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Pourquoi le Masters est un tournoi si spécial

Masters 2009
Masters 2009 (© Ray Giubilo)

Créé en 1970, le Masters occupe depuis sa création une place à part dans le calendrier et dans le cœur des fans de tennis du monde entier. Installé à Turin depuis deux ans et jusqu’en 2025 au moins, le tournoi des Maîtres a toujours été un rendez-vous attractif et cela semble être parti pour durer. Mais comment expliquer cette réussite ?

 

  • Parce que le plateau est toujours impressionnant 

Réunissant par définition les huit meilleurs joueurs de la planète, le plateau du Masters est toujours impressionnant. Et il l’est d’autant plus cette année avec, entre autres, la promesse de la première participation de Carlos Alcaraz et Holger Rune. Hormis quelques exceptions récentes comme 2022 (Alcaraz) et 2018 (Nadal et del Potro), les huit meilleurs joueurs du monde répondent toujours présents pour le dernier grand rendez-vous de la saison. La promesse de matchs de grande qualité dès les phases de poules, comme le Tsitsipás-Medvedev en 2022, le Medvedev-Zverev de 2021 ou encore le Nadal-Medvedev de 2019 font que le tournoi sera, dès demain, très suivi. La preuve, l’édition 2023 s’est ouverte par un Sinner-Tsitsipás suivi d’un Djokovic-Rune. Deux affiches qui font saliver les fans de tennis.

 

  • Parce que son format change de la routine 

Depuis son retour en 1986, le format des groupes a définitivement été choisi pour le Masters. C’est en 1972 que la formule actuelle a été utilisée pour la première fois avec huit joueurs divisés en deux groupes. Malgré un petit aparté entre 1982 et 1986 avec un système de matchs à élimination directe et quelques essais à 12 ou 16 participants, l’organisation a décidé de revenir aux phases de poules et la formule n’a plus changé depuis. Faut-il y voir un lien de cause à effet : le format des poules avait même été expérimenté en 2007 dans certains tournois ATP 250 (International Séries à l’époque) comme Adélaïde, Delray Beach ou encore Buenos Aires. Mais sous la pression de certains joueurs de premier plan, cette expérimentation n’avait pas duré.

Mais ce qui plaît encore plus aux fans de tennis, c’est la seconde chance qui est accordée aux joueurs. Le Masters est en effet le seul tournoi du calendrier qui peut permettre à un joueur ayant perdu un match en poule de continuer le tournoi, de sortir des poules et même de soulever le trophée. Mais l’exploit est encore plus grand quand un joueur s’incline en poules face à un adversaire, avant de prendre sa revanche face à celui-ci en finale. Avant 2023 et le succès de Novak Djokovic contre Jannik Sinner, ce cas de figure s’était déjà présenté à 11 fois, dont 3  avec Pete Sampras en 1994, 1996 et 1999. Avant Novak Djokovic, le dernier joueur à l’avoir réalisé fait était Alexander Zverev. Défait en poules par le Sebre 6-4 6-1 en 2018, il l’avait ensuite vaincu en finale quatre jours après sur le score de 6-4 6-3. l’Allemand a réédité l’exploit en 2021. Battu en poules par Daniil Medvedev 6-3 6-7 7-6, il avait réussi à l’emporter en finale cinq jours plus tard sur le score de 6-4 6-4.

 

  • Parce que les changements de villes et de formats participent à accroître son prestige

Avec le Masters, chacun à ses souvenirs. Les plus anciens se souviennent du cadre majestueux du Madison Square Garden qui a accueilli l’événement dans les années 70 et 80, les autres se souviennent de Francfort, de Hanovre et de leurs courts sans couloirs de double dans les années 90, et les plus jeunes se souviennent de l’O² Arena de Londres qui a accueilli l’évènement dans les années 2010. Les fans de double peuvent également regretter les années 1980 et 1990 lorsque le tournoi n’avait pas lieu dans le même ville, et parfois même à des dates différentes du tournoi de simple. Ainsi, les meilleures paires de double ont pu découvrir Johannesburg, Bangalore, Jakarta, Hartford ou encore Eindhoven pendant ces années-là. Le tournoi de double a s’est déroulé au même endroit et simultanément que le tournoi de simple à partir de 2003.

Certains regrettent même, pour des raisons d’équité, que le Masters ne soit pas itinérant, comme il le fut pendant ses premières années. En effet, au début des années 1970, le tournoi s’est joué respectivement à Tokyo, Paris, Barcelone, Boston, Melbourne, Stockholm et Houston avant de poser ses valises au Madison Square Garden de New-York. Pendant cette période, le tournoi s’est joué sur moquette indoor puis sur gazon, puis sur dur indoor avant de revenir, pour une longue période, à la moquette indoor qui était encore fréquemment utilisée à l’époque. Le tournoi s’est donc majoritairement joué en indoor dans son histoire, ce qui a pour conséquence de ne pas voir certains joueurs à l’aise sur terre battue, Wilander et Nadal en tête, à son palmarès. Les plus nostalgiques peuvent également regretter les finales jouées en trois sets gagnants, format en place de 1981 à 2003 puis de 2005 à 2007.

 

  • Parce que les plus grands l’ont (quasiment) tous gagnés 

Comme évoqué précédemment, hormis Wilander, Nadal ou d’autres ex-numéro 1 mondiaux comme Courier, Moya ou encore Ferrero, le Masters a toujours couronné les plus grands joueurs de l’histoire de l’ère Open. Cette année, avec un 7e sacre, Novak Djokovic est devenu seul détenteur du record de titres au Masters. Avec une unité de plus que Roger Federer, et deux par rapport à Pete Sampras et Ivan Lendl. En 53 éditions, le tournoi n’a couronné qu’à 7 fois des joueurs n’ayant, à ce jour, jamais remporté de tournoi du Grand Chelem. Enfin, dernière preuve du prestige de l’épreuve, les vainqueurs du tournois ayant été les moins bien classés à leur apogée ont tous atteint le troisième rang mondial : Daydenko, Nalbandian et Tsitsipás, qui, encore en activité, peut encore sortir de cette liste.

A Champion Poster for “Champions”

The Finals have Panache and an Honor Titus Poster to Boot

Andrey Rublev chose black. His explanation: “With black you never miss, everything black. Simple.” Jannick Sinner went for blue. “Because everything is blue in the Finals,” he told the artist Honor Titus. Alexander Zverev liked something a bit closer to his Adidas kit, as did the two-toned, Lacoste-sponsored Daniil Medvedev and Novak Djokovic.

Holger Rune, however, went all out, making the male figure in Titus’ official ATP Finals poster green first, according to the Birkman Color Chart — the psychological assessment of personality based on colour choices — meaning that he is very persuasive. Titus approved.  “You’re like a green man,” Titus complimented Rune, in an ATP behind-the-scenes video. “I think you’ve done a great job.”

Maybe Rune should have stuck with the green, instead of experimenting with other colours. and settling on black and red, as this week’s season-ending Nitto ATP Finals didn’t exactly pan out on court for him as they have on paper. The blue-choosing Djokovic actually played more green, convincing fans — and everyone else — that he deserved his record-setting seventh ATP title on Sunday.

Despite some injury switch-ups, however, with Hubert Hurkacz ultimately filling in for both Stefanos Tsitsipas and Taylor Fritz, the players made the most of their time in Turin, donning the finest in men’s fashion for the imposing Palazzo Reale, hamming it up with the Carota Boys and other fans, and generally admiring the overload of art and culture that is the capital of Italy’s Piedmont region.

© Gia Coppola

In the spirit of the latter, the ATP fostered the players’ finer tastes with its choice of graphic art to represent the event. Building on a longstanding tradition of iconic sporting posters collected across generations, yet giving a wink to the digital art and NFTs of modern art, it chose international-artist-on-the-make, Honor Titus, to commission a colour palette and sketch for tennis fans  to customise, download and potentially buy as their own collaborations,  as well as the official poster, for $50 each — a steep discount from the six-figures the LA-based artist and tennis buff commands for his original work. An auction to buy all eight of the Titus-player collaborations ends tonight.

“I’m a big fan of poster design… Italian and French poster design, you know, guys like Jules Cheret. I’ve been thinking about tennis wall paintings for a while. The idea of the tennis wall where one practices—just to play with the perspective, those lines, that idea,” Titus told John McEnroe in an Turin meet-and-greet. “I took a photo of a friend of mine who I play tennis with to get the backhand stance, you know, to get the angle right… So that was based off of a photo. Also, the colours of the ATP Finals are so vibrant and bright, and the lighting of the arena.

“I hope that through my work and through my efforts, I introduce people to various things… I love to learn, I love to ruminate on things that I love, I love to obsess about things. I obsess about tennis, I obsess about French literature… All I do is revel in my obsession. So, if I can introduce someone to something they’re obsessed with, that’s what I hope to do.”

The ATP’s choice of Titus not only plays homage to the unique poster-per-tournament  hallmark of tennis while throwing a bit of shade on last year’s less accessible “LOVE collection,” a series of unique digital artworks that used in-match sports data to create iconic illustrations by pop artist Martin Grasser. “It was very popular within web3 community, but not so much with the tennis fan,” said ATP spokesperson Mark Epps. “This year, we took a big name artist who has never done a digital collectible before and without sacrificing the technical capacity pushed to keep costs as low as possible for the fans.”

© MikaylaJeanMiller

The poster also jibes with Titus’ metamorphic ability to shed one medium for another — and play decent tennis on top of it all. Based in Los Angeles, California, the native Brooklynite — and son of a first-generation Haitian mother and  Andres “Dres” Vargas Titus, a member of the seminal rap group Black Sheep — started his career as a musician, in the Lower East Side punk band, Cerebral Ballzy. But while listening to underground punk and New York “downtown cool guys,” as well as informally sketching, Titus still religiously watched and played tennis. “I was always following the sport,” Titus said. 

“I think tennis has a very nuanced and elaborate culture. It’s always been in my purview. I will also say I’ve always played it. I follow it,” said the 6-foot-4 Titus, who attended Catholic and Christian schools and played point guard on the basketball team. “I love sport. It excites me just like music does.”

A punk in theory, Titus is a sentimentalist at heart. At the same time as playing with the Strokes, Black Flag and other New York early aughts bans, Titus hung around the Metropolitan Museum of Art and absorbed such work as Edward Hopper’s “From Williamsburg Bridge” and Bertold Löffler’s “Youth Playing the Pipes of Pan.” His work now harks back to the long skirts and cricket sweaters of the swinging F. Scott Fitzgerald 1920s, while riffing off the iconic representational art of Kerry James Marshall or the painter Toyin Ojih Odutola, who portrays Nigerian elitism through her character-driven paintings. Although Titus has painted such moneyed pursuits  as horse racing, garden partying and military parading, tennis has been his primary lens for exploring the parameters of access. 

“…What I like to do is create and conjure images that that converse with those ideas, with that idea of access,” Titus told McEnroe. “I’ve created black figures in all white. The moneyed class were the ones that were able to wear white. That’s why these things still appear in our culture. 

“I don’t mean to harp or take the pulpit in any way, but I do like to play with those ideas. That’s all I’m doing, is introducing ideas and conversing with those ideas.”

Although he left Pace University before leaving to tour with the band and never received any formal training,  in 2020 the artist Henry Taylor gave him a solo show at his former Chinatown studio in Los Angeles. From there, it’s been a whirlwind three years with his work picked up by the gallerist Timothy Taylor (no relation to Henry) who started representing him in 2021, followed by a commission by King Charles III to create portraits celebrating the Windrush Generation and a summer show of tennis work “Advantage In”, at the Gagosian gallery in LA. 

At a time when young Black artists, such as Sydney Vernon and Miles Regis, wrestle with themes of racial injustice and legacy on their canvases, Titus uses a lighter touch for his social critique. Hence, the official poster of the ATP Tour Finals is a black figure, practising tennis alone, against a wall most likely in an urban setting. Yet, the figure is, again, in all white, swinging a wooden tennis racquet in a classic one-handed Bjorn Borg takeback. 

“I want to steer the conversation in certain directions, through design and through ideas, and then have the viewer connect the dots,” he said. “The contemporary Black art and the Black art boom, which I’m all for, is a bit heavy handed and overt. I’m not interested in that. 

“I like to slide in ideas, you know, under the radar and in subtle ways.” Yet, as a young Black male, he feels “like I had to take every opportunity. It’s been such a whirlwind — I just look up and keep going.”

Nous entrons dans l’ère de la raquette !

© Régis Colombo

Professeur de sport et coach de tennis suisse, Michel Russillon aime et vit le tennis passionnément. Créateur du concept System 4, un système de terrains multipratiques (tennis, pickleball, urban tennis…), il partage sa passion avec un enthousiasme communicatif. Son ambition ? rendre le tennis plus excitant et plus social, ainsi que son enseignement plus stimulant. Le but est d’amener de nouveaux publics vers le tennis, grâce à des formats de jeu rapidement accessibles.

 

Courts : Qu’est-ce que le Tennis Park ?

Michel Russillon : Le Tennis Park est un ensemble de terrains aux dimensions réduites qui sont implantés sur un terrain classique, dégagements compris, soit 18m x 36m. Il y a trois configurations : le modèle éducation, destiné aux clubs, qui comprend quatre miniterrains de longueur progressive (10, 12, 15 et 18 mètres de long) ; le modèle City, conçu pour le grand public, avec ses quatre terrains donnant un accès direct à tous les jeux de raquette, l’urban tennis, le pop tennis, le cardio tennis et le pickleball, avec du matériel adapté, compact et peu coûteux ; enfin, le Tennis Park modulable, qui a l’avantage de pouvoir cumuler toutes ces disciplines, tout en conservant le terrain de tennis classique, grâce à un système de filets de jeu mobiles et des filets de séparation amovibles entre les différents terrains. 

 

C : Visuellement, on est frappé par la vivacité des couleurs et intrigué par ce court multicolore, quelle est la signification ? 

M.R. : Chez System 4, nous pensons que l’essentiel est de créer le désir. La couleur joue un double rôle stratégique. D’abord, le Tennis Park devient immédiatement le point d’attraction du club, suscitant envie et curiosité. Ensuite, en utilisant la métaphore des feux de signalisation, connue de tous, on facilite la compréhension du jeu. Rouge, danger, je suis en situation de défense. Orange, prudence, je construis mon point. Quand on est dans la zone verte, la voie est libre, j’attaque. La zone jaune correspond à la finition du point au filet. Ce système permet aux enfants et aux débutants de se connecter de manière ludique et amusante au tennis et de « vivre » toutes les situations variées du jeu.

 

C : Comment avez-vous eu l’idée de créer ce concept ? 

M.R. : En fait, j’ai eu l’opportunité de diriger un centre de tennis. Enseignant de formation, je me suis demandé : qu’est-ce que je peux apporter en tant que pédagogue, que spécialiste de l’enseignement ? Il m’est vite apparu que le tennis « péchait » par sa difficulté d’accès pour le plus grand nombre. Terrain trop grand, balles trop dures, drills rébarbatifs, tout menait à la frustration et à l’échec. Pour développer l’Academy, il était urgent de créer un environnement d’apprentissage et de jeu, à la fois simple et divertissant. Les avantages de la mise à l’échelle du tennis devenaient évidents : fans de tennis, enfants, familles, seniors, toutes et tous allaient pouvoir découvrir le meilleur du tennis… pour un plaisir immédiat. C’est comme ça que j’ai eu l’idée d’implanter sur un terrain classique quatre miniterrains de longueur progressive dans le respect des proportions originelles. Je voulais une infrastructure où la couleur devient catalyseur de bonheur, d’épanouissement et d’énergie positive. La philosophie du Tennis Park est claire, mettre l’enfant « dans son royaume » avec un matériel adapté. Côté parents, le Park devient un indicateur de niveau, les quatre terrains évolutifs matérialisant les quatre étapes à franchir jusqu’au Graal. Les études montrent que les qualités de coordination s’acquièrent avant l’âge de douze ans, avec des fenêtres de tir clairement planifiées. Il est impératif de respecter le développement psycho-physique de l’enfant et de s’y adapter, sans brûler les étapes. On crée ainsi des fondations solides pour la suite de la formation, joueurs précoces et tardifs compris. Un enfant de six ou sept ans qui joue avec des balles normales sur un grand terrain, c’est destructeur. 

© Nils Martenet

C : Il y a donc l’idée, en changeant l’architecture du terrain, de révolutionner la méthode d’enseignement du tennis…

M.R. : Il ne s’agit pas de donner des leçons, ni de faire du prosélytisme. Il s’agit juste de convaincre les coaches et les fédérations que ce travail est positif et que cette forme d’entraînement est adaptée au développement de l’enfant. System 4 propose un entraînement par « mise en situation », dans quatre zones d’action colorées, dorénavant visibles : derrière la ligne de fond, devant la ligne, à mi-court et au filet. Placé en situation de jeu réelle, le joueur développe sa capacité à mettre en œuvre ses ressources pour résoudre les situations-problèmes du jeu. Sur le principe essais-erreurs, il apprend progressivement à gérer les contraintes tactico-techniques, physiques, et mentales du tennis. Ainsi, nos kids cheminent sur le chemin de la réussite étape par étape, avec en point de mire un tennis-pourcentage, à la fois réaliste et créatif. En termes d’organisation, le Park permet la mise en place d’un entraînement complet en quatre ateliers : apprentissage, perfectionnement, compétition et optimisation de la coordination (réaction, rythme, équilibre, orientation et différenciation). C’est la fin de l’entraînement en colonne et des drills robotisés. On prend souvent exemple sur les joueurs professionnels à qui leur entraîneur envoie des balles au panier avec beaucoup de répétitions. Mais pour des joueurs de ce niveau, ce sont les fondamentaux qu’ils répètent comme un pianiste fait ses gammes. Avec la méthode d’enseignement System 4, les enfants entrent de plain-pied dans la « pédagogie active » moderne mise en lumière par les avancées récentes des neurosciences. C’est un processus dynamique, le joueur passant d’un atelier à l’autre pour développer toutes ses capacités de perception, de décision, d’opérations physiques, en termes de coordination mais aussi psychiques, sur le plan de la concentration, de l’engagement et des émotions. C’est l’entraînement « global » System 4.

 

C : Au-delà cette approche pédagogique, il y aussi la volonté assumée chez vous de casser les codes du tennis…

M.R. : Oui, j’aimerais faire disparaître trois préjugés qui collent au tennis. D’un sport dit élitiste, passer à un sport populaire. D’un sport individuel, passer à un sport convivial. Et plutôt que de laisser penser que le tennis est difficile d’accès, proposer une méthode d’apprentissage qui est simple et compréhensible pour tous. Les gens ne veulent plus attendre avant de pouvoir faire des échanges, ils veulent du plaisir immédiat. À moi de leur proposer des formats de jeux qui répondent à leurs attentes, c’est ma responsabilité.

 

C : Comment envisagez-vous l’avenir du tennis avec la concurrence de nouveaux sports de raquettes plus accessibles ? 

M.R. : Dans tous les pays occidentaux et pour tous les sports, les responsables de club, d’association ou de fédération dressent le même constat : le sport « classique » intéresse de moins en moins les jeunes générations. Le tennis n’y échappe pas et doit impérativement s’adapter à l’évolution de la pratique sportive moderne. C’est le rôle des clubs de s’adapter en offrant tous ces nouveaux sports de raquette pour gonfler le nombre de pratiquants. Le tennis oui, mais le tennis évolutif aussi, et tous ces sports qui sont proches et qui proposent une pratique plus excitante. Nous entrons dans l’ère de la raquette ! 

© Nils Martenet

C : Quelles sont les réactions des personnes qui jouent pour la première fois sur ces courts atypiques ?

M.R. : Les adultes sont follement heureux de pouvoir (enfin !) « matcher » immédiatement. On réinvente le plaisir du jeu, parce que le match est dans l’ADN de chaque joueur et de chaque joueuse. L’intensité et les émotions sont plus fortes et on ne perd plus de temps à ramasser des balles. On peut aussi jouer en famille, avec les parents sur un terrain et les enfants sur un autre plus petit. Changer l’architecture du court c’est aussi le rendre plus social. Et ça tombe bien dans cette période d’après Covid car on a besoin plus que jamais de bien-être et de rencontres. Quand on a jusqu’à seize personnes qui jouent sur l’espace d’un court de tennis, il y a des échanges, des sourires. Et ça c’est essentiel pour moi, apporter du bonheur aux gens ! Je rêve aussi d’un Tennis Park libre et ouvert au milieu d’un centre-ville, avec des passants, des gamins qui posent leurs trottinettes et qui viennent jouer spontanément. Je crois beaucoup à ce format de terrains pour redynamiser l’espace public « endormi ».

 

C : Combien de Tennis Parks ont-ils été installés et quelles sont les perspectives de développement ?

M.R. : Trois Tennis Parks ont été installés en Suisse, en partenariat avec Swiss Tennis : un Park Club à Sion en 2021, un Park City à Lausanne en 2022, ainsi qu’un parc modulable à Fribourg. Je crois beaucoup à ce modèle transposable sur tous les courts de tennis. Villes, collectivités territoriales, clubs… les perspectives sont immenses. J’ai échangé avec des clubs en France. J’ai aussi des contacts aux États-Unis ou en Chine. Il faut convaincre en abordant aussi les avantages économiques !

 

C : D’un point de vue plus personnel, comment vivez-vous cette aventure ? 

M.R. : Ce que je vis, c’est génial. Grâce à Tennis Park, je rencontre pleins de gens, j’adore ça. On échange sur tous les thèmes, en particulier sur cette nécessité de ne pas rater le train du futur. À titre personnel, j’ai vécu des moments très émouvants, comme lors de l’inauguration du premier Tennis Park à Sion en 2021. Seize enfants qui jouent, qui ont le sourire, c’est ce qui me donne l’envie de continuer le combat, en collaboration avec l’ensemble de l’écosystème tennistique… 

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

© Nils Martenet

L’Artengo à trois temps

© Gary Romagny

En devenant le sponsor raquette et textile de Gaël Monfils début 2022, Artengo – marque de Decathlon dédiée au tennis – a posé la plus grande pierre à date d’une stratégie amorcée en 2017 et très bien engagée en 2023 : devenir une référence auprès des sportifs professionnels et amateurs, tout en conservant son image de marque accessible.

Tout commence au premier échelon de la pyramide. En 2017, Artengo décide de s’entourer de coaches, de joueurs négatifs (classés 0 jusqu’à numérotés français) et de quelques joueurs professionnels (Steve Darcis, Oliver Marach) pour tester gratuitement leur matériel et ainsi collecter des axes d’amélioration. Le cercle vertueux est enclenché : plus les retours d’expérience s’accumulent, plus Artengo optimise le développement de ses produits, plus les cibles potentielles montent en gamme…

À l’étage supérieur de la pyramide se trouvent les juniors : Artengo se met en tête d’avoir « un représentant sur chaque grand tournoi junior » et, à terme, de signer « parmi les 5 meilleurs au monde dans chaque catégorie d’âge ». Leur approche, résolument familiale, est à l’opposé des mastodontes Wilson et autres Babolat, qui occupent l’essentiel du marché : Artengo se veut proche de ses jeunes, avec des interlocuteurs personnalisés pour aller rencontrer chacun d’entre eux à l’entraînement, les suivre régulièrement en tournoi et monitorer leurs résultats. Grâce à leur réseau de coaches, activé en premier rideau de la stratégie globale, Artengo bénéficie d’un œil avisé et donc de recommandations en avant-première. Parmi leur effectif se trouvent ainsi aujourd’hui le champion de France 15-16 ans Heremana Courte, la vice-championne de France 11-12 ans Lou Sciacaluga, ou encore Elisa Rohrbach, la meilleure joueuse née en 2009 à l’heure actuelle.

Mais c’est bien tout en haut de la pyramide ou presque, avec Gaël Monfils, encore aux portes du top 10 en sortie de période confinement, qu’Artengo passe un véritable palier. La marque réussit à se glisser dans la séance de test de raquettes à l’aveugle du numéro 1 français. Verdict : c’est la raquette TR960 d’Artengo, peinte en noire, qui rafle la mise ! Sans aucun apriori, Monfils se lance dans l’aventure avec la perspective excitante de devenir le premier joueur professionnel de ce niveau à jouer en Artengo. Le côté « start-up » l’attire : il échange avec les ingénieurs, s’implique directement dans l’ultra-personnification de sa raquette. Il devient le nouveau visage d’Artengo – et de Decathlon – pour le grand public.

© Gary Romagny

Avec son nouvel outil de travail, et habillé en Artengo de la tête aux pieds, Monfils réalise des débuts en fanfare. À Adélaïde, il « claque » le titre dès son premier tournoi de l’année, puis enchaîne par un deuxième quart de finale en carrière (2016, 2022) à l’Open d’Australie. Sur le circuit, les performances de Monfils en Artengo ne passent pas inaperçues : plusieurs joueurs du top 20 mondial, curieux, se surprennent à essayer sa raquette à l’entraînement. Quelques mois plus tard, c’est Daria Kasatkina, alors top 30, qui tombe amoureuse du modèle TR990 POWER Artengo lors de tests à l’aveugle. Deuxième signature d’envergure d’Artengo, elle atteint les demi-finales à Roland-Garros dans la foulée et casse la barrière du top 10. Le succès est total.

Avec 350 clubs partenaires en France, tous rattachés à un Decathlon local, et un partenariat avec la French Touch Academy depuis deux ans, la stratégie de ruissellement d’Artengo évolue de manière exponentielle. Également fournisseuse officielle de balles pour l’ATP 250 de Metz depuis de longues années, et désireuse de décrocher d’autres tournois en Europe (Italie, Allemagne…), la marque est de plus en plus gage de haut niveau pour le consommateur.

Prochaines étapes pour Artengo ? Continuer d’accompagner Monfils jusqu’à la fin de sa carrière, lui qui se voit jouer jusqu’à quarante ans. Le renouvellement du contrat de Kasatkina, engagée sur une période de deux ans, est aussi une priorité majeure. La jeune Panna Udvardy est un atout de plus dans la manche d’Artengo. D’autres top joueurs pourraient suivre – un « Next Gen » top 100, par exemple – et ainsi continuer d’inspirer les juniors à rejoindre leurs rangs. L’Artengo à trois temps ne fait que débuter.   

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

Manchot empereur, une espèce en voie de disparition

Richard Gasquet, Open d'Australie 2021 (© Antoine Couvercelle)

« J’ai dû apprendre à utiliser tous mes coups, savoir choisir celui qu’il faut au bon moment. L’avantage de Marat (Safin), Lleyton (Hewitt) ou Andy (Roddick), c’est qu’ils avaient déjà leurs jeux en place. »

Telle avait été l’analyse de Roger Federer, avec du recul, pour expliquer son éclosion plus tardive que certains rivaux de sa génération, titrés en Grand Chelem et numéros 1 mondiaux avant lui. Lorsqu’on a autant de choix dans son bestiaire, il est parfois difficile de savoir quand lâcher le bon prédateur pour attaquer, ou le chien de garde adéquat pour repousser les offensives adverses. Au point que ça puisse être la jungle sous le crâne, a fortiori avec la pression de la compétition.

Parmi cette faune, le Suisse aux 20 titres du Grand Chelem disposait d’un animal majestueux : le revers à une main. « Pour moi, le revers à une main a toujours été le “classic-shot” du tennis, a déclaré Stéfanos Tsitsipás en conférence de presse du Masters 1000 de Paris-Bercy 2023. Sampras, l’un de mes joueurs favoris, avait un revers à une main. Je regardais aussi Federer quand j’étais petit. » Pour l’anecdote, le Grec a eu besoin d’un peu de temps avant de se décider à imiter ses idoles.

« Enfant, je faisais aussi le revers à deux mains, a-t-il révélé Je changeais chaque jour. Le lundi je faisais à une main, le lendemain à deux mains. Un jour, un des entraîneurs du club m’a dit : “Stef, tu dois choisir maintenant.” Je ne sais plus quel âge j’avais, 8 ou 9 ans. Dans la voiture, en rentrant à la maison avec mon père, j’ai dit : “Tu sais quoi ? Je vais choisir le revers à deux mains.” Dès le lendemain, j’ai joué à un main pour de bon (rires). » Sur le circuit, le surnommé Tsitsi est l’un des derniers « manchots », un espèce en voie de disparition.

Stéfanos Tsitsipás, Paris-Bercy 2023 (© Antoine Couvercelle)

« Pour moi, le revers à une main a toujours été le “classic-shot” du tennis »

La semaine du 30 octobre 2023, le top 100 n’en comptait plus que onze en plus de l’Athénien : Grigor Dimitrov, Lorenzo Musetti, Christopher Eubanks, Daniel Evans, Dusan Lajović, Daniel Atlmaier, Christopher O’Connell, Richard Gasquet et Denis Shapovalov. Dominic Thiem pointant lui au 108e rang. Et surtout, la majorité d’entre eux a le coup droit pour point fort. Si Musetti, 21 printemps, très à l’aise avec cette frappe, a encore de très belles saisons devant lui, les jours sont comptés pour Gasquet et Wawrinka, respectivement 37 et 38 balais. Une fois ces deux artistes du mono-mano à la retraite, un grand vide sera laissé sur le circuit.

Y compris sur le plan esthétique. Certes, ce n’est qu’affaire de sensibilité personnelle. Les revers sautés de Shapovalov et les caramels bien salés – notamment long de ligne avec un effet fuyant vers l’extérieur – de Thiem, qui était devenu très percutant avant sa blessure, ont de la gueule. Mais leur préparation avec le bras directeur toujours tendu a moins de traits racés que les coups de pinceaux de Wawrinka et Gasquet, bras plié à l’amorce, avec plus « d’enroulé » et d’amplitude dans la gestuelle globale.

Pour reprendre le flambeau d’icône de du « classic-shot », Musetti, avec sa technique plus proche de celle du duo franco-suisse, va toutefois devoir franchir encore quelques caps importants. Et produire de sérieuses étincelles pour raviver les flammes du revers à une main frappé, proche d’être réduit en cendres une fois les prénommés Stanislas et Richard tranquillement installés en pantoufle devant leurs cheminées. « Frappé », car, oui, d’autres, comme Dimitrov s’attirent les louanges avec leurs revers. Mais davantage pour leur slice.

Lorenzo Musetti, US Open 2022 (© Antoine Couvercelle)

Gasquet et Wawrinka, les derniers maîtres

« Pour moi, ça a toujours été très naturel de slicer, a confié le Bulgare devant les journalistes à Paris-Bercy en 2023, après sa victoire contre Hubert Hurkacz en quart de finale. Ça a probablement été l’un des premiers coups que j’ai appris à faire. Je pense que ça fonctionne dans beaucoup de conditions différentes, Peu importe la vitesse du court, la hauteur du rebond, le slice aide à préparer un point. Mais ça dépend aussi du joueur que vous affrontez. Le slice n’est pas toujours aussi efficace. »

Parce que l’utilisation à outrance du slice est aussi due à une faiblesse – relative à haut niveau, mais sur laquelle les cadors savent appuyer – du revers à une main frappé. Sans être une arme fatale. Y compris pour des les rois du genre. Dans l’article Sa Majesté le slice, signé Rémi Bourrières et publié dans Courts numéro 11, une statistique est éloquente : seulement  49,1 % de points gagnés par Federer quand il utilisait cet effet ; 51,5 % pour Dimitrov (à l’époque). Si, par exemple, il faut éviter de donner des cartouches à Gasquet et Wawrinka sur leurs revers, il est en revanche de bon aloi d’insister sur celui de Dimitrov.

« Son revers a toujours été son point faible, comparé à son coup droit, avait analysé l’expert tactique Novak Djokovic, avant de battre le natif d’Haskovo en demi-finale à Bercy en 2019. Même s’il a progressé, notamment lors des derniers mois, la plupart des joueurs essayent d’attaquer ce côté vulnérable de son jeu. » Une problématique similaire pour Tsitsipás, seul virtuose du top 10 jouant de son instrument à corde à une main, qui plus est avec un slice de bien moins bonne qualité. Trop souvent plus flottant que rasant.

La nature n’aimant pas le vide, peut-être que d’ici quelques années d’autres phénomènes à une main surgiront. En attendant, profitons des coups de pattes de Stan Wawrinka et Richard Gasquet. Les deux derniers manchots empereurs.

Stan Wawrinka, Roland-Garros 2015 (© Ray Giubilo)

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Diamond Dome Tennis Courts

© Lux Tennis

Jouer au tennis dans les plus beaux endroits de la planète avec Carlos Alcaraz ou Martina Hingis : c’est le programme de rêve que propose LUX Tennis. On a voulu en savoir plus… Et, raquette en main, découvrir les courts et l’univers merveilleux de trois hôtels d’exception : la Réserve Genève, le Bürgenstock Resort Lake Lucerne et l’Evian Resort.

 

« C’est un rêve d’être ici, sur le court Arthur Ashe, et non dans ces tribunes d’où je regardais Serena Williams jouer lorsque j’étais encore junior ! » Lorsqu’elle évoque la sacro-sainte enceinte de l’US Open, ses 23 000 places, sa rumeur, sa démesure et ses légendes, Iga Świątek a les yeux qui pétillent. C’était son rêve à elle, mais c’est peut-être aussi le vôtre. Le nôtre. Peu importe ! On rêve tous d’un endroit ou d’un autre où taper la petite balle jaune.

Pour certains, ce sont les grands courts dans toute leur majesté. Pour d’autres, ce sont des terrains du bout du monde… Celui de Bunabhainneadar, le plus célèbre court de tennis d’Harris Island, en Écosse, où l’on fait plus équipe à deux contre le vent, la pluie et les embruns plutôt que l’on ne s’affronte. Ceux d’Olhahali, aux Maldives, où l’on tape en couleurs sur un court bleu, que bordent le vert des palmiers et le blanc d’un sable léché par le turquoise de l’océan Indien. Ou celui de Singita Sabora Camp, en Tanzanie, que nos lecteurs les plus fidèles connaissent forcément. Si si, c’est ce court en pleine savane, en Une du numéro 1 de votre magazine préféré !

On ne joue pas seul, et on ne joue pas seulement avec quelqu’un, mais on joue quelque part.

© La Réserve Genève

D’un practice avec Rafael Nadal aux plus beaux hôtels de la planète

C’est ce qu’a bien compris Joan Soler, fondateur de LUX Tennis. Lui a eu la chance de soulever l’ocre de la plus belle ville du monde. Ancien joueur de bon niveau, -15, 1300e mondial à l’ATP, vainqueur de quelques matchs sur le circuit Future en 2016, il s’est confronté un peu tardivement au milieu du tennis professionnel. « J’ai pu voyager, jouer quelques tournois, mais j’avais déjà passé la vingtaine. J’ai essayé pendant un petit moment, j’ai vu ce qu’était le circuit Future, j’ai joué pas mal de tournois en France, des CNGT… J’ai même affronté de bons joueurs, parfois autour de la 200e place mondiale ! Bref, c’était une belle expérience. » Avec un joli rêve au bout : jouer à Paris, porte d’Auteuil. Et face à Rafael Nadal. « Oui (rires), j’ai été sparring-partner à Roland-Garros pendant cinq ans et j’ai pu jouer avec Rafa pendant une heure la veille de sa finale, en 2017, pour sa decima. Je garde vraiment plein de superbes images de ces moments en tête ! Cela m’a ouvert des portes et c’est peut-être aussi grâce à ça que j’ai pu créer LUX Tennis… »

Car son rêve premier, tout du moins son envie profonde, sa vocation, c’était de faire du tennis son travail. « J’ai toujours voulu lier les deux, le travail et le tennis. Il y a eu, forcément, l’ambition d’en faire un métier et de devenir pro pendant un petit moment, mais j’ai vite fait le choix de bifurquer et de ne pas m’enliser. Devenir coach ? Pas forcément. Mais être directeur sportif d’un club, pourquoi pas… » Ou créer sa propre manière de concilier son sport et son activité professionnelle ? C’est LUX Tennis, qu’il lance en 2018 avec son associé de toujours, Tony Rajaobelina, ancien -30, qui a défendu les couleurs de Madagascar en Coupe Davis. « C’est lui qui m’a fait venir pour l’aider dans un hôtel aux Maldives, où il était directeur tennis. Cette expérience m’a permis de découvrir ce milieu du coaching tennis en hôtel. J’ai décidé de me lancer là-dedans en rentrant en France et j’ai très vite demandé à Tony s’il voulait faire partie de l’aventure. »

Le tennis dans les plus beaux endroits du monde, c’est un peu leur concept. « LUX Tennis manage et gère le tennis pour les hôtels les plus prestigieux du monde », confirme Joan. « L’hôtel nous donne les clefs du club de tennis et on le développe de manière à ce qu’à terme, le client ait envie de venir précisément dans cet hôtel pour jouer au tennis. » Un rêve éveillé ? « C’est sûr que les terrains de tennis sont souvent dans des endroits exceptionnels. On ne travaille qu’avec des hôtels 5 étoiles et des établissements qui ont le label Palace. Des environnements paradisiaques ! »

 

Jouer au tennis aux Maldives… Un rêve ?

Lesquels ? Jumeirah à Olhahali, aux Maldives. La Residencia, à Majorque. L’Anantara Layan Phuket Resort, en Thaïlande. Au total, 35 hôtels et resorts dans le monde, dont 10 aux Maldives : LUX Tennis est leader en Europe du management de tennis pour l’hôtellerie de l’ultra-luxe. « Ces hôtels doivent proposer des services pour se démarquer de la concurrence. Et ces services ne peuvent qu’être aussi exceptionnels qu’irréprochables. C’est la raison pour laquelle ils les confient à des spécialistes dans leur domaine, que ce soit pour la plongée, le fitness, le spa… ou le tennis, avec nous. » 

LUX Tennis gère le club de tennis de l’hôtel et cela va du choix des balles, des raquettes et des bâches pour habiller les courts, à la création de Pro Shops, en passant par le système de réservation des courts ou les événements ponctuels.

Et les coachs, bien sûr ! Avec un catalogue d’entraîneurs de très, très haut niveau. « C’est notre gros challenge : recruter des coachs de qualité. Tous ceux que l’on envoie dans les hôtels ont été négatifs ou classés à l’ATP. Cela peut être un joueur qui a été 300e mondial ou un coach expérimenté, parfaitement bilingue, très à l’aise avec cette clientèle. » Trois mois, une saison, un an, deux ans : ces coachs voyagent et font résonner le bruit des cadres et des cordages dans ces paradis sur terre. Cours collectifs et leçons privées, ils sont de véritables ambassadeurs de LUX Tennis au quotidien… aux côtés de David Ferrer et Martina Hingis, les ambassadeurs historiques de la marque. Des noms illustres qui mouillent le maillot tout au long de l’année et ont même créé, pour LUX Tennis, des programmes d’entraînement conçus à partir de leur propre expérience.

© Bürgenstock Hotels AG

La Réserve Genève : voyage sur les berges du Léman… et bien au-delà

Rêver, c’est bien. Voir, sentir, toucher, c’est mieux. Rendez-vous pris, cet été, à la Réserve Genève pour initier le parcours unique d’un amoureux du tennis qui souhaiterait taper la balle au bord de lacs alpins, entre Helvétie et Haute-Savoie…

Une invitation au voyage. « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. »* Le Léman est ici, à côté. On entend son ressac, on aperçoit ses reflets bleus. Genève également, pas loin. Mais on ne l’entend pas, et on l’oublierait presque… Car on pénètre dans ce petit écrin de verdure, les raquettes à la main, comme on entre dans un autre monde. « La Réserve Genève a été pensée comme un lodge », explique-t-on à la direction de l’établissement. Moquette en léopard, lampes et oiseaux à foison, verdure à l’extérieur, verdure à l’intérieur avec cet arbre dans le Loti, l’un des trois restaurants de l’hôtel, qu’envahissent les fougères et les fleurs exotiques. Et les mots de Baudelaire le cèdent à ceux de Pierre Loti, écrivain voyageur… « La forêt, la jungle. Et le jour se lève pour moi sur un monde de branches et d’herbages, sur un océan d’éternelle verdure, sur un infini de mystère et de silence, déployé à mes pieds jusqu’aux lignes extrêmes de l’horizon. »**

Un bien joli voyage comme celui qu’offre, vers l’Extrême-Orient, l’un des autres restaurants de la Réserve Genève, le Tsé Fung, l’unique chinois étoilé en Suisse. À la baguette ? Le chef Frank Xu qui raconte une histoire cantonaise dans l’atmosphère d’un palace du Shanghaï des années 30.

 

« La Réserve Genève a été pensée comme un lodge » 

Mais avant d’aller faire résonner le bruit des balles dans la quiétude de cette réserve exotique, il faut prolonger un peu le plaisir d’une tranquillité absolue au spa. « Il s’agit du plus grand spa genevois dans un hôtel : 16 cabines de soin, 2500 m², une salle de fitness à la lumière du jour, deux autres salles dynamiques pour des cours collectifs et privés qu’animent les cinq personal trainers de la Réserve… » Au programme : massage 5 étoiles, séance d’ostéopathie, bilan pré-tennis dans le calme, l’élégance et la discrétion. Et cette piscine intérieure… 

Car si le cadre alpin pousse aux sorties en raquettes l’hiver ou à la randonnée l’été, c’est aussi pour le tennis qu’on va à la Réserve Genève. Depuis le spa, on monte vers les deux courts dans la pelouse en resserrant la main sur son grip en prévision des efforts à venir. « Avec notre partenaire LUX Tennis, on anime et bonifie merveilleusement nos installations tennistiques. Les Genevois viennent ici pour une journée hors de la ville. Les clients de l’hôtel et les membres de notre spa peuvent prendre des cours privés de tennis ou profiter des cours collectifs d’été comme d’hiver avec des coachs de haut niveau, puisqu’on met une bulle sur l’un des courts au retour du froid. »

La Réserve Genève a fêté ses 20 ans cette année. On y passerait bien deux décennies, mais on n’a que quelques jours… Il est temps de partir. Des adieux à la hauteur de la chaleur et de la gentillesse de l’accueil : direction le petit ponton privé en contrebas de l’hôtel sur le lac Léman. Le motoscafo de l’établissement nous emmène alors gratuitement en centre-ville pour la suite de notre périple ! 

© Bürgenstock Hotels AG

Le Bürgenstock Resort Lake Lucerne : il était une fois…

La suite, c’est un autre lac de la patrie de Roger Federer et Stanislas Wawrinka. Le lac des Quatre-Cantons, le fief de Martina Hingis. Un fief qui fut aussi celui d’Audrey Hepburn ou de Sofia Loren. Un fief qui nous fait voyager non seulement dans l’espace d’une montée en altitude tant légère qu’onirique, mais aussi dans le temps. Vous l’avez compris, au Bürgenstock Resort Lake Lucerne, l’histoire s’écrit en noir et blanc. Une institution hors du temps, des chronos, des agendas et des calendriers sur les hauteurs de ce sommet des Alpes du canton de Nidwald, à laquelle on accède par une petite route étroite qui ne laisse deviner à aucun moment l’immensité de ce que l’on va découvrir.

« C’est un resort inégalable, unique en Europe et dans le monde », confirme Lauriane Zosso, responsable de la communication. Pourquoi ? « Par sa situation ! » À 500 mètres d’un des plus beaux lacs de Suisse, perché sur une montagne, qu’entourent les prés, les vaches, le ciel, la majesté des Alpes avec, à ses pieds, ce petit bijou bleu… « Il y a la vue époustouflante, mais tout ce qui va avec également : le calme, cette ambiance naturelle si particulière, les cloches des vaches, la nature partout, tout le temps, et des infrastructures exceptionnelles : nos deux hôtels, le spa sur trois étages et 10 000 m², la grande piscine extérieure historique, nos sept restaurants, notre golf et nos courts de tennis, ainsi que les innombrables activités extérieures : le chemin des falaises, accessible en poussette, les balades à vélo, à pied… »

« Beyond imagination ». Au-delà de l’imaginable. Ce sont les termes retenus pour évoquer le 150e anniversaire du Bürgenstock, cette année. 150 années inimaginables d’un esprit pionnier qui y a créé le plus haut ascenseur extérieur d’Europe, le deuxième plus ancien golf de Suisse et le premier funiculaire électrique du pays qui monte et descend au catamaran faisant la navette sur le lac, pour rendre accessible cet endroit inaccessible. 

 

Les plus beaux courts du monde ?

Les courts de tennis sont à la hauteur. C’est le mot : très loin, là-haut, à l’altitude des courts rêvés sur lesquels on veut jouer un jour, au moins une fois dans sa vie. « À l’instar du golf, c’est un des premiers Tennis Clubs de Suisse en montagne. On a eu toutes les célébrités des années 50-60, notamment Audrey Hepburn, notre égérie, qui adorait ce sport. » Au Bürgenstock, les diamants ne sont pas sur canapé, mais posés dans cet écrin naturel : trois courts, un extérieur qu’encadrent ces deux courts intérieurs mythiques, les Diamond Domes. Des terrains réputés dans le monde entier pour leur architecture spectaculaire, en diamant, faite avec du bois de la région, ouvrant sur les champs, les prairies et la verdure à l’infini…

Si Kant définit le sublime comme mathématique ou dynamique, c’est surtout l’étymologie qui l’évoque le mieux au Bürgenstock Resort Lake Lucerne : « sublimis » en latin, « suspendu dans les airs ». 

À l’image du spa, immense, où l’on trouve tout ce que l’on peut vouloir trouver… À manger, à boire, du frais, du chaud, des matelas avec vue sur le lac, des chambres de relaxation, le sauna avec véranda panoramique, la piscine hollywoodienne, la piscine à débordement que deux doigts semblent délicatement tenir au-dessus du paysage. On y est partout en même temps, en Suisse, en Scandinavie, en Amérique du Sud… ailleurs, tout simplement. 

Ailleurs, comme dans les restaurants, sept établissements aux concepts authentiques tous différents, que dirige Mike Wehrle, Corportate Culinary Director du resort depuis 2017. L’assiette, le verre et la sérénité d’un moment au-dessus des nuages comme dans le Spices Kitchen & Terrace… Sans parler des bars, dont le somptueux Lakeview Bar & Cigar Lounge, où l’on achète ses cigares et l’on sirote son whisky en contemplant la vue ! 

Une vue que l’amoureux du tennis doit se résoudre à quitter. Et s’il aura eu le temps de tester son swing dans la montagne, c’est surtout pour pouvoir briller sur les greens et les courts de tennis d’une autre institution où l’emmène LUX Tennis…

© Evian Resort

L’Evian Resort : vivons jeunes !

Retour sur les rives du Léman, côté Sud et français cette fois-ci, à l’hôtel Royal de l’Evian Resort. Il y a d’abord le charme d’Évian-les-Bains, de ses thermes et de la boutique éponyme où l’on peut personnaliser sa bouteille d’eau. Une bouteille Courts plus tard, on prend la route du resort et de son parc boisé. Une forêt verdoyante de 15 hectares qui invite l’art jusque dans la nature avec des œuvres naturelles disséminées un peu partout… Avant de découvrir, enfin, l’hôtel Royal, ses 5 étoiles, son label Palace et ses 150 chambres, à deux pas du golf, des courts de tennis et de l’hôtel Ermitage, son petit frère à quatre étoiles. 

 

Un complexe tennistique d’exception

Au Royal, tout est douceur, fraîcheur, couleurs pastel et raffinement. Des qualités qui auraient dû ravir le roi Edouard VII d’Angleterre, en l’honneur duquel il fut nommé en 1909… mais qui n’aura jamais pu profiter de l’appartement qui lui était réservé, terrassé en 1910 par une série de crises cardiaques – et les 40 cigares et cigarettes qu’il fumait chaque jour.

Les échos de l’Histoire, avec un grand H, s’écoutent dans chaque recoin, chaque couleur et chaque chambre du Royal. Il y a l’architecture, celle d’Hébrard, qui en fit longtemps le plus bel hôtel d’Europe. Il y a ses visiteurs qui contribuent à sa légende depuis plus d’un siècle : Marcel Proust, Sacha Guitry, Greta Garbo, Edith Piaf, des rois, des reines, des sultans et des maharadjas… Il y a cette décoration où tout respire, du bar en forme de rotonde que cerclent d’immenses baies vitrées jusqu’aux salles des restaurants, qui se succèdent le long du grand hall : les Fresques et son étoile au guide Michelin, la Véranda… 

La piscine à débordement en forme de piano chante la musique d’une plénitude que l’on ressent souvent devant le beau. Devant l’unique. 

Mais si l’on ne peut se priver de barboter quiètement, l’on a surtout hâte de découvrir les terrains de tennis. Un couvert, trois extérieurs, du green set et du gazon synthétique, deux pistes de Padel, un city stade, un espace de jeux pour occuper les enfants pendant que les parents tapent la balle… À la baguette de la rénovation des courts, LUX Tennis y a aussi créé un Pro Shop où s’équiper (et acheter des tee-shirts et des magazines Courts). Et, parce qu’on ne peut imaginer un séjour à Evian sans entraîner ses putts, on va forcément faire un tour du côté de l’Academy, l’école de golf… Juste avant de se détendre au spa !

© Edouard Guibaud

Rêver avec LUX Tennis… et jouer avec Carlos Alcaraz ?

Disons-le à nouveau, un peu différemment : au tennis, on joue quelque part. Mais aussi avec quelqu’un… Si le rêve d’un amoureux de ce sport le mène de la Réserve de Genève au Bürgenstock, avant de revenir en France, peut-être ce rêve serait-il encore plus beau si son partenaire était numéro un mondial ou joueur du Top 10 ?

Et si…? « C’est un service récent que l’on propose aux hôtels, que l’on a nommé LUX Tennis Star Events », développe Joan Soler, le fondateur de LUX Tennis. « Faire en sorte que ceux-ci permettent à leurs clients de jouer avec des stars ou d’anciennes stars du tennis. L’année dernière, on a organisé 18 événements. » Les plus heureux ont ainsi pu taper la balle avec Carlos Alcaraz à l’Abama Resort, à Tenerife, et Iga Świątek à Cap Juluca, sur l’archipel d’Anguilla. Oui. Avec Mary Pierce aux Maldives. Avec Guy Forget à la Réserve de Genève. Avec Martina Hingis, pendant une semaine, à l’Interalpen-Hotel Tyrol. « Martina jouait 1h30 par jour avec les clients de l’hôtel, qui ont également eu des temps d’échanges avec elle. » La Suissesse est déjà venue à la Réserve de Genève deux fois, une fois à l’Evian Resort et une autre fois au Bürgenstock. David Ferrer, de son côté, a également fait le Bürgenstock et était présent, mi-octobre, à la Réserve. Iva Majoli et Sabine Lisicki joueront sous les fameux Diamond Domes en octobre et novembre 2023. Enfin, sont également annoncés Alexander Zverev au Patina Maldives. Et Carlos Alcaraz, une nouvelle fois.

 

Guy Forget à la Réserve de Genève, Majoli et Lisicki au Bürgenstock, Chang à Evian…

« Si beaucoup de ces événements sont réservés aux clients de l’hôtel, on organise aussi des sessions publiques », continue Joan Soler. « Quand on a fait jouer David Ferrer à la Residencia, à Majorque, les gens du coin pouvaient réserver leur leçon avec lui et les passionnés prendre un Airbnb à côté pour participer. » Michael Chang est ainsi venu au Royal, à Evian, cette année, pour un cours forcément mémorable. « Tu es à Evian, ou dans le coin, tu as Michael Chang qui vient à côté, tu as cette occasion unique de jouer avec lui ! Peu importe le niveau, tu joues, tu discutes, tu repars avec ta photo, ta casquette ou ton polo signés… C’est une expérience rêvée pour un amoureux de tennis. »

Une expérience qui se développe toujours plus. L’avenir pour LUX Tennis ? « S’implanter aux États-Unis et dans les Caraïbes. Mais aussi développer nos services pour des clients privés. On propose déjà beaucoup de choses en ce sens: un client qui voyage à Paris pour le travail, qui veut prendre un cours de tennis ou taper la balle, peut nous contacter. On lui trouve un coach, des courts… On travaille à développer nos activités pour le particulier, à travers un membership qui verra bientôt le jour. » 

En attendant, on a rêvé les yeux ouverts, quelques jours durant, sur ces “diamond courts” si précieux des lacs Léman et de Lucerne. Et on les ferme encore aujourd’hui pour songer à d’autres joyaux sur le golfe d’Oman, l’île Maurice ou la Riviera Maya. Avec le numéro un mondial de nos rêves de l’autre côté du filet… 

 

*L’Invitation au voyage, Charles Baudelaire

**L’Inde (sans les Anglais), Pierre Loti

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

Le plus grand

© Antoine Couvercelle

Il m’aura fallu 12 années de domination et 24 Grands Chelems pour me rendre à l’évidence : Novak Djokovic est non seulement le plus grand statistiquement, mais il est aussi et surtout le plus grand tout court. Pourquoi cet éclair de lucidité soudain ? Peut-être parce que deux Grands Chelems de plus que Nadal, c’est l’assurance définitive que son éternel rival, en fin de course, ne reviendra plus ; peut-être parce qu’il compte désormais une moyenne hallucinante d’un Grand Chelem remporté toutes les trois participations, 24 sur 72 ; peut-être parce que gagner l’US Open après en avoir été banni l’année précédente, comme l’Open d’Australie en début d’année, c’est une manière parfaite de clore un chapitre qui aurait pu faire vaciller sa légende, et qui aura fini par l’élever encore davantage ; peut-être parce que Kobe Bryant était l’une de mes idoles et que l’hommage de Djokovic pour son ami regretté m’a ému aux larmes ; peut-être parce que Djokovic, l’année de ses 36 ans, vient de sortir de son chapeau un quatrième Petit Chelem, le deuxième en trois ans, un exploit que Federer et Nadal n’auront jamais pu accomplir dans leur trentaine ; peut-être tout simplement parce que la mienne approche, de trentaine, et qu’il est temps de trancher ce débat qui a occupé toute ma vingtaine.

Vous me direz : comment mesure-t-on la grandeur en tennis, et peut-on seulement la mesurer ? Dans cet essai, je…

Froidement, prenons d’abord les chiffres. Le nerf de la guerre. Dans un futur proche, possiblement dès 2024, Djokovic deviendra le premier membre d’un club unique : le 25-40-400 (25 Grands Chelems, 40 Masters 1000, 400 semaines passées à la première place mondiale). Vingt-cinq, quarante, quatre cents. Vingt-cinq, quarante, quatre cents ! Il faut se le répéter plusieurs fois pour y croire. Pour la forme, ajoutons-y les 7 années conclues tout en haut du classement (bientôt 8 ?) ; les plus de 83 % de victoires en carrière ; les plus de 250 victoires sur des pensionnaires du top 10… Rien ne sert de toutes les citer : prenez n’importe quelle ligne statistique, celle à laquelle vous êtes le plus sensible, et vous avez de fortes chances d’y retrouver Djokovic (loin) devant.

En comparaison directe avec ses co-stars du Big 3, Djokovic l’emporte également sur (presque) tous les terrains. Dans les confrontations ? 27-23 contre Federer, 30-29 contre Nadal. Plus indicatif encore : depuis Wimbledon 2012, Djokovic est invaincu contre Federer en Grand Chelem (6-0) ; depuis l’US Open 2013, Djokovic est invaincu contre Nadal hors terre battue (10-0). L’avènement du Serbe en 2011 représente le point de départ d’une longue procession dont l’on a toujours su – l’interlude 2016-2018 mis à part – qu’elle le mènerait à son Mont Kopaonik : le statut de Greatest Of All Time par les chiffres.

© Virginie Bouyer

Par plusieurs exploits homériques qu’il partage avec lui-même, Djokovic a donné de la substance à ces chiffres. À la genèse des 12 années de domination, il y a les 43 victoires consécutives, un record dans la configuration actuelle du circuit ; six mois en apesanteur où il était devenu impossible de battre un joueur jusque-là connu pour ses friabilités mentales et physiques. Le Grand Chelem à cheval sur 2015 et 2016, ensuite : jamais personne avant Djokovic, chez les hommes, n’avait détenu les quatre Majeurs sur trois surfaces simultanément. Comment le blâmer d’avoir fait un burn-out après avoir brûlé le jeu ? Mais puisque Djokovic est insatiable de records, son retour au premier plan à l’été 2018 correspond à un autre épopée fabuleuse, achevée à Cincinnati : les neuf Masters 1000 en carrière, tous tamponnés sur son passeport. L’amoureux des langues et des cultures aura mis un point d’honneur à gagner à Monte-Carlo et Rome, là où Federer n’a jamais gagné, et à Miami, Shanghai et Paris, là où Nadal n’a jamais gagné. Enfin, il y a le presque Grand Chelem calendaire, en 2021, dont l’épilogue malheureux en finale de l’US Open contre Daniil Medvedev – une défaite sèche et des larmes humides – ne doit éclipser le caractère exceptionnel de la performance. De notre vivant, nous ne reverrons certainement jamais quelqu’un voler aussi près du Grand Chelem. Djokovic 2021, c’est la légende d’Icare appliquée au tennis.

Quand « Nole » ne sera plus joueur de tennis, au-delà du quantifiable, resteront les matches et les histoires. Son sourire en coin avant de planter Federer d’un retour gagnant assassin sur balle de match contre lui à l’US Open 2011 ; le « This is Sparta! » hurlé avec Gerard Butler dans les coursives du Arthur Ashe Stadium après la finale de l’US Open 2015 ; ces deux balles de match sauvées, encore, et ce sourire en coin, toujours, au moment de toiser la foule hostile, un brin d’herbe dans la bouche, après avoir triomphé de Federer en finale de Wimbledon 2019 ; le troisième set monumental contre Nadal à Roland-Garros 2021, en nocturne, qui aura indirectement levé le couvre-feu en France ; ce combat de près de quatre heures contre Carlos Alcaraz, un jeune homme de 16 ans son cadet, en finale de Cincinnati 2023, parachevé par un arrachage de chemisette à la Hulk, comme en finale de l’Open d’Australie 2012 – comme pour rappeler qu’il est l’antagoniste ultime.

S’il fallait ne retenir qu’un match, et qu’une seule histoire, c’est justement l’Open d’Australie 2012 que je choisirais, tant il réunit tout. 5 h 53 inégales mais tellement prenantes contre le rival de sa deuxième partie de carrière, Nadal. D’innombrables retournements de situation et une victoire inéluctable de Djokovic 7-5 au cinquième. Leurs jambes qui lâchent les deux rivaux lors de la cérémonie de remise des trophées. Et puis l’après. Un deuxième match après le match. Retenu pendant près de deux heures au contrôle anti-dopage car totalement déshydraté, Djokovic, qui ne boit pas d’alcool, est contraint de descendre une bière pour accélérer le processus. Lorsqu’il est enfin libéré, il est 3h30 du matin en Australie. Pompette, Djokovic décide d’aller crasher la fête des bénévoles. Il débarque en fanfare, s’empare du micro, monte sur une chaise et demande à l’assistance ce qu’elle souhaite qu’il lui chante. Réponse collégiale : AC/DC. « I’m on a hiiighwaaay to heeell », s’époumonne-t-il. Pendant une demi-heure de karaoké, avec sa conférence de presse à effectuer dans la foulée, le Djoker s’abandonne et donne à une foule de quidams des souvenirs pour la vie. Ceux qui y étaient diront que cela valait n’importe quelle afterparty des Oscars.

© Ray Giubilo

Une autre fête, celle de ses 18 ans, juste avant Roland-Garros 2005, raconte Djokovic et dessine son destin. À Belgrade, dans son fief, Djokovic est entouré par famille et amis… et par Sergej Trifunović, l’un des acteurs les plus populaires du pays. Pour l’occasion, ce dernier a composé une ballade qui suggère que Djokovic déboulonnera Federer et Nadal un jour. Entre deux chants d’anniversaire, celle-ci est entonnée à tue-tête par les convives et par le principal intéressé. Bien avant 2011, il est déjà clair que la Serbie a un incroyable talent.

En réalité, c’est en 1999, en pleines Guerres de Yougoslavie, durant ce que les Serbes appellent aujourd’hui les « 78 jours de la honte », que se trouve l’essence de Djokovic. En plein cauchemar éveillé, son grand-père, Vladimir, l’abrite chez lui des bombes de l’OTAN ; sa professeure de tennis et éternelle ange gardien, Jelena Gencic, choisit leur lieu d’entraînement en fonction d’où elles sont tombées la veille, gageant qu’elles ne tomberont pas deux fois de suite au même endroit. En 2012 puis 2013, Djokovic sera frappé par le deuil de deux des personnes les plus importantes de sa vie. Par deux fois, sa réponse sera magnifiquement emprise d’émotion : à Monte-Carlo 2012, où il trouve la force d’entrer sur le court et de gagner en hommage à « Vlado », quelques heures après avoir appris sa mort ; puis à Roland-Garros 2016, où il honore la dernière volonté de « Jeca », celle que son élève réunisse les quatre Grands Chelems.

Construit dans l’opposition forcée – à la guerre, à Fedal – et marqué par une extraordinaire capacité de résilience, Djokovic a tracé un chemin profondément singulier et polarisant. Dans les années qui viennent, puisque le n°1 mondial a déclaré vouloir jouer jusqu’aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, en espérant avoir décroché cette médaille d’or qu’il désire tant dès Paris 2024, il y aura sûrement d’autres brins d’herbes avalés, d’autres polos arrachés, d’autres téléphones raccrochés au menton imberbe de jeunes joueurs mi-agacés, mi-honorés – il se dit que Ben Shelton a adoré – et d’autres variantes. Vous avez le droit de le détester. Avec l’âge, Djokovic continuera d’être lui-même, sans compromis, loin de l’époque people-pleaser qui a brouillé son image. Sa deuxième partie de carrière – désormais aussi prolifique que la première, 12 titres du Grand Chelem chacune – a marqué un vrai changement à cet égard. Oui, Djokovic veut battre tous les records. Oui, Djokovic se nourrit de l’animosité autour de lui. Il est le anti-héros qui a vécu suffisamment longtemps pour devenir le héros.

Si 2023 restera comme l’année où le Serbe est devenu le recordman du nombre de titres en Grand Chelem, elle constitue l’auto-acceptation définitive de sa nature. En réponse à cela, nous nous devons d’être honnêtes avec nous-mêmes. C’est en appréciant Djokovic pour qui il est, pour ses qualités et ses défauts, pour ses réussites et ses ratés, que j’ai compris qu’il était le plus grand joueur (masculin) de l’histoire du tennis, sans astérisque ni technicalité. Le plus grand tout court, sans qu’il soit nécessairement possible de le prouver formellement autrement que par les chiffres. Doit-on tout justifier, tout rationnaliser ? On le sait, c’est comme ça. When you know, you know. Même Nadal l’a reconnu à demi-mot après l’US Open. La réalisation a été collective. Novak Djokovic est le GOAT de ce sport. Il est celui à qui ce statut tenait le plus à cœur et il l’a obtenu. Cela n’enlève rien aux autres, et cela fait un bien fou de le dire. 

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

FILA Loves Courts

 50 Years of FILA on Open Courts

Björn Borg, FILA Brand Ambassador  © Fondazione FILA

Into a new decade, out of the late 1960’s and into the early 70’s, emerged a young designer named Pierluigi Rolando. Fresh from a failed textile venture, Rolando set up a meeting with Enrico Frachey, one of the founders of the modern FILA. The “Doctor,” as he was called, had an agenda, to turn the loom-making-turned-undergarment company into an international sportswear brand. Frachey instructed Rolando to “think of new horizons.” 

“Frachey, who had by this time become Enrico to me… had noticed that tennis was becoming an interesting market for new kinds of clothing. Tacchini had just introduced a line of tennis wear, thanks to his experience as a champion in the sport,” said Rolando. “We decided to do a tennis collection and it was the beginning of an extraordinary adventure that launched us into the firmament of the greatest planetary success of all time.”  

And just like that, Rolando staked the FILA flag into tennis history with the “White Line,” an enduring Italian riff on performance sportswear. The company found two players, Paolo Bertolucci and Adriano Panatta — rising stars on the Italian tennis courts —to wear its clothes, linking the FILA® brand with champions and introducing the world to the marketing strategy now known as endorsements. “The product… was there. The logo was there. The only missing element was the emotion connecting the product to the consumer,” wrote Marco Negri who at the time was the Vice President Fondazione FILA Museum, as seen in the book Tutti in FILA by Pierluigi Rolando. “Having sportswear worn by the best players generated a particular reaction in consumers, as if by wearing them, they would have had the chance to ‘walk in the shoes’ of their sports idol.”

In 1911, Giovanni Fila, a woodworker, got a new clientele: local weavers  who needed their frames repaired. Seeing the prospects and profits available in textile manufacturing, he decided to establish his own textile company. He created Fratelli Fila®, a spinning factory for carded and combed wool, the most typical and widespread among the manufacturers in Northern Italy at the turn of the 20th century. In 1926, the family began to manufacture underwear for men, women and kids before expanding into outerwear apparel at the end of the 60’s. This expansion allowed FILA to grow and blossom through post-war social turbulence, political change and technical and economic innovation to revolutionise clothing design.

But patriarch Giovanni Fila could have never imagined how iconic his designs would become. By 1973, after five decades of building its business, FILA changed everything and entered the sports market with its “White Line” tennis collection — the discipline that would catapult the company to international acclaim. But the company didn’t stop there. In addition to bringing colour and the red-and-navy “F-Box” logo to the world of tennis, which had been previously played strictly in white, FILA carried its zeitgeist to mountain wear, swimming, golf and other athletics. “Companies have traits in common with humans. In the same way as humans, companies are born with a specific DNA that, unlike the human one, may be changed throughout their existence,” Frachey wrote. Since then, FILA has continued to create, pioneer and lead the way in modern sportswear. Through figures from Australia to America who would don the Italian brand while accomplishing some of the greatest athletic feats in history: Bjorn Borg’s five consecutive Grand Slam wins on grass from 1976 to 1980; Reinhold Messner’s legendary solo ascent of Mount Everest without supplemental oxygen; Ingemar Stenmark’s 1978 World Cup in skiing in Garmisch-Partenkirchen, Germany; and 32 medals for FILA athletes in Los Angeles in 1984. 

© Fondazione FILA

The Birth of Iconic Kit:

Pierluigi Rolando — the man who would reinvent FILA — was born in Ronco, a small town near the FILA headquarters in Biella, and grew up in Torino, a city he loved and hated. For this reason, when it came time for advanced education, he attended the University of Leeds, in England, where he learned not only textile engineering, but also the feelings behind fashion through the concept of “mood boards.” Dr. Frachey and Giovanni’s grandson, Giansevero Fila, invited Rolando for an interview at the end of the 1960s. After exchanging niceties, they immediately asked Rolando if he knew how to convert a set of underwear samples into knitwear manufacture. When he replied “yes,” he earned the job. 

By 1968, the Fila family chose to split the company in two groups, the majority group included Maglificio Biellese MABY, which continued to specialize in underwear. But Maglificio Biellese soon began to experience  a sharp drop in the sales due to a change of lifestyles and tastes, thus resulting in a decline in underwear sales. MABY had to catch the new trend of customers’ tastes. Giansevero Fila, the co-leader with his father Ettore, appointed new leadership from outside the family. One of them was Frachey, who was in charge of designing and implementing a renovation strategy in this challenging transition. 

Frachey and Rolando spent long hours brainstorming sketches, followed by interminable discussions outlining the execution of concepts. There was demand for a tracksuit, an item that would become part of every person’s wardrobe — athlete or not — for after work, for relaxing and even for looking like the champions seen on tv and in magazines. The tracksuit would become that bridge garment between sports and leisure. The first tracksuit for tennis was created during one of these marketing meetings. 

“We had noticed that tennis was becoming an interesting market for new kinds of clothing. Tacchini had just introduced a line of tennis wear, thanks to his experience as a champion in the sport. In the USA, the sport was becoming widespread in the clothing market as well as equipment and footwear,” Rolando wrote in his seminal book Tutti in Fila. “Ever since I was a young kid in Biella, I had been going to the tennis club near the soccer stadium. I played with my childhood friends… Enrico convinced Giansevero to consider getting into this market that had a lot of potential.”

Rolando used existing machinery to create a line in which the undergarments, the shirt, the shorts, and the outer garments, the track suit or sweater, all worked together within a colour scheme based on the negative/positive dichotomy, or rather, light colours underneath and dark colours on top. “We understood that in the United States, and more precisely in California, people tended to avoid the colour white as much as possible because it was too bright for the television cameras… it was probably a good idea to introduce color,” Rolando wrote. Rolando designed shirts with a very light shade of color as a base and something much deeper at the collar and the front snap openings, a dazzling white with a navy collar and a red snap flap, or an ècru base with the same combination. When confronted with a light blue or light green pastel, Rolando made the contrast with a deeper and more intense hue — the similar colours were then repeated on the outerwear. 

For the track suit, Rolando looked to the English Royal Guard and penguins for inspiration for added flourish. “We used the first for the faultless red chevrons on their sleeves and the latter, because dressing the tailcoat, they could not have been less elegant than anyone else,” Rolando wrote in Tutti in Fila. “Over the years, I noticed that penguins and robins have a natural elegance thanks to their colouring, a black or a dark colour on the top and back and lighter colours under the arms and on the front of the body.  This, as well as the chevrons, helped me immediately conceptualize the first track suit that was going to overlap from sportswear to streetwear.”

The revolution continued. The FILA “F-Box” logo needed an upgrade: Sergio Privitera, a marketing manager, showed the team an “F” divided in two, with the upper F-line disconnected from the lower half in navy and red — the fashionable colours of the moment. After the “White Line” had its initial success in Italy on the backs Paolo Bertolucci and Adriano Panatta — rising stars on the Italian tennis courts — FILA started casting further afield. 

 

FILA Crosses the Oceans

From the start, FILA’s tennis White Line was enormously popular in the USA, despite the fact that Panatta was virtually unknown in the States. The American market rewarded a collection that had brought something new to the market, a combination of sportswear with a fashionable flair. During this time a young Swede was climbing the tennis ladder “by using his racket as if it were a cudgel,” Rolando wrote. “Everyone wanted a piece of Bjorn Borg.” Frachey had already procured Borg in an endorsement deal inked at the 1975 MIAS and told to work on a new collection for Borg. For that, Rolando needed to figure out how to put printing on tubular knitwear — something that was akin to “putting a tattoo on a boa constrictor… while it’s moving!” 

As in all of Rolando’s creations, there was the fundamental nod to the past and history, along with something new and up-to-date. Rolando looked to the 1920s and 1930s Brooklyn Dodgers for inspiration, whose uniform used a simple unremarkable stripe that became a symbol of its most famous player: Babe Ruth. Rolando measured the stripes exactly and then decided to avoid printing the stripe on both sides of the shirt for simpler mass manufacturing. Borg brought great success to FILA sportswear by winning titles in London five times. Through this radical change in sports apparel, FILA produced over  five million iconic  shirts

Borg retired for the first time in 1981 at age 26, but FILA was just getting started. In women’s tennis, an Aboriginal Australian athlete named Evonne Goolagong arrived on the scene and FILA signed her, giving her a look that evoked the Burcina Natural Reserve, which she had admired in Piedmont. The Argentinian tennis player, Guillermo Vilas, had a strong and imposing physique, which Rolando symbolised with two navy or red horizontal striped motifs on the sides of the shirt, while covering the top part of the shirt with navy or red, juxtaposing the colour of the stripes. In 1987, Boris Becker joined, followed by Monica Seles, who created her own line of flowery, pastel tops and bottoms in 1993. During Jennifer Capriati’s 2001 comeback swing, FILA  sponsored her and when she won her two Grand Slam titles, extended her contract three years. And Belgian Kim Clijsters signed with FILA just before making her first Grand Slam final in 2001.

© Ray Giubilo

FILA Enters  Footwear

FILA Holdings in 1983, decided to diversify once more and granted a contract to the Lario shoe factory to make the first FILA shoe prototype, a red-and-navy sandal. From there, FILA created the white leather Original Tennis trainers with red and navy stripes on the sides and a small FILA F-box on the tongue. In the US, FILA gave artistic license to designers Kevin Crowley and Jack Steinweis to create the Take, Targa and Tennis 88 — a riff on the Original Tennis shoes. FILA then chose rising Detroit Pistons star Grant Hill for its first venture into basketball, selling nearly two million pairs of the Grant Hill 2. Soon FILA counted Nike, Adidas and Reebok as their competitors. 

More collaborations followed. Using the Borg pinstripe, FILA created the BB1 polo in colours from pink to yellow to navy to green. The tracksuit Settanta jacket that FILA Brand Ambassador, Bjorn Borg wore over his pinstripes in the 80s — the one with the classic navy colourway, gardenia detailing under the arm, the waistband with red stripes and baseball style collar — still sells in the millions. With Brooks Brothers, FILA came out with the FILA Milano Fit Performance Fun shirt featuring a button-down collar, contrasting sleeves, and a colour block design. The FILA x Brandon Maxwell crossed FILA’s classic navy and green and Maxwell’s playful pink and red in a quarter zip, a flirty flare skort and a two-piece polo tank. FILA x Mini Rodini blended whimsical with practical animal prints for kids and FILA x MSGM took the Axilus 2 Energized performance tennis shoe and customised them with MSGM patches in black/red and white/yellow colour combinations.

FILA didn’t just settle for partnerships with tennis players, the company branched out into supporting major tournaments around the world, including the BNP Paribas Open, Infosys Hall of Fame Open, Western & Southern Open, Japan Open, China Open, National Bank Open, Argentina Open, amongst others.At the 2023 edition of the BNP Paribas Open FILA  brought artefacts from the brand’s history, including archival outfits, from the Fondazione FILA Museum in Biella, Italy, to the company’s on-site store at the Indian Wells Tennis Garden. There, FILA also debuted the “Tie Breaker” collection giving its current roster of players, Barbora Krejcikova, Karolina Pliskova, Reilly Opelka and Diego Schwartzman a fresh look for spring. 

This new era of icons included the recently retired Ashleigh Barty, who gave homage to the first indigenous woman from Australia to win a title in London, Evonne Goolagong Cawley. On her own run in London in 2021, Barty wore a tank top and with a laser-cut floral pattern, echoing the embroidered flowers and scalloped hemlines that appeared on Goolagong Cawley’s 1971 dress. When Leo Borg decided to come into the FILA fold, he began to sport a new twist on the classic stripes — this time horizontal — and reignited its relationship with his 67-year-old father, who regularly wears a solid polo to most events. 

As FILA’s celebration of 50 Years in Tennis continues, the company is reflecting on the past, while working towards the future with a plan to launch new products throughout the seasons that still push the boundaries of performance and style. “FILA has been a brand that has stayed true to itself and those are always the brands that withstand time the best,” said Reilly Opelka, a current member of Team FILA. “I love the tracksuit, I think it’s iconic FILA. When I am going to Milan for fashion week, it is the only tennis piece that ends up in my suitcase. I like its heritage. ”

© Ray Giubilo

Jeu 

Set & Bench

Au-delà de l’action effrénée sur les courts de tennis se trouve un élément souvent négligé, mais ô combien essentiel : le banc de tennis. Plongez dans cet univers fascinant à travers l’objectif de Cédric Delmont, qui révèle la grâce et la fonctionnalité de cet objet de manière inattendue. « Jeu, Set et Bench » est une série de photographies qui explore non seulement le design et l’intégration du banc sur les courts de tennis, mais aussi son rôle emblématique en tant que témoin et refuge pour les joueurs. Découvrez comment ce banc, en apparence anodin, devient le protagoniste silencieux de l’histoire du tennis, incarnant l’âme même de ce sport.

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.

Être fan, ce n’est pas faire partie d’une secte

Roland-Garros, juin 2023

Si vous aimez Novak Djokovic, vous la connaissez forcément. Julie, nom de code « @NDjokofan », est devenue l’une des supportrices les plus identifiables du Serbe grâce aux nombreux contenus qu’elle poste sur ses réseaux, souvent au plus près des exploits de son joueur favori. Son fanatisme exacerbé l’a conduite à une vie d’aventures et de passion, qu’elle nous raconte ici avec beaucoup de gouaille.

 

Elle est à la fois dans l’ombre de Novak Djokovic tout en étant dans la lumière de ses plus grands succès. Partout où il passe et surtout partout où il gagne – pléonasme –, Julie est là. Ou pas loin. Vous ne pouvez pas la rater, ne serait-ce que par sa longue chevelure frisée et dorée qui la rend identifiable entre mille sur les clichés de liesse. 

À 33 ans, cette Poitevine aujourd’hui établie à Londres, où elle enseigne le français, est une figure éminente de la #NoleFam, ainsi que Novak Djokovic surnomme lui-même la communauté de ses fans à travers le monde. Aux manettes de la page « NDjokofan », depuis laquelle elle poste du contenu de son champion à ses plus de 60 000 followers (Instagram, X et Facebook confondus), Julie, qui préfère ne pas dire son nom, passe le plus clair de son temps à le suivre partout dans le monde, promouvoir son image tout en collaborant à la confection du « Novak Books », un livre publié chaque saison qu’il termine en qualité de n°1 mondial, et qui lui a valu de l’interviewer en personne à Monte-Carlo, en 2022.

Logo de Djoko tatoué sur le bras et passion chevillée au corps, elle s’est ainsi construit une vie de voyages et d’aventures qui méritera peut-être un jour un livre. En attendant, elle raconte.

Belgrade, novembre 2021

Courts : Comment a débuté votre histoire avec Novak Djokovic ?

Julie : La première fois que je l’ai remarqué, c’est lors de sa fameuse conférence de presse donnée à Roland-Garros en 2006 après sa défaite en quart de finale contre Rafael Nadal. Il avait abandonné après avoir perdu les deux premiers sets mais il avait déclaré qu’avant cela, il n’avait pas l’impression d’être spécialement dominé. Déjà, on voyait qu’il ne manquait pas d’ambition ! Je l’avais aussi remarqué parce qu’il portait le maillot de l’équipe de France de foot – c’était en pleine Coupe du Monde. Il avait vraiment attiré mon attention et je m’étais dit que ce joueur méritait d’être suivi. Je joue au tennis depuis l’âge de 7 ans et j’ai commencé à suivre ce sport bien avant Djokovic. Mais aucun autre joueur n’avait suscité en moi une telle passion.

 

C : Alors, pourquoi lui et pas un autre ?

J : C’est toujours difficile à dire. À ses débuts, Novak était le numéro 3, derrière Federer et Nadal. Un peu contre toute attente, il a fini par les détrôner, puis battre tous leurs records. En soi, c’est assez inspirant. Moi, en tout cas, cela m’a inspirée dans ma vie personnelle, en me prouvant que rien n’est jamais impossible. Aujourd’hui encore, je m’inspire au quotidien de ce qu’il est, de ce qu’il a accompli pour essayer de m’affranchir de mes propres barrières. Novak, à la base, c’est quelqu’un qui est parti de pas grand-chose, sa famille était loin de rouler sur l’or. Et il est arrivé tout en haut. Je suis extrêmement admirative de son parcours.

 

C : Que représente-il pour vous aujourd’hui ?

J : C’est l’idole de ma vie. Je suis également de fan de Tom Fletcher, que je considère aussi comme une idole. Mais Novak a largement surpassé tout ça. J’ai tellement de respect pour tout ce qu’il a accompli, quand on sait tout ce qu’il a pu endurer. C’est aussi quelqu’un qui a ranimé mon amour pour le tennis à une époque où, pour différentes raisons personnelles, je l’avais un peu perdu. Rien que pour cela, je lui en serai toujours reconnaissante. En fait, Novak est une source d’espoir infinie pour moi. Le mot « espoir » est vraiment celui qui le représente le mieux à mes yeux. Jamais je n’aurais cru pouvoir vivre toutes les expériences que j’ai vécues. Tout cela a été possible grâce à lui. 

 

C : Vous êtes tout de suite devenue une fan très assidue, prête à aller le voir jouer partout dans le monde ?

J : Non, puisqu’il s’est écoulé dix ans entre la première fois où je l’ai remarqué et la première fois où je l’ai vu jouer en vrai. C’était au Masters de Londres, en 2016. Cette semaine-là, c’est aussi la première fois où je l’ai rencontré. Un soir, j’étais allée l’attendre à son hôtel. Quand il est arrivé, il a eu la gentillesse de me saluer et ce qui m’a marquée, c’est qu’il avait enlevé sa casquette pour le faire. J’avais trouvé ça très respectueux. Le fait de le voir en vrai, ça a été une véritable révélation. À partir de là, je me suis mise à le suivre plus intensément sur les tournois, et aussi à être plus active sur les réseaux, jusqu’à créer en 2018 la page « NDjokofan ». 

Belgrade, novembre 2022 

C : Désormais, entre vos déplacements et votre activité sur les réseaux, c’est quasiment une activité à temps plein, non ?

J : Disons que c’est beaucoup de temps ! Aujourd’hui, par exemple, je suis d’ores et déjà en train d’organiser et de budgéter la saison 2024. Je planifie mes déplacements selon mes vacances, je regarde les bons plans pour les hôtels, etc. Être fan, c’est une forme de dévotion, quelque part.

 

C : Est-ce aussi une forme d’amour ? Plus directement : êtes-vous amoureuse de Novak Djokovic ?

J : Attention à ce que vous dites : j’aime Novak, mais comme mon frère ! Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. Je ne suis absolument pas amoureuse de lui. C’est le genre de « m… » que j’entends souvent. Mais Novak, pour moi, c’est la famille. D’ailleurs, j’aime beaucoup sa femme aussi, avec qui je m’entends très bien, ainsi que les membres de son équipe. Donc quelque part, oui, je l’aime, mais pas au sens où vous l’entendez. Mais c’est intéressant que vous me posiez la question. Poseriez-vous la même à un fan de Cristiano Ronaldo, par exemple ? Non ! Je suis désolée, mais c’est du sexisme. Une fille qui est fan d’un mec, c’est forcément de l’amour… 

 

C : Finalement, comment décririez-vous votre relation à lui ?

J : Je n’aime pas le terme de « groupie », qui a une connotation un peu péjorative. Pour moi, la groupie, c’est celle qui balance son soutif sur la scène d’un chanteur de rock. Je ne veux pas non plus qu’on dise que je suis sa fan numéro 1, parce que cela n’a pas de sens. Il n’y a aucune hiérarchie à faire entre les fans. Certains n’ont pas la chance de pouvoir voyager sur les tournois, ce n’est pas pour autant qu’ils sont « moins fans » que moi. Mais c’est vrai qu’au fil du temps et des moments passés avec lui, j’ai tissé avec Novak une relation, disons, unique.

 

C : Jusqu’à atteindre le Graal : jouer au tennis avec lui à Belgrade, en 2021. Comment cela a-t-il pu se faire ?

J : Cela faisait longtemps que je rêvais d’aller le voir à Belgrade, et j’ai fini par m’y rendre en octobre 2021. Pendant mon séjour, je suis allée assister à l’un de ses entraînements et à la fin, il est venu me parler et m’a interrogée sur son nombre de semaines passées à la place de numéro 1 mondial. Je lui ai dit : « Ok, mais si je réponds juste, tu me fais jouer cinq minutes ? » Banco. J’avais une pression pas possible. Quand j’ai donné ma réponse, je l’ai vu se « googliser » lui-même pour vérifier. Bon, il s’avère que je me suis trompée de deux semaines. Mais il m’a fait jouer quand même et ça a été un moment magnifique, l’un des plus beaux jours de ma vie. 

Belgrade, avril 2022 (mon anniversaire)

C : Vous avez vécu d’autres anecdotes de ce genre avec lui ?

J : Toujours à Belgrade, il s’est mis une fois en pleine rue à chanter « Julie », une chanson qui avait été présentée par la Yougoslavie à l’Eurovision dans les années 80. Cela me rappelle aussi cet épisode à Monte-Carlo en 2022. Je marchais pour aller prendre mon bus quand tout à coup, j’entends quelqu’un crier : « Julie, Julie ! » C’était Novak, dans sa voiture, à un feu rouge. Et puis, cette année, il y a eu bien sûr cet épisode à Roland-Garros, quand il m’a tendu la coupe après sa victoire. 

J’entends parfois que mon but est uniquement de m’afficher avec lui, comme récemment quand j’ai posté une séquence où il me fait un gros câlin avant mon départ de l’US Open. Mais pas du tout. Moi ce que je veux, c’est montrer qui est Novak. Et parfois, cela passe par montrer la façon dont il se comporte avec moi. Désormais, je dois me protéger un peu car le fait de partager des séquences sur les réseaux me vaut aussi beaucoup de critiques, voire des insultes.

 

C : Par exemple ? 

J : Je vois un peu de tout. On me dit que je suis une « stalkeuse », que je voue un culte à Djoko, que je mens aussi parfois… Sans parler des critiques sur Djokovic lui-même, bien sûr. Il arrive même que cela parte en attaques personnelles, sur mon physique ou autres. La plupart du temps, tout cela me passe au-dessus. Un truc néanmoins qui me pose problème, c’est quand on dit que je suis payée par Djokovic. Tout simplement parce que ce n’est pas la vérité. Les gens qui font cette critique n’ont aucune idée des sacrifices que j’ai pu faire, financièrement ou personnellement, pour soutenir Novak. Je sais que les moments privilégiés que j’ai passés avec lui peuvent susciter de la jalousie. Mais je n’empêche personne de faire la même chose.

 

C : L’ère du Big Three a un peu été polluée par les guerres permanentes entre les fans de Djokovic, Federer et Nadal. Comment l’avez-vous vécu ?

J : Franchement, cela ne m’a pas gâché la vie. C’est vrai que cela peut être un peu pénible, parfois. Mais pour moi, il y a les réseaux sociaux d’un côté, et la vie de l’autre. En général, dans la vie, les gens sont plus honnêtes. Il arrive qu’on me dise : « moi, Novak, je n’aime pas son jeu », ou alors « je ne l’aime pas parce qu’il est en train de battre les records de mon favori. » Ça, les gens ont le droit. Et je préfère qu’on me dise cela directement. Le problème, sur les réseaux, c’est qu’on essaye toujours de se justifier et on peut vite tomber dans la mauvaise foi. Ce n’est pas la peine. Moi, je n’ai jamais essayé de convaincre qui que ce soit. Si des gens n’aiment pas Novak, c’est déjà foutu. 

 

C : Et vous, que pensez-vous de Nadal et de Federer ? Vous ne les aimez pas trop ?

J : Je ne les déteste pas du tout et je respecte ce qu’ils ont apporté au tennis, d’autant que c’est grâce à eux que Djokovic est devenu ce qu’il est devenu. Mais naturellement, je les aime moins que Novak. Rafa et Roger sont de grands champions à mes yeux mais j’avoue qu’il y a parfois eu des petits coups ou des petites déclarations par-ci par-là de leur part sur Novak que je n’ai pas trop appréciés. Par exemple, le commentaire fait par Rafa lorsque Novak a été exclu d’Australie en 2022, quand il avait dit que les règles étaient là pour être respectées. C’était un manque d’empathie assez flagrant. Cela m’a fait de la peine que Rafa s’exprime ainsi parce que je sais que Novak ne l’aurait jamais fait. Trouvez-moi des interviews où il a lancé de telles piques à ses rivaux ? Il va falloir aller chercher très loin…

Paris Bercy, novembre 2018

C : Djokovic reste aujourd’hui, d’une manière globale, le moins populaire des trois. Chacun a sa petite explication là-dessus, quelle est la vôtre ?

J : La première raison, ce sont les médias, qui ont créé cette « bromance » entre Roger et Rafa en dépeignant Novak comme le Serbe de service qui vient un peu gâcher la fête. Quand on rabâche pendant des années que Djokovic est moins aimé, les gens finissent par le croire. Mais il me semble que les choses ont changé. Quand Lacoste a signé Djokovic, en 2017, ses tenues ne se vendaient pas énormément au début. Maintenant, c’est « sold-out » tout le temps. Beaucoup de gens, des sponsors ou autres, qui ont fermé des portes hier vont peut-être le regretter demain. 

Je pense sincèrement que de nombreuses personnes ont acquis un nouveau respect pour Novak avec le fait qu’il ne se soit pas fait vacciner, qu’il soit resté fidèle à lui-même contrairement à d’autres joueurs qui – ne nous leurrons pas – ont fait croire qu’ils étaient vaccinés alors qu’ils ne l’étaient pas. Novak aurait pu tricher pour battre ses records. Il les a finalement battus sans trahir ses valeurs. Peu d’athlètes peuvent se prévaloir d’une telle intégrité.

 

C : Ce que certains ont craint dans cette histoire, c’est plutôt qu’il devienne un leader d’opinion et que ses fans le suivent dans son choix de ne pas se faire vacciner…

J : On prête aux athlètes un pouvoir qu’ils n’ont pas. Comme s’ils étaient des gourous. Est-ce que les gens ne sont pas suffisamment intelligents pour se faire leur propre opinion ? Moi, je me suis fait vacciner, trois fois. Novak aurait pu dire n’importe quoi, c’était ma décision personnelle. Être fan, ce n’est pas faire partie d’une secte. Et Novak, comme n’importe quel athlète, n’a pas à supporter le poids d’être un exemple pour le monde entier. Que l’on ne soit pas d’accord avec ce qu’il dit ou ce qu’il fait, aucun problème. Mais Novak n’a jamais dit : « faites comme moi ». Il n’a jamais essayé d’influencer qui que ce soit. Il n’a jamais été antivaccin, il a toujours été pro-choix. 

 

C : Le jour où Novak arrête, vous arrêtez aussi ?

J : Le jour où il arrête, une chose est sûre : je serai plus riche ! Quoi qu’il en soit, j’aimerais toujours le tennis, qui reste le sport de ma vie. Mais je ne suivrai pas quelqu’un autant, sans aucun doute. Je vous l’ai dit : Novak a ranimé mon amour pour le tennis, en ce sens il est seul et unique à mes yeux. Ce lien perdurera toujours.

 

C : Au bout du compte, quel « bilan » tirez-vous de ces années de fanatisme, et qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J : Cela m’a ouvert énormément de portes. J’ai rencontré des gens géniaux, je me suis fait des amis pour la vie. J’aurais pu arrêter « NDjokofan », mais si je ne l’ai pas fait, c’est parce que je sais aussi que beaucoup de gens n’ont pas la possibilité d’aller encourager Novak en tournoi et sont donc heureux de découvrir mes contenus. Au bout du compte, Novak a fait de moi une meilleure personne, plus patiente, plus empathique et plus confiante aussi alors qu’à la base, je n’ai pas du tout confiance en moi. Avec son exemple, j’ai aussi compris au fil du temps que l’on peut sans cesse changer et essayer de s’améliorer. J’aurais vécu grâce à lui un magnifique voyage personnel. 

 

Article publié dans COURTS n° 15, automne 2023.