Tennis géométrique
Par Myriam Bouguerne
Même si le travail de Marcelle Cahn reste encore confidentiel, il est d’une richesse rare… À la croisée du cubisme, de l’expressionnisme et du courant puriste, la peintre s’est émancipée dans un monde de poésie et de musicalité tout en assemblage et en géométrie. Pour le critique d’art Otto Hahn, elle n’a rien à envier aux plus grands noms du XXe siècle et a sa propre identité : « Finalement, elle a une place qui n’est qu’à elle. Elle ne se place ni au-dessous de Léger, ni au-dessous de Mondrian, mais dans le petit espace qui sépare Arp de Mondrian, et Mondrian de Léger. C’est-à-dire que Marcelle Cahn est un petit maître, entièrement personnel et irremplaçable. »
En 1923, Marcelle Cahn passe quelques jours à Zürich dans le même hôtel que le créateur du célèbrissime Cri, Edvard Munch ; alors qu’elle le croise plusieurs fois, elle reste muette sur sa profession et ne se présente jamais à lui comme sa consœur. Voici le plus gros trait de personnalité de la peintre racontée en une anecdote. Elle était effectivement d’une grande discrétion et d’une infinie délicatesse qui transparaissaient jusque sur la toile.
Cahn est surtout connue pour son travail dans le courant de l’abstraction géométrique. Et son œuvre la plus citée est justement La Femme à la raquette, dans laquelle elle conserve encore son influence figurative, une œuvre extrêmement sobre, douce et linéaire, au caractère secret, où la raquette, derrière laquelle se cache une femme (l’élément figuratif), apparaît comme une passerelle vers le géométrique.