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Le plus grand

© Antoine Couvercelle

Il m’aura fallu 12 années de domination et 24 Grands Chelems pour me rendre à l’évidence : Novak Djokovic est non seulement le plus grand statistiquement, mais il est aussi et surtout le plus grand tout court. Pourquoi cet éclair de lucidité soudain ? Peut-être parce que deux Grands Chelems de plus que Nadal, c’est l’assurance définitive que son éternel rival, en fin de course, ne reviendra plus ; peut-être parce qu’il compte désormais une moyenne hallucinante d’un Grand Chelem remporté toutes les trois participations, 24 sur 72 ; peut-être parce que gagner l’US Open après en avoir été banni l’année précédente, comme l’Open d’Australie en début d’année, c’est une manière parfaite de clore un chapitre qui aurait pu faire vaciller sa légende, et qui aura fini par l’élever encore davantage ; peut-être parce que Kobe Bryant était l’une de mes idoles et que l’hommage de Djokovic pour son ami regretté m’a ému aux larmes ; peut-être parce que Djokovic, l’année de ses 36 ans, vient de sortir de son chapeau un quatrième Petit Chelem, le deuxième en trois ans, un exploit que Federer et Nadal n’auront jamais pu accomplir dans leur trentaine ; peut-être tout simplement parce que la mienne approche, de trentaine, et qu’il est temps de trancher ce débat qui a occupé toute ma vingtaine.

Vous me direz : comment mesure-t-on la grandeur en tennis, et peut-on seulement la mesurer ? Dans cet essai, je…

Froidement, prenons d’abord les chiffres. Le nerf de la guerre. Dans un futur proche, possiblement dès 2024, Djokovic deviendra le premier membre d’un club unique : le 25-40-400 (25 Grands Chelems, 40 Masters 1000, 400 semaines passées à la première place mondiale). Vingt-cinq, quarante, quatre cents. Vingt-cinq, quarante, quatre cents ! Il faut se le répéter plusieurs fois pour y croire. Pour la forme, ajoutons-y les 7 années conclues tout en haut du classement (bientôt 8 ?) ; les plus de 83 % de victoires en carrière ; les plus de 250 victoires sur des pensionnaires du top 10… Rien ne sert de toutes les citer : prenez n’importe quelle ligne statistique, celle à laquelle vous êtes le plus sensible, et vous avez de fortes chances d’y retrouver Djokovic (loin) devant.

En comparaison directe avec ses co-stars du Big 3, Djokovic l’emporte également sur (presque) tous les terrains. Dans les confrontations ? 27-23 contre Federer, 30-29 contre Nadal. Plus indicatif encore : depuis Wimbledon 2012, Djokovic est invaincu contre Federer en Grand Chelem (6-0) ; depuis l’US Open 2013, Djokovic est invaincu contre Nadal hors terre battue (10-0). L’avènement du Serbe en 2011 représente le point de départ d’une longue procession dont l’on a toujours su – l’interlude 2016-2018 mis à part – qu’elle le mènerait à son Mont Kopaonik : le statut de Greatest Of All Time par les chiffres.

© Virginie Bouyer

Par plusieurs exploits homériques qu’il partage avec lui-même, Djokovic a donné de la substance à ces chiffres. À la genèse des 12 années de domination, il y a les 43 victoires consécutives, un record dans la configuration actuelle du circuit ; six mois en apesanteur où il était devenu impossible de battre un joueur jusque-là connu pour ses friabilités mentales et physiques. Le Grand Chelem à cheval sur 2015 et 2016, ensuite : jamais personne avant Djokovic, chez les hommes, n’avait détenu les quatre Majeurs sur trois surfaces simultanément. Comment le blâmer d’avoir fait un burn-out après avoir brûlé le jeu ? Mais puisque Djokovic est insatiable de records, son retour au premier plan à l’été 2018 correspond à un autre épopée fabuleuse, achevée à Cincinnati : les neuf Masters 1000 en carrière, tous tamponnés sur son passeport. L’amoureux des langues et des cultures aura mis un point d’honneur à gagner à Monte-Carlo et Rome, là où Federer n’a jamais gagné, et à Miami, Shanghai et Paris, là où Nadal n’a jamais gagné. Enfin, il y a le presque Grand Chelem calendaire, en 2021, dont l’épilogue malheureux en finale de l’US Open contre Daniil Medvedev – une défaite sèche et des larmes humides – ne doit éclipser le caractère exceptionnel de la performance. De notre vivant, nous ne reverrons certainement jamais quelqu’un voler aussi près du Grand Chelem. Djokovic 2021, c’est la légende d’Icare appliquée au tennis.

Quand « Nole » ne sera plus joueur de tennis, au-delà du quantifiable, resteront les matches et les histoires. Son sourire en coin avant de planter Federer d’un retour gagnant assassin sur balle de match contre lui à l’US Open 2011 ; le « This is Sparta! » hurlé avec Gerard Butler dans les coursives du Arthur Ashe Stadium après la finale de l’US Open 2015 ; ces deux balles de match sauvées, encore, et ce sourire en coin, toujours, au moment de toiser la foule hostile, un brin d’herbe dans la bouche, après avoir triomphé de Federer en finale de Wimbledon 2019 ; le troisième set monumental contre Nadal à Roland-Garros 2021, en nocturne, qui aura indirectement levé le couvre-feu en France ; ce combat de près de quatre heures contre Carlos Alcaraz, un jeune homme de 16 ans son cadet, en finale de Cincinnati 2023, parachevé par un arrachage de chemisette à la Hulk, comme en finale de l’Open d’Australie 2012 – comme pour rappeler qu’il est l’antagoniste ultime.

S’il fallait ne retenir qu’un match, et qu’une seule histoire, c’est justement l’Open d’Australie 2012 que je choisirais, tant il réunit tout. 5 h 53 inégales mais tellement prenantes contre le rival de sa deuxième partie de carrière, Nadal. D’innombrables retournements de situation et une victoire inéluctable de Djokovic 7-5 au cinquième. Leurs jambes qui lâchent les deux rivaux lors de la cérémonie de remise des trophées. Et puis l’après. Un deuxième match après le match. Retenu pendant près de deux heures au contrôle anti-dopage car totalement déshydraté, Djokovic, qui ne boit pas d’alcool, est contraint de descendre une bière pour accélérer le processus. Lorsqu’il est enfin libéré, il est 3h30 du matin en Australie. Pompette, Djokovic décide d’aller crasher la fête des bénévoles. Il débarque en fanfare, s’empare du micro, monte sur une chaise et demande à l’assistance ce qu’elle souhaite qu’il lui chante. Réponse collégiale : AC/DC. « I’m on a hiiighwaaay to heeell », s’époumonne-t-il. Pendant une demi-heure de karaoké, avec sa conférence de presse à effectuer dans la foulée, le Djoker s’abandonne et donne à une foule de quidams des souvenirs pour la vie. Ceux qui y étaient diront que cela valait n’importe quelle afterparty des Oscars.

© Ray Giubilo

Une autre fête, celle de ses 18 ans, juste avant Roland-Garros 2005, raconte Djokovic et dessine son destin. À Belgrade, dans son fief, Djokovic est entouré par famille et amis… et par Sergej Trifunović, l’un des acteurs les plus populaires du pays. Pour l’occasion, ce dernier a composé une ballade qui suggère que Djokovic déboulonnera Federer et Nadal un jour. Entre deux chants d’anniversaire, celle-ci est entonnée à tue-tête par les convives et par le principal intéressé. Bien avant 2011, il est déjà clair que la Serbie a un incroyable talent.

En réalité, c’est en 1999, en pleines Guerres de Yougoslavie, durant ce que les Serbes appellent aujourd’hui les « 78 jours de la honte », que se trouve l’essence de Djokovic. En plein cauchemar éveillé, son grand-père, Vladimir, l’abrite chez lui des bombes de l’OTAN ; sa professeure de tennis et éternelle ange gardien, Jelena Gencic, choisit leur lieu d’entraînement en fonction d’où elles sont tombées la veille, gageant qu’elles ne tomberont pas deux fois de suite au même endroit. En 2012 puis 2013, Djokovic sera frappé par le deuil de deux des personnes les plus importantes de sa vie. Par deux fois, sa réponse sera magnifiquement emprise d’émotion : à Monte-Carlo 2012, où il trouve la force d’entrer sur le court et de gagner en hommage à « Vlado », quelques heures après avoir appris sa mort ; puis à Roland-Garros 2016, où il honore la dernière volonté de « Jeca », celle que son élève réunisse les quatre Grands Chelems.

Construit dans l’opposition forcée – à la guerre, à Fedal – et marqué par une extraordinaire capacité de résilience, Djokovic a tracé un chemin profondément singulier et polarisant. Dans les années qui viennent, puisque le n°1 mondial a déclaré vouloir jouer jusqu’aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, en espérant avoir décroché cette médaille d’or qu’il désire tant dès Paris 2024, il y aura sûrement d’autres brins d’herbes avalés, d’autres polos arrachés, d’autres téléphones raccrochés au menton imberbe de jeunes joueurs mi-agacés, mi-honorés – il se dit que Ben Shelton a adoré – et d’autres variantes. Vous avez le droit de le détester. Avec l’âge, Djokovic continuera d’être lui-même, sans compromis, loin de l’époque people-pleaser qui a brouillé son image. Sa deuxième partie de carrière – désormais aussi prolifique que la première, 12 titres du Grand Chelem chacune – a marqué un vrai changement à cet égard. Oui, Djokovic veut battre tous les records. Oui, Djokovic se nourrit de l’animosité autour de lui. Il est le anti-héros qui a vécu suffisamment longtemps pour devenir le héros.

Si 2023 restera comme l’année où le Serbe est devenu le recordman du nombre de titres en Grand Chelem, elle constitue l’auto-acceptation définitive de sa nature. En réponse à cela, nous nous devons d’être honnêtes avec nous-mêmes. C’est en appréciant Djokovic pour qui il est, pour ses qualités et ses défauts, pour ses réussites et ses ratés, que j’ai compris qu’il était le plus grand joueur (masculin) de l’histoire du tennis, sans astérisque ni technicalité. Le plus grand tout court, sans qu’il soit nécessairement possible de le prouver formellement autrement que par les chiffres. Doit-on tout justifier, tout rationnaliser ? On le sait, c’est comme ça. When you know, you know. Même Nadal l’a reconnu à demi-mot après l’US Open. La réalisation a été collective. Novak Djokovic est le GOAT de ce sport. Il est celui à qui ce statut tenait le plus à cœur et il l’a obtenu. Cela n’enlève rien aux autres, et cela fait un bien fou de le dire. 

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

FILA Loves Courts

 50 Years of FILA on Open Courts

Björn Borg, FILA Brand Ambassador  © Fondazione FILA

Into a new decade, out of the late 1960’s and into the early 70’s, emerged a young designer named Pierluigi Rolando. Fresh from a failed textile venture, Rolando set up a meeting with Enrico Frachey, one of the founders of the modern FILA. The “Doctor,” as he was called, had an agenda, to turn the loom-making-turned-undergarment company into an international sportswear brand. Frachey instructed Rolando to “think of new horizons.” 

“Frachey, who had by this time become Enrico to me… had noticed that tennis was becoming an interesting market for new kinds of clothing. Tacchini had just introduced a line of tennis wear, thanks to his experience as a champion in the sport,” said Rolando. “We decided to do a tennis collection and it was the beginning of an extraordinary adventure that launched us into the firmament of the greatest planetary success of all time.”  

And just like that, Rolando staked the FILA flag into tennis history with the “White Line,” an enduring Italian riff on performance sportswear. The company found two players, Paolo Bertolucci and Adriano Panatta — rising stars on the Italian tennis courts —to wear its clothes, linking the FILA® brand with champions and introducing the world to the marketing strategy now known as endorsements. “The product… was there. The logo was there. The only missing element was the emotion connecting the product to the consumer,” wrote Marco Negri who at the time was the Vice President Fondazione FILA Museum, as seen in the book Tutti in FILA by Pierluigi Rolando. “Having sportswear worn by the best players generated a particular reaction in consumers, as if by wearing them, they would have had the chance to ‘walk in the shoes’ of their sports idol.”

In 1911, Giovanni Fila, a woodworker, got a new clientele: local weavers  who needed their frames repaired. Seeing the prospects and profits available in textile manufacturing, he decided to establish his own textile company. He created Fratelli Fila®, a spinning factory for carded and combed wool, the most typical and widespread among the manufacturers in Northern Italy at the turn of the 20th century. In 1926, the family began to manufacture underwear for men, women and kids before expanding into outerwear apparel at the end of the 60’s. This expansion allowed FILA to grow and blossom through post-war social turbulence, political change and technical and economic innovation to revolutionise clothing design.

But patriarch Giovanni Fila could have never imagined how iconic his designs would become. By 1973, after five decades of building its business, FILA changed everything and entered the sports market with its “White Line” tennis collection — the discipline that would catapult the company to international acclaim. But the company didn’t stop there. In addition to bringing colour and the red-and-navy “F-Box” logo to the world of tennis, which had been previously played strictly in white, FILA carried its zeitgeist to mountain wear, swimming, golf and other athletics. “Companies have traits in common with humans. In the same way as humans, companies are born with a specific DNA that, unlike the human one, may be changed throughout their existence,” Frachey wrote. Since then, FILA has continued to create, pioneer and lead the way in modern sportswear. Through figures from Australia to America who would don the Italian brand while accomplishing some of the greatest athletic feats in history: Bjorn Borg’s five consecutive Grand Slam wins on grass from 1976 to 1980; Reinhold Messner’s legendary solo ascent of Mount Everest without supplemental oxygen; Ingemar Stenmark’s 1978 World Cup in skiing in Garmisch-Partenkirchen, Germany; and 32 medals for FILA athletes in Los Angeles in 1984. 

© Fondazione FILA

The Birth of Iconic Kit:

Pierluigi Rolando — the man who would reinvent FILA — was born in Ronco, a small town near the FILA headquarters in Biella, and grew up in Torino, a city he loved and hated. For this reason, when it came time for advanced education, he attended the University of Leeds, in England, where he learned not only textile engineering, but also the feelings behind fashion through the concept of “mood boards.” Dr. Frachey and Giovanni’s grandson, Giansevero Fila, invited Rolando for an interview at the end of the 1960s. After exchanging niceties, they immediately asked Rolando if he knew how to convert a set of underwear samples into knitwear manufacture. When he replied “yes,” he earned the job. 

By 1968, the Fila family chose to split the company in two groups, the majority group included Maglificio Biellese MABY, which continued to specialize in underwear. But Maglificio Biellese soon began to experience  a sharp drop in the sales due to a change of lifestyles and tastes, thus resulting in a decline in underwear sales. MABY had to catch the new trend of customers’ tastes. Giansevero Fila, the co-leader with his father Ettore, appointed new leadership from outside the family. One of them was Frachey, who was in charge of designing and implementing a renovation strategy in this challenging transition. 

Frachey and Rolando spent long hours brainstorming sketches, followed by interminable discussions outlining the execution of concepts. There was demand for a tracksuit, an item that would become part of every person’s wardrobe — athlete or not — for after work, for relaxing and even for looking like the champions seen on tv and in magazines. The tracksuit would become that bridge garment between sports and leisure. The first tracksuit for tennis was created during one of these marketing meetings. 

“We had noticed that tennis was becoming an interesting market for new kinds of clothing. Tacchini had just introduced a line of tennis wear, thanks to his experience as a champion in the sport. In the USA, the sport was becoming widespread in the clothing market as well as equipment and footwear,” Rolando wrote in his seminal book Tutti in Fila. “Ever since I was a young kid in Biella, I had been going to the tennis club near the soccer stadium. I played with my childhood friends… Enrico convinced Giansevero to consider getting into this market that had a lot of potential.”

Rolando used existing machinery to create a line in which the undergarments, the shirt, the shorts, and the outer garments, the track suit or sweater, all worked together within a colour scheme based on the negative/positive dichotomy, or rather, light colours underneath and dark colours on top. “We understood that in the United States, and more precisely in California, people tended to avoid the colour white as much as possible because it was too bright for the television cameras… it was probably a good idea to introduce color,” Rolando wrote. Rolando designed shirts with a very light shade of color as a base and something much deeper at the collar and the front snap openings, a dazzling white with a navy collar and a red snap flap, or an ècru base with the same combination. When confronted with a light blue or light green pastel, Rolando made the contrast with a deeper and more intense hue — the similar colours were then repeated on the outerwear. 

For the track suit, Rolando looked to the English Royal Guard and penguins for inspiration for added flourish. “We used the first for the faultless red chevrons on their sleeves and the latter, because dressing the tailcoat, they could not have been less elegant than anyone else,” Rolando wrote in Tutti in Fila. “Over the years, I noticed that penguins and robins have a natural elegance thanks to their colouring, a black or a dark colour on the top and back and lighter colours under the arms and on the front of the body.  This, as well as the chevrons, helped me immediately conceptualize the first track suit that was going to overlap from sportswear to streetwear.”

The revolution continued. The FILA “F-Box” logo needed an upgrade: Sergio Privitera, a marketing manager, showed the team an “F” divided in two, with the upper F-line disconnected from the lower half in navy and red — the fashionable colours of the moment. After the “White Line” had its initial success in Italy on the backs Paolo Bertolucci and Adriano Panatta — rising stars on the Italian tennis courts — FILA started casting further afield. 

 

FILA Crosses the Oceans

From the start, FILA’s tennis White Line was enormously popular in the USA, despite the fact that Panatta was virtually unknown in the States. The American market rewarded a collection that had brought something new to the market, a combination of sportswear with a fashionable flair. During this time a young Swede was climbing the tennis ladder “by using his racket as if it were a cudgel,” Rolando wrote. “Everyone wanted a piece of Bjorn Borg.” Frachey had already procured Borg in an endorsement deal inked at the 1975 MIAS and told to work on a new collection for Borg. For that, Rolando needed to figure out how to put printing on tubular knitwear — something that was akin to “putting a tattoo on a boa constrictor… while it’s moving!” 

As in all of Rolando’s creations, there was the fundamental nod to the past and history, along with something new and up-to-date. Rolando looked to the 1920s and 1930s Brooklyn Dodgers for inspiration, whose uniform used a simple unremarkable stripe that became a symbol of its most famous player: Babe Ruth. Rolando measured the stripes exactly and then decided to avoid printing the stripe on both sides of the shirt for simpler mass manufacturing. Borg brought great success to FILA sportswear by winning titles in London five times. Through this radical change in sports apparel, FILA produced over  five million iconic  shirts

Borg retired for the first time in 1981 at age 26, but FILA was just getting started. In women’s tennis, an Aboriginal Australian athlete named Evonne Goolagong arrived on the scene and FILA signed her, giving her a look that evoked the Burcina Natural Reserve, which she had admired in Piedmont. The Argentinian tennis player, Guillermo Vilas, had a strong and imposing physique, which Rolando symbolised with two navy or red horizontal striped motifs on the sides of the shirt, while covering the top part of the shirt with navy or red, juxtaposing the colour of the stripes. In 1987, Boris Becker joined, followed by Monica Seles, who created her own line of flowery, pastel tops and bottoms in 1993. During Jennifer Capriati’s 2001 comeback swing, FILA  sponsored her and when she won her two Grand Slam titles, extended her contract three years. And Belgian Kim Clijsters signed with FILA just before making her first Grand Slam final in 2001.

© Ray Giubilo

FILA Enters  Footwear

FILA Holdings in 1983, decided to diversify once more and granted a contract to the Lario shoe factory to make the first FILA shoe prototype, a red-and-navy sandal. From there, FILA created the white leather Original Tennis trainers with red and navy stripes on the sides and a small FILA F-box on the tongue. In the US, FILA gave artistic license to designers Kevin Crowley and Jack Steinweis to create the Take, Targa and Tennis 88 — a riff on the Original Tennis shoes. FILA then chose rising Detroit Pistons star Grant Hill for its first venture into basketball, selling nearly two million pairs of the Grant Hill 2. Soon FILA counted Nike, Adidas and Reebok as their competitors. 

More collaborations followed. Using the Borg pinstripe, FILA created the BB1 polo in colours from pink to yellow to navy to green. The tracksuit Settanta jacket that FILA Brand Ambassador, Bjorn Borg wore over his pinstripes in the 80s — the one with the classic navy colourway, gardenia detailing under the arm, the waistband with red stripes and baseball style collar — still sells in the millions. With Brooks Brothers, FILA came out with the FILA Milano Fit Performance Fun shirt featuring a button-down collar, contrasting sleeves, and a colour block design. The FILA x Brandon Maxwell crossed FILA’s classic navy and green and Maxwell’s playful pink and red in a quarter zip, a flirty flare skort and a two-piece polo tank. FILA x Mini Rodini blended whimsical with practical animal prints for kids and FILA x MSGM took the Axilus 2 Energized performance tennis shoe and customised them with MSGM patches in black/red and white/yellow colour combinations.

FILA didn’t just settle for partnerships with tennis players, the company branched out into supporting major tournaments around the world, including the BNP Paribas Open, Infosys Hall of Fame Open, Western & Southern Open, Japan Open, China Open, National Bank Open, Argentina Open, amongst others.At the 2023 edition of the BNP Paribas Open FILA  brought artefacts from the brand’s history, including archival outfits, from the Fondazione FILA Museum in Biella, Italy, to the company’s on-site store at the Indian Wells Tennis Garden. There, FILA also debuted the “Tie Breaker” collection giving its current roster of players, Barbora Krejcikova, Karolina Pliskova, Reilly Opelka and Diego Schwartzman a fresh look for spring. 

This new era of icons included the recently retired Ashleigh Barty, who gave homage to the first indigenous woman from Australia to win a title in London, Evonne Goolagong Cawley. On her own run in London in 2021, Barty wore a tank top and with a laser-cut floral pattern, echoing the embroidered flowers and scalloped hemlines that appeared on Goolagong Cawley’s 1971 dress. When Leo Borg decided to come into the FILA fold, he began to sport a new twist on the classic stripes — this time horizontal — and reignited its relationship with his 67-year-old father, who regularly wears a solid polo to most events. 

As FILA’s celebration of 50 Years in Tennis continues, the company is reflecting on the past, while working towards the future with a plan to launch new products throughout the seasons that still push the boundaries of performance and style. “FILA has been a brand that has stayed true to itself and those are always the brands that withstand time the best,” said Reilly Opelka, a current member of Team FILA. “I love the tracksuit, I think it’s iconic FILA. When I am going to Milan for fashion week, it is the only tennis piece that ends up in my suitcase. I like its heritage. ”

© Ray Giubilo

Jeu 

Set & Bench

Au-delà de l’action effrénée sur les courts de tennis se trouve un élément souvent négligé, mais ô combien essentiel : le banc de tennis. Plongez dans cet univers fascinant à travers l’objectif de Cédric Delmont, qui révèle la grâce et la fonctionnalité de cet objet de manière inattendue. « Jeu, Set et Bench » est une série de photographies qui explore non seulement le design et l’intégration du banc sur les courts de tennis, mais aussi son rôle emblématique en tant que témoin et refuge pour les joueurs. Découvrez comment ce banc, en apparence anodin, devient le protagoniste silencieux de l’histoire du tennis, incarnant l’âme même de ce sport.

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

Être fan, ce n’est pas faire partie d’une secte

Roland-Garros, juin 2023

Si vous aimez Novak Djokovic, vous la connaissez forcément. Julie, nom de code « @NDjokofan », est devenue l’une des supportrices les plus identifiables du Serbe grâce aux nombreux contenus qu’elle poste sur ses réseaux, souvent au plus près des exploits de son joueur favori. Son fanatisme exacerbé l’a conduite à une vie d’aventures et de passion, qu’elle nous raconte ici avec beaucoup de gouaille.

 

Elle est à la fois dans l’ombre de Novak Djokovic tout en étant dans la lumière de ses plus grands succès. Partout où il passe et surtout partout où il gagne – pléonasme –, Julie est là. Ou pas loin. Vous ne pouvez pas la rater, ne serait-ce que par sa longue chevelure frisée et dorée qui la rend identifiable entre mille sur les clichés de liesse. 

À 33 ans, cette Poitevine aujourd’hui établie à Londres, où elle enseigne le français, est une figure éminente de la #NoleFam, ainsi que Novak Djokovic surnomme lui-même la communauté de ses fans à travers le monde. Aux manettes de la page « NDjokofan », depuis laquelle elle poste du contenu de son champion à ses plus de 60 000 followers (Instagram, X et Facebook confondus), Julie, qui préfère ne pas dire son nom, passe le plus clair de son temps à le suivre partout dans le monde, promouvoir son image tout en collaborant à la confection du « Novak Books », un livre publié chaque saison qu’il termine en qualité de n°1 mondial, et qui lui a valu de l’interviewer en personne à Monte-Carlo, en 2022.

Logo de Djoko tatoué sur le bras et passion chevillée au corps, elle s’est ainsi construit une vie de voyages et d’aventures qui méritera peut-être un jour un livre. En attendant, elle raconte.

Belgrade, novembre 2021

Courts : Comment a débuté votre histoire avec Novak Djokovic ?

Julie : La première fois que je l’ai remarqué, c’est lors de sa fameuse conférence de presse donnée à Roland-Garros en 2006 après sa défaite en quart de finale contre Rafael Nadal. Il avait abandonné après avoir perdu les deux premiers sets mais il avait déclaré qu’avant cela, il n’avait pas l’impression d’être spécialement dominé. Déjà, on voyait qu’il ne manquait pas d’ambition ! Je l’avais aussi remarqué parce qu’il portait le maillot de l’équipe de France de foot – c’était en pleine Coupe du Monde. Il avait vraiment attiré mon attention et je m’étais dit que ce joueur méritait d’être suivi. Je joue au tennis depuis l’âge de 7 ans et j’ai commencé à suivre ce sport bien avant Djokovic. Mais aucun autre joueur n’avait suscité en moi une telle passion.

 

C : Alors, pourquoi lui et pas un autre ?

J : C’est toujours difficile à dire. À ses débuts, Novak était le numéro 3, derrière Federer et Nadal. Un peu contre toute attente, il a fini par les détrôner, puis battre tous leurs records. En soi, c’est assez inspirant. Moi, en tout cas, cela m’a inspirée dans ma vie personnelle, en me prouvant que rien n’est jamais impossible. Aujourd’hui encore, je m’inspire au quotidien de ce qu’il est, de ce qu’il a accompli pour essayer de m’affranchir de mes propres barrières. Novak, à la base, c’est quelqu’un qui est parti de pas grand-chose, sa famille était loin de rouler sur l’or. Et il est arrivé tout en haut. Je suis extrêmement admirative de son parcours.

 

C : Que représente-il pour vous aujourd’hui ?

J : C’est l’idole de ma vie. Je suis également de fan de Tom Fletcher, que je considère aussi comme une idole. Mais Novak a largement surpassé tout ça. J’ai tellement de respect pour tout ce qu’il a accompli, quand on sait tout ce qu’il a pu endurer. C’est aussi quelqu’un qui a ranimé mon amour pour le tennis à une époque où, pour différentes raisons personnelles, je l’avais un peu perdu. Rien que pour cela, je lui en serai toujours reconnaissante. En fait, Novak est une source d’espoir infinie pour moi. Le mot « espoir » est vraiment celui qui le représente le mieux à mes yeux. Jamais je n’aurais cru pouvoir vivre toutes les expériences que j’ai vécues. Tout cela a été possible grâce à lui. 

 

C : Vous êtes tout de suite devenue une fan très assidue, prête à aller le voir jouer partout dans le monde ?

J : Non, puisqu’il s’est écoulé dix ans entre la première fois où je l’ai remarqué et la première fois où je l’ai vu jouer en vrai. C’était au Masters de Londres, en 2016. Cette semaine-là, c’est aussi la première fois où je l’ai rencontré. Un soir, j’étais allée l’attendre à son hôtel. Quand il est arrivé, il a eu la gentillesse de me saluer et ce qui m’a marquée, c’est qu’il avait enlevé sa casquette pour le faire. J’avais trouvé ça très respectueux. Le fait de le voir en vrai, ça a été une véritable révélation. À partir de là, je me suis mise à le suivre plus intensément sur les tournois, et aussi à être plus active sur les réseaux, jusqu’à créer en 2018 la page « NDjokofan ». 

Belgrade, novembre 2022 

C : Désormais, entre vos déplacements et votre activité sur les réseaux, c’est quasiment une activité à temps plein, non ?

J : Disons que c’est beaucoup de temps ! Aujourd’hui, par exemple, je suis d’ores et déjà en train d’organiser et de budgéter la saison 2024. Je planifie mes déplacements selon mes vacances, je regarde les bons plans pour les hôtels, etc. Être fan, c’est une forme de dévotion, quelque part.

 

C : Est-ce aussi une forme d’amour ? Plus directement : êtes-vous amoureuse de Novak Djokovic ?

J : Attention à ce que vous dites : j’aime Novak, mais comme mon frère ! Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. Je ne suis absolument pas amoureuse de lui. C’est le genre de « m… » que j’entends souvent. Mais Novak, pour moi, c’est la famille. D’ailleurs, j’aime beaucoup sa femme aussi, avec qui je m’entends très bien, ainsi que les membres de son équipe. Donc quelque part, oui, je l’aime, mais pas au sens où vous l’entendez. Mais c’est intéressant que vous me posiez la question. Poseriez-vous la même à un fan de Cristiano Ronaldo, par exemple ? Non ! Je suis désolée, mais c’est du sexisme. Une fille qui est fan d’un mec, c’est forcément de l’amour… 

 

C : Finalement, comment décririez-vous votre relation à lui ?

J : Je n’aime pas le terme de « groupie », qui a une connotation un peu péjorative. Pour moi, la groupie, c’est celle qui balance son soutif sur la scène d’un chanteur de rock. Je ne veux pas non plus qu’on dise que je suis sa fan numéro 1, parce que cela n’a pas de sens. Il n’y a aucune hiérarchie à faire entre les fans. Certains n’ont pas la chance de pouvoir voyager sur les tournois, ce n’est pas pour autant qu’ils sont « moins fans » que moi. Mais c’est vrai qu’au fil du temps et des moments passés avec lui, j’ai tissé avec Novak une relation, disons, unique.

 

C : Jusqu’à atteindre le Graal : jouer au tennis avec lui à Belgrade, en 2021. Comment cela a-t-il pu se faire ?

J : Cela faisait longtemps que je rêvais d’aller le voir à Belgrade, et j’ai fini par m’y rendre en octobre 2021. Pendant mon séjour, je suis allée assister à l’un de ses entraînements et à la fin, il est venu me parler et m’a interrogée sur son nombre de semaines passées à la place de numéro 1 mondial. Je lui ai dit : « Ok, mais si je réponds juste, tu me fais jouer cinq minutes ? » Banco. J’avais une pression pas possible. Quand j’ai donné ma réponse, je l’ai vu se « googliser » lui-même pour vérifier. Bon, il s’avère que je me suis trompée de deux semaines. Mais il m’a fait jouer quand même et ça a été un moment magnifique, l’un des plus beaux jours de ma vie. 

Belgrade, avril 2022 (mon anniversaire)

C : Vous avez vécu d’autres anecdotes de ce genre avec lui ?

J : Toujours à Belgrade, il s’est mis une fois en pleine rue à chanter « Julie », une chanson qui avait été présentée par la Yougoslavie à l’Eurovision dans les années 80. Cela me rappelle aussi cet épisode à Monte-Carlo en 2022. Je marchais pour aller prendre mon bus quand tout à coup, j’entends quelqu’un crier : « Julie, Julie ! » C’était Novak, dans sa voiture, à un feu rouge. Et puis, cette année, il y a eu bien sûr cet épisode à Roland-Garros, quand il m’a tendu la coupe après sa victoire. 

J’entends parfois que mon but est uniquement de m’afficher avec lui, comme récemment quand j’ai posté une séquence où il me fait un gros câlin avant mon départ de l’US Open. Mais pas du tout. Moi ce que je veux, c’est montrer qui est Novak. Et parfois, cela passe par montrer la façon dont il se comporte avec moi. Désormais, je dois me protéger un peu car le fait de partager des séquences sur les réseaux me vaut aussi beaucoup de critiques, voire des insultes.

 

C : Par exemple ? 

J : Je vois un peu de tout. On me dit que je suis une « stalkeuse », que je voue un culte à Djoko, que je mens aussi parfois… Sans parler des critiques sur Djokovic lui-même, bien sûr. Il arrive même que cela parte en attaques personnelles, sur mon physique ou autres. La plupart du temps, tout cela me passe au-dessus. Un truc néanmoins qui me pose problème, c’est quand on dit que je suis payée par Djokovic. Tout simplement parce que ce n’est pas la vérité. Les gens qui font cette critique n’ont aucune idée des sacrifices que j’ai pu faire, financièrement ou personnellement, pour soutenir Novak. Je sais que les moments privilégiés que j’ai passés avec lui peuvent susciter de la jalousie. Mais je n’empêche personne de faire la même chose.

 

C : L’ère du Big Three a un peu été polluée par les guerres permanentes entre les fans de Djokovic, Federer et Nadal. Comment l’avez-vous vécu ?

J : Franchement, cela ne m’a pas gâché la vie. C’est vrai que cela peut être un peu pénible, parfois. Mais pour moi, il y a les réseaux sociaux d’un côté, et la vie de l’autre. En général, dans la vie, les gens sont plus honnêtes. Il arrive qu’on me dise : « moi, Novak, je n’aime pas son jeu », ou alors « je ne l’aime pas parce qu’il est en train de battre les records de mon favori. » Ça, les gens ont le droit. Et je préfère qu’on me dise cela directement. Le problème, sur les réseaux, c’est qu’on essaye toujours de se justifier et on peut vite tomber dans la mauvaise foi. Ce n’est pas la peine. Moi, je n’ai jamais essayé de convaincre qui que ce soit. Si des gens n’aiment pas Novak, c’est déjà foutu. 

 

C : Et vous, que pensez-vous de Nadal et de Federer ? Vous ne les aimez pas trop ?

J : Je ne les déteste pas du tout et je respecte ce qu’ils ont apporté au tennis, d’autant que c’est grâce à eux que Djokovic est devenu ce qu’il est devenu. Mais naturellement, je les aime moins que Novak. Rafa et Roger sont de grands champions à mes yeux mais j’avoue qu’il y a parfois eu des petits coups ou des petites déclarations par-ci par-là de leur part sur Novak que je n’ai pas trop appréciés. Par exemple, le commentaire fait par Rafa lorsque Novak a été exclu d’Australie en 2022, quand il avait dit que les règles étaient là pour être respectées. C’était un manque d’empathie assez flagrant. Cela m’a fait de la peine que Rafa s’exprime ainsi parce que je sais que Novak ne l’aurait jamais fait. Trouvez-moi des interviews où il a lancé de telles piques à ses rivaux ? Il va falloir aller chercher très loin…

Paris Bercy, novembre 2018

C : Djokovic reste aujourd’hui, d’une manière globale, le moins populaire des trois. Chacun a sa petite explication là-dessus, quelle est la vôtre ?

J : La première raison, ce sont les médias, qui ont créé cette « bromance » entre Roger et Rafa en dépeignant Novak comme le Serbe de service qui vient un peu gâcher la fête. Quand on rabâche pendant des années que Djokovic est moins aimé, les gens finissent par le croire. Mais il me semble que les choses ont changé. Quand Lacoste a signé Djokovic, en 2017, ses tenues ne se vendaient pas énormément au début. Maintenant, c’est « sold-out » tout le temps. Beaucoup de gens, des sponsors ou autres, qui ont fermé des portes hier vont peut-être le regretter demain. 

Je pense sincèrement que de nombreuses personnes ont acquis un nouveau respect pour Novak avec le fait qu’il ne se soit pas fait vacciner, qu’il soit resté fidèle à lui-même contrairement à d’autres joueurs qui – ne nous leurrons pas – ont fait croire qu’ils étaient vaccinés alors qu’ils ne l’étaient pas. Novak aurait pu tricher pour battre ses records. Il les a finalement battus sans trahir ses valeurs. Peu d’athlètes peuvent se prévaloir d’une telle intégrité.

 

C : Ce que certains ont craint dans cette histoire, c’est plutôt qu’il devienne un leader d’opinion et que ses fans le suivent dans son choix de ne pas se faire vacciner…

J : On prête aux athlètes un pouvoir qu’ils n’ont pas. Comme s’ils étaient des gourous. Est-ce que les gens ne sont pas suffisamment intelligents pour se faire leur propre opinion ? Moi, je me suis fait vacciner, trois fois. Novak aurait pu dire n’importe quoi, c’était ma décision personnelle. Être fan, ce n’est pas faire partie d’une secte. Et Novak, comme n’importe quel athlète, n’a pas à supporter le poids d’être un exemple pour le monde entier. Que l’on ne soit pas d’accord avec ce qu’il dit ou ce qu’il fait, aucun problème. Mais Novak n’a jamais dit : « faites comme moi ». Il n’a jamais essayé d’influencer qui que ce soit. Il n’a jamais été antivaccin, il a toujours été pro-choix. 

 

C : Le jour où Novak arrête, vous arrêtez aussi ?

J : Le jour où il arrête, une chose est sûre : je serai plus riche ! Quoi qu’il en soit, j’aimerais toujours le tennis, qui reste le sport de ma vie. Mais je ne suivrai pas quelqu’un autant, sans aucun doute. Je vous l’ai dit : Novak a ranimé mon amour pour le tennis, en ce sens il est seul et unique à mes yeux. Ce lien perdurera toujours.

 

C : Au bout du compte, quel « bilan » tirez-vous de ces années de fanatisme, et qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J : Cela m’a ouvert énormément de portes. J’ai rencontré des gens géniaux, je me suis fait des amis pour la vie. J’aurais pu arrêter « NDjokofan », mais si je ne l’ai pas fait, c’est parce que je sais aussi que beaucoup de gens n’ont pas la possibilité d’aller encourager Novak en tournoi et sont donc heureux de découvrir mes contenus. Au bout du compte, Novak a fait de moi une meilleure personne, plus patiente, plus empathique et plus confiante aussi alors qu’à la base, je n’ai pas du tout confiance en moi. Avec son exemple, j’ai aussi compris au fil du temps que l’on peut sans cesse changer et essayer de s’améliorer. J’aurais vécu grâce à lui un magnifique voyage personnel. 

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

Vienna, Freud’s “City of Dreams”

Who’s coming with their mental coaches for the Erste Bank Open?

[Take me there]

The Erste Bank Vienna Open takes place every November at The Stadthalle.

Vienna, long a European capital city and centre of psychiatric advancement, has a few surprises up its long and windy roads, including a thriving tennis scene. Long the home of Dominic Theim, the former top Austrian player, and up-and-comers Sebastian Ofner (ATP No. 49, Austrian No. 1), Jurij Rodionov (ATP No. 100), and Filip Misolic (ATP No. 179), Austria can also count legends, such as Thomas Muster, Jürgen Melzer and Barbara Schett among its tennis royalty. While Theim and Ofner both got wild cards into the 2023 Erste Bank Vienna Open, it will be a tough draw for the hometown favourites, since Jannik Sinner, Andrey Rublev, Dan Evans and Ben Shelton — fresh from hot streaks at the Rolex Shanghai Masters — have all scheduled appearances in Vienna. The Vienna Open which started life in 1974 as the Stadthalle Open, in homage to its home, The Stadthalle, is an ATP 500 event, just one notch down from Shanghai and next month’s Rolex Paris Masters, as the players try to cram in as many possible rankings points before the season ender in Turin. Surprisingly, American Brain Gottfried is the Vienna’s Open winningest player, with four conical gold trophies in his case. . 

The Arsenal Vienna Tennis Center stand in the midst of the historic Vienna Arsenal complex.

Vienna Tennis Clubs

While the Wiener Stadthalle is the official venue of the Erste Bank Open, Vienna has a rich tradition of tennis that reaches out to all disparate groups, including the United Nations VIC Tennis club, the Heeres-Tennis Club Wien and the Arsenal Vienna Tennis Center. Designed by the decorated Nazinarchitect Roland Rainer in 1953, the multi-purpose venue is Austria’s largest indoor arena and has a seating capacity of approximately 16,152 people. Just across the river at the Vienna International Centre, however, the VIC Tennis Club — a club whose members are almost exclusively Vienna-based United Nations employees — runs several groups per week and monthly tournaments on its clay courts — no doubt the site of some global dealmaking, as well. Meanwhile, just on the outskirts of the old city, the great hall of the HTC-Wien features four roofed tennis courts  and training that covers “moves and tactics” for better play. Lastly, the courts of the Arsenal Vienna Tennis Center stand in the midst of the historic Vienna Arsenal complex used by groups aiming to create Austria as a nation state in the late 19th century.  

The Michelin-starred restaurant Steirereck located in Stadtpark, offers such dishes as Amur Carp with Fennel, Sea Buckthorn _ Viennese Malt.

Must See in Vienna: a Day in the Life of Mental Coach Sigmund Freud

Of course, Sigmund Freud was at modern Vienna’s intellectual and even cultural nexus, and his apartment at Berggasse 19, where he stored some of his most precious art and artefacts, picked up on his daily constitutional around Ringstrasse — Vienna’s grand, tree-lined boulevard. Often lapped by a young Adolf Hitler, an embittered artist of meagre talent turned down by the Vienna Academy of Art, Frued would often stop at Kunst Historisches Museum, a treasure trove of Egyptian, Greek and Roman art now containing works from Dürer to Vermeer, as well as the world’s largest collection of Pieter Bruegel the Elder, the chronicler of the play between psychiatry and morality. On the way back, often with a new antiquity in hand, Freud would peruse the Österreichische Nationalbibliothek — formerly the court library to the Hapsburgs — and its extraordinary collection that dates back to the 14th century. He could also ponder his own fate at the Kapuziner Gruft  (Habsburg Imperial Crypt) — the final resting place for the remains of 143 Habsburg royalty, who controlled the Holy Roman Emperors from 1438 to 1740 and were avid sponsors of Real Tennis. It showcases an impressive collection of Vienna’s signature memento mori, which even have their own festival. 

A set of Art Deco dishes by Augarten Wien, which makes personal collections of porcelain once reserved for royalty.

Shop

Although he prescribed the intense, inner journey of psychoanalysis for the wealthy worried of Vienna, Sigmund Freud’s own remedy was retail therapy —the shrink was also a bona fide shopaholic. One of Frued’s favorite passtimes was strolling through the Innere Stadt, the labyrinth of medieval streets at Vienna’s heart, where he stocked up on cigars and surveyed the shops of antiquities’ dealers. Today, the Dorotheum, one of the world’s oldest auction houses, has a nearly daily auction of everything from watches to classic cars. Next, nine floors of luxury clothing and design await at the Steffl Department Store, known to locals at the Steffl. A quick sugar high awaits at Viennese confiserie and chocolaterie, Altmann & Kühne, which fortifies shoppers for a stop at Augarten for a personal collection of porcelain once reserved for royalty. Lastly, for items to put in those fine dishes, Julius Meinl am Graben is the most famous supermarket in Austria, featuring a delicatessen with meats, cheese, coffee and chocolate from around the world. 

Julius Meinl am Graben is the most famous supermarket in Austria, featuring a delicatessen with meats, cheese, coffee and chocolate from around the world

Eat, drink and make merry 

Freud, very much a man of habit, ate his daily meal at precisely 1pm with a menu, prepared by his wife, Martha, to cater to Freud’s taste: a juicy cut of beef and seasonal vegetables. Apfelstrudel with a dollop of cream followed the meal, before an afternoon seeing clients. But the modern Viennese would frown on Frued’s singularity, especially with all the fine dining around. Renowned for its schnitzel, particularly the Wiener Schnitzel (breaded and fried veal or pork cutlet), Figlmüller is a must-visit for traditional Austrian fare. To try some more inventive Austrian cuisine, Steirereck, a Michelin-starred restaurant located in Stadtpark, offers such dishes as Amur Carp with Fennel, Sea Buckthorn & Viennese Malt or even Sunflower with Curry Plant, Yoghurt & yellow Beans. Motto am Fluss along the Danube Canal, has a menu with a mix of international and Austrian dishes, along with a great view of the river. To wrap things up, Café Central with its elegant ambiance and traditional Viennese coffee and cakes helps acquaint any guest with the city’s café culture.

The centrally located Hotel Imperial, located near the world-famnous Vienna Opera House.

Sleep 

Freud was never rich but he was not afraid to spend money, saying “the filthy lucre runs through my fingers at such frightening speed.” Patients were stunned when ushered into his rooms at Berggasse 19, feeling he was not in a doctor’s office but an archaeologist’s study surrounded by “all kinds of statuettes and other unusual objects.” While hotels in Vienna may not offer such personalised accommodations, the Hotel Imperial, originally built as a private residence of Duke Philipp of Württemberg, is located near the Vienna State Opera and other major attractions. More modern luxury awaits at the Grand Ferdinand Vienna, a chic hotel with a rooftop pool, trendy rooms and a spa. Motel One Wien-Staatsoper is a stylish budget-friendly option, while the more eco-friendly might go for Hotel Daniel Vienna with its rooftop beehives and garden near Belvedere Palace.

https://www.augarten.com/de/

K-Swiss 

Les deux pieds dans l’avenir

Sur l’image en cinémascope, un tout petit peu de grain pour donner du caractère. Ciel azur au-dessus du tarmac. Contre le fuselage des Boeing 707, on lit « Pan Am », on lit « Braniff ». Dans leurs combinaisons, les filles ont des franges, les garçons les cheveux mi-longs qui retombent sur des costumes droits avec cravates à bout carré ; ceux qui ne portent pas de costume ont le cheveu fou et des tenues colorées venues d’ethnies perdues en Amazonie. Sur KPFA, on écoute California Dreamin’. Bien que chaud, l’air est cool ; on est en 1966 et, à L.A., deux émigrés suisses s’apprêtent à créer les sneakers made for walking qui porteront cette coolitude jusqu’aujourd’hui. 

 

Léman 66

On le sait peu, mais les Suisses ont pris une bonne part dans l’émigration massive des Européens vers les États-Unis à la fin des années 1880. Plus rares étaient les Suisses à courir après l’El Dorado au milieu des années 1960. Art et Ernie Brunner étaient de ceux-là. Jeunes, volontaires, en quête d’ailleurs et de réussite, ils s’installent à Westlake Village, dans le comté de Los Angeles. Westlake, 7000 habitants, accueille régulièrement des tournages (Robin des Bois, Bonnie & Clyde…) sur son bord de mer. 

En Californie, on peut, dans la même journée, se baigner dans le Pacifique et skier. Les frères Brunner, eux, rêvent de fonder leur propre marque de chaussures et décident de tirer profit de tout ce que cette géographie a à offrir. Devenus raides dingues de tennis à leur arrivée aux États-Unis, les frères constatent que les baskets destinées aux joueurs sont fabriquées à partir d’un canevas de mauvaise qualité qui met en danger le pied et la cheville lors des déplacements latéraux. En bons Suisses, ils ont une idée : s’inspirer des chaussures de ski en cuir pour créer des tennis plus robustes. D’abord cantonnés à l’importation de chaussures suisses de la marque Künzli (dont l’initiale se retrouve dans le nom de la marque en devenir), Art et Ernie commencent à dessiner leurs propres modèles, à les produire et à les vendre.

Instant Classic

Des chaussures simples, élégantes et adaptées à la petite balle blanche (elle ne deviendra jaune soleil californien qu’en 1978) : la marque K-Swiss est née, agrémentée de son logo rouge et bleu signature qui mélange le drapeau suisse au béton des courts en dur américains. Le premier modèle, la Classic 66, va faire le tour du monde avec ses bandelettes latérales qui lui donnent du style et sécurisent le pied. Un instant classic qui restera le seul et unique modèle de la marque pendant 20 ans et marquera durablement la mode et le monde du tennis. 

Car dès les années 1970, K-Swiss devient un acteur incontournable sur et en dehors du court. Au tout début de l’ère Open, à une époque où le sponsoring n’est pas encore monnaie courante dans le tennis, la Classic équipe la plupart des tennismen professionnels. L’essor de la marque coïncide avec celui du tennis qui commence à produire ses premières superstars internationales (Connors, Borg, McEnroe) et à redéfinir, depuis les courts, les contours d’une esthétique propice à la ville : le bandeau, le polo, les K-Swiss s’éloignent du monde sportif pour proposer un nouveau paradigme casual et smart toujours d’actualité aujourd’hui. 

 

True Colors

1986. Cindy Lauper chante True Colors et le monde, doucement bariolé de taches abstraites sur chemises larges, nourrit son goût de la liberté à grand renfort de coupes mulet. À quelques mois de la chute du mur, l’Occident bascule dans une globalisation en forme de lendemains qui chantent. K-Swiss accompagne le mouvement en décidant d’offrir à la Classic une petite sœur, la Gstaad, touches de couleur façon Basquiat et semelle renforcée. Aux frères Brunner succède Steven Nichols, qui rachète la marque et décide de mener une campagne marketing pour toucher une nouvelle cible urbaine et jeune. Les années 1990 marquent l’avènement de la génération MTV, l’essor du hip-hop, le sommet de l’Amérique prescriptrice. En pénétrant cet univers d’avant-garde, K-Swiss montre toute sa capacité d’adaptation. Pas de vrai ou de faux visage, c’est la simplicité de leurs lignes qui font des sneakers des must-wear. Tandis que sur ESPN, Agassi et Sampras jettent les bases d’une rivalité structurante pour la décennie à venir, K-Swiss envahit la planète, se lance à l’assaut de l’Europe, s’acoquine avec le baggy sans jamais quitter les terrains.

Et c’est ainsi que les ambassadeurs de la marque se multiplient de part et d’autre : Ice-T porte des K-Swiss, tout comme les Woodies qui remportent Roland-Garros ; comme un résumé parfait de cette histoire bicéphale, Anna Kournikova, aussi connue pour son tennis que comme people, devient en 2007 l’égérie de la marque. Un pied dans le tennis, un autre dans la vie, la démarche tournée vers le futur.

2022 The Championships,Wimbledon Cameron Norrie © Ray Giubilo

Diversification

Au milieu des années 2000, K-Swiss décide de diversifier sa production. De nouveaux modèles sont créés et visent d’autres sports que le tennis (le basket, le running, le triathlon, le parkour, etc.), et donc d’autres publics également. Ce faisant, l’entreprise ne renonce pas à son ADN : alors que le tennis devient de plus en plus physique, ouvrant sa préparation physique et mentale vers d’autres disciplines, K-Swiss suit le mouvement. À Londres, les Bryan remportent l’or olympique en K-Swiss ; on peut désormais acheter leurs chaussures dans 80 pays sur 5 continents. 

Mais après des années fastes, l’entreprise connaît un ralentissement économique. Rachetée par Elan World Ltd, un acteur coréen, en 2014, K-Swiss mute et change sa communication pour parler aux jeunes entrepreneurs de la « Generation-K », tout en multipliant les collaborations avec des artistes pour réinventer ses modèles iconiques. Le logo change pour s’orienter vers du flat design tout en conservant ses marqueurs traditionnels. En 4 ans, K-Swiss se remet d’aplomb et passe ensuite sous pavillon chinois, en étant rachetée par Xtep International Holdings Limited. La marque s’adjoint les services d’une ambassadrice de prestige, Venus Williams, tout en fabriquant des séries limitées tirées de franchises à succès (Angry Birds, Breaking Bad ou encore Harry Potter). Et sur les courts que Venus ne foule plus que rarement, Fabio Fognini, Lauren Davis, Taylor Townsend et Cameron Norrie se chargent de faire vivre la tradition tennis.

Ce redémarrage américain s’accompagne d’une stratégie de réimplantation européenne. En 2022, K-Swiss ouvre un siège social à Lyon avec l’idée de peser sur le marché français. Une ambition que deux nouveaux modèles devraient porter dans les prochaines années. 

 

Le style ne s’invente pas


Quand on a près de 60 ans, on a suffisamment roulé sa bosse pour s’être fait, de la beauté et de l’élégance, une certaine idée. Pour sa cinquante-huitième année, K-Swiss a donc misé sur la simplicité pour séduire et se réinventer. Avec la Match Pro et la Slammklub, la marque célèbre son héritage tennis et s’inscrit dans la lignée de ses tous premiers modèles tout en en proposant des relectures modernes qui parleront aux amateurs de sneakers lifestyle. 

Avec sa structure épaisse, la Match Pro fait immédiatement écho à la Gstaad de 1986, une Gstaad dont on réinventerait la sobriété via des aplats colorés discrets. La Slammklub, très épurée, a l’air de pouvoir se marier avec n’importe quel chino ou n’importe quel costume en lin ; toujours est-il qu’elle nous donne immédiatement l’impression de faire partie du club. 

Quel club ? Celui de l’élégance, pardi. En fai- sant le choix de s’appuyer sur son histoire sans donner dans la surenchère de références, K-Swiss réussit à naviguer dans les eaux troubles de notre temps où, par la magie du numérique, toutes les époques post-caméscopes cohabitent et s’entremêlent. Il devient dès lors si simple de tout estampiller « vintage » pour feindre l’authenticité que la vraie authenticité n’a de refuge que dans l’histoire. En ce sens, K-Swiss demeure indissociable du sport que la marque a contribué à révolutionner : tous deux gardent les pieds ancrés dans une tradition qui n’a rien de rétrograde, tous deux célèbrent un héritage sans tomber dans le passéisme. Il s’agit de penser l’avenir à l’aune de ce que l’on connaît déjà. Et de marcher, serein, vers ce futur que l’on devine. Les pieds calés dans ses K-Swiss. 

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

Tennis in Analog: A GOST Echo

© Lauren Halvoník

People are obsessed with capturing the world they see around them. To remember, to inspect, to share. Whether it’s microscopy and radiography techniques developed to capture the structure of DNA, scintillation techniques to track the creation of particles or a combination of mirrors and lenses to capture that photo of your 1st birthday perched on the family mantle. Cameras are everywhere we look. Whether we recognize them or not in their many different physical forms. These tools we use to capture the world around us hold so much history within them, and just like every radiography technique holds the work of every scientist and engineer who’s pen and wrench led to its final form, so do our cameras. 

For me I use a Zenit-E. A camera which  I cheerfully carried with me to the US Open this year in an albeit heavy bag, filled with rolls of film and my two preferred lenses: the Helios 44-2 and the Granit-11 telescoping lens. One for close up shots that specializes in a bokeh effect, the effect of having a central object in focus with background blurred, and one that allows me to get close up shots from further distances. Something of a necessity when shooting sports photography.

The Zenit-E camera gained popularity in the USSR and Eastern Bloc during the 60s. Its tagline was, and still is, that it was sturdy, built to last. And last it did. Carrying with it all its history. Tangible every time I pull out a new roll of film, glancing over at its film speed and mentally translating ISO 400 to the appropriate GOST value. GOST 350 for the curious.  

© Lauren Halvoník

You may at this point wonder what is GOST, and those of you unfamiliar with lab standards, building standards or photography may also be wondering what ISO is. In short they’re two standard organizations, but their history is anything but short. After World War II it became clear to the allies that there needed to be consistent and competent standardization. A long and painful war quickly exposed to them the necessity of being able to operate each other’s machinery in a time of war and/or great strife. The ISA, the predecessor to ISO, had attempted to do this with its founding in 1930 prior to the onset of the war and was, as the OECD documents themselves state, “the first international standardizing body with general competence”1. Emphasis on general, because as the war progressed it was clear that this general competence wasn’t as proficient as was needed. So in February, 1947 in Geneva, Switzerland ISO was founded. The name chosen because of the Greek meaning of the word “iso”: equal. But despite the name, not everyone was meant to or desired to use these standards. When the Iron Curtain was drawn so was a distinction in standards and practices. Where many western countries used the international standards system governed by the body ISO. The USSR and its satellite states used its own standards system: GOST.

This very history is why every time I load new film into my camera of varying speeds I perform mental calculus translating the ISO values of Kodak and Fujifilm to GOST. It can be easy at times to forget just how much history is tangible in the tools we hold. But the complex, and I’d argue beautiful reality, of the tools that we use is that they not only tell a story of our lives – How did we hear of this tool? Why was it available to us? – but the story of those before us – Why were they motivated to make it? What restrictions did they have to work with and why? – and more often than not these histories intertwine into a complex, personal and ultimately human story. 

© Lauren Halvoník

Now beyond my own camera and its own personal connection for me and my family I find that the medium of film has a specific human connection, one that’s allowed it to persist even with the advent of more technically superior cameras. Film is closer to the human eye. I don’t mean that it sees the image exactly the same. I mean that in that it’s altered, some may even stay tainted by the elements around it. A humid day can create an orange mist-like effect on an image, low light levels can make an image less bright and clear, in this way film has a sensory element just as our own recollections do. When you look back on a day you don’t see the image perfectly cast across the back of your eyelids, you see it as an amalgamation of sight, sound and touch. You look back on a humid day on the tennis court and you don’t only see the flashes of your friends and scenery, you feel the stickiness on your skin. Just like that developed film you can’t brush off that sensory effect. And just like that film you don’t look back on it in the moment. You play, you laugh and then a day or a week later you’re playing the scenes across the back of your eyelids, just like film waiting to be developed. That’s why I’d argue film has an overwhelming feeling of nostalgia, not because it’s an older method, though that doesn’t hurt, but because it’s imperfect and marked by its sensory surroundings just like us.

Don’t get me wrong, I adore the digital camera as well. I believe it has its own superpowers. The ability to look back on a photo in the moment and adjust is revolutionary. The wide toolbox you have at your disposal to control the outcome of a photo, the clarity and depth is nothing short of astounding. It’s a technical feat that so many hands have painstakingly worked on from labs all around the world. But this piece isn’t about that, it’s about film. So I hope as you look through these photos taken on my camera you’re able to feel something personal, communal and altogether human.

1 OECD/ISO (2016), “International Regulatory Co-operation and International Organisations: The Case of the International Organization for Standardization (ISO)”, OECD and ISO.

© Lauren Halvoník

Painting Elbow Translation

When does override our past impressions? 

Translated by Adrian Margaret Brune

RINUS VAN DE VELDE — Self-portrait as a tennis hero, an image that as my coach would acknowledge wouldn't be far from the truth if I would have begun playing earlier in my life, 2012, charcoal on canvas, 230 x 340 cm, reference N°: RVDV/D 0052. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

In the agglutinate mass of media where our competing identities intertwine, it has been said that we, as viewers of modern art, must separate the man from the craft. If starting our journey from this postulate, we must just as urgently separate the artist from his legend and the tennis player from the man, otherwise we cannot find our way to its meaning. Taken at face value, this cautionary introduction makes sense.

This way of looking is all the more reasonable if the art attempts to tell a story of complicated and confusing origin — a narrative of disparate voices and perplexing history. The viewer must therefore unwind this thread straightforwardly, avoiding knots along the way. Otherwise, the account falls victim to its own complexity. Some details: the man is Rinus Van de Velde; the artist is a merger of the real man, Rinus Van de Velde, and a mythologized world of his creation; the legend Van de Velde has created is that of a man in a drawing purporting to be someone else; and the tennis player is the common bind tying it all together. All these personas meet daily at Rinus Van de Velde’s studio, and over the course of several weeks, create a history of several lives, which accumulate and overlap, always similar and always different. Evoking the work of Van de Velde is therefore tackling the writing of a Genesis in motion — the telling of simultaneous and competing stories by an artist who made his own reality infinite by crushing his outside existence. His art refuses to   separate anyone from anyone else, or anything from anything else. Van de Velde is Everything. Everywhere. All at once.

RINUS VAN DE VELDE — He will put the towel always on the exact same spot, ..., 2019, colored pencil on paper, artist frame, 11,9 x 13,8 cm, reference N°: RVDV-DC0014. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

In the beginning, there was Antwerp 

André Agassi and Brad Gilbert, Pete Sampras and Paul Annacone, Rafael and Toni Nadal, Carlos Alcaraz and Juan-Carlos Ferrero, Rinus Van de Velde and Tim Van Laere. I’ll leave it to you to silently hum the theme song of the buddy-rival British television action-comedy “The Persuaders,” served with the peppery tomato-mayonnaise Belgian sauce  to accompany the meeting of these two frites.

We don’t really know if anything predestined Tim Van Laere to become a professional tennis player. When he retired from sports in 1995, on the other hand, you had to be in on the secret of the gods to know that Van Laere was preparing the opening of his own contemporary art gallery, and that this gallery would become, in its brutalist setting softened by the predominance of pink, the Mecca of the European art scene. At that time, Van de Velde was age 14, preparing to give up tennis in favor of cigarettes. I may digress, talking about everything about nothing, but bear with. In this relationship, tennis symbolizes everything: 15, as in the number of years since Van Laere and Van de Velde have collaborated; 30 as in the number of cigarettes that Van de Velde smokes every day; 40 as in the current age of Van de Velde; and finally, game, in which both collaborate on A Life in a Day, the latest creation of the artist on which we will return. 

Because before A Life in a Day, a decisive meeting occurred. It dates from 2011, when Van Laere and Van de Velde began a collaboration that would make them change dimension. Having graduated five years previously from the Royal Academy of Fine Arts in Antwerp, Van de Velde first devoted himself to sculpture before finding in charcoal the ideal medium to tell his fictional autobiography. An autobiography nourished by the great elders: as children learn by copying their elders, Van de Velde incorporated drawings by Van Gogh, Hockney and Rembrandt into his work to create a symbiosis between art and his history.

On these gigantic black and white panels between Lynchian neo-noir and gothic tale, Van de Velde stages an alternative version of himself — one that explores the universe of possibilities. Van de Velde likes to dream about his life and act it out. He is sometimes a prisoner in a disturbing green room, regularly a tennis champion landing on a mattress, every now and then a grand-master chess player and occasionally, a sailor in a storm. All of these transitions take place in his workshop, which he never leaves. This propensity for daydreaming is not very compatible with the obligations of the artist. Van de Velde finds in Van Laere his anchor in reality, if reality exists.

Van de Velde also describes Van Laere as his mentor, off whom he can bounce his ideas. If the artist is isolated in his studio like the tennis player on the court, he needs a connection with the outside world (and a little coaching). Like a coach in an athlete’s box, the gallery owner represents the artist, organizes his life. He is a physio, trainer, mental trainer and agent. He is also a source of valuable advice when a shoulder aches from drawing.

RINUS VAN DE VELDE — When he first took me here..., 2021, oil pastel on paper 180,7 x 112 cm — 201 x 132,5 x 5 cm (frame), reference N°: RVDV-OP0087. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Every reality has its downside

In 2013, Van de Velde’s shoulder was struck by pain, not unlike a tennis elbow. Unable to weave the threads of his parallel linearities, Van de Velde was forced to face reality. He turned to who advised him to get back into tennis to strengthen his drawing arm. The advantage of having a former high-level player on one’s side: a certain number of putative teachers who are a little more attractive than Michel, former 15/3 at Puy-en-Velay. Tom Vanhoudt is one of them. Formerly 200th in singles and 36th in doubles, he trained Ruben Bemelmans. As a result, Van de Velde could well reach the top of the rankings in one or the other of his realities. But if the photos seem to attest that Vanhoudt had a two-handed backhand, know that the official sites of the ATP and ITF insert some doubt, specifying only his “unknown backhand” — just as if in 10 years of a professional career Vanhoudt had “only hit down-the-line shots.”

The anecdote is savoury when we know that before getting closer to Vanhoudt, Van de Velde had taken up tennis with another coach who had recommended the one-handed backhand. But Van de Velde, dissatisfied with his progress, approached Vanhoudt — without telling his first coach — to take additional lessons… lessons during which he hit a backhand with both hands.

From one session to the next, the only tangible thing in Van de Velde’s life was the mediocrity of his backhand, with one or two hands.

With the two coaches unaware of the existence of the other, Van de Velde was able to transpose his taste for parallel lives into the real world, hiding the immense pleasure of being both Federer and Nadal behind the shame of this very innocent betrayal. As tennis eased the pain, however, Van de Velde returned to his work as an artist, while continuing tennis with Vanhoudt, with whom — there is no doubt — he had signed with both hands.

RINUS VAN DE VELDE — A Life in A Day, 2021 — 2023, single channel video, 17 minutes 03 seconds edition of 3 and 2 A.P., reference N°: RVDV-V0003. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Legends of legend

In life or in his works, Van de Velde is therefore, a storyteller of legends who uses said (legends) to propel his art into a new dimension. Because his works are systematically accompanied by short voice-over texts, which imbibe his scenes with a mysterious aura or a continuity in the thoughts of his alter egos. These voice-overs also serves as proof that the images that Van de Velde offers are only snapshots torn from sensitive and complex realities, from stories written elsewhere. On the representation of an empty tennis court there is this note: “Now I have to find my big serve”. Van de Velde claims not to have found it yet. However, he met both a big server and an art lover in the player Reilly Opelka.

RINUS VAN DE VELDE — Yes sure, I agree, but the other day..., 2023, oil pastel on paper, 130,8 x 112 cm, reference N°: RVDV-OP0286. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

“Mr. Pink”

Action cam. As a good Sunday tennis player, imagine yourself standing on a court, as far as possible from the service line, your back leaning forward and your legs anchored in the ground, ready to jump left or right to return your opponent’s serve. Now imagine that opponent is Reilly Opelka. He decides to kick it. Are you going to touch the ball?

No. Even you, there, deep down, you are sure that if you anticipate the correct side, you will be able to block the ball back. I will tell you, no. You don’t touch the ball.

Van de Velde didn’t touch it either, but his work touched Opelka. And by finding his big server, Van de Velde made a friend who wasn’t just contented buying works from him and coming to the 2021 U.S. Open in New York with a pink paper sack from the Tim Van Laere Gallery (which could have earned him a fine for non-compliant bag). Rather,  Van de Velde’s  real-life tennis alter-ego introduced the artist and his mentor to Venus Williams at the 2022 edition of Wimbledon. Since then, he’s been an extraordinary ambassador for the gallery even if the injured Opelka has not played for a year.

RINUS VAN DE VELDE — A Life in A Day, 2021 — 2023, single channel video, 17 minutes 03 seconds edition of 3 and 2 A.P., reference N°: RVDV-V0003. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Trains are leaving

James Dean, Reilly Opelka and Venus Williams. Glamour: the life of Van de Velde? Precisely to demystify this romantic idea, Van de Velde, for his new exhibition A Life in a Day, to reverse his habits. Rather than delivering to the public selected pieces of a fictional autobiography, he decided to show the reality of his life by mixing the magic of daydreaming with routine. Reopened to color following the discovery of oil pastels, Van de Velde began to use beauty and brilliance to construct the theater of his daydreams on a canvas. In his habits, Van de Velde has not changed anything: he gets up and he smokes and he paints and he smokes and he only leaves his studio to meet Van Laere. Sometimes he goes to see his family or to play a game of tennis. It’s a monotonous life from which he escapes by building models of his imagination in his studio.

If he fails in his mission, Van de Velde will travel statically, like the characters in Max Ophuls’ Letter from an Unknown, sitting aboard a staid wagon while landscapes drawn on rollers undulate along the “train windows.” In his workshop,  Van de Velde invents landscapes, new planets, new horizons. Props complement his pastel drawings, sculptures are added, and everything is immortalized on film. In his new exhibition, he plays with different media and distinctive buttresses to create the interior/exterior kaleidoscope of his intertwined lives. When no train leaves, all you have to do is dream of the destination, according to Van de Velde. 

Because for Van de Velde, the risk is to lose desire. When a desire is fulfilled, it disappears. It is therefore a question of playing with it, of fanning it without frustrating it, of responding to it differently in order to keep the flame alive. In his film, like Cadet-Roussel, Van de Velde has three dream houses: in the first, he sleeps, surrounded by clothes hanging on drying racks —a strange banality. By metro, he reaches the second, where he meets Van Laere around a tennis court. To attain the third, a swimming pool worthy of Hockney’s approval, Van de Velde crosses invented landscapes reproduced on his Canson papers.

In Van de Velde’s work there is this idea of ​​eternal beginnings in search of a perfection never achieved — his is an enduring fragment of a day from a life. As athletes tirelessly repeat patterns in training, the artist seeks again and again to break down the barriers that separate reality from his imagination. In the gallery, everything is concrete, established: the sculpted houses are presented in the middle of the drawings, the film unites everything. But it is by following the artist’s journey that we can only truly create narrative continuity — something alive. A life projected in a thousand bursts of dreams on different media — even if it decomposes — must nevertheless be seen as a unified force. Each stage of a service is needed for the next, to pass along intent, trajectory, and energy. It is the interdependence of all these sequences that generates life. Through Van de Velde, lives overlap, intertwined. There is neither man nor artist to separate: there is only an avalanche of possibilities as powerful as an Opelka serve at the moment of impact.

RINUS VAN DE VELDE — You can do what ever you want,..., 2020, oil pastel on paper, 72,3 x 86,3 cm — 89 x 102,8 x 4 cm (frame), reference N°: RVDV-OP0063. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Painting elbow

RINUS VAN DE VELDE — Self-portrait as a tennis hero, an image that as my coach would acknowledge wouldn't be far from the truth if I would have begun playing earlier in my life, 2012, charcoal on canvas, 230 x 340 cm, reference N°: RVDV/D 0052. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Dans l’agglutinat où s’entremêlent nos identités concurrentes, on dit qu’il faut séparer l’homme de l’artiste. Si l’on part de ce postulat, il faut tout aussi instamment séparer l’artiste de sa légende et le tennisman de l’homme, sans quoi on ne s’y retrouve pas. Malgré les apparences, cette entrée en matière fait sens. 

Cette entrée en matière fait d’autant plus sens que c’est une histoire dont on ignore dans quel sens elle doit être racontée ; nous nous fierons donc, pour dérouler le fil en évitant les nœuds, à cette entrée en matière, puisqu’elle fait sens. Quelques précisions : l’homme, c’est Rinus Van de Velde ; l’artiste, c’est à la fois Rinus Van de Velde et la représentation fantasmée qu’il livre de sa vie ; la légende, c’est celle d’un artiste contemporain qui s’épanouit dans une normalité mythifiée ; le tennisman, c’est une part de cette identité fragmentée qui irradie chez toutes les autres. Tous ces personnages se croisent quotidiennement chez Rinus Van de Velde au fil de jours qui prennent des allures de vies entières, de vies qui s’accumulent et se superposent toujours semblables et toujours différentes. Évoquer le travail de Rinus, c’est donc s’attaquer à l’écriture d’une Genèse en mouvement, c’est raconter les histoires simultanées et concurrentes vécues par celui qui s’est accaparé la réalité pour la rendre infinie en la concassant. C’est refuser de séparer qui que ce soit de qui que ce fût. Everything. Everywhere. All at once.

RINUS VAN DE VELDE — He will put the towel always on the exact same spot, ..., 2019, colored pencil on paper, artist frame, 11,9 x 13,8 cm, reference N°: RVDV-DC0014. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Au commencement était Anvers

Andre Agassi et Brad Gilbert, Pete Sampras et Paul Annacone, Rafael et Toni Nadal, Carlos Alcaraz et Juan-Carlos Ferrero, Rinus Van de Velde et Tim Van Laere. Je vous laisse le soin de fredonner silencieusement le générique d’Amicalement Vôtre à la sauce belgepour accompagner la rencontre de ces deux-là. 

A sa naissance, on ne sait pas trop si rien ne prédestinait Tim Van Laere à devenir joueur de tennis professionnel. A sa retraite sportive en 1995, en revanche, il fallait être dans le secret des dieux pour savoir que Tim préparait l’ouverture deux ans plus tard de sa propre galerie d’art contemporain et que cette galerie deviendrait, dans son écrin brutaliste adouci par la prédominance du rose, la Mecque (plus ultra) de la scène artistique européenne. En ce temps-là Rinus avait 14 ans et s’apprêtait à abandonner le tennis au profit de la consumation frénétique des premières cigarettes d’une série qui deviendrait longue comme un Mahut-Isner. Ne vous y trompez pas : j’ai beau digresser, parler de tout de rien, c’est un match de tennis qu’on est en train de vivre, voyez plutôt : 15, comme le nombre d’années depuis lesquelles Rinus et Tim collaborent, 30 comme le nombre de clopes que Rinus fume chaque jour, 40 comme l’âge actuel de Rinus Van de Velde et jeu comme celui auquel tous deux se livrent dans A Life in a Day, la dernière création de l’artiste sur laquelle nous allons revenir. 

Car avant A Life in a Day, il y a donc eu la rencontre décisive. Elle date de 2011, quand Tim et Rinus ont entamé une collaboration qui allaient les faire changer de dimension. Diplômé cinq ans auparavant de l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers, Rinus s’était d’abord adonné à la sculpture avant de trouver dans le fusain le médium idéal pour raconter son autobiographie fictive. Une autobiographie nourrie des grands anciens : comme les enfants apprennent en copiant leurs aînés, Rinus a à cœur d’incorporer à son travail des tableaux de Van Gogh, de Hockney, de Rembrandt pour mieux les comprendre et créer une symbiose entre l’art et son histoire. 

Sur ces gigantesques panneaux en noir et blanc entre néo-noir lynchien et conte gothique, Rinus met en scène une version alternative de lui-même qui explore l’univers des possibles. Car Rinus aime rêver sa vie et la mettre en scène. Il est tantôt prisonnier d’une green room inquiétante, tantôt champion de tennis sur matelas, tantôt grand maître d’échecs et tantôt marin dans la tempête. Le tout depuis son atelier qu’il ne quitte pas. Cette propension à la rêverie est assez peu compatible avec les obligations de l’artiste. Rinus trouve en Tim son ancrage dans le réel, si tant est que le réel existe.

Aujourd’hui encore, Rinus décrit Tim comme son mentor, auprès de qui il peut tester ses idées et les faire rebondir. Si l’artiste est isolé dans son atelier comme le tennisman sur le court, il a besoin d’une connexion avec le monde extérieur (et d’un peu de coaching). Comme le box d’un athlète, le galeriste représente l’artiste, organise sa vie. Il est un physio, un entraîneur, un préparateur mental et un agent. Il est aussi une source de conseils précieux quand on a mal à l’épaule à force de peindre. 

RINUS VAN DE VELDE — When he first took me here..., 2021, oil pastel on paper 180,7 x 112 cm — 201 x 132,5 x 5 cm (frame), reference N°: RVDV-OP0087. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Chaque réel a son revers

En 2013, voilà l’épaule de Rinus foudroyée par la douleur façon painting elbow. Incapable désormais de tisser les fils de ses linéarités parallèles, Rinus est bien obligé d’affronter le réel. Il se tourne naturellement vers Tim qui lui conseille alors de se remettre au tennis pour se muscler le bras. L’avantage, quand on a été joueur de haut niveau, c’est qu’on a dans ses contacts un certain nombre de profs putatifs un peu plus attractifs que Michel, ancien 15/3 au Puy-en-Velay. Tom Vanhoudt est de ceux-là. Ancien 200ème en simple et 36ème en double, il a entraîné Ruben Bemelmans et donc Rinus Van de Velde qui pourrait bien atteindre le sommet de la hiérarchie dans l’une ou l’autre de ses réalités. Si les photos semblent attester que Vanhoudt avait un revers à deux mains, sachez que les sites officiels de l’ATP et de l’ITF laissent planer le doute en précisant “Unknown backhand”, tout comme si en 10 ans de carrière pro il n’avait frappé que des coups droits. 

L’anecdote est savoureuse quand on sait qu’avant de se rapprocher de Tom, Rinus avait repris le tennis avec un autre coach qui lui avait conseillé le revers à une main. Mais Rinus, insatisfait de sa progression, s’était donc rapproché de Tom sans le dire à son premier coach pour prendre des cours supplémentaires. Cours pendant lesquels il faisait son revers à deux mains.

D’une séance à l’autre, la seule chose tangible était la médiocrité de son revers, à une ou à deux mains. 

Les deux coachs ignorant l’existence respective de leur alternative, Rinus pouvait transposer dans le monde réel son goût des vies parallèles, dissimulant derrière la honte d’avouer cette trahison bien innocente le plaisir immense d’être tout à la fois Federer et Nadal. 

Le tennis aidant, la douleur disparue, Rinus s’en retourna à son travail d’artiste tout en continuant le tennis avec Tom auprès de qui on ne doute pas qu’il avait signé des deux mains. 

RINUS VAN DE VELDE — A Life in A Day, 2021 — 2023, single channel video, 17 minutes 03 seconds edition of 3 and 2 A.P., reference N°: RVDV-V0003. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Légendes de légende

Dans la vie ou dans ses œuvres, Van de Velde est donc un conteur de légendes qui se sert desdites (légendes) pour propulser ses travaux dans une dimension nouvelle. Car ses oeuvres sont systématiquement assorties d’un court texte en forme de voix off qui éclaire la scène d’une aura mystérieuse, promesse d’une continuité dans les pensées de son alter ego ou de ses comparses, preuve que les images que l’artiste nous donne à contempler ne sont que des instantanés arrachés à des réalités sensibles et complexes, à des histoires écrites ailleurs. Il y a sur la représentation d’un court de tennis vide cette mention : “Now I have to find my big serve”. Rinus assure ne l’avoir pas encore trouvé. Force est pourtant de constater qu’il l’a rencontré en la personne de Reilly Opelka. 

RINUS VAN DE VELDE — Yes sure, I agree, but the other day..., 2023, oil pastel on paper, 130,8 x 112 cm, reference N°: RVDV-OP0286. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Mr. Pink

Caméra embarquée. En bon tennisman du dimanche, imaginez un peu vous tenir sur un court, aussi loin que possible de la ligne de service, le dos penché vers l’avant et les jambes ancrées dans le sol, prêt à bondir à gauche, à droite pour retourner le service de votre adversaire. Maintenant, imaginez que cet adversaire soit Reilly Opelka et qu’il décide de kicker. Est-ce que vous allez toucher la balle ? 

Non. Même toi, là, au fond, qui es sûr que si tu anticipes du bon côté et tout et tout tu vas pouvoir faire un retour gagnant bloqué en revers, je te le dis, non. Tu la touches pas, la balle.

Rinus non plus ne l’a pas touchée, mais son travail a touché Reilly. Et en trouvant son big serve, il s’est fait un ami qui, non content de lui acheter des oeuvres et de débarquer sur les courts de Flushing en 2021 avec un sac rose de la Tim Van Laere Gallery (ce qui lui vaudra une amende pour sac non conforme), lui a aussi permis de rencontrer Venus Williams et d’assister à Wimbledon l’année passée. Un ambassadeur extraordinaire pour la galerie même si Opelka, blessé, n’a plus joué depuis un an. 

RINUS VAN DE VELDE — A Life in A Day, 2021 — 2023, single channel video, 17 minutes 03 seconds edition of 3 and 2 A.P., reference N°: RVDV-V0003. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

Des trains qui partent

James Dean, Reilly Opelka et Venus Williams. Glamour, la vie de Rinus ? C’est précisément pour démystifier cette idée romantique qu’il a décidé, pour sa nouvelle exposition A Life in a Day, de renverser ses habitudes. Plutôt que de livrer au public les morceaux choisis d’une autobiographie fictive, il s’est décidé à montrer la réalité de sa vie en mêlant au train-train la magie de la rêverie. Rouvert à la couleur suite à la découverte des pastels à l’huile, il s’est mis à utiliser la beauté et l’éclat pour construire dans le réel le théâtre de ses rêveries. De ses habitudes, Rinus n’a rien changé : il se lève et il fume et il peint et il fume et il ne sort de son atelier que pour rencontrer Tim avec lequel il échange sur son travail ou pour voir sa famille ou pour jouer au tennis. Une vie monotone de laquelle il s’échappe désormais physiquement en bâtissant au sein de son studio les maquettes de son imaginaire. A défaut de s’évader, Rinus voyage statique, comme le font les personnages de Lettre d’une inconnue de Max Ophuls assis à bord d’un wagon de foire et qui voient défiler aux fenêtres de leur train des paysages magiques dessinés sur rouleaux. Dans son atelier, Rinus invente des paysages, de nouvelles planètes, de nouveaux horizons. Les décors complètent les pastels, les sculptures s’y ajoutent, tout s’immortalise sur pellicule. Dans sa nouvelle exposition, il joue avec les différents médias, les différents supports, pour fabriquer le kaléidoscope intérieur/extérieur de ses vies qui s’emmêlent. Quand aucun train ne part, il ne reste qu’à rêver la destination. 

C’est que pour Rinus, le risque est de perdre le désir. Quand un désir s’accomplit, il disparaît. Il s’agit dès lors de jouer avec lui, de l’attiser sans le frustrer, d’y répondre différemment de façon à garder la flamme. Dans son film, comme Cadet-Roussel, Rinus a trois maisons de rêve : dans la première, il dort, entouré de vêtements accrochés à des séchoirs d’une étrange banalité ; d’un coup de métro il rejoint la deuxième, où il rencontre Tim autour d’un terrain de tennis ; pour gagner la troisième, entièrement constituée d’une piscine digne de Hockney, il traverse des paysages inventés qu’il reproduit sur ses Canson. 

Un fragment d’une journée d’une vie toujours semblable. Car il y a dans le travail de Rinus cette idée d’éternel recommencement à la recherche d’une perfection jamais atteinte. Comme les athlètes répètent inlassablement leurs passings à l’entraînement, l’artiste cherche encore et encore à briser les barrières qui séparent le réel de son imagination. Dans la galerie, tout est concret, établi : les maisons sculptées sont présentées au milieu des peintures, le film unit le tout. Mais c’est en suivant le cheminement de l’artiste que l’on peut réellement créer de la continuité narrative, du vivant. Le mouvement d’une vie qui se projette en mille éclats de rêve sur différents supports, s’il se décompose, doit s’envisager comme une force unifiée. Chaque étape d’un service sert à donner un sens, une énergie, une trajectoire. C’est l’interdépendance de tous ces enchaînements qui engendre la vie. Chez Rinus Van de Velde, les vies se superposent, entremêlées. Il n’y a ni homme, ni artiste à séparer : il y a une avalanche de possibles aussi puissante qu’un service d’Opelka au moment de l’impact.  

RINUS VAN DE VELDE — You can do what ever you want,..., 2020, oil pastel on paper, 72,3 x 86,3 cm — 89 x 102,8 x 4 cm (frame), reference N°: RVDV-OP0063. Courtesy Tim Van Laere Gallery, Antwerp-Rome.

The Glided Age Clubs of New York

Tennis began in Victorian England; it thrived in the new wealth of America

Billie Jean King and Bobby Riggs pose for their Battle of the Sexes pre-match photos at the Town Tennis Club

The YouTube Video dates from 1931. In the first few seconds, a large, ornate placard gives of summation of its contents: “’Big Bill’ Tilden defeats Kozeluh in brilliant style in his first match as professional.” The tape rolls on. Three men walk onto an indoor tennis court 9two carrying racquets) that looks to be Madison Square Garden as droves of clapping men in tuxedoes cheer them. Cut to the players, dressed in long white pants and white polo shirts battling with slices and long strokes, one towering above the other, as a small team of line judges look on. The lanky Tilden wins, shaking hands with Karel Koželuh, a Czech tennis and football standout known for getting everything back. The men escape into the crowd soon after, likely enjoying a cigarette or cigar and a glass of scotch at the nearest clubhouse. 

In 1930s New York, these sorts of events took place across Midtown at indoor courts from the TK Grand Central Station to the Racquet and Tennis Club a few blocks East. In fact, Tilden, in his later years, enjoyed the comforts of the Town Tennis Club, on Sutton Place near the East River. Founded by six-time Grand Slam champion Don Budge and 1931 Wimbledon champion Sidney Wood, since 1954 the Town Tennis Club has served “as a home away from home for countless tennis legends.” Here are TK more Gilded Age Tennis Clubs hidden among the 13 miles of Manhattan’s skyscrapers. 

The Racquet and Tennis Club of New York on Park Avenue. A number of decades ago, the club sold its air rights, making way for glass skyscrapers behind the club's stone walls

The Racquet and Tennis Club

As much of a time capsule of the Gilded Age as can be found in Manhattan, the Racquet and Tennis Club members observe a strict code of silence about all that takes place behind its thick stone walls, including its tradition of after-work naked swimming and still-existing “men only” policy. (Women are welcome at club social events if accompanied by a male member). Located at 370 Park Avenue between East 52nd and 53rd Streets — some of the most sought-after and expensive land in the world —  the club charged an initiation fee of $200 with annual dues of $150 for access to four international squash courts, one real tennis court, and two indoor lawn tennis courts, as well as a dining room, bar, library and billiards room. In 1987, the club famously refused to allow real tennis player Evelyn David, who lived a few blocks away,  to train for the Women’s World Tennis Championship, a real tennis tournament. At the time, there were  only nine real tennis clubs in America. David Evelin had to travel 70 minutes each way to Tuxedo. 

The entrance to River House, the 23-story home to the River Club, one of New York's stories racquet clubs

Town Tennis Club

In the early 1950s, friends, competitors and business partners, Don Budge and Sidney Wood had a vision in a city in which street corners were becoming few and far between: take tennis to the rooftops. The two found a building along the East River and  in 1954 —above an FBI garage — The Town Tennis Club opened for play. That day, Budge also became the club’s very first teaching pro — at $8 per hour. Since then, the Town Tennis Club has hosted movie stars, such as Charlton Heston, Ginger Rogers and Kirk Douglas,  and countless tennis celebrities alike, often seen hitting and dining with each other. Billie Jean King and Bobby Riggs held their pre-match Battle of the Sexes press conference at the Town Tennis Club — Riggs’ home turf. Town Tennis still hosts many USTA events in its clubhouse, flanked by a long hallway in which a collection of wooden racquets used by the greatest hang, and many current pros turn up to practice on its three rooftop courts. 

The Town Tennis Club seal
The seal of the Racquet and Tennis Club of New York, a private social club and athletic club on Park Avenue

The River Club

While other clubs may have attracted the players, the River Club’s roster of names featured among a Who’s Who of Industrialists and Robber Barons from Roosevelt to Astor to Vanderbilt. Opened in 1931 and headquartered on five levels at the base of River House a 26-story cooperative apartment building on the East River, in addition to two porous Har-Tru tennis courts, three squash courts, a golf simulator, pool and new padel court,  the club once boasted an enormous marina for members’ yachts. That has changed. But River House remains Manhattan’s only apartment with its own club, and one that espoused modern rules and family values — men and women were equally allowed in all parts of the club from the beginning. As of 2013 members pay approximately $10,000 in annual membership fees. A few years back, the club attempted to separate from the co-op by buying the space. The board agreed and listed the club’s space for sale as a private residence — setting an asking price of $130 million. 

The Heights Casino Seal
The Logo of the River Club, a social tennis club in New York

The Heights Casino

“No other clubhouse in America is quite like the Casino, for it will combine in the heart of the city many of the attractive features of a country club.” That was the blessing the New York Times bestowed upon Brooklyn’s first indoor tennis club, let alone tennis club, in 1905, a year after it opened. Sitting on Montague Street, just a few blocks from Brooklyn’s storied waterfront, the Casino put its indoor tennis court front and center, while its squash courts sit above it among several lounge and dining areas. In a pinch, however, staff could remove the tennis nets and create a huge ballroom to host some of Brooklyn Society’s most exclusive social soirees. The building’s Beaux-Arts façade and Dutch riffs still pay homage to the city’s prominent Dutch founders, many of whose descendants were members. In the 1950s, due to its no-Jews, no-Blacks policy, the Casino almost went bankrupt, however, until it changed its ways. And although called a “casino,” and gambling that took place was under the table and spoken in whispers. “Casino” means “little house,” in Italian.

The same architects who designed Ellis Island designed the Beaux-Arts Heights Casino in 1904