fbpx

Erika et Mirra Andreeva :

« Nous jouons sans pression »

Erika Andreeva (à gauche) et sa petite sœur Mirra (© Jean-Baptiste Chanet / Courts)

Souriantes et pleines de vie, Erika et Mirra Andreeva viennent de jouer à Madrid leur premier tournoi de double ensemble. Venant tout juste de perdre, les deux sœurs acceptèrent la demande d’interview. À leur arrivée, leurs sourires en disaient long sur la belle semaine madrilène qu’elles venaient de vivre ensemble. Erika, âgée de 18 ans, a commencé son aventure sur le circuit professionnel en 2020. Glanant quelques ITF, elle est classée 146ème mondiale. Mirra, sa cadette, âgée de 16 ans et qui a fait sensation à Madrid, vient de débuter cette année sur le circuit des grands et cela ne l’effraie pas. Elle est classée quelques rangs plus haut, à la 142ème place. Toutes les deux sont nées en Sibérie dans la ville de Krasnoïarsk. Aujourd’hui, basées à Cannes, elles sont entraînées par Jean-René Lisnard et Jean-Christophe Faurel après un passage par Sotchi. Blagueuses et détendues, elles se confient sur leurs histoires avec la petite balle jaune, leur complicité en double et leurs sensations sur le circuit professionnel. 

 

Grande première d’être alignée ensemble sur un tournoi professionnel, qui n’est autre qu’un WTA 1000, comment vous sentiez-vous ?

Mirra : Je me suis sentie super bien ! C’est une folle expérience, car nous venons de jouer deux matches ensemble et j’ai vraiment aimé ça, en espérant qu’on puisse continuer à plus jouer ensemble, mais cela dépendra d’Erika…

Erika : Je ne sais pas de quoi elle parle, elle sourit, avant elle me disait toujours : « Oh Erika, je suis super effrayée de jouer avec toi » et après le premier match, elle me confie « Oh Erika… J’ai été tellement surprise, j’ai trop aimé jouer avec toi. Quand j’ai besoin de toi, tu me soutiens, et quand je te vois un peu en dessous, je peux aussi te donner un coup de main ! Et je me sens super confortable. »

Et c’est vrai ce qu’elle me dit. On se connaît tellement bien toutes les deux, comme famille, comme sœur, c’est super simple de communiquer ensemble !

Mirra renchéritEt c’est super simple de comprendre à quel moment et quand est-ce que tu dois donner ton appui à l’autre…

Erika : Car durant un double, c’est la clé la plus importante d’avoir cette connexion ensemble, avec ton partenaire.

Erika sait de quoi elle parle, elle qui a fait sensation en double dans la catégorie jeune en remportant de nombreux tournois avec sa partenaire de l’époque, Nadezda Khalturina.

 

À propos de vos performances, quelles sont vos impressions ?

Erika : Avec Mirra, je pense que j’ai joué l’un de mes meilleurs doubles au tennis. Sûrement, car, je me sens vraiment détendue, relax. Je sens un soutien derrière moi et je n’ai pas peur de manquer autant que quand je joue avec une autre fille. Car je sais que mon partenaire me comprendra. Mirra rigole. 

Donc, pour moi, c’est une expérience extraordinaire, j’aime beaucoup et j’espère que nous jouerons souvent ensemble.

Mirra : Je pense que toutes les deux, nous essayons de passer un bon moment sur le court. Nous donnons le meilleur en nous amusant, avec cette mentalité, on a tout bon !

 

Vous évoquez cette connexion, comment la développez-vous lors de votre préparation ?

Mirra : Déjà, il faut savoir qu’on s’entraîne ensemble, au même club, à Cannes. Mais la majorité du temps, on n’a pas énormément de pratique ensemble. Nous sommes plus séparées et bien sûr, on joue plus en simple toutes les deux. Pour le double, c’est surtout quand on a la pré-saison ensemble. 

À Madrid, ce sont vraiment les premiers matchs joués ensemble et j’espère qu’on aura l’occasion de s’entraîner et de jouer beaucoup plus de doubles à l’avenir.

Erika : Maintenant, on aime beaucoup plus s’entraîner au double, car on en a besoin. Avant, je ne pensais pas du tout pratiquer le double aussi souvent et je n’aimais pas trop ça, mais Mirra elle est vraiment drôle, j’aime trop ! Comme nous passons plus de temps ensemble aux événements, ce sera plus facile, car avant, on n’était pas souvent alignés sur les mêmes tournois.

 

Et en termes d’objectifs, qu’attendez-vous de ce double ?

Erika : Nous jouons sans pression. On se marre, c’est divertissant, c’est un entraînement où on s’amuse et on travaille nos coups au filet.

Mirra : Nous n’avons pas de cibles déterminées. Bien sûr, toutes les deux, nous voulons gagner le plus de match possible et jouer notre meilleur tennis tous les jours et à tous les matchs. 

 

Et pour le simple…

Mirra : Me concernant, sur le circuit simple, bien sûr que je peux dire que j’ai des objectifs ciblés… Celui d’être la meilleure joueuse, mais surtout la meilleure version de moi-même. Donc, j’essaye de faire en sorte chaque jour de progresser, donner le meilleur de moi-même et j’espère que cela fonctionnera.

Erika : Je partage la vision de Mirra. Juste le problème quand nous avons un objectif spécifique, on se focalise trop dessus et on manque le processus enclenché pour atteindre l’objectif, la préparation. Regarder juste les résultats ce n’est pas le plus important, c’est toute la mise en place qui l’est.

© Mateo Villalba

Pour en venir aux prémices de votre histoire avec le tennis, comment cette histoire a-t-elle commencé pour toutes les deux ?

Erika  : Pour moi, quand Maman était enceinte, elle a commencé à regarder le tennis et elle a vraiment aimé ça ! 

Puis après, vers mes trois ans, nous avons commencé à aller ensemble dans certains petits clubs pour jouer un peu. Il faut dire que Maman a joué au tennis avant, mais pas comme une professionnelle, plutôt un bon niveau débutant. Et Mirra, elle n’avait pas le choix au final !

(“Oui” reprends Mirra). 

Moi pour mon âge, je jouais bien et quand j’ai commencé à bouger pour les tournois, Mirra venait avec moi la plupart du temps, elle n’avait pas le choix.

Mirra : Oui, j’étais déjà dans les tribunes depuis mes 2 ans, je collectais quelques balles… Mais j’ai commencé assez tard le tennis, quand j’avais bien 6 ans. 

Elle interpelle sa sœur en rigolant  “Attends, tu ne t’en souviens même pas ??!” 

Erika : Mais 6 ans, ce n’est pas si tard, car les débuts pour vraiment jouer normalement, c’est autour de 5 ou 6 ans. Avant c’est un peu comme tous les dimanches, tu viens à un cours et tu frappes une balle en une heure et demie…

(Mirra explose de rire).

 

Mais Mirra, tu as donc commencé grâce à ta sœur..?

Oui, c’est ça, je n’avais pas le choix, comme elle m’a dit… (elle rigole)

 

Aujourd’hui vous êtes localisé à Cannes, depuis 2022, comment avez-vous atterri en France ?

Mirra : Vous savez, je suis venue la première pour faire un essai d’une semaine, donc j’ai joué une semaine entière et j’ai vraiment aimé ça ! Ainsi, au début de l’année 2022, nous sommes venus ensemble avec Erika et nous avons commencé à nous entraîner à Cannes.

Ici, on se sent super bien, c’est vraiment confortable d’être basé en Europe, car c’est plus facile de voyager depuis Nice et nous profitons des nombreux tournois européens.

Focalisées sur leur tennis, les deux sœurs ont peu de temps libre. Mirra doit jongler entre un nouveau statut, celui de joueuse professionnelle tout en gardant du temps pour faire ses devoirs scolaires et ensuite récupérer en regardant une série tranquillement. Concrètement, son rythme s’apparente à : dormir, jouer au tennis, regarder des séries et se reposer. Erika, de son côté, qui a un peu plus de bouteille sur le circuit, mais a une routine similaire. Se lever pour aller s’entraîner sur le court, faire du physique, manger et dormir. C’est encore difficile de faire autre chose, même si elle tente de sortir pour décompresser et trouver ce contact social.

 

En parlant des tournois, quelle est votre sensation sur le Tour ?

Erika : C’est incroyable, c’est comme un rêve ! On voyage tout le temps durant presque toute l’année, car nous avons beaucoup de tournois à l‘étranger. Tous les jours, tu t’entraînes et tu joues. Et si tu aimes ça, tous les jours, tu fais ce que tu aimes et tu es payée pour ça ! 

Quand j’ai commencé à jouer un peu plus de tournois, comme celui-ci, j’ai trouvé cela extraordinaire parce que tout le monde veut t’aider. Tout le monde veut prendre soin de toi…

Mirra : Et tu te sens si spéciale, nous aimons beaucoup cette atmosphère et cette ambiance.

 

Et quels sont vos modèles ou références sur le circuit ?

Mirra : Nadal, Djokovic et Federer. Mais Federer a tout de même été à la première place. Mais depuis l’année passée quand Nadal a remporté l’Open d’Australie, j’ai commencé à beaucoup apprécier son travail acharné, car je l’ai vu souffrir et il a tout donné, réussissant à remporter ce tournoi. Avant, je l’avais mis à la deuxième place, mais maintenant, il est à égalité avec Federer !

Elle se laisse une minute pour donner sa réponse sur le circuit féminin et laisse la parole à sa sœur…

Erika : Tous les 3 sont fabuleux, mais je pense que Novak est sous-estimé. Il a aussi réalisé des choses impossibles sur le court et en dehors. Je ressens qu’il donne toute sa vie pour le tennis et c’est vraiment sous-estimé !

Et sur le circuit féminin actuel, j’aime vraiment beaucoup Leylah Fernandez, mais maintenant ma joueuse préférée, c’est Mirra après sa victoire (Mirra Andreeva a battu Leylah Fernandez lors son entrée en lice à Madrid).

(Mirra rigole)

Sur le circuit masculin, je dirais Jannik Sinner, j’aime beaucoup sa façon d’attaquer. Quand tu le regardes, tu n’as pas l’impression de voir tant d’efforts, je ne sais pas comment il fait quand il tape la balle. Il te donne l’envie d’aller sur le court et de jouer comme lui !

Mirra : Chez les femmes, pour moi, c’est Ons Jabeur, car j’aime beaucoup comment elle joue et on l’a rencontré plusieurs fois, elle est géniale et super gentille ! J’aime sa personnalité et comment elle joue. 

Quand elle explique son style de jeu, Mirra fait référence au style de la joueuse tunisienne.

Sur le circuit masculin actuel, j’aime beaucoup Andrey Rublev, l’un des plus sympathiques du circuit.