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Courts à géométrie variable

Depuis 2020, avec son toit rétractable, le central de Roland-Garros a pris une nouvelle dimension. Mais si l’enceinte a grandi en prestige, le court dans ses limites définies par les lignes blanches n’a pas bougé d’un iota.

Quel que soit le continent, le pays ou le club dans lequel on joue, les dimensions du terrain restent identiques. Cela fait partie des règles intangibles qui font la beauté de nos sports de raquettes préférés.

À part au Masters, où par le passé on avait osé provisoirement escamoter les couloirs (qui, il est vrai, ne servent à rien en simple), personne ne s’est jamais permis d’en changer le dessin, la mesure, la planéité ou la géométrie. Personne, à part quelques hurluberlus, artistes ou publicitaires. Ces derniers s’en donnent régulièrement à cœur joie pour détourner, agrandir, déstructurer, massacrer ou déplacer ces lignes sacrées.

Petit tour d’horizon des publicités et des opérations marketing créatives qui tracent les perspectives imprévisibles de terrains inédits.

Pringles : « Shaped for nothing else ». Quand tu es plutôt flop spin que top spin. Hong Kong, 2009.

Pour sensibiliser à la cause des sportifs handicapés, la Nippon Paralympic Foundation a conçu des tables spéciales qui simulent les difficultés éprouvées par les athlètes dans leur pratique quotidienne. En France, on aurait pu appeler ça des inéqui-tables. Japon, 2019.

Projet graphique de Hugo Carrapatoso Silva pour Nike Tennis.
Un court peu adapté au jeu dit « à plat » ? Portugal, 2013.

La Fed Cup vue par BNP Paribas. Il est toujours important de surveiller sa ligne avant une compétition. Serbie, 2008.

Decathlon : « The biggest sports store ever ». Un terrain parfait pour Maria Sharapova ? Avec une telle superficie, personne ne l’entendra crier. France, 2006.

Skins : « More speed, more power, more drama ».Il n’est pas rare que le tennis soulève les foules, il est plus rare qu’il soulève le terrain. Australie, 2008.

 « Prenez l’avantage avec un coach de la Fédération de tennis australienne ». C’est ce qui s’appelle jouer avec un handicap. Et c’est la sensation généralement vécue down under par les adversaires de Djokovic. Australie, 2009.

Beijing Sports Radio. Si le terrain pouvait vraiment parler, il signalerait probablement une faute de pied. Chine, 2012.

Pour faire le buzz, la marque Milo a invité des joueurs à s’affronter lors d’une tournante, sur une table ronde… tournante ! Carrément injouable ? Malaisie, 2011.

HTH produits nettoyants : « N’abandonnez pas votre piscine ». Un terrain conçu pour les joueurs qui, comme Federer, ont coutume de marcher sur l’eau ? Afrique du Sud, 2010.

VitaminLife : « Gets harder when you run out of energy ». Pour les matchs qui s’étirent en longueur, tel un Mahut/Isner. Chili, 2018.

Mercedes-Benz a organisé une compétition à trois adversaires, sur un terrain « en étoile » à l’image du logo de la marque. Puisque de nouvelles règles sont à l’essai dans certains tournois, les sponsors décideront-ils un jour de la forme du terrain ? Taïwan, 2018.

Jeu vidéo Top Spin : c’est tout votre salon qui devient un terrain de jeu ! En espérant que le chien ne se mette pas à sauter sur les balles… Afrique du Sud, 2009.

Adidas Tennis illustre assez bien la sensation que doit avoir un joueur en entrant sur le terrain face à Nadal à Roland-Garros. Allemagne, 2002.

MAX Magazine : « Le sport sous tous les angles ». Le court vu par Benoît Paire un lendemain de veille ? Porto Rico, 2008.

Babolat met en scène Andy Roddick sur un terrain en forme de half-pipe, ou le tennis façon sport de glisse ! États-Unis, 2008.

Quand un promoteur immobilier est partenaire de l’Open d’Estoril, ça donne un terrain qui défie tous les plans de jeu. Portugal, 2008.

Article publié dans COURTS n° 9, automne 2020.