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Ligne claire 

© Minimiam

Ceux d’entre vous qui ont déjà joué à GeoGuessr connaissent ce sentiment bizarre de se retrouver, par la magie de Google Street View, dans une zone qu’ils croient connaître, dans un pays qui ne leur est pas étranger, où les panneaux s’affichent dans une langue qu’ils maîtrisent, mais allez savoir où l’on est. N’ayant jamais mis les pieds à Uccle à l’heure où je rédige ces lignes, je n’ai eu d’autre choix que de m’appuyer sur Google Images pour essayer ici de retranscrire l’ambiance du lieu où se tiendra, du 4 au 14 avril 2024, l’exposition organisée par Courts avec l’appui de la municipalité. Peinture d’après photo : de grandes étendues arborées, des maisons de maître, des rues calmes, des commerces de bouche. Du silence. Les lignes ont beau être très claires, sans l’aide d’Internet, j’aurais été bien en peine de situer Uccle dans le Grand Bruxelles. 

Uccle a ses citoyens d’honneur, et parmi eux Salvatore Adamo, qui, contrairement à ses pairs, a l’immense mérite de ne pas m’être inconnu. Mais c’est surtout de Laurent Van Reepinghen, fondateur de la présente revue et ucclois (j’ai vérifié, c’est bien le gentilé) devant l’éternel, qu’il sera question ici. Uccle a dix quartiers, dont certains, comme le Vivier d’Oie et le Quartier du Chat, ont des noms amusants, mais c’est à Uccle Centre que se situe la Maison des Arts qui accueillera l’exposition. Uccle accueille le plus vieux club de tennis de Belgique, le Royal Brussels Lawn Tennis Club, mais c’est au Royal Léopold Club, dit « le Léo » que Laurent a appris à aimer le tennis au contact des plus grands joueurs belges de l’époque.

On l’aura compris, six ans après la création de Courts, l’exposition consacrée à la revue et à tous les artistes qui l’ont accompagnée ne pouvait se tenir qu’à Uccle.

J’ignore si, comme moi, la dizaine d’artistes exposés ont parcouru sur leur écran les longues pelouses bercées de soleil ; j’ignore s’ils auront la curiosité de pousser leur déambulation réelle ou distancielle jusqu’au Royal Léopold Club pour y voir les futurs champions de Belgique affiner leurs gammes. Je sais en revanche qu’ils seront bien présents au côté de Laurent Van Reepinghen du 4 au 14 avril à la Maison des Arts d’Uccle. Je sais aussi que, pour vous convaincre de les y rejoindre, le mieux est encore de parler d’eux. Car nous savons qu’en matière d’art, n’en déplaise à Walter Benjamin, l’expérience du réel surpasse la reproduction numérique.

© Minimiam
© Minimiam
© Minimiam

Minimiam ou Art du ping-pong :
faire de l’art un jeu et du jeu un art

En Une de ce numéro et sur l’affiche de l’exposition Courts, vous aurez sans doute repéré des joueurs de tennis dignes de France Miniature. L’œuvre de Minimiam, soit Pierre Javelle et Akiko Ida, photographes et metteurs en scène d’histoires culinaires qui, depuis 2002, racontent au 1/87e des saynètes légères et ludiques qui lorgnent vers Chaplin plutôt que vers Lars Von Trier. 

Au départ, comme souvent, il s’agit d’une rencontre. Akiko réalisait des photos pour des livres de recettes de cuisine quand Pierre répondait à des commandes photographiques, notamment autour du jeu. Tous deux partageaient une ambition : créer un univers ludique, loin de l’imagerie culinaire plan-plan. En mélangeant les figurines de modélisme ferroviaire et la nourriture, les histoires se sont pour ainsi dire mises à s’écrire devant leurs yeux.

Car la macrophotographie révèle les textures des aliments. À en croire Pierre Javelle, peu de choses sont aussi belles qu’un chou romanesco qui libère des milliers de gouttelettes durant une prise de vue. En révélant l’infiniment petit, on peut aussi s’adresser au très large, au très grand, à condition de promouvoir le pas de côté et de cultiver inventivité et âme d’enfant. 

Pierre Javelle a été marqué par la créativité sans faille de Patrick McGoohan et Sydney Newman, créateurs respectifs du Prisonnier et de Chapeau melon et bottes de cuir. Ou comment – et cela vaut aussi pour la Quatrième Dimension – injecter folie et inventivité dans une imagerie Swinging London colorée et élégante. C’est beau, ça tombe bien, mais il y a aussi des lilliputiens, des plantes carnivores, des ballons blancs qui tirent et beaucoup de bricole. Une manière de désacraliser l’art et de le tirer vers le jeu commune à nombre d’artistes exposés à Uccle. 

© Malika Favre

Car pour Pierre et Akiko, le tennis est avant tout une affaire de couleurs : le jaune des balles, l’ocre rouge de la terre battue, le vert de la pelouse, le blanc des tenues. Et c’est aussi un duel, une histoire simple, bâtie sur des échanges violents et perpétués à bonne distance. Cette distance incarne sans doute l’élégance du tennis : on gagne avant tout par son habileté, son acuité, par le talent qui coup droit après revers après passing après volée, s’appose comme une signature en bas d’un court devenu toile.

Et comme les joueurs de tennis ne sont, d’après Coluche, que des joueurs de ping-pong placés debout sur la table, les personnages des scènes de Minimiam semblent plus vivants encore que nous, comme si l’infiniment petit de leur espace confiné leur permettait de rêver plus grand.

© Art of Ping Pong

Lorsqu’on écrit un article au sujet de plusieurs artistes réunis lors d’une exposition, pour créer des transitions, il est parfois nécessaire de faire rentrer des ronds dans des carrés (ce qui revient exactement, si on y réfléchit bien, à passer sa première balle de service) ; sauf quand une métaphore pongiste inespérée fait le travail pour vous. 

Car d’être debout sur la table, il n’en est pas tant question avec The Art of Ping Pong que d’être debout, méditatif, devant la table accrochée façon tableau sur le mur dans un remarquable renversement des latéralités. Les Britanniques Algy Batten et Caroline Moorhouse proposent en effet avec ce projet indépendant de prolonger le jeu jusque dans la galerie : d’une taille correspondant au quart d’une table de ping-pong classique, leurs tables, réalisées en collaboration avec des artistes de tous horizons, sont des œuvres d’art à part entière qui, à tout moment, peuvent être décrochées du mur pour mettre une bonne fois pour toutes au clair cette question de savoir qui est le meilleur au ping-pong (ou qui va devoir étendre le linge). Au départ du projet, il y a fatalement un goût pour le ping-pong et l’art. Après 25 ans passés dans un studio de design, Algy pouvait se targuer de bénéficier d’un solide carnet d’adresses dans la scène artistique londonienne et au-delà. Et de fil en aiguille, le projet a grandi et s’est encore étendu. 

Parmi les collaborations prestigieuses lancées par Algy et Caroline, la dernière en date, avec Malika Favre, marque les esprits tant par l’inventivité de ses lignes que par le prestige inhérent à ce grand nom (français) de l’illustration, dont la ligne plus pop art que claire fait les beaux jours du New Yorker. Pop, c’est bien ce qui caractérise le set dont Malika Favre a signé le design, avec ses cercles rouges façon Saul Bass, ses lignes marine et ses visages de femmes aux traits (après tout, on parle de ping-pong) qui rappellent l’Asie. 

Algy connaît Malika Favre depuis de nombreuses années, et ce projet était un aboutissement naturel tant les deux univers artistiques semblent se répondre, avec un même goût pour la simplicité, l’attractivité, la positivité. La série sortie l’année dernière est ainsi le prolongement d’un premier travail réalisé avec l’artiste pour une pièce unique vendue aux enchères au bénéfice d’une ONG. Aplats colorés sur les face des raquettes, balles simplement marquées d’une bouche à grain de beauté façon ping-pong pidou… Une esthétique 60s que ne renierait sans doute pas le fan de John Steed qu’est Pierre Javelle.

Chez The Art of Ping Pong, tout est art et tout est ping-pong. Tables, raquettes, balles se voient traitées à la même enseigne : qu’importe le coup droit pourvu qu’on ait du beau. Il n’y aura pas de jaloux, puisque le grand cousin tennis a lui aussi droit de cité sur les tables des créateurs britanniques. Logique puisqu’au départ, Algy, bon joueur de ping-pong mais pas excellent si on le croit sur parole, était plutôt fan de tennis. Un contact sur Instagram et l’intérêt mutuel de Laurent et d’Algy pour le travail initié par l’autre ont débouché sur la création de cette table originale inspirée de Mondrian, initialement imaginée comme une pièce unique désormais tirée en série limitée. 

© Rodolphe de Brabandere
© Rezine
© Rezine

Bancs, bois, banquettes et balles

De beauté ludique, il est aussi question avec Mathilde Wittock et Frédéric Descamps. Mathilde, originaire de Bruxelles, cherche dans son parcours artistique qui l’a menée à la Central Saint Martins Art School de Londres à concilier ses passions pour le design, le tennis, et la survie de la planète. Séduite par la sensualité sphérique de la balle jaune, Mathilde Wittock est dans le même temps ulcérée par l’aberration écologique qu’elle représente : une balle met cinq jours à être produite pour être jetée au bout de neuf jeux et ne s’autodégrade qu’au bout de 2500 ans.
Pas besoin d’être médaille Fields pour identifier le problème ; Mathilde décide alors d’utiliser l’objet pour lui donner une nouvelle vie en utilisant ses propriétés acoustiques. Elle crée des panneaux isolants, puis, en phase avec les usages du court, des bancs et des fauteuils qui allient design, réemploi et confort. De quoi séduire les tournois qui ne savent plus quoi faire de leurs balles usagées et pourraient, en retour, améliorer la qualité des bancs et assises pour les joueurs.

Frédéric Descamps ne nomme pas ses créations ; il n’a pas encore fait le choix de se positionner comme artiste ou comme artisan. En réalité, sa pratique appartient aux deux mondes. À l’artisanat, il emprunte le savoir-faire technique, le plaisir de l’utile, celui du matériau ; à l’art, il donne sa créativité, son inventivité ; tous deux bénéficient de son talent. Dans un monde qui trop souvent jette et rejette l’imperfection, Frédéric Descamps a choisi de lui donner une place de choix. Passionné de tennis, il profite de son métier d’élagueur pour récupérer des pièces de bois dont la beauté, fragile, le fascine. Il les sculpte et les choie et les réincarne en bancs ou en raquettes de tennis, cherchant le pas de côté et cultivant la naturalité brute.

Une raquette est communément considérée comme un assemblage de pièces comprenant généralement un manche et un tamis, dont la visée première est de contrôler la balle pour éventuellement distribuer des coups gagnants. Mais c’est là réduire la raquette à une stricte fonction tennistique alors que, dès qu’on a le dos tourné, les raquettes investissent la vie : elles se changent en coqs (sportifs), en guitares, en chandeliers ou en homards, quand elles n’accueillent pas des oiseaux égarés et autres enfants en mal de balançoire. Tout ça, c’est dans leurs cordes, et Jean-Philippe Bertrand l’a bien compris. 

Après avoir grandi à la Rochelle auprès de grands noms du cinéma, de la télévision et de l’aventure, Jean-Philippe Bertrand a touché à tout, du ski au jazz en passant par la comédie et la voile, avant de devenir un scénographe réputé dans le théâtre. Créateur d’affiches pour des spectacles de Sardou, Reggiani, Polnareff ou Hallyday, il est aussi l’un des seuls artistes au monde dont l’une des sculptures, envoyée sur la station Mir, a vu la Terre depuis l’espace.

Des bancs, des fauteuils, des raquettes et du bois ; de ces deux-là, il convient de rapprocher Brett Gradel, dont le travail de marquèterie consiste à transformer le bois en peinture. Objets réinventés et œuvres singulières dégagent ainsi une aura chaleureuse qui nous ramène aux longues soirées de fin d’été. Sans doute faut-il y voir la marque de la Côte d’Azur où Brett vit, non loin des grands champions qui font les belles heures du Masters 1000 de Monte-Carlo. Parmi ses créations, on notera deux tabourets, l’un figurant un court au soleil couchant destiné à Marin Čilić, rencontré pendant le tournoi, l’autre représentant Rafael Nadal surpris en plein coup droit lasso. Comme le bois, les champions sont fragiles ; comme le bois, ils sont insubmersibles. 

© Claude Lieber
© Claude Lieber

Lignes convergentes

À ces lignes de vie s’ajoutent celles d’Anna Carlson, de Petra Leary ou de Laurent Perbos qui, chacun à sa manière, célèbrent et reinventent et tordent ou sacralisent les limites du court. Chez Petra Leary، les lignes se voient d’en haut pour dessiner des abstractions géométriques où l’esprit facétieux projette des personnages en miniature issus des rangs des Minimiam ; chez Anna Carlson, les lignes se tordent, se contractent, metalliques, telluriques, elles se heurtent au réel ou à la verticale, elles dépassent leurs limites (un comble pour une ligne), elles s’affranchissent de la gravité à l’art, et de l’art au jeu et en ce sens complètent les travaux des autres artistes exposés. Chez Laurent Perbos, les lignes s’imposent au monde ; elles se fichent bien des dénivelés، elles se moquent éperdument du réel. Les lignes du court sont des représentations qui s’imposent au monde que le jeu et les règles que nous décidons de suivre façonnent. 

Chez Anna، chez Petra ou chez Laurent، les lignes ne sont là que pour nous rappeler que rien ne peut border notre imagination. 

Suivez votre propre ligne. À pied, à cheval, en voiture, elle vous mènera jusqu’à Uccle pour y découvrir toutes ces œuvres avec moins de mots et plus de joie.  

 

Article publié dans COURTS n° 16, printemps 2024.

© Fabio Calmettes

Entering the era of the racquet

Translated by Adrian Margaret Brune

© Régis Colombo

Michel Russillon does not quite have the profile of a pensioner as one might imagine. This former Swiss tennis teacher with an infectious passion took advantage of his retirement to create Tennis Park, a system of multi-use courts (tennis, pickleball and urban tennis), aiming to develop tennis teaching and bring new audiences to racquet sports. Here, Russillon, 76, answers a series of questions about the strange multi-coloured block of courts he has developed. 

 

What is the Tennis Park?

The Tennis Park is a set of courts with reduced dimensions located on a classic court. There are three configurations: the education model for children includes four mini-fields of progressive lengths (10-, 12-, 15- and 18-meters long); the family model with four courts for four practices accessible with suitable equipment, including urban tennis, pop tennis, cardio tennis and pickleball; and the modular Tennis Park, which uses transportable nets to demo all these disciplines while retaining the classic tennis court. 

 

What is the purpose of the multicolored court? 

We added colored zones like traffic lights: red at the back of the court when I am in a defensive position. Orange, be careful, I am building my point. When we are in the green zone and the way is clear, I attack. The yellow zone corresponds to the finish of the point at the net. This system allows children and beginners to connect in a playful and fun way to all different racquet sport scenarios.

 

How did you come up with the concept?

I was first a sports teacher in Lausanne. Tennis is the sport that seemed the richest and most interesting to me because requires many qualities and skills that are transposed outside the court, including the ability enter into relationships. And then I had the opportunity to manage a tennis center. I asked myself: what can I bring as a teacher, as a teaching specialist? I noticed a tennis court was large and difficult for children to understand, and coordination skills are acquired before the age of twelve. This is how I came up with the idea of ​​setting up four mini-courts of progressive length on a classic pitch while respecting the original proportions. Tennis Park puts the child “in his kingdom” with a suitably sized court and equipment. We must respect the psycho-physical development of the child and adapt to it — without skipping steps  — to have solid foundations for the rest of their training. A six- or seven-year-old child playing with normal balls on a large field does not optimize their potential. 

 

So you’re changing the architecture of the court to revolutionize the method of teaching tennis…

I’m not questioning anyone else’s style, nor am I proselytizing. It’s just a matter of convincing coaches that this form of training is adapted to the child’s development. We often take the example of professional players who have learned by hitting the ball over and over to their coaches. For players at this level, there are fundamentals that they repeat like a pianist does his scales. And they can practice those. But for me as a teacher, I have to put the student in a situation. A ball in play must have meaning. Is it a ball where I have to defend or attack? With the Tennis Park teaching method, children are proactively learning, or developing their coordination, balance, and orientation. We know that it’s more positive than putting four children in a row and robotically throwing balls…

© Régis Colombo

Beyond this educational approach, is there also a desire to break the codes of tennis?

Yes, I would like to remove three prejudices that stick to tennis: from a so-called elitist sport, to a popular sport; from an individual sport, to a convivial sport; and rather than suggesting that tennis is difficult to access, offer a learning method that is simple and understandable for everyone. People no longer want to wait three years before being able to trade balls, they want immediate pleasure. It’s up to me to offer them game formats that meet their expectations. That’s my role.

 

How do you see the future of tennis with competition from new, more accessible racquet sports?

In all Western countries and for all sports, club, association or federation leaders draw the same observation: “classic” sport is of less and less interest to younger generations. Tennis is no exception and must imperatively adapt to the evolution of modern sporting practice. It is the role of clubs to adapt by offering all these new racquet sports to increase the number of practitioners. Tennis yes, but also progressive tennis, and all these sports which are close to it, and which offer a more exciting practice. We are entering the era of the racquet!

 

What are the reactions of people who play on these atypical courts for the first time?

When the adults come, they are incredibly happy to play in these little areas. Less time is wasted collecting balls. You can play as a family with parents on one pitch and the children on another smaller one. Changing the architecture of the court also means it is more social. And that’s good in this post-Covid period because we need well-being and encounters more than ever. When you have up to 16 people playing on a tennis court, there are exchanges and smiles. And that’s essential for me: bringing happiness to people! I also dream of a free and open Tennis Park in the middle of a city center, with passers-by — kids who put down their scooters and come to play. I really believe in this use of land to revitalize public space.

 

How many Tennis Parks have been installed?  What are their development prospects?

Two Tennis Parks have been installed in Switzerland, in Sion in 2021 and in Lausanne in 2022. A modular park will soon be operational in Fribourg. I really believe in this model; it can be transposed to all tennis courts. Cities, local authorities, clubs… the prospects are immense. I spoke with clubs in France. I also have contacts in the United States and China. It’s not hard to convince after people try it!

From a more personal point of view, how are you experiencing this adventure?

It’s awesome. Thanks to Tennis Park, I meet lots of people, I love it. So far no one has told me to go take care of my geraniums, even though I love nature (laughs). I have experienced very moving moments, including during the inauguration of the first Tennis Park in Sion in 2021 where there were 16 children playing with a smile. That’s what makes me want to continue the work. I feel like I came to this planet to do this. I have the chance to do what I was made to do: teach. It’s my role to make the children happy.

The Tennis Documentary Send-Up

Documentarians have mastered the art of the tennis doc; comedians have found every way to spoof them

Jason Momoa plays Ronnie Dunster in a Saturday Night Live send-up of Battle of the Sexes.

Billed as an intimate look at a number of underdog tennis stars, Netflix’s Break Point, released in 2022, was supposed to be the penultimate documentary on a crowded court — the extra-duty ball with the heavy topspin, if you will. But among others, Break Point had to contend with The Gods of Tennis from the BBC, McEnroe from Showtime, Citizen Ashe from HBO/Max and even the man of Adidas’ “more than just a shoe” fame, Who Is Stan Smith, which never quite found a home. But what about the tennis mockumentary? Although they don’t outnumber the number of appearances Billie Jean King makes in most any documentary about tennis or women’s sports, the recent Saturday Night Live short UNTOLD: Battle of the Sexes — a lampoon of 2017 movie, Battle of the Sexes — reminds us all that nothing beats a solid spoof. 

UNTOLD: Battle of the Sexes (Saturday Night Live, USA, 2023): Before Billie Jean King defeated Bobby Riggs, Charna Lee Diamond (played by regular player Sarah Sherman) took on the largest male opponent in history, Ronnie Dunster (played by that week’s host, Jason Momoa.) “There’d be no Billie without Charna,” one sports journalist speculates, in the vein of Netflix’s Untold series. But instead of Charna defeating the Goliath Dunster, Dunster serves and hits a tennis ball straight through Diamond. Yet, in the vein of the 1960s “we shall overcome,” Diamond continues playing with a hole in her middle. Sherman, known as Sarah Squirm in her improv days, doesn’t necessarily hold back, but the short reminds us that maybe some men are bigger than Bobby Riggs. 

Tom Hanks plays an one-armed tennis player who gets dissed for a three-armed competitor in the 2013 Saturday Night Live sketch "Tennis Arms."

Tennis Arms (Saturday Night Live, USA, 2013): When it comes to tennis, snob Richard (Tom Hanks) is getting dumped by his doubles partner, Douglas (Will Forte) when he loses his dominant playing arm. Douglas tries to chalk it up to a “difference of opinion tennis-wise” in breaking the news before the annual tournament. But really, he has chosen three-arm Skip Prosser (Chris Parnell). Richard has a contingency plan at the ready, by bringing out seven-arm Toby Slaven (Bill Hader). 

Kit Harrington and Andy Samberg recreate the longest match in the history of tennis in this HBO send-up.

7 Days in Hell (HBO, USA, 2015): Disguised as one of the ever-earnest HBO sports documentaries, this a fictional account of the world’s longest tennis match, based on the actual world’s longest tennis match, which took place between John Isner and Nicholas Mahut and lasted for 11 hours and 5 minutes over three days at the 2010 Wimbledon. Except this time, former SNL player Andy Samberg is Aaron Williams, the Andre Agassi-like adopted brother of Serena and Venus, taking on Charles Poole (Kit Harrington), an over-polite British child prodigy who says “undou-btably” in response to ever question and can never please his mother. In typical Samberg style, Seven Days can go over the top, although gains every laugh for which it plays. 

Jeremy Sisto wrote and directed this comedy about a derelict tennis pro who teams with his straight-laced brother to return to the protour in Break Point.

Break Point (Amazon Prime, 2015): Volatile tennis pro Jimmy (Jeremy Sisto) wants to make one last run ay a major title. There is just one problem: no one will play with him. He drinks too much; he curses; and he has alienated just about everyone else on tour. Jimmy has one last resort however, his estranged brother and former doubles partner Darren (David Walton), whom he had abandoned years before for a higher-ranking player. Semi-supported by their tennis pro dad, J.K. Simmons, the brothers probably simulate actual tennis family dynamics better than any other tennis family. Look for cameos from the Bryan brothers and other pros. 

Fashionable OZ

Out with Nike and Adidas, as boutique brands dominate down under

Marton Fucsovics sporting the Italian skull known for its collaborations.

For every Grand Slam season, especially the opening of the Australian Open, tennis players’ choices make headlines. Who can forget the Ted Tinling dresses worn by the Original 9 or Serena Williams’ full-body black catsuit at the 2018 French Open? Tennis style often spills off court, too. Just consider the now mainstream style stalwarts, such as Stan Smith tennis sneaker by Adidas and the white RF cricket sweater Federer wore to the 2010 Wimbledon. 

The racket sport’s connection to fashion goes back to its origin in the 1870s — a new, more active sport that welcomed women. As the two sexes could now play alongside one another, flirting and romance came with the game, thus imposing a need for style on court, often to the sacrifice of practicality or comfort. Men wore blazers and flannel trousers, while women wore corsets and long kilt skirts, sometimes all-white, cotton and linen dresses featuring lace inserts and elaborate embroidery patterns. 

Since that time, however, many a designer (and tennis player) has endeavoured to make their mark on the fashion industry. One of the first was the iconoclastic Suzanne Lenglen, who became the center of a Wimbledon fashion scandal in 1919 when she wore a calf-length skirt, short sleeves and a floppy hat. The press called her indecent. Lenglen went on to win the title. In the years after, she wore a tulle wrap around her head while playing, called the “Lenglen bandeau.” It became a defining look of the Roaring Twenties.

While 2021, several tennis brands dug into their closets and recycled the styles of the 1960s and 70s (Fila, Sergio Tacchini, Ellesse and Diadora), thus rebooting the classic look of Borg, McEnroe, Vilas and Connors, 2022 and 2023 saw a number of players take on side hustles as designers. (Ostapenko in DK One and Camila Giorgi in GioMila). So far, in 2024, player have been lured by the promise of new brands created just for them in mind, as the fashion start-up takes Center Court. Here are a few that have received the most buzz (good and bad) so far. 

Ons Jabeur gets mixed reviews for her pastel-colored kit by Saudi designer Kayanee.

Ons Jabeur for Kayanee

In the summer of 2022, Tunisian pro Ons Jabeur (WTA No. 6) ascended to the finals of Wimbledon and the U.S. Open and in a sense, became her own woman, doffing off her old Paris-based agency and signing with the Naomi-Osaka-Stuart-Duguid supergroup, Evolve. After losing Wimbledon for the second year in a row, she finished the year at No. 6, sacked Evolve, ditched her football-centric sponsor Lotto Sport Italia and went full Arab, hiring a Tunisian agent and becoming the exclusive representative of Kayanee, a women’s sportswear company established by Saudi Arabia’s Public Investment Fund (PIF) and designed by Princess Reema Bandar Al Saud, the great-granddaughter of Ibn Saud, the founder of modern Saudi Arabia and the Saudi Ambassador to the United States. “”I heard they called me Batman. It’s good. The vibes are good,” she told the press in Australia. “I felt like maybe Serena Williams a little bit, you know, style.”

Jabeur has been a strong proponent of Saudi Arabia’s potential involvement with the WTA and has expressed an interest in bringing tennis to the kingdom. “Of course I’m one of the players that will push to go there,” Jabeur has said. “… It’s not about the money, for me it’s about giving a chance to younger women, or any women to practice sports and discover amazing things.” So far, both Jabeur’s stance and pinkish, greyish on-court outfits have received mixed reviews. “Ugliest kit ever?” remarked one fan. “Ok maybe we need to give Lotto a call back…,” said another on X (formerly Twitter). So far, the Tunisian, who made her documentary debut earlier this month, said she was enjoying her new partnership. “You know me. I don’t do those things. I’m honestly having fun to have those different collections and feel very pampered from Kayanee. So I’m looking forward to show you more outfits,” Jabeur said.

Christopher Eubanks sporting J. Lindenberg's first tennis collection for men.

Chris Eubanks and J. Lindeberg

Despite body-doubling for the late Arthur Ashe in the documentary Citizen Ashe and wins over fellow Americans Taylor Fritz and Ben Shelton, Christopher Eubanks (ATP No. 35) went into Wimbledon 2023 a relative unknown. He emerged a breakout star, a quarterfinalist in white Asics kit with the swooping white Technifibre racquet accentuating every shot. His height (Eubanks stands 6 feet, 7 inches), good looks and journeyman ruggedness caught the eye of Swedish golfwear designer J. Lindeberg, prompting the brand to make Eubanks its first male tennis ambassador in tennis. “It is extremely enticing to be one of the only faces of a particular brand,” Eubanks told Forbes magazine. “It allows for you to really see the growth of that brand and feel a sense of pride when you’re watching it grow, which is quite a unique opportunity. Not many players get the chance to be the face of a brand in the beginning and I am really excited about that opportunity.” J. Lindenberg’s designs are built on a taste spectrum that goes from “Mild” to “Wild”. Eubanks has fallen somewhere around a seven, choosing a mix of the company’s bolder patterns and solid colors for on court action, with a focus on material that is breathable and absorb sweat well. Off-court, Eubanks is sticking to the milder, more conservative designs, choosing fit over splash. One obvious benefit for the new partnership: longer shorts. “I’m really looking forward to having shorts and pants that fit me how they’re supposed to,” he said. 

When Nike let him go in 2023, Andrey Rublev punted with the launch of Rublo and has received a thumbs-up from the tennis community.

Andrey Rublev for Rublo

It’s been a year since Nike opted not to resign Russian tennis players after their contracts ended. In response, Andre Rublev (ATP No. 5) created his own clothing line that’s “not about clothing.” Rublo was created to “drive awareness around equality and kindness” with the hope of “making our world a better place,” the 26-year-old Rublev told the Tennis Channel upon launch in 2023. With similar bold colors and patterns to his Nike kit, Rublev has nonetheless traded the Swoosh logo for a pair of stylized angel wings. “I know I’m depressive and always have been thinking about life and death for too much, but before my days will end I will keep fighting for what I believe, what I love and who I love,” Rublev wrote on social media. Just like Nike did for the feisty red head, the Rublo look has been turning eyes in Melbourne — without its model cursing in Russian or smashing racquets. The latest gear breaks up a classic all-black oversized shorts and shirt with pops of green and teal on his wristbands, headband and right shoulder sleeve. Nike Vapor Pro shoes complete the look. “I said that I don’t plan to sign with anyone else no matter how much they offer me, but I want to try to create something of my own and play in it for a year and see how it goes,” Rublev said upon launch. 

German player Dominik Koepfer wearing one of the more colorful shirts sold by German brand Bidi Badu in 2023.

Dominik Koepfer and Liam Brody for Bidi Badu

“Bidi Badu” means something akin to “abracadabra.” Historically, the term developed during the times of the slave trade when slaves in Zanzibar had to entertain the sultan with magic tricks —as soon as they finished, thet said, “Bidi Badu.” Founded in Germany in March 2016, and named after a Kenyan bar, Bidi Badu’s bold and whimsical color schemes might not suite the Wimbledon set, but tennis players who favour the latest trends over old traditions. The logo even emulates a Kenyan mask. Owned by Spodeco GmbH in Cologne, Germany — an online tennis shop that manufactures not only Bidi Badu, but also tennis hardwear, tennis fitness tools, tennis balls and court equipment — Bidi Badu also promotes tennis in Kenya through the Bidi Badu Development Camp. So far, Bidi Badu has sponsored many British up-and-comers, including Liam Brody (ATP No. 98) and for a time, doubles comeback kid, Marcus Willis (ATP No. 133/doubles). The biggest names on its roster now is German player Dominik Koepfer (ATP No. 62).

Arantxa Rus sporting a toned-down version of the Hydrogen kit made fashionable through Adrian Mannarino.

Arantxa Rus and Marton Fucsovics for Hydrogen

For a while, lots of companies co-opted the skull logo, but only one made it stick: Hydrogen. Founded by unconventional Italian designer Alberto Bresci under the philosophy that Hydrogen is a fundamental element for happiness — and the right clothing items bring happiness — the brand has a reputation for collaborations with prestigious businesses, from  Superga to Fiat. In his many research trips, from Japan to the United States, Bresci noticed the use of skulls, although in Italy they were not considered popular. He nonetheless revised it again with a very clean design and an upturned heart as a nose. Using a fine selection of materials and sartorial cuts, items of the collection are manufactured by bespoke Italian tailors. For many years,French player Adrian Mannarino (ATP No. 19) wore Hydrogen’s off-beat designs from lightning bolts to arrays of stars. But the brand, which also dabbles in Formula One racing kit, among other sports, now has Fabio Fognini (ATP No. 103) and Marton Fucsovics (ATP No. 70), who switched from Hungarian streetwear label Dorko (DRK). Rus, age 33, switched over last year.

Le Coq Sportif Guy: Although a national institution, Le Coq Sportif suffered for the past 20 years before a recent revival on the shoulder of Czech player Jiri Lehecka.

Jiri Lehecka for Le Coq Sportif

One of the oldest sportswear brands in the world, the distinct French Coq and Tri-Color has been worn by everyone from Arthur Ashe to Yannick Noah. What started out as a collection of wool clothes in under the eye of founder Émile Camuset, eventually became a company known for its collection of cycling jerseys in 1929. From there, the brand took off, launching the first ever tracksuit, the chándal (also known as “the Sunday clothing”) and reached its peak in the 1950s signing the French national football and rugby teams. Since the 80s, however, Le Coq Sportif has been a bit in decline… until just last week, when Czech upstart Jiri Lehecka (ATP No. 71) appeared in the new purple performance collection receiving rave reviews. Even if Lehecka doesn’t keep upsetting top seeds, the brand should get a long-overdue boost sponsoring the Paris Olympic team this summer. 

What happened to…?

1. Fred Perry: After being launched in the 1950s by Fred Perry, who held the world’s number-one rank in two sports, then seen on the chests of Andy Murray, Fred Perry’s association with Neo-Nazi gangs and football hooligans killed its mojo. Expect an Original Penguin-style reboot, soon, however.

2. Under Armour: What brand hasn’t Andy Murray worn? After getting dropped post-hip-surgery and going all-in with Castore, the American sporting conglomerate, which started out in American football  is now ubiquitous in every other sport but tennis. 

3. Ellesse: While many high-profile players such as Boris Becker and Tommy Haas endorsed Ellesse — now British owned — in the past, Ellesse lost Johanna Konta when she retired in 2021. ATP No. 195 Ryan Penniston and wheelchair standout Alfie Hewitt now sport the tennis-ball-and-ski-logo.

4. Sergio Tacchini: The namesake brand of Italian tennis professional Sergio Tacchini counts many past high-profile players, such as Jimmy Connors and Mats Wilander. Currently, none of the top 100 players have been seen wearing Sergio Tacchini apparel since Pete Sampras, and Martina Hingis in the early aughts. 

Le tennis c’est des Game et des Set qui conduisent au Talk.

 

Game, Set & Talk 

Alors qu’il n’était qu’un jeune étudiant de 21 ans, Constantin a ressenti un besoin plus important que d’habitude, celui de discuter de tennis avec des passionnés ! Fan de la petite balle jaune depuis ses 9 ans, il commença par écrire sur quelques brèves pour parler de sa passion, mais Constantin n’était pas satisfait, c’était « trop factuel » et lui, cherchait quelque chose de plus concret. À la question : pourquoi a-t-il lancé sa chaîne Game Set & Talk en février 2016 ? Il répond : « Je voulais laisser mes potes tranquilles et m’aventurer dans la compréhension du tennis ! »

Le premier moment qui a fait pencher Constantin dans l’univers du tennis n’est autre que la finale de Roland-Garros 2004 entre Guillermo Coria et Gaston Gaudio. Ce fan de Rafael Nadal pour lequel il s’est passionné dès ses débuts, concède que tout son univers du tennis ne coïncide pas seulement avec l’Espagnol. « Les derniers matchs qui m’ont marqué sont : la finale de Wimbledon entre Novak Djokovic et Carlos Alcaraz, mais surtout le come-back de mon poulain à l’Open d’Australie contre Daniil Medvedev, en 2022. » Bien content des retombées qu’a connues sa chaîne en termes de visibilité grâce à ces matchs légendaires, il sait que la pérennité de Game Set & Talk passe par ce type de matchs : « Plus les matchs des tournois sont attrayants, plus les gens regarderont nos analyses… En conclusion, on est totalement dépendant de la physionomie de la saison et des gros moments forts, alors quand nous avons un match qui fait parler, il faut en profiter, développe Constantin. Il poursuit : Depuis 2016, les performances de Federer, Rafa et Djokovic ont eu de très grosses répercussions pour nous. »

Mais au début de l’aventure, c’était une tout autre affaire. Constantin commence par lancer quelque chose qui s’apparente à un «podcast », qui se reproduit chaque semaine. Il s’entoure d’une équipe composée de cinq chroniqueurs qui se donnent rendez-vous sur Skype pour décrypter l’actualité tennis. « On marchait à tâtons », mais c’était un long format, pas forcément adapté. Heureusement, ils s’en sont rendu compte quelques mois après. « L’idée, c’était de faire du décryptage complet, en pensant au fait que certains passionnés pouvaient louper des tournois et souhaiteraient se tenir au courant des faits. ‘C’était du kiff’. Mais ils réalisent que ce format était trop long ! », donc en septembre 2016, quelque chose de plus court apparaît, sous un format pastille. Puis le retour de blessure des deux géants du tennis en janvier 2017, Rafael Nadal et Roger Federer, motive l’équipe des cinq chroniqueurs à passer au format vidéo pour analyser les tournois du Grand Chelem et les Masters 1000.

« Il fallait raconter les faits sans occulter les clés tactiques ! »

 

Cette évolution s’explique par la volonté d’aller chercher plus loin dans les explications et dans les décryptages, car Constantin veut tout comprendre : la dimension mentale, la tactique mise en place et comment les joueurs se préparent : « Il fallait raconter les faits sans occulter les clés tactiques ! », répète-t-il. Et pour lui, c’était le format audio et vidéo qui s’y prêtait le plus. Petit à petit, est née cette volonté de débattre autour du tennis : « j’apprécie d’échanger mon point de vue, et de trouver des avis contradictoires… » C’est de ce dernier élément qu’est venu le TALK, dans le nom de la chaîne. Constantin ne maîtrise ni les montages, ni Photoshop mais rien ne l’arrête. « Je me suis dit pourquoi pas moi ? », et durant quelques semaines, il contacte des personnes de son carnet d’adresses qui « s’y connaissent en tennis. » Motivés par l’absence de contenu tennis sur Youtube, la vinaigrette a pris et l’aventure a débuté avec cette folle envie de partager son savoir tennistique.

Constantin se replonge dans ses débuts, reconnaissant que ce n’était pas évident, « on a monter en compétences, car il y a une longue partie du montage qu’on ne soupçonne pas quand on regarde.

Le passage d’audio à la vidéo où on affiche sa tête… C’était excitant, on voulait connaître la répercussion que cela pouvait avoir. Avec l’Open d’Australie de 2017, on a eu pas mal de retours, puis on a gardé le format, car c’était le bon ! »

« Il faut mettre en lumière les matchs »

 

La chaîne YouTube se focalise dorénavant sur les Majeurs et les Masters 1000. Les 5 chroniqueurs (Constantin, Alex, Grégoire, Joris et Max) remplissent un calendrier annuel où chacun remplit ses disponibilités à l’avance pour établir les tours de tournage. « Mais on garde des leviers, s’il y a des surprises ou des grosses affiches, car c’est l’imprévu qui a le plus de répercussions ! », ajoute ce fan de Rafael Nadal. Le rythme est répétitif, tirage au sort et pronostics en amont des tournois, puis quand la semaine où la quinzaine commence, il y a des preview qui donnent les clés tactiques des matchs, l’état de forme des tennismen ou tenniswomans. « Il faut mettre en lumière les matchs, répète-t-il, et puis on prend la lumière quand on réalise des pastilles pour réagir à chaud sur les polémiques, comme Djoko qui se fait éliminer par exemple. » Pour l’équipe, le tournoi se termine par un classique : preview + review des finales, bilan de la quinzaine et projection pour le futur. « C’est à ce moment-là que le TALK devient capital, car on met en place le LIVE – à chaque tour de Grand Chelem pour que les talkers participent eux aussi, sur un format long avec une table ronde. » C’est à ce moment que la chaîne propose du contenu plus intemporel, avec des sujets sur la compréhension des failles des joueurs ou des questions concernant certaines performances que peu de personnes attendaient. Aujourd’hui, l’équipe propose également des Vlogs pour montrer les coulisses de certains tournois.

Finalement, Game Set & Talk, c’est une chaîne qui rassemble, en équipe et entre passionnés. Cependant, pour le natif d’Aix-en-Provence, c’est plus que ça ! « Game Set & Talk c’est le bon pote avec qui tu as envie de parler tennis. Nous les chroniqueurs, on se prête à ce jeu, celui des potes qui te ‘chauffent’ un match en te donnant les raisons de le regarder ! Le but est d’échanger sur notre passion et ça, c’est la récompense. » Cela va faire huit ans que la chaîne a été lancée et son fondateur en est fier. « Derrière, il y a une montée en compétences, par rapport au montage, à l’aisance à l’oral et puis c’est une sacrée organisation. » Constantin se remémore avoir franchi différents caps, du passage des 100, des 1000 et plus récemment des 10 000, qu’il perçoit comme « une réussite d’une équipe qui tourne bien ! » D’ailleurs, la chaîne de tennis commence à avoir de plus en plus d’intérêts et participe à certains événements avec les acteurs de la sphère tennis : Artengo, Asics, les éditions Amphora…

En-dehors de YouTube, GS&T a mis en place un Discord pour être présent et avoir une discussion permanente avec les talkers. Il y a cette envie d’être présent sur toutes les plateformes (X, Tik Tok, Instagram) afin de toucher le plus de monde. Mais ce qui crée une plus grande adhésion, c’est la World Tennis League. « Grâce à cette ligue, on a comme un fil rouge avec les personnes qui y prennent part. On a su capitaliser et créer notre propre communauté et ce jeu nous challenge tous ensemble. » C’est un jeu avec un concept simple : choisir un joueur différent pour chaque tournoi ATP, le choix se porte vers le joueur qui a le plus de chances d’être le plus performant. Au vu de son parcours, l’adhérent gagne des points ou non. Mais la grosse difficulté, c’est qu’il n’y a qu’une possibilité de choisir le même joueur durant toute la saison !

Et pour la nouvelle saison qui débute dès l’Open d’Australie, le YouTuber âgé de 28 ans envisage le meilleur pour 2024 : « Cela serait bien de se rapprocher des 15.000 abonnés petit à petit. J’ai l’envie de pérenniser cette chaîne et d’entamer plus de collaborations. On va se rendre à plus d’événements, tenter d’avoir des accréditations, chercher à faire découvrir les coulisses tout en promouvant les tournois de tennis. L’année passée, on a eu Arnaud Clément, la Monf’, cette année il faut mettre en avant tous les protagonistes du tennis : les préparateurs mentaux, les coachs... Il se prend même à rêver… j’aimerais vivre de cette chaîne, faire un plateau qui trouverait des similitudes avec Sans Filet

en venant débattre physiquement, puis se retrouver en soirée pour un débriefing. Si j’avais une baguette magique… Voilà ce que je ferai ! »

Le natif de Provence qui a d’ailleurs réalisé plusieurs de ses rêves, dont celui d’aller à la Rafa Academy en 2021, pendant la préparation de son Nadal, avant Roland-Garros avait eu le plaisir de le rencontrer. Maintenant il espère faire partie de sa probable tournée d’adieu en le rencontrant sous un autre masque, celui de youtubeur durant les tournois.

UTS brings the va-va-voom back into tennis

© UTS Tour

Is UTS tennis’s ‘Butterfly Effect’? The Butterfly Effect, coined by American Meteorologist and mathematician Edward Norton Lorenz as part of his Chaos Theory, is a concept whereby a large consequence is driven by small changes. The idea is that the butterfly, whilst small and delicate, is able to cause big change – a typhoon even, by the merest fluttering of its tiny wings if at the right moment, and in the right place. 

The butterfly is also of course the perfect metaphor for change. If UTS (Ultimate Tennis Showdown) had a mascot, perhaps it would be the butterfly. Because even on a small scale, UTS could well be the seed that plants future tennis – however that may look.

There are rumblings of change in tennis. Namely, an alleged LIV Golf-style elite tennis tour to rival the ATP and WTA tours. Whether there is any truth to these rumblings, time will tell. But players are talking. Notably, World No. 1 Novak Djokovic, who recently commented that whilst he respects tennis’s history and traditions, the sport needs innovation: “I think we need to try to adjust to the modern times and try to understand what the younger audience wants and really make the tennis more appealing to that group”.1

These are words that chime well with UTS founder Patrick Mouratoglou, who created his league following the Covid-19 lockdown, for this very reason. Mouratoglou says that tennis is losing a younger fan base. The average tennis fan age is 61 years and increasing, which puts tennis “currently in a danger zone”.2 I spoke with Mouratoglou in November 2023 – a month prior to the UTS Grand Final. During both our interview and the tournament press conferences, Mouratoglou emphasized that his aim has never been to replace tennis. Far from it, as he has been in love with the sport since the seventies. He also shrewdly acknowledges that trying to change tennis would not go down well with tennis traditionalists. Rather, he is confident that UTS has a place alongside tennis. He compares it to Twenty20 cricket (a shortened format of test cricket): “I would say UTS is the 20/20 of cricket… it is simply a very modern way to showcase tennis”.3

© UTS Tour

Mouratoglou’s decision to hold his UTS Grand Tour Final in London was astute: “we want UTS to be going to prestigious cities. London is perfect because it’s a city that is international, has an incredible culture for tennis that of course has a grand slam, so there is a real interest for tennis. British people know the players, so they will realise how prestigious UTS is when they discover the names. Everything is put together so well to create an incredible event, and of course London has hosted the ATP finals for many years.”4 All perfectly true of course. There is also a tennis shaped-hole in London’s end-of-year tennis calendar, now that the ATP year end finals are in Turin, and the popular Champions Tennis exhibition event at the Royal Albert Hall is no longer. Thankfully, UTS has filled that hole.

The UTS Grand Final, held in London’s Excel from 15 – 17 December 2023 proved to satiate that appetite for something new in tennis, as reflected in the numbers. It was an overwhelming success, playing to a packed stadium over each of its three days of afternoon and night sessions. Some sessions sold out in advance. I hadn’t seen this level of sustained energy and excitement at a tennis tournament quite on this scale before. The entire stadium was as invested and switched on as the players were, over every session. It’s a rarity to see such prolonged fervour, whether at a slam, ATP 1000, 500, 250, challenger or any other exhibition tournament, for that matter. But this is no ordinary tennis tournament. It is, as its tagline suggests: “Tennis like never before,”5 and as its name suggests, the Ultimate Tennis Showdown.

London welcomed UTS, despite its timing: the weekend before Christmas. Not only is this the busiest weekend in the retail calendar for Christmas shoppers, but there was certainly no shortage of festive events already taking place in the capital. Forget the capital, there were several other events taking place under that very same roof that weekend at the Excel arena. They included a Disney exhibition, a Kingdom of Winter show, and to top it all, an International Horse Show! On my second day covering the tournament, I arrived early, opting for the long route through the venue. Walking past the other events (and many horses), I found myself pondering the ridiculous: what if, somehow, a horse or two set free and galloped their way over to the tennis? Afterall, that’s where the fun was. That’s where the crowd, noise, music, cheering and energy were coming from. I wouldn’t blame them. Although I don’t think the world is quite ready for a polo-tennis hybrid!

It is, however, clear that UTS has piqued the curiosity of new and existing fans, wanting to see this version of tennis reinvented. So – how has UTS brought the va-va-voom back into tennis?

UTS is a shortened version of tennis for the modern world. It is a tennis league with new rules and a reinvented, fast-paced format designed to keep the spectator captivated, engaged and interactive via shorter points and shorter matches. This is tennis, elevated and without any of the formalities or etiquette that we have been so indoctrinated by, in traditional tennis. So, the informality certainly takes getting used to. But once you are familiarised with the format and scoring (which surprisingly takes very little time, by the way), it is truly spectacular. 

© UTS Tour

Unlike on the ATP tour, here, players are encouraged to show emotion. Matches comprise of 4 quarters of 8 minutes, lasting a maximum of 45 minutes. Mouratoglou explains that “the time will decide the end of the match, and not the score”, which makes it “extremely intense”.6 When I ask what differences the traditional tennis fan can expect to see at their first UTS experience, when compared to an ATP match for example, he explains that: “it is a sprint compared to a marathon”.

And what a sprint! UTS is such a high-octane multi-sensory, all-encompassing experience, that there isn’t even time to browse through your phone. There are flashing lights, dramatic announcements and even heartbeat sounds at crucial points, for added theatrics. There is also music, thanks to an MC and a court-side DJ to elevate the party-like atmosphere. So, you can forget the “Quiet Please / Players are ready” type etiquette, (which, here, feels like something from a bygone age). Cheering is encouraged. We see ATP players here in a different light, as the format highlights their personalities. Each player gets to choose their own walk-on music. And then there is the dancing. Not only from the stands, but from the players themselves. The music even got to the usually cool Casper Ruud, as he gave into Mariah Carey’s All I want for Christmas by boogieing down. That baseline bass even triggered a dance-off between Gaël Monfils and coach Nathaniel Pierre, as the DJ played Micky Slim’s Jump Around. Even Beethoven was played at the right moments, adding to the suspense at ‘sudden death.’

There are no change of ends or ‘breaks’ as we know them. Instead, players and their coaches are mic’d up and break for short interviews (banter!) with the MC during matches. These are fascinating moments in themselves: whether it’s Holger Rune’s hilariously dry monosyllabic responses, or Benoit Paire’s flirtatious wit. For players, this is of course an unusual scenario. Tennis is a lone sport. On the mainstream tours, players usually spend their changeover/breaks in reflective solitude. I could see how the increasingly popular on-court coaching that many tournaments are now adopting can improve things for players, even if only to vent during crucial moments.

The highlight was of course, the 8 players: tennis’s biggest personalities and big hitters. These were: Holger “The Viking” Rune, Casper “The Ice Man” Ruud, Gaël “La Monf” Monfils, Andrey “Rublo” Rublev, Alexander “The Bublik Enemy” Bublik, Benoit “The Rebel” Paire, Diego “El Peque” Schwartzman and Great Britain’s own Jack “The Power” Draper. Yes, each player on the UTS tour has a nickname – another step to break down formalities and spotlight personalities.

Whilst covering this tournament, I found myself drawing parallels with the ATP tour. UTS’s rules help pick up the pace and make things more exciting. Rules such as no second serve, a maximum of 15 seconds allowed between points, and the fact that the UTS net is shorter than a standard tennis net, to allow dramatic passing shot winners around the net. There is no time to waste, no pre-match warm up or ceremony. Matches start as soon as players arrive on court. Brilliantly, these changes manage to retain the soul and essence of the sport we all love.

© UTS Tour

I was interested to know if the players were drawing such parallels too. I asked them which UTS rules they’d like to see on the ATP tour, given the choice. Both Schwartzman and Ruud opted for the one serve only rule. Schwartzman welcomed the set match start times, to lessen the waiting around: “we never know when we’re going to start a match, and here everything is set before, and we start on time.” Paire opted for the 15-seconds between points rule: “because tennis needs more rhythm. When you have 25 seconds, you have time to get your towel, come back etc and this is not good”.

Time is clearly on Paire’s mind, as this naturally led to me to ask about his most recent tattoo, with the words ‘your time is limited’ emblazoned on his arm. He reflected: “for everybody I think it’s limited, and you have to enjoy every moment of life… don’t lose time”, adding that his tattoo is a daily reminder for him to make the most of life.

Ruud’s UTS rule preference was the shorter net, for winning passing shots around the net, and Rublev appreciated the entertainment value provided by the music, lights, restaurants and games around the stadium for children.

But it was Bublik’s response that stayed with me beyond the tournament. It highlighted the stark reality of life as a tennis player on tour, often having to play in half empty stadiums. As I’m sure is the case with every professional tennis player, Bublik appreciated playing to a packed, happy stadium: “the fact they (the crowds) are allowed to do anything they want…we have packed crowds here. I’m sure if you’d bring any 250 or 500 (tournament) here, you’d have half of it”. 

Of course, UTS isn’t the only tennis league out there, and it won’t be the last. Interest in high-profile tennis league tournaments is growing, much like the popularity of ultimate showdown celebrity boxing events. UAE has hosted the World Tennis League, a star-studded affair including concerts featuring world-class artists such as 50 Cent, Ne-Yo, and Akon amongst others. For the 2023 season, it featured top WTA and ATP players – Aryna Sabalenka, Iga Swiatek, Elena Rybakina, Daniil Medvedev, and Stefanos Tsitsipas. On a smaller scale, India created the Tennis Premier League in 2018 to “transcend the boundaries of traditional tennis tournaments”.7 But what they all have in common is tennis modernised, in some form or other. What they also have in common is the scheduling: December pre-season. But what sets UTS apart is its founder. Not only does supercoach Mouratoglou know a thing or two about tennis and how to get the best out of its players, but he is committed to making this work. He was courtside at every session, often taking notes, to improve and innovate his tour. It is clear that Mouratoglou genuinely wants to make a difference, to make tennis flourish again, and bring in new fans to this wonderful sport.

Mouratoglou told me that it wasn’t difficult to convince the UTS players for this final, despite it being so close to Christmas. Players welcomed the opportunity to get some much needed pre-season match practise. This was apparent when watching the matches – whilst UTS is a new league with a different format and no bearing on ATP ranking points, every player had the same hunger to win. They are competitors programmed to win, wherever they play. It was palpable to watch their frustrations during losses too. Whether that be smashing a racquet, or even a ball into the audience (as Rune did during his final against Draper). 

© UTS Tour

Money is also a big motivator for the players. UTS prize money is life changing, particularly for those lower ranked on the ATP tour. To put it into perspective, an ATP Challenger tournament such as the Rothesay Open, Nottingham paid its winner $21,131 in 2023. The Cinch Championships, and ATP 500 tournament at London’s Queen’s Club paid its winner $477,795 last year. Whilst the ATP 1000’s and slams pay more; they are of course a whole different level of competition. At the UTS Grand Final, Rune won $310,800 as runner up. The Champion, Draper won $546,800 – his biggest payday on court. (His previous best prize money win was $265,000 for reaching the fourth round at the US Open). Even ATP ranked World No.5 Andrey Rublev commented during a press conference, that the prize money would cover all his annual expenses. Not bad at all.

The final was the icing on the Christmas cake, especially for British fans. Like every good Christmas story, this had a fairy-tale ending. It was Jack Draper’s first ever UTS tournament, which he entered as a wild card, to end up winning the title, beating Holger Rune 12-14, 15-12, 13-10, 19-7. Draper’s stars were aligned. The UTS trophy, (the Zeus trophy), is a lightning bolt. Coincidentally, Draper has a lightning bolt tattoo on his arm which he gladly showed us during his post-tournament press conference. The lightning bolt tattoo that he’d desired since the age of fourteen and eventually got a few years ago was prescient, or was it fate? Life works in beautifully mysterious ways sometimes. 

The UTS Grand Final was over. It was late on a Sunday evening. The crowds had long left the stadium. Press conferences were complete, my mic packed away. As if to keep in tune with the fast, dynamic pace of the UTS format itself, builders had already descended to pull down the court. In a matter of minutes, there would be no tennis court, and the event would be just a memory. I seized the moment, taking a quick selfie – next to ‘London’ on the baseline. Out of nowhere, I heard the words “that’s one way to pose” and turned around to discover a smiling Jack Draper, as he walked past. Where did he come from, and why was he still there? Of course, he was still there. Of course, he wanted to stay on that court until the very last second and savour every moment. That court, that moment was his. It changed his life forever. 

 

Check out https://www.uts.live/

1 https://www.theguardian.com/sport/2023/dec/31/novak-djokovic-calls-for-innovation-but-still-in-dark-over-liv-golf-style-tennis-tour

2 https://www.uts.live/about-uts/

3 Mouratoglou, P (2023), Interview by Amisha Savani for Courts Magazine, 9.11.2023

4 Mouratoglou, P (2023), Interview by Amisha Savani for Courts Magazine, 9.11.2023

5 https://www.uts.live/

6 Mouratoglou, P (2023), Interview by Amisha Savani for Courts Magazine, 9.11.2023

7 https://www.sportskeeda.com/bos/news-the-tennis-premier-league-tpl-a-paradigm-shift-tennis

8 https://www.perfect-tennis.com/prize-money/

9 http://www.sportingnews.com

Le tennis pour dépasser le handicap

Rafael Nadal, Novak Djokovic et Stan Wawrinka figurent aujourd’hui parmi les légendes du tennis moderne et du sport.

Par leurs performances respectives, aux quatre coins de la planète, Stan the Man, le Djoker et le roi de la terre enchantent leurs fans au quotidien en usant chaque jour de leurs cartes maitresses.

Au-delà des aspects purement sportifs, Rafa et Novak et Stan sont des personnalités différentes aux qualités humaines extraordinaires qui rappellent qu’une légende est bâtie sur un palmarès et une personnalité hors du commun. 

En tant que fan de tennis en situation de handicap, atteint d’une paralysie cérébrale, je m’inspire depuis l’enfance de ces joueurs iconiques aux parcours singuliers. Ils me permettent de livrer mes combats personnels en m’appuyant sur leurs forces et d’aimer profondément le tennis. Mes objectifs sont simples : Profiter de chaque moment sur le court et partager le terrain avec les plus grands champions de l’ATP. 

Sur les courts, je pratique le tennis adapté assisté d’un coach en région parisienne, une fois par semaine. Je dois ici rendre hommage à mon coach Filipe qui m’accompagne depuis 9 ans dans cette aventure sportive faite de passion et de travail. A l’entraînement la maxime de Rafa « Work hard, have fun and make it happen » résonne en permanence dans mon esprit

Dans ma vie la maladie se caractérise par des douleurs et des raideurs musculaires multiples, des difficultés de coordination du mouvement. Elle nécessite un traitement et 2 à 3 séances de kinésithérapie par semaine. Avec ces contraintes, difficile de m’imaginer jouer au tennis, et pourtant c’est mon activité favorite.

Au quotidien j’ai à cœur de partager sur les réseaux ma manière de jouer pour montrer que rien n’est impossible et qu’il appartient à chacun de poursuivre ses rêves. Je crois profondément à l’inclusion par le sport. Le sport a le pouvoir de fédérer les citoyens et d’offrir une espace d’épanouissement qui éclipse les difficultés du quotidien. 

Ces dernières années j’ai toujours cru en mon étoile, celle du tennis qui éclaire ma vie et j’ai pu déjà réaliser un certain nombre d’accomplissements. Pour Courts Mag, je partage mes expériences en espérant qu’elles pousseront des jeunes à croire de nouveaux en leur rêve quelle que soit leur condition social ou sanitaire. 

Rafael NADAL est ma première source d’inspiration, mon idole, le modèle sportif de ma jeunesse. 

Souffrant d’une infirmité motrice et cérébrale depuis ma naissance, j’ai découvert Rafael Nadal à l’âge de 6 ans lorsque les opérations chirurgicales et les séances de réadaptation à l’hôpital s’enchainaient aux rythmes des matchs de Roland-Garros. Rafa, a alors 19 ans et fait preuve d’une combativité exemplaire pour sortir coup sur coup Richard Gasquet puis Sébastien Grosjean. Je me souviens parfaitement de ces rencontres dominées par un jeune homme des Baléares qui brillait par sa volonté et par la puissance de ses grands coups liftés. 

Plus tard, soucieux de ma réussite scolaire malgré mon handicap et de ma participation aux cours d’éducation physique au collège puis dans l’enseignement supérieur, l’Espagnol est alors apparu comme un modèle de travail et d’implication sur le chemin de la réussite. 

Mon parcours semé d’embuches face au système éducatif pas encore engagé dans l’inclusion m’a demandé de la résistance et du courage pour réaliser mes objectifs. A cet égard, la légendaire combativité du majorquin était une immense source d’inspiration en accord avec ma propre éducation. A l’occasion de Roland-Garros 2019, après des années d’espérance j’ai eu la chance de rencontrer Rafa après la finale remportée face à Dominic Thiem. Cette rencontre à 21h27 au crépuscule et au cœur du court Philippe-Chatrier reste pour moi un immense moment d’émotion. 

Rafa m’inspire pour pratiquer mon sport en conservant une attention particulière à ma progression. J’apprécie son style de jeu en puissance mais je m’attache toujours à rappeler que le Majorquin a une main magique, c’est un volleyeur exceptionnel. Mon séjour de 4 jours en Espagne au sein de la Rafa Nadal Academy en février 2022 a ici constitué un aboutissement comme l’opportunité de vivre encore ses rêves malgré la maladie. L’Académie m’a ainsi offert la possibilité d’apprécier de nouveau un moment magique avec Rafa pour partager notre passion commune du tennis et lui exposer ma manière de pratiquer. Cette visite m’a aussi montré que derrière un champion exceptionnel d’une gentillesse incroyable, il y a une équipe bienveillante et pleinement au service du champion. Je garde en mémoire les échanges riches avec Rafael Maymo, son physiothérapeute avec qui nous avons parlé kiné et les conseils tennistiques fondés sur le plaisir et le travail qu’a pu me prodiguer l’oncle Toni. Rafa prête une attention particulière à la question du handicap à travers les actions de sa fondation et l’accueil d’initiative favorisant la pratique sportive comme moteur de l’inclusion sociale. Cette rencontre avec Rafa réunit un garçon aux jambes atrophiées et au pied plat sévère (comme Rafa) et un champion impressionnant remarquable pour la puissance de ses frappes et sa combativité à nulle autre pareil. 

Novak Djokovic est le symbole de la surprise. Après Roger Federer, Novak Djokovic est l’autre grand rival de Rafael Nadal, pourtant, j’ai toujours apprécié sa spontanéité. Son empathie certainement renforcée par son passé tumultueux au milieu des bombes l’amène à s’engager dans des causes sociales et au service de l’inclusion. Nole n’hésite pas à utiliser son écho médiatique pour faire la promotion du para-sport. Il affiche ainsi régulièrement sa proximité avec l’ex-joueur de tennis fauteuil Dylan ALCOTT lors de l’Open d’Australie ou avec l’argentin Gustavo FERNANDEZ qui figure parmi les meilleurs joueurs du monde de tennis-fauteuil. Son partenariat avec Lacoste l’a amené à valoriser dans sa communication la nouvelle collection vestimentaire développée par l’athlète handisport Théo CURIN. Lors du tournoi de Dubaï 2020 auquel j’ai assisté, peu de temps avant l’explosion de la crise sanitaire, Novak Djokovic a pris le temps de partager un moment sur le court avec des enfants lourdement paralysés. Il a ainsi à cœur de partager sa passion à travers des moments où il est possible d’oublier la maladie et les difficultés de la vie ne serait-ce qu’un instant. 

Novak Djokovic m’a ainsi offert lui aussi plusieurs souvenirs inoubliables dont le dernier en marge des Internationaux de France de Roland-Garros 2022. Grace à mon travail acharné sur les courts, Novak a fini par repérer l’une de mes vidéos de joueur en situation de handicap physique que je poste régulièrement sur les réseaux sociaux pour tenter d’attirer l’attention des champions et véhiculer modestement un message d’espoir pour dire que la passion l’emporte sur tout le reste. Le Serbe m’a contacté par les réseaux un soir où je terminais mes révisions d’examen pour me proposer une rencontre. 

C’est ainsi que j’ai pu retrouver le numéro 1 mondial en salle de presse à l’issue de son succès au 2e tour. J’ai ainsi été marqué par la générosité immense de Djokovic, son attention et la communication qu’il a faite au grand public au sujet de notre meeting. Je garde précieusement en mémoire ses conseils sur la nécessité de continuer de travailler dur sur les terrains pour atteindre ses rêves. Je dois ici rendre hommage à son agente la discrète et formidable Elena Cappellaro. 

Dans cette rencontre il y avait une différence saisissante et amusante, un décalage entre moi, le jeune fan amateur passionné par le jeu au corps cabossé et la personnalité de Djokovic qui représente à mes yeux le joueur parfait sur le plan physique comme en témoigne sa souplesse inégalable dans le monde du tennis. Cette opposition se retrouve aussi dans nos styles. Alors que ma mobilité limite considérablement mon endurance dans les échanges et ma capacité à jouer des revers recouverts (j’utilise davantage le slice) je me retrouve face à l’homme qui a fait de la ténacité du fond du court sa marque de fabrique et de son revers, un coup signature admiré par tous les observateurs.

Novak m’a promis dans son tweet qui a suivi ce moment de partage que nous finirons par échanger quelques balles un jour ensemble. Partager le terrain avec les plus grands joueurs de la planète constitue mon rêve le plus ultime, j’espère y arriver un jour. 

Que dire enfin de Stan Wawrinka ou plutôt Stan The Gentleman. Comme rappelé plus haut, je rêve de taper des balles avec les meilleurs joueurs de la planète. Lors du Rolex Paris Masters j’ai donc tenté de toucher le champion suisse. Pour moi le niveau qu’il avait affiché en finale de Roland-Garros 2015 pour s’adjuger la Coupe des Mousquetaires restent l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de ces dernières années. Stan est très proche de ses fans et surtout assez fréquemment connecté sur les réseaux. C’est ainsi que 48h après avoir posté quelques images en exprimant mon désir de défier Stan au RPM, Stan the Man m’a contacté en MP pour concrétiser ce rêve fou avant son entrée dans le tournoi.

Lundi 30 octobre à 16h30, accompagné de Stéphan Brun coordonnateur des relations avec les joueurs à la FFT, qui fait un merveilleux travail depuis 30 ans, j’ai pu rejoindre Stan sur son court d’entraînement. J’assistais, émerveillé à cette préparation d’avant match qui demande beaucoup de concentration. Stan travaillait son service kické et la cadence dans la diagonale de revers à une main. Ce revers quel beauté ! On voyait là le travail tactique mis en œuvre pour tenter de battre Dominic Thiem en night session. Le Suisse m’a alors permis de taper quelques balles avec lui sur les dix dernières minutes de l’entraînement. Quel moment magique ! Stan c’est un grand gamin, 38 ans avec un esprit de 17 ans. Les fans le surnomment « Stanimal », pour moi c’est le gros nounours adorable de bonne nuit les petits qui vous dit faites de beaux rêves et mais qui finalement réalise vos propres rêves en toute simplicité. Je l’aime et l’admire et n’aurai jamais assez de mots pour le remercier de cette délicate attention. 

Rafael Nadal, Novak Djokovic et Stan Wawrinka m’ont inspiré et offert des moments magiques. A l’heure d’achever l’écriture de cette article, me viennent à l’esprit les mots inspirants prononcés par Novak Djokovic en soulevant son 22e titre en Grand Chelem raisonnent encore en moi : « Rêvez en grand, osez rêver, ne laissez personne vous enlever votre rêve ».

Capturer le son, prolonger l’échange

Au son, on sait qu’elle sera gagnante. Impact compact, clarté dans la dynamique, la réverbération du stade qui soudain crée de la cohérence à l’écho. Pas besoin de regarder, cette balle ne reviendra pas. Elle conservera avec elle, pour toujours, le souvenir capturé de ce son mat. Et, faute d’être un jour réemployée, elle le conservera pendant 2500 ans — le temps nécessaire à ce qu’elle se dégrade. Ensuite, et seulement ensuite, le son sera libéré. 

Le tennis est l’un des sports les plus polluants du monde. L’équation est simple : des balles coûteuses écologiquement à produire, ayant une durée de vie très courte et mettant plusieurs milliers d’années à se dégrader. L’équation est si simple qu’une fois tous ces paramètres pris en compte, de l’autre côté du signe égal une évidence s’impose : pour peu que nous décidions collectivement de prendre en compte le réchauffement climatique et d’agir pour a minima le contenir (mieux vaut tard que jamais), voilà un sport voué à disparaître. 

Avouez que ce serait dommage. Partant du principe que vous êtes plongé dans la lecture d’un article émanant d’une revue de tennis, je pense que vous l’avouerez sans difficulté. Nous ne sommes pas les seuls à penser que la disparition inéluctable du tennis, sacrifié sur l’autel de son empreinte carbone, ferait de la peine. Mathilde Wittock, une écodesigneuse basée à Bruxelles, a même quelques idées pour conjurer le sort et faire en sorte que cela ne se produise pas. Et là aussi, il est question de son et de balles.

Time is on her side

Tout commence à la Saint Martins Art School de Londres où Mathilde Wittock étudie le design industriel. Et manque de tout abandonner lorsqu’elle constate que les produits qu’on lui demande de concevoir ne prennent pas du tout en compte la question environnementale. Elle qui, par son futur métier, voulait apporter des solutions durables au problème majeur que constitue la fin annoncée de la planète pour cause de radiateur à bloc et d’énergie fossiles découvre que sa filière de cœur fait en réalité partie du problème. Dès lors, Mathilde Wittock se trouve confrontée au même dilemme qui agite les hommes et les femmes depuis la nuit des temps : pour exprimer son désaccord, vaut-il mieux rompre avec le système ou le changer de l’intérieur ou créer un système alternatif en espérant supplanter le système, coucou la PTPA ? Elle décide de donner à son travail une orientation différente en s’inscrivant dans une démarche d’écodesign pour donner du sens à ses créations.

Mathilde réfléchit à la question et cherche le bon bout de la raison ; pour elle, ce ne sont pas les matières les responsables du problème environnemental, mais la manière dont on les traite. Il faut imposer un nouveau paradigme circulaire pour éviter la surproduction inutile et allonger la durée de vie des matières, des produits qu’elles constituent et de la planète. Autrement dit : comme Andy Murray ramenant toutes les balles, il faut donner une chance à la matière ; comme Andy Murray revenant à hauteur pour la troisième fois consécutive après avoir été mené deux sets à rien, il faut prolonger l’espoir ; comme Andy Murray continuant de jouer avec une hanche en métal, il faut prolonger la vie.

Acoustique et vieilles dentelles

Un jour, un client lui commande un modèle de parois acoustiques pour open spaces susceptibles d’être produit partout dans le monde via le tissu local et les ressources disponibles. Mathilde Wittock envisage divers types de bois, mais aucun n’offre de propriété acoustique réellement satisfaisante. Elle se met alors en tête de réfléchir au potentiel réemploi de déchets locaux à des fins acoustiques. Quels types de déchets trouve-t-on partout dans le monde, standardisés sur le même modèle et qui pourraient convenir à ces besoins ? 

Un indice : c’est jaune et ça laisse des peluches. 

Sphérique, sensuel, sensoriel et recyclable

Le choix de la balle de tennis ne vient pas de nulle part. Pratiquante (obédience Federer) depuis ses 5 ans, Mathilde Wittock a toujours nourri pour la balle de tennis une sorte de fascination qui l’avait amenée, dans le cadre d’un autre projet, à en utiliser pour remplir des coussins. Il est vrai que la balle présente des avantages indéniables : sphérique, avec une matière très stimulante sur le plan sensoriel, elle est aussi une aberration écologique qui met cinq jours à être produite pour être jetée au bout de neuf jeux. Mathilde comprend que l’utilisation des balles dans le projet acoustique pourrait à la fois permettre de répondre à la commande et à ses exigences écologiques et esthétiques. 

Elle se met alors à découper des balles pour leur donner un nouveau look et finit par les couper en deux. L’assemblage permet de dissimuler le logo. Les balles sont parties pour leur nouvelle vie. 

Je ne peux m’empêcher d’imaginer qu’elles renferment encore sur leur panneau acoustique tous les bruits mats des frappes qui les ont promenées sur les courts. Il faut dire que les sons ne s’éteignent jamais vraiment. Ce n’est pas Mathilde Wittock qui dira le contraire. 

Hypersensibilité sensorielle

Peu après s’être lancée dans la création de mobilier à base de balles recyclées, Mathilde Wittock s’est rendue compte que tous les projets qui l’animaient étaient liés au son. Facilement destabilisée par le bruit, Mathilde Wittock a mis des années avant de comprendre qu’elle avait développé à l’égard des vibrations sonores une hypersensibilité. A tel point qu’elle a mis en place des mécanismes de coupure totale avec son environnement pour pouvoir travailler, se concentrer, vivre.

De cette fragilité, Mathilde Wittock a fait une force : ses recherches sur l’impact du son sur la santé lui ont permis de développer une expertise peu courante dans le design contemporain. De tous les sens mobilisés, le son est en effet le grand oublié des designers qui oublient que toutes les matières produisent une sensation sonore. Au royaume de l’image, le son n’a pas sa place. Il s’agit pourtant d’une vibration physique qui peut avoir un impact sur la santé à terme, ne serait-ce que parce qu’on écoute en boucle la même chanson mille fois et que l’on finit par en nourrir une migraine persistante.

Ce qui nous ramène invariablement (c’est une constante mais elle a sa logique, vous en conviendrez) au tennis : le tennis est l’un des rares sports qui requiert encore aujourd’hui un silence absolu. Ce silence est bien sûr la condition nécessaire à la concentration des joueurs ; il est aussi et surtout indispensable pour entendre le bruit des balles. 

Silence, solitude, missiles en bout de course. Le tennis est par nature le sport de l’introspection, de la réflexion, de la transcendance. C’est une formidable répétition de la vie où l’on apprend à faire face au stress, à affronter la déstabilisation. Une école où l’autre s’oppose à nous mais s’avère indispensable à notre propre survie. Le tennis est un miroir déformant de nous-mêmes traversant la vie. 

Rien d’étonnant, dès lors, à ce que Mathilde Wittock ait décidé de pousser plus loin son travail avec les balles de tennis. 

Une matière, mille emplois

Car en utilisant ce matériau, l’écodesigneuse a très rapidement compris qu’elle avait créé une matière plus encore qu’un design. Après les panneaux acoustiques, elle s’est mise à construire des bancs, puis des fauteuils sur cette même base. C’est beau, c’est confortable et c’est écolo. 

Désormais, Mathilde Wittock poursuit un double objectif : améliorer ses créations grâce à la collaboration potentielle d’acousticiens et de sérialiser leur production à travers, par exemple, un partenariat avec des tournois désireux de faciliter le réemploi de leurs balles. Voilà qui permettrait aussi de faire connaître davantage son travail et, potentiellement, d’inspirer le monde du tennis dont la survie à moyen terme est compromise en l’absence d’une profonde réforme sur le plan de son impact environnemental. 

J’évoquais deux ambitions ; ajoutons-en une troisième : si Roger Federer souhaite se reposer sur un banc ou un fauteuil de sa création, Mathilde sera plus que ravie de le lui permettre. 

Constant Lestienne

un magicien dans le Top 100

Sur le circuit, il est connu pour son jeu atypique, ses services à la cuillère et… ses tours de magie qu’il distille dans le vestiaire aux autres joueurs. Constant Lestienne, 30 ans, a goûté pour la première fois à la lumière du top 100 l’été dernier après de longues années à batailler dans l’ombre du circuit secondaire. Une belle récompense pour le Français qui a raconté à Courts ses premiers pas dans l’élite, sa rencontre avec Roger Federer et sa passion pour la magie.

 

Courts : Comment as-tu vécu ton entrée dans le top 100, comme un soulagement, un aboutissement ou simplement une étape de franchie ? 

Constant Lestienne : Oui, on peut le voir comme un aboutissement dans le sens où j’avais essayé toutes ces années de l’atteindre sans réussite. Je suis très content de pouvoir dire que j’ai été dans le top 100, c’est symbolique pour tout joueur de tennis. Mais maintenant que j’y suis, je le vois plus comme une étape et j’ai envie d’aller chercher bien plus haut, pourquoi pas jusqu’au top 30 par exemple. Je m’en sens capable. 

 

C : Tu as joué pendant des années sur le circuit Challenger, est-ce vraiment l’univers impitoyable que l’on imagine ? 

C.L. : Oui, c’est vraiment la guerre. Tout le monde a le couteau entre les dents, on ne gagne pas beaucoup d’argent. C’est vraiment une étape que tout le monde veut franchir avant le Graal, qui est de jouer les tournois ATP. Donc c’est une ambiance qui est assez dure. Tout le monde a envie d’être performant, les conditions de jeux sont plus difficiles, les matches ne sont pas télévisés. C’est compliqué, il faut faire son trou.

 

C : Maintenant que tu joues les tournois ATP, qu’est-ce qui change le plus par rapport au circuit Challenger ?

C.L. : C’est surtout l’organisation qui est bien meilleure. On joue dans de grandes villes qui sont faciles d’accès. On a des beaux hôtels, on vient nous chercher à la gare ou à l’aéroport. On mange mieux. Et puis forcément, on joue sur des courts centraux avec du monde. Mon entourage peut regarder mes matches à la télé. Tout est plus facile en fait, ce sont plein de petits détails qui font que la vie est plus agréable.

 

C : Financièrement aussi cette entrée dans le top 100 doit te permettre de voir venir, est-ce que tu sens moins de pression à ce niveau-là ?

C.L. : Contrairement à ce qu’on pourrait penser, on ne joue pas pour l’argent. Moi, en tout cas, je ne joue pas pour l’argent. Ce qui peut me faire stresser, c’est plutôt les points ATP. C’est le véritable enjeu. La question de l’argent ne m’a jamais paralysé dans mon jeu. Après, dans les tournois du Grand Chelem, on sait qu’il y a la possibilité de gagner énormément d’argent, mais tout ça vient avec le classement. 

 

C : Est-ce que tu t’es fait un petit cadeau pour fêter ton entrée dans le top 100 ?

C.L. : Non, pas vraiment. J’ai voyagé un peu en business quand je suis allé à San Diego et puis ensuite pour aller à Tel Aviv. C’était la première fois de ma vie que je voyageais en business class donc je considère ça comme un petit cadeau. Mais je ne me suis rien acheté encore. J’essaie de garder la tête sur les épaules et de ne pas m’emballer. 

 

C : Physiquement tu sembles enfin avoir trouvé une certaine stabilité alors que jusque-là, ta carrière avait toujours été freinée par les blessures.

C.L. : J’ai un kiné qui est basé à Paris que je vois régulièrement et qui prend soin de moi. Ça me permet de repartir « requinqué » pour le prochain tournoi. D’ailleurs, mon but pour l’année prochaine serait de voyager avec un kiné sur plusieurs semaines pour travailler plus en profondeur. L’objectif, c’est aussi de pouvoir jouer encore longtemps, jusqu’à 35 ou 36 ans. Ce serait vraiment génial parce que j’adore ça. Grâce à mon classement et au prize money des tournois ATP, maintenant je peux envisager de voyager avec un kiné. Sur le circuit Challenger, à moins d’avoir un sponsor, la question ne se posait pas. 

 

C : Il semble aussi que tu aies trouvé de la stabilité dans ton entourage avec ton entraîneur Julien Varlet.

C.L. : Oui, ça se passe super bien avec lui à la « French Touch Academy » où je vais aller cet hiver pour préparer l’Australie. C’est vraiment une équipe de « mecs » adorables et compétents, je sens que je fais partie d’une famille, tout le monde est derrière moi. C’est important de savoir qu’on a des personnes derrière nous. Il y aussi ma copine Léa qui est pour beaucoup dans ma réussite. Elle m’a beaucoup aidé émotionnellement à franchir le cap. Elle m’a accompagné pendant un an sur les tournois. Tout cet environnement m’a beaucoup aidé à entrer dans le top 100. 

C : Avec ces bons résultats, tu as été un peu plus médiatisé, est-ce que tu sens plus d’attention et de reconnaissance ? 

C.L. : Oui un petit peu. Bon, c’est sûr que si je marche dans la rue, personne ne va me reconnaître (rires). Ce qui pourrait me faire connaître c’est de gagner des matches à Roland-Garros ou à Bercy. Mais pour l’instant, je ne suis pas encore connu du grand public. 

 

C : Quel joueur du top 10 aimerais-tu affronter ?

C.L. : J’aimerais bien jouer contre Nadal parce que c’est mon idole. Mais bon, je préfère faire des matches contre des adversaires moins bien classés et les gagner, plutôt que de tomber au premier tour contre un membre du top 10, même si ce serait une bonne expérience. 

 

C : Tu as eu l’opportunité de servir de sparringpartner à Roger Federer en 2018 à Dubaï. Peux-tu nous raconter cette expérience ?

C.L. : C’était un super souvenir, que je garde précieusement. Roger avait demandé deux Français pour s’entraîner pendant 3 semaines à Dubaï et la FFT nous avait fait ce cadeau avec Corentin Moutet car on avait fait une bonne saison. C’était incroyable de partager ses entraînements pendant presque trois semaines. J’ai appris à le connaître et c’est vraiment un mec en or, trop sympa. Il m’avait donné quelques conseils. 

 

C : Dans ta façon de jouer, assez créative, on sent que tu as besoin de t’amuser sur le court. Est-ce que quand on est joueur professionnel on arrive encore à voir le tennis comme un jeu ? 

C.L. : Pas trop, je le prends vraiment comme mon métier. Parfois, il est bon de se rappeler qu’on joue à un jeu. Mais on arrive à un niveau où il faut vraiment être sérieux, où tout le monde a envie de gagner avant de s’amuser, avant de jouer. 

 

C : Tu es un adepte du service à la cuillère, quel est le secret pour réussir ce coup ? 

C.L. : Le service à la cuillère, j’ai commencé à l’utiliser il y a 4 ans. C’est parti d’une blessure à l’épaule qui m’a empêché de servir à plus de 160 km/h pendant trois ans. Il y a des moments où ce coup m’a sauvé. C’est un coup qu’il faut garder pour des moments précieux, il ne faut pas en abuser. D’abord, il faut s’assurer avant de le faire que son adversaire est bien en position, sinon il peut prétendre qu’il n’était pas prêt et le point doit être rejoué. Il est plus facile de le tenter côté avantage. Il doit être le plus court et rasant possible pour que l’adversaire soit en bout de raquette obligé d’aller au filet, puis on tire un passing ou un lob.

 

C : En dehors du court tu as une passion peu commune, la magie, d’où vient-elle ? 

C.L. : J’ai toujours aimé la magie. À l’âge de 24 ans, j’ai eu une blessure et donc je suis resté à Paris pendant plusieurs mois. Je suis entré dans un magasin de magie et j’ai rencontré des magiciens qui m’ont dit : « Vas-y, montre-nous ce que tu sais faire. » Je tremblais, mais j’ai essayé de faire un tour (rires). Ensuite les mecs m’ont emmené dans un café et m’ont montré plein de trucs. Là, j’avais des étoiles dans les yeux, je suis tombé amoureux de la magie. Depuis ce jour, je n’ai jamais arrêté.

 

C : Est-ce que tu trouves le temps de pratiquer ? 

C.L. : Avec une vie de joueur de tennis on a beaucoup de temps morts, dans les hôtels, dans les transports, les aéroports. Je trouve ça bien d’avoir un paquet de cartes dans la poche. On a le temps de s’exercer ou bien d’amuser la galerie, de faire plaisir aux copains. Je trouve ça très agréable. Ça me permet de me changer un peu les idées pendant les tournois. J’en ai fait un peu moins cette année car j’ai été plus concentré sur mon tennis, mais je garde cette passion ; et pourquoi pas l’utiliser plus tard ?

 

C : D’ailleurs, est-ce que tu as parfois recours à la magie pour jouer des mauvais tours à tes adversaires ?

C.L. : J’ai étudié le mentalisme qui est une partie de la magie et ça m’a un peu aidé à lire mes adversaires au retour de service.  Oui, il y a deux ou trois trucs qui m’ont aidé pour essayer de lire les zones. 

 

Est-ce que les autres joueurs connaissent ta passion pour la magie ?

C.L. : Oui, je suis connu dans le vestiaire pour mes tours de magie. Quasiment tous les joueurs le savent, j’ai fait pas mal de tours pendant les tournois. On m’appelle le magicien ! 

 

Article publié dans COURTS n° 13, automne 2022.

La lenteur

© Ray Giubilo

Madeleine, 6 ans, a dit un jour ceci : « Et si les Indiens avaient gagné la guerre contre les cowboys, la terre serait moins polluée… »

 

Au premier abord, on aurait tendance à voir dans cette phrase une réflexion à la candeur amusante, pourtant, elle interroge et est suffisamment sérieuse pour être citée dans Philosophie Magazine. Grosso modo, la pensée de la jeune fille est la suivante : si l’éthique amérindienne, dont l’un des principaux piliers était la sobriété et la lenteur, avait pu vaincre la quête de démesures, d’abondances et de vitesse de la société européenne, nous n’en serions peut-être pas arrivés à ce point de non-retour sur la question écologique. On peut pousser la question de leur opposition philosophique jusqu’à sa limite la plus extrême : si les lentes incantations chamaniques des grands chefs Sioux avaient pu venir à bout des démons de la vitesse, aujourd’hui, le tennis serait sans doute le sport le plus regardé… Plus sérieusement, on peut constater que dans ce monde tournant de plus en plus vite, le tennis, qui lui, prend tout son temps, est simplement indispensable.

© Art Seitz

Les démons de la vitesse 

Le rythme de nos vies est effréné. Les désirs et les besoins, pour la plupart factices, sont infiniment plus nombreux et le plaisir procuré par le comblement de ces derniers est aussi éphémère que croissant. C’est une histoire frénétique sans fin, comme une soif qu’on n’arrive pas à étancher. On n’a plus le temps. On n’a tellement plus le temps que pour le prendre, il faut prévoir huit mois à l’avance. Constamment en manque de temps, alors que le progrès est censé nous en avoir libéré. C’est d’ailleurs l’un des plus grands paradoxes de l’ère moderne : plus on gagne du temps, moins on en a. Alors on s’organise comme on peut dans un univers déjà pré-organisé façon « Mon oncle » de Jacques Tati. On se déplace dans sa plus ou moins petite boîte motorisée pour se rendre au boulot dans une plus ou moins grande boîte. Puis on retourne le soir dans sa maison, une énième boîte, avec ou sans jardin, pour manger son repas en boîte et regarder une autre petite boîte dans laquelle on a souvent envie d’en distribuer. Malgré les tentatives des grandes instances tennistiques pour essayer de faire rentrer le tennis dans une de ces boîtes, en abolissant notamment la règle des deux jeux d’écart dans le cinquième set, celui-ci reste indomptable et parfaitement imprévisible. 

 

Ralentir

Le sentiment d’urgence, parfaitement anxiogène, dont nous sommes prisonniers et qui nous pousse à accélérer la cadence de façon machinale tend à disparaître dès lors que l’on commence à regarder un match de tennis. Il y a quelque chose de magique dans sa spécificité du rapport au temps. Pour le spectateur tout semble aller au ralenti. Sensation décuplée lorsque le jeu se déroule sur ocre. À partir du moment où les joueurs entrent sur le court, on remarque une certaine lenteur et un relâchement dans leur manière de bouger et de se déplacer. Les échanges sont souvent longs et entre chaque point joué, ou du moins, quasiment, ils s’en vont doucement dans le coin du terrain, en reprenant leur souffle, se saisir de leur serviette pour s’essuyer, méditer, cogiter… Juste avant de servir. Là encore, pour réussir cet exercice aussi difficile qu’il est important, on prend généralement son temps. Un temps moyen situé quelque part au milieu sur une échelle entre Roger Federer et Rafael Nadal. Les pauses sont fréquentes. Une minute trente pour le repos lors des changements de côté qui ont lieu à la fin de chaque jeu impair et deux minutes à la fin de chaque set. Il y a aussi la fameuse pause pipi fixée récemment à cinq minutes après les grosses polémiques soulevées en 2021. 

La voix de l’arbitre est calme et articulée, le silence qui règne pendant les coups de raquette participe quant à lui à une sorte d’hypnose de masse semblable aux pouvoirs orchestraux des grandes chanteuses de jazz. Lorsque Nina Simone, le regard impérieux, décidait d’arrêter de jouer quelques secondes avant de reprendre, c’était pour capter l’attention d’un public quelque peu dissipé ou faire taire le plus discret des chuchotements qui la dérangeait. Tout à coup, l’atmosphère s’intensifiait et les gens présents dans la salle faisaient d’autant plus attention aux détails les plus subtils. Comme pour le jazz, le tennis est d’une exigence absolue, tant pour les joueurs – exigences techniques, physiques et mentales – que pour les spectateurs. Le moindre petit bruit dans les tribunes peut engendrer une fausse note, un faux pas, la moindre petite inattention chez le spectateur peut lui faire louper un coup magistral. Il demande sans cesse l’ici et le maintenant de la présence. Il nous incite à reconstruire notre relation au temps, à ralentir la cadence et par conséquent, à nous faire travailler notre concentration tout en éduquant notre regard. 

© Ray Giubilo

Tennis éducation

De plus en plus d’études indiquent que le pourcentage des personnes atteintes de troubles de l’attention a augmenté depuis l’avènement du tout numérique. La « génération connectée » est naturellement la plus touchée par le phénomène. Complètement absorbée par sa tablette tactile, ou encore, son téléphone portable, véritable prolongement du corps humain, elle est à la fois ici et ailleurs mais plus ailleurs qu’ici. Les yeux rivés sur notre smartphone, on tweet et interagit dans un monde digital sans vraiment écouter les personnes du monde réel. On côtoie parfois certaines choses sans vraiment les habiter, on emmagasine une quantité astronomique d’informations sans jamais avoir le temps de les creuser, les approfondir. Notre esprit est la plupart du temps embrumé, mais, étant pris dans l’engrenage du rythme de nos vies, au lieu de ralentir le pas, on aura plutôt tendance à l’accélérer. Dans son roman La Lenteur, Milan Kundera démontre d’une superbe façon le lien très étroit qu’il y a entre la vitesse et l’oubli : « Dans la mathématique existentielle cette expérience prend la forme de deux équations élémentaires : le degré de la lenteur est directement proportionnel à l’intensité de la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli. » C’est simple, plus on va vite et plus on oublie, au contraire, plus on ralentit et plus on se souvient. Ce qui explique notamment pourquoi les matchs de tennis qu’on a tendance à retenir, et les plus mémorables de l’histoire de ce sport, sont ceux qui ont été le plus disputés et qui ont duré le plus longtemps.

C’est précisément le caractère exigeant et totalement imprévu du tennis qui est aujourd’hui essentiel. La télévision ou même le cinéma nous offre de plus en plus de spectacles qui manquent de consistance, les émissions et les films sont   formatés à la sauce Netflix. Rythme filmique soutenu, séquences au ralenti façon blockbusters et mécanique bien huilée basée sur un algorithme savamment étudié. D’ailleurs l’expression « Netflix and chill » est parfaitement à propos, « regarder Netflix et se détendre », voilà comment on consomme le cinéma : dans la détente et sans prise de tête. Évidemment, il est rare que cela dépasse les 2 heures. Le tennis, c’est tout le contraire. Quand on regarde un match, on a besoin d’une implication quasi totale. Qui peut varier d’une heure trente aux plus de onze heures du Isner/Mahut, « Le Tango de Satan » de la petite balle jaune ! Et on a complètement tort de supposer qu’un match de tennis n’est pas narratif : c’est très souvent le contraire. On a vu passer pas mal de livres consacrés entièrement à des matchs mythiques, notamment le Coups de génie de L. Jon Wertheim autour de la finale de Wimbledon 2008 entre Federer et Nadal. Ou plus récemment Fedal : Federer – Nadal de Rémi Bourrières et Christophe Perron, bouquin décrivant les 40 confrontations entre les deux légendes.

De par son aspect dramaturgique, que ce soit dans ses règles ou dans sa forme, le tennis fait appel à une quantité incroyable d’émotions. Et pourtant, le plus étonnant c’est qu’il n’a pas besoin de plans filmiques spectaculaires pour les transmettre. En effet, c’est un sport filmé de manière extrêmement simple. Aucune fainéantise de la part des diffuseurs, simplement, un match de tennis ne pourrait pas être filmé autrement. C’est le critique de cinéma Julien Lada qui en parle le mieux : « Le centre d’attention de l’image reste la balle, et non les joueurs. Impossible de filmer un vrai match de tennis en champ-contrechamp, à une époque où la balle va jusqu’à 250 km/h dans la raquette d’un Andy Roddick ou d’un Ivo Karlović. Impossible également de faire faire à la caméra ce fameux mouvement de balancier par lequel on caricature les mouvements de tête des spectateurs. On pourrait bien filmer par le haut, mais l’image aplatie ressemble dès lors plus à une partie de Pong en HD qu’à un match de Roland-Garros. Le seul choix restant, c’est celui de positionner la caméra dans le fond du court, avec pour seule fantaisie la possibilité de varier sa hauteur. » L’image ne pourrait être plus épurée, on va encore une fois à l’essentiel. Notre attention est focalisée sur la balle et c’est alors qu’on peut se délecter de chaque frappe, et remarquer le moindre effet sur un slice de Roger Federer, mais aussi le changement de rythme sur une attaque en coup droit de Rafael Nadal ou encore toute la beauté du revers une main de Richard Gasquet. 

Comme l’écrivait Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal : « La mesure nous est étrangère, reconnaissons-le ; notre démangeaison, c’est justement la démangeaison de l’infini, de l’immense. Pareils au cavalier emporté par un coursier écumant, nous lâchons les rênes face à l’infini, nous hommes modernes, nous, demi-barbares – et nous ne connaissons notre béatitude que là où nous sommes aussi le plus exposés au danger. » Retrouver une certaine mesure et donc une certaine lenteur implique ainsi de construire une idée nouvelle de la « béatitude » et du « bonheur » humain, un bonheur qui pourrait bien trouver sa source dans les limites d’un court de tennis. 

 

Article publié dans COURTS n° 14, printemps 2023.