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Diviser pour rassembler

Le Tennis Park System 4

© Régis Colombo

C’est l’histoire d’un ancien prof de sport qui se demandait quoi faire au moment de sa retraite. L’histoire d’un amoureux du tennis qui ne voulait plus constater, impuissant, la désaffection des jeunes pour la balle jaune fluo. C’est l’histoire d’une idée à même de reconnecter les jeunes au tennis et les familles au sport. C’est l’histoire d’un rassemblement qui commence par une division.

La division, c’est celle du court. Toutes celles et ceux d’entre vous qui ont un jour été enfants s’en rappellent peut-être (et s’en souviennent plus certainement si, depuis ce temps béni où l’on ignorait ce qu’était une lettre recommandée, ils ont essayé d’initier des enfants au maniement de la raquette) : le tennis, au début, c’est dur. Au menu d’une première séance, on retrouve de la frustration, une incapacité à renvoyer la balle, un sentiment d’impuissance, des engueulades et la tentation de l’abandon. Le tennis est un sport exigeant et difficile et, avant de faire de votre enfant le futur Federer, il faudra le convaincre de retourner sur le court malgré sa mauvaise première expérience. 

C’est précisément le sens du système développé par Michel Russillon, vous savez, cet ancien prof de sport et de tennis que j’évoquais dans le premier paragraphe. Fort d’un constat indiscutable (le plaisir de jouer est central chez les enfants), il s’est mis en tête de créer un système permettant à tous, enfants et familles, de profiter du tennis dès la prise en main de la raquette tout en valorisant les infrastructures des clubs. Pour élargir le spectre des vocations et ramener de nouveaux pratiquants, il s’agit de conjuguer sur un même court divisé en 4 terrains toutes les pratiques paratennistiques qui explosent en Amérique : le pickleball, l’urban tennis (également appelé touchtennis), le cardio tennis et le pop tennis. 

Et voilà sur un même espace réunis toutes les générations possibles et tous les niveaux d’apprentissage. Car l’idée est d’adapter les terrains à la taille des enfants pour maximiser le plaisir et éviter la frustration. 

L’idée est venue à Michel Russillon en visitant les terrains de Californie où son fils s’était installé. Pour attirer de nouveaux publics, les clubs s’étaient adaptés pour proposer, en plus du tennis classique, des formats de jeu plus simples et plus amusants. Balles et raquettes évolutives, accès direct au jeu, le tout en complément de la pratique adulte classique à laquelle accèderont en temps voulu les jeunes initiés. 

Le kit s’installe facilement sur un terrain classique : de 4 à 6 ans, les enfants sont dirigés vers le mini club, avant de rejoindre l’espace Kids jusqu’à 8 ans et le court central à 10 ans, aux dimensions plus larges. Des codes couleur stimulent l’imaginaire des jeunes joueurs qui cherchent à s’améliorer pour passer d’un terrain à l’autre dans l’idée, un jour, d’obtenir la consécration sur le court central. 

Cette proposition permet également aux clubs de proposer des solutions complètes aux familles et de transmettre les valeurs du sport : pendant que les parents jouent sur les courts classiques, les enfants peuvent s’épanouir sur des terrains adaptés à leur niveau et leur gabarit. 

© Régis Colombo

Et les retours sont excellents. A la Halle Beaulieu, où Michel Russillon a installé pour la première fois le System 4, le club a retrouvé des couleurs, sans mauvais jeu de mots. Plus de convivialité, de nouveaux publics conquis, un divertissement accru : dans la société de l’immédiateté et du viral, ces arguments comptent. 

Depuis, Suisse Tennis, qui soutient le projet, a permis d’ancrer plus encore le projet en favorisant son installation dans des grandes villes. La fédération suisse a d’ailleurs créé ad hoc un département “Tennis populaire” pour aider le sport à sortir des murs et à entrer en résonance avec les services des sports dans les villes et les écoles. C’est là le sens de l’histoire. 

La preuve : on voit depuis quelques années se multiplier les initiatives du genre. Urban tennis à Roland, pop tennis à l’Open d’Australie, etc. La solution System 4 a le mérite de réunir toutes ces innovations en minimisant les coûts, les clubs n’ayant qu’à acquérir le kit et la licence d’exploitation et à mobiliser un terrain pour proposer cette prestation.

Intuitivement, à force de parler de l’avenir du tennis, on pourrait penser que ces disciplines mutantes seront un jour amenées à supplanter le sport tel que nous le connaissons. Ce n’est pas le cas : touch tennis, pickleball et autres dérivés doivent être envisagés comme des compléments ludiques qui favorisent l’initiation des jeunes et le maintien en forme de celles et ceux qui ne se sentent pas de cavaler 3 heures en plein cagnard sur un vrai terrain avec une raquette de 450 grammes à la main. On ne leur jette pas la pierre. 

“The future is in racquets programs“ assurait Simon Gale, le directeur des sports de raquette de l’USTA, en 2022. Peu à peu, cette idée fait son chemin et infuse dans les fédérations et auprès des clubs. Jusqu’à s’implanter partout dans le monde ? 

Diviser pour mieux régner, dit-on. Cela marche aussi pour rassembler.