Oui. Bon. J’ai comme dans l’idée que l’assassin n’est pas bilingue en anglais. Tout de même, ce serait absurde de la part de Iejov et de son entraîneur de se débarrasser de Johnson précisément au moment où, Belluci mort, les soupçons s’orientent sur eux.
– Soit il est encore plus stupide que vous ne le supposiez, soit il est infiniment plus malin. Nous verrons. Je pense que l’important, c’est l’ordinateur. Non seulement celui-ci a disparu, mais on nous signale sa disparition. Le câble est encore branché et la pochette a été abandonnée sur le lit, de manière ostentatoire.

De fait, la pochette protectrice paraissait alanguie en une position peu naturelle ; elle se serait mise à miauler qu’on n’en aurait pas éprouvé un malaise plus saisissant.

– Voilà qui est central. Je ne m’étonnerais pas de retrouver très rapidement cet ordinateur, dans une poubelle des alentours, par exemple. Sergent ? Pouvez-vous mobiliser une dizaine d’hommes et vous mettre à sa recherche ?
– Inutile, monsieur, nous l’avons déjà retrouvé au milieu d’un tas de serviettes sales, dans la buanderie.
– Il faudra analyser son contenu. Qu’a dit le légiste sur les causes de la mort ?
– Hémorragie interne, monsieur. Qui s’est produite avant la pendaison. Sans doute la conséquence de la rosserie.
– Et l’heure ?
– Autour de 22h00.
– Il reste à vérifier les alibis de Iejov et de l’entraîneur. Mais je crois que nous approchons du dénouement.

Son dénouement n’impliquait manifestement pas Marion.

– C’est Johnson qui avait de lui-même réservé cette chambre ?
– Le concierge ne l’avais jamais vu jusqu’à ce soir. La chambre était vacante.
– J’aimerais dormir un peu.
– Vous êtes de ceux qui dorment, Auguste ? Vous n’êtes pas curieux ! Et l’ordinateur ? Vous ne voulez pas savoir ce qu’il cache ? Et l’interrogatoire ? Tous ces mystères ne vous excitent pas ? Moi qui m’apprêtais à vous laisser assister au menu des réjouissances… Mais rassurez-moi : vous avez compris que vous n’aurez plus à vous lever demain matin pour entraîner Iejov ? Cette fois-ci, je m’en charge moi. Alors, vous restez ?
– J’aimerais vraiment dormir un peu.
– Je n’y connais pas grand-chose en tennis, je le reconnais volontiers ; mais là, excusez-moi si j’emploie un terme désuet, mais vous jouez petit bras.
– Tenez-moi au courant pour l’interrogatoire. Bonne nuit, Racine.
– Je vous tiendrai peut-être au courant, peut-être pas.

Et il se dandina.

J’arrivai chez moi à quatre heures du matin. Le cauchemar prenait tournure : dans l’escalier, je croisai plusieurs voisins en chemises de nuit et bonnets consécutifs qui vociféraient en direction de ma porte. Je tournai la clef dans la serrure et trouvai mes colocataires entretenant une conversation agitée, les bouteilles vides s’entrechoquant dans les rares intervalles d’un ramdam de basses. Au milieu du parterre, hilare et rouge : Claudio.

– AU-GUSTE ! Pour Auguste, hip hip hips ?
– Hourra !
– Alors, Auguste : prêt à entraîner mon futur assassin ? Prêt à pactiser avec l’ennemi ? On change d’équipe, c’est ça ? On passe du côté obscur de la force ? On ne valide plus dans le bus ? On ne fait plus la queue à la sécu ? On broie des coccinelles à la semelle de ses Rangers ? On frappe des enfants et on les torture psychologiquement pour les faire culpabiliser d’avoir mal ? On promet à des immigrées hongroises mineures qu’elles obtiendront leurs papiers à condition de tapiner pendant quinze ans ? On fait manger Poppi à son fils parce qu’on a la flemme d’aller faire les courses ? On achète des tapis raflés par les nazis et on les revend aux juifs à leur sortie de Buchenwald ? On viole sa mère et on oblige son père à reconnaître l’enfant ? On…
– Iejov ne va pas te tuer et je ne vais pas non plus l’entraîner ; tu peux d’ores-et-déjà encaisser tout l’argent qui a été parié sur lui. Iejov et son entraîneur ont été arrêtés.

Dans un film noir ou dans tout autre lieu, l’annonce aurait imposé un silence que le visage fermé des protagonistes aurait chargé de sens. Pas là : sur fond vitaminé – I, I follow, I follow you – l’un de mes colocataires hurlait le mot « caca ».

– Bla, bla, bla : n’importe quoi, monsieur je-sais-tout. Et pourquoi Iejov aurait-il été arrêté, je te le demande ?
– Parce qu’il est soupçonné d’avoir assassiné Johnson. Et Belluci. Et d’être dopé. Et d’être un genre de tueur à gage.
– Johnson est mort ?
– Oui. Roué de coups puis pendu. Ne manquent que le poison et les balles. Et, je te le donne dans le mille, dans l’hôtel de Iejov, la chambre juste à côté. Je ne suis pas détective, mais…
– Comment il s’appelle ton policier, déjà ?
– Racine ?
– Oui, Racine : il faut aller le voir. D’urgence.

Joignant le geste à la parole, il fit l’effort de se lever et s’effondra tout aussitôt au pied du canapé violet. Sa chute fut accompagnée d’un torrent de rires irrationnels chez le parterre des vivants là ; moi-même, je fus éclaboussé par la marée.

– J’ai peur que ta déposition ne soit pas tout à fait prise au sérieux, Claudio. Ça peut attendre demain, peut-être ?

Ses ronflements me répondirent. Un instant, transporté par la fatigue, mon esprit se distancia de la scène et, comme omniscient, comme changeant de focale, je vis de l’extérieur, au grand angle, cette assemblée décadente, cet appartement résolument bourgeois avec ses plantes tropicales victimes de tabagisme passif, toutes ces bouteilles amassées, mes trois colocataires accumulant les maladresses alcoolisées, la musique trop forte et les murs qui tremblaient, et Claudio étendu par terre dont les ambitions successives l’avaient amené là, sur ce tapis trouvé à un coin de rue et trainé au cinquième ; je vis Belluci mort et Iejov en prison, je vis Stern, Butler, et puis je vis Cerny qui admirait Stern. Aux murs tournoyant, le Hall of Fame des tennismen, la visière vissée sur la tête, nous encadrait comme un jury. Tous nous contemplions la pièce et, pour une raison encore floue, cette vision m’inspira de la mélancolie. Alors j’attrapai une bouteille, bus à mon tour une rasade, et, dans une chorégraphie bizarre, je me mis à jouer au tennis sans raquette, sans balle et sans adversaire, essuyant mon front moite face aux spectateurs médusés lorsque je montai au filet. Enfin, après un smash en extension, je m’écroulai sur le sol, hilare et détrempé.

J’avais gagné.

Des applaudissements retentirent. Ce devait être le panthéon qui m’acceptait comme l’un des siens.

Ma vie était merveilleuse.

Les applaudissements retentissaient encore lorsque je m’éveillai. Ma vie était d’un coup nettement moins merveilleuse avec une migraine accentuée par les voix dissonantes : « Qu’elle est jolie madame Auguste ! » « Place ! Place pour madame Auguste ! » On s’agitait autour de moi. Le dépôt de mes yeux, d’ordinaire caca d’oie, se parait de petites perles noires. Je le sus aussitôt après m’être frotté les mirettes d’une main dont les extrémités puaient l’ammoniac. On m’avait maquillé, peinturluré, sali. « Vous faites chier quand même. » « Dis, mademoiselle, tu habites chez tes parents ? » « Dis, maman, tu m’emmènes voir tonton Racine ? C’est mercredi, je n’ai pas école. » C’était du Claudio tout craché. J’allais vers la cuisine, alléché par l’odeur du café. Claudio me jappait autour.

– Qu’est-ce que tu lui veux, à la fin, à Racine ? Ma voix tirait vers les aigus. Claudio n’était pas prêt d’abandonner le sobriquet maman.
– J’ai une information de la plus haute importance à lui communiquer.
– De la plus haute importance ? Tu veux lui parler de quoi ? De ce que Iejov est un méchant qui va t’arracher les boyaux pour s’en faire un cordage ? Tu veux que Racine l’interroge sur le contrat imaginaire placé sur ta gueule ? Tu veux l’accuser d’être un tricheur ?
– Froid.
– Pardon ?
– Non, je dis froid. Tu es froid, maman.
– Oui je suis froid ! Tu me maquilles pendant que je dors, tu m’empuantis avec un vernis à paillettes et tu t’attends à ce que je sois chaleureux ?
– Tu n’as pas compris. Tu es froid, rapport à tes hypothèses. Tu es froid, quoi, chaud, froid, on se réchauffe, tout ça ! Mais rien ne t’interdit de te réchauffer un peu.

Silence.

– Bon, des informations de la plus haute importance, alors…Tu as été témoin du meurtre ?
– Tu te réchauffes un tout petit peu. Mais vraiment un tout petit peu. – On est passé de Vladivostok à l’Islande.
– Tu as toi-même tué Johnson parce que tu n’as pas digéré la dérouillée qu’il t’avait mise aux qualifications d’Indian Wells en 2005.
– Tout schuss vers l’Alaska.
– C’est en Californie, Indian Wells. Je comprends que tu ne t’en souviennes pas, cela dit : tu es resté si peu de temps…
– Je n’ai que très peu de notions d’inuit, Captain Igloo. Pas assez pour comprendre la finesse de tes sarcasmes. Réfléchis au lieu d’étaler ta science, monsieur j’ai une Licence 1.
– J’ai un Master 2.
– Tu as une licence 1 et ensuite tu as dépensé la moitié de tes gains en carrière pour acheter un lamentable Master 2 auprès d’une obscure université belge.
– Tu sais qui a tué Johnson.
– Ah ! Là, la Californie, je veux bien à la rigueur. Mais, la Californie au mois d’avril ; et encore, un mois d’avril un peu frais, en dessous des normales saisonnières. Les gens se baladent en bermuda jaune et en pull.
– Tu sais qui n’a pas tué Johnson
– Branle-bas de combat ! On franchit le tropique du Cancer !
– Donc, logiquement, tu sais quelque chose sur Iejov. Alors : pourquoi ? Iejov n’a pas pu tuer Johnson parce que…
– Il n’a pas pu commettre le meurtre parce qu’il était avec moi. Et son entraîneur aussi. La voilà l’histoire.

Silence.

– Pourquoi tu ne m’as pas dit ça hier soir, imbécile ! Maintenant, les Russes ont passé la nuit en prison ! Tu imagines les implications ? Il va être disqualifié pour rien. Sans compter sur les représailles politiques. A quelle heure est prévu son match, demain ?
– Le match devait avoir lieu à midi. Mais je te rassure : il va pleuvoir aujourd’hui, tout sera décalé. Et je te rappelle que c’est toi qui n’as pas voulu me conduire chez ton copain le théâtreux hier quand j’en ai formulé la demande de manière on-ne-peut-plus claire.
– Mais parce que je pensais que tu racontais n’importe quoi ! Il fallait être clair, aussi.
– D’un autre côté, c’est tant mieux, parce que je vais monnayer l’information.
– Monnayer l’information ? Tu sais, Claudio, ce n’est pas parce que tu as un nom à consonance italienne que tu fais automatiquement partie de la mafia.
– Le pari, voyons. L’annulation du pari. La voilà notre bouée de sauvetage ! Mon témoignage contre ma vie sauve. Ça vaut.

Il acquiesçait. Son sourire, un peu fixe, ressemblait à s’y méprendre à celui d’un enfant sur le point d’étrangler le chat. L’ennemi intérieur. Difficile de savoir si Claudio n’inventait pas cette histoire de toute pièce dans le seul but de préserver sa vie.

– Je t’emmène mais tu te tiens bien.
– Oui, maman.

Comme je cherchais ma veste, je l’entendis s’esclaffer à l’autre bout du couloir.

– Tu y vas comme ça ? Tu n’es pas un peu trop habillé(e) ?
– Et nous voilà donc sous la pluie, en chemin vers le commissariat central, moi démaquillé à la va-vite comme une pute en pré-retraite et lui qui empestait l’alcool. Les écrans des cafés rediffusaient les images d’un double mixte pour spectateurs absents.
– Qu’est-ce que tu foutais avec Iejov ?
– Je négociais.
– Pour quel résultat ?
– Il me montra neuf doigts.
– Dix jours pour payer ?
– Dix heures.
– Et tu as dit quoi ?
– Merci, monsieur Iejov.
– Et l’entraîneur ?
– Il se tenait derrière avec ses lunettes de soleil, de façon à me faire comprendre que, si je ne coopérais pas, il ne se contenterait plus de se tenir derrière.
– C’était où ? A Roland ?
– Non. Dans un café, porte de Saint-Cloud. Un truc discret. Ensuite, je suis venu chez toi pour te taper, mais comme tu n’étais pas là, j’ai tapé dans le bar.
– Rassure-moi : tu as vraiment vu Iejov hier soir ? Tu n’inventes pas tout ça pour te tirer d’affaire ?
– Ce que j’aime chez moi, c’est la crainte que je t’inspire.

Nous arrivâmes au poste. A l’accueil, je réclamai l’inspecteur Racine auprès d’une gigue en habit bleu qui condamna du regard les vestiges de mon éphémère transsexualité. Racine, décidément, n’avait pas grand-chose à voir dans le ton ou l’habit avec le flic lambda. Surtout, sa bonne humeur tranchait avec les mines fermées du flic, de la fliquette, du plaignant, du prévenu, de la secrétaire, du directeur, des meubles et des ordinateurs. « Mais qui voilà ? Un revenant ! Vous vous êtes faite belle ! Et vous m’amenez un petit camarade de jeu, qui plus est. Ah, non, vraiment, c’est trop. (En aparté) Iejov est sur le point de craquer. Ça se joue entre lui et moi, maintenant. Le patron est tout prêt à céder aux pressions de l’ambassade. Synchronisation des montres : on remonte les Champs-Elysées. Métaphore sportive : voilà qui doit vous plaire. Enfin, n’en doutez pas, Racine battra Tchekhov. Pauvre, pauvre patron. Obligé de parler à un ambassadeur ; et sans cocktail, encore, sans petits fours, sans smoking : seulement un téléphone. Ah, la, la : la politique. Dans ma jeunesse, j’avais un oncle qui la maniait, la politique. Belle langue, beau geste, des idées et du nerf ! Ah, la, la ! Quel homme ! Un poète avec ça. Il faisait les marchés, et il trouvait ça beau. Il est mort d’un ulcère à trente ans. Depuis, je ne vote plus. Quel bon vent vous amène ? »

– Claudio, ici présent…
– Bonjour, Claudio. A votre teint : Modène ?
– Saint-Flour.
– Même latitude.
– Claudio, ici présent, a des informations sur le meurtre de Johnson.
Cela commence comme une blague de comptoir. Un Italien, un Russe, un Américain et un Français… L’un d’entre eux est assassiné. Vous la connaissez ? C’est charmant !
– Iejov n’a pas pu commettre le meurtre.
– Il a pu.
– Il n’a pas pu.
– Il était en capacité physique.
– A condition d’avoir un don d’ubiquité.
– Ce qui, chez les anciens, était perçu comme un des signes de l’omniprésence divine. Prenez Plutarque et son mythe de Timarque, par exemple : eh bien, Plutarque y fait figurer Aristéas de Proconnèse, disciple d’Apollon et corbeau de surcroa… Ah ! Ah ! Ah ! De surcroa ! Mais racontez-moi tout, mon jeune ami.

Claudio nous fixait sans rien dire, hébété par tous ces mots qu’il ne connaissait pas.

– Non, bah, rien, j’étais avec lui à l’heure du meurtre, quoi.

Nous allons voir ça. Si vous voulez bien m’accompagner. Etonnant que Iejov n’ait pas fait une seule fois référence à vous en dix heures de garde-à-vue, non ? Suivez-moi. Loisel, vous nous laissez ?
– Jean ?
– Je m’appelle Apollinaire.
– Comme Guillaume ?
– Voilà.
– Au temps pour moi. Je croyais que vous vous appeliez Jean. Dîtes, Guillaume, qu’est-ce que je dis, moi, au directeur du tournoi, à propos de Iejov ? Il pourra jouer ?
– Vous lui dites ce que bon vous semble.
– Bon, stratégie de l’évitement. Je vais me cacher. Et pour Marion ?
– Vous aimez les chasses au trésor, Loisel ?
– Comme-ci, comme-ça.
– Comme moi. En revanche, votre bonne amie les affectionne. Le dernier indice qu’elle a daigné me laisser étant « Correction », mon tour s’arrête ici. Je vous passe le flambeau. Quant à vous, Claudio : si vous voulez bien entrer dans cette toute petite pièce confinée à l’extrême pour que nous puissions discuter à bâtons rompus ! Ah ! Ah ! Ah ! C’est une image, nous avons abandonné ces méthodes il y a bien longtemps.

Abandonné dans le commissariat, ralenti dans l’agitation, je contemplai la petite porte derrière laquelle Claudio subirait une journée durant les calembours de Racine et j’éprouvai de la pitié. Je partis pour le stade.