Peinture fraîche
Par Loïc Struys
Des raquettes de tennis relookées et inédites sont l’œuvre de Caroline Watteyne, une artiste belge dont l’originalité, la passion et le don cadrent avec la tendance actuelle à la personnalisation.
Un atelier en sous-sol attenant à la maison familiale. Un espace coupé du monde où œuvre Caroline Watteyne, une artiste carolorégienne, et où s’entrechoquent raquettes de tennis, imagination, talent et odeur de peinture fraîche.
À l’image de nombreux créateurs, cette designer de formation s’inscrit dans une contre-proposition à la mondialisation des styles, une tendance de plus en plus répandue qui associe art et mode. Caroline Watteyne transforme l’objet fétiche du joueur de tennis en pièce unique : désormais, celui-ci n’est plus obligé de changer de cadre, il peut le relooker.
« Un coup droit, c’est un coup de pinceau », poétisait le peintre Joël Blanc 1. Caroline Watteyne, elle, applique plutôt des coups de pistolet sur les cadres de raquette, grâce à une technique apprise et développée par Didier Coubeau, son mentor. « Le hasard m’a placée sur son chemin. Je lui dois tout. C’est une personnalité connue dans le milieu de l’aérographie à Charleroi. Il m’a prise sous son aile, j’ai pu perfectionner ma technique à ses côtés et mettre au point mes secrets de fabrication qui garantissent une qualité identique au vernis d’origine. »
Elle autorise de nombreuses fantaisies aux joueurs et joueuses, sous la forme d’une phrase de motivation, d’un symbole personnel ou du prénom d’un proche. « La superstition dans le tennis est universelle. J’apporte une petite contribution au niveau psychologique en veillant à respecter la marque, le poids ou l’équilibre de la raquette. »
L’originalité de la démarche séduit de plus en plus d’amateurs et de professionnels et dépasse les frontières belges. « Les commandes viennent de partout : j’ai déjà préparé des raquettes pour Steve Darcis, Pierre-Hugues Herbert ou Bernard Tomic », nous répond-elle, presque surprise par cette notoriété soudaine, à la fois due à sa dextérité et à ses prix, volontairement démocratiques.
Article publié dans Courts n° 4, printemps 2019.
1 « Un coup droit, c’est un coup de pinceau », interview de Joël Blanc, Courts no 1, avril 2018