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Cédric Mélot 

Le champion qui gagne… à être connu 

En parallèle et dans l’ombre de la valse du tennis mondial, le circuit international sénior, où ferraillent compétiteurs acharnés et expérimentés, faisait étape en Croatie dans la douceur estivale de septembre. Durant un mois, Umag a été le théâtre des championnats du monde de différentes catégories. Du haut de ses 48 ans, le Belge Cédric Mélot, ancien 390e mondial, participait pour la quatrième fois à cette épreuve. Sillonnant la planète entière et les moindres recoins du pays de Tintin durant sa carrière, le vétéran a fait dégoupiller de nombreux joueurs grâce à sa science du jeu. Mais il a surtout fait l’unanimité partout où son slice dérapant s’est exprimé. Coup de projecteur sur cet amoureux de la petite balle jaune à la longévité extraordinaire au plus haut niveau. 

 

Le fracassage de raquette n’est pas le seul point commun qui unit la grande famille des joueurs de tennis amateur. Tous, ou presque, ont des idoles de jeunesse parmi les Federer, Nadal, Djokovic, Agassi, Sampras, Borg, McEnroe… A une toute autre échelle, les compétiteurs du dimanche possèdent également leur propre modèle tennistique autour d’eux. D’abord présent dans l’entourage immédiat, incarné par un proche qui a transmis le virus de la petite balle jaune, il prend les traits plus tard du coach ou d’un joueur du club. Vous savez, ce joueur qu’on plaçait sur un piédestal, qu’on regardait jouer enfant avec des étoiles dans les yeux et qu’on considérait quasiment comme un super-héros. En d’autres termes, son Federer local. 

Un palmarès aussi long qu’un Isner-Mahut 

En Belgique, cet homme s’appelle Cédric Mélot. Trois titres de champion national chez les jeunes, un titre en Série B nationale, plusieurs titres de champion de Belgique en vétéran, une floppée de victoires en interclubs et en tournois, une médaille d’argent aux Championnats du monde sénior en 2016 mais surtout une vingtaine d’années passées en tant que Série A, l’équivalent de la 1ère série en France. Mêmes les plus longs parchemins de l’Egypte antique n’auraient pu retranscrire dans son intégralité le palmarès pharaonique de Cédric. Des résultats qui s’expliquent par une longévité extraordinaire au plus haut niveau. Aujourd’hui encore, à 48 ans, le Bruxellois est au sommet de la pyramide du tennis amateur belge puisqu’il est -15/4, (-2/6 en France), le dernier rang avant l’élite nationale. 

Véritable institution dans son pays, Cédric est tombé très tôt dans le berceau de la petite balle jaune, qui ne l’a plus quittée depuis. « Mes parents avaient un terrain à la maison. Un jour, mon père a organisé des cours de quartier pour tous les jeunes du coin. Nous étions une dizaine d’enfants sur le court avec un professeur. Celui-ci est venu voir mes parents en leur expliquant que je me débrouillais bien et qu’ils devaient me mettre dans un club. Tout a commencé comme ça. De suite, j’ai été baigné là-dedans et j’ai pris complètement le virus du tennis. » Rapidement, le jeune Cédric avale les différents échelons du classement amateur et rafle tout sur son passage. Si bien qu’à 19 ans, il quitte la capitale belge, parcourant le monde au rythme des tournois satellite, l’ancêtre des Futures. « A l’époque, le tennis professionnel n’était pas aussi dévéloppé que maintenant. Les satellites étaient des tournois où l’on était obligé de rester trois semaines dans le pays. La quatrième semaine regroupait les 24 meilleurs des trois premières et permettait de décrocher des points ATP. C’était des tournées qui étaient très longues. Cela m’a permis de voyager, d’apprendre l’anglais, de rencontrer énormément de monde, tout en obtenant des résultats honorables. » 

S’il a le triomphe modeste, le globe-trotter s’est offert de nombreuses victoires de prestige durant ses années professionnelles. La plus belle étant contre son voisin luxembourgeois « Gilles Müller, classé 120e mondial à l’époque », célèbre pour avoir été le bourreau de Rafa Nadal à Wimbledon en 2017. Si certains de ses adversaires sont parvenus à trouver la faille, le sixième meilleur tennisman belge à son top a eu le privilège d’affronter des joueurs de renom au cours de sa carrière tels que Juan Carlos Ferrero, futur numéro un mondial et vainqueur de Grand Chelem, aperçu récemment en tribune lors du dernier US Open dans le clan du prodige Carlos Alcaraz. Tout comme l’Espagnol, New-York a une saveur toute particulière pour Cédric puisque la ville qui ne dort jamais a le pouvoir de réveiller de vieux souvenirs enfouis en lui : « J’ai eu la chance avec mon classement de participer à l’US Open en 1994. J’étais 390e mondial à l’époque. J’ai connu le vieux stade Arthur Ashe avant qu’il ne soit refait et qu’il devienne énorme. Il était mythique. Malgré ma défaite au premier tour des qualifs (ndlr : 6-3, 6-1 contre le Chilien Felipe Rivera) c’était une expérience inoubliable sur tous les plans. »

 

« Pour nous, joueurs amateurs belges, c’est la référence »

S’il a signé une carrière plus qu’honorable sur la scène internationale, Mélot doit surtout sa renommée à ses exploits réalisés dans son pays natal, qu’il a écumé durant deux décennies. Traversant les générations, celui qui a été Série A pendant plus de vingt ans a été le modèle de nombreuses jeunes pousses rêvant, un jour, de l’imiter. Maxime Halflants, de 14 ans son cadet, joueur extrêmement talentueux de niveau national, décrit l’ampleur du phénomène. « Quand j’ai commencé à faire des tournois à Bruxelles, que je remportais mes catégories poussin, mon mini-tennis, Cédric était déjà là en Messieurs 1. Il était en finale sans arrêt et généralement il les remportait. Il battait tout le monde. Pour nous, joueurs amateurs belges, c’est la référence. » 

Après l’avoir longtemps admiré au bord du court, le surnommé « Federer belge » pour son revers à une main très esthétique, s’est retrouvé de l’autre côté du filet face à son aîné. « Je devais avoir 13/14 ans quand j’ai affronté Cédric pour la première fois. J’étais 2/6 ou -4/6, je jouais vraiment bien. Il faut savoir qu’en Belgique, les systèmes de progression dans les tournois ne sont pas comme en France. Chez nous, il y a toujours le même fonctionnement. Il y a un tableau à 16. Avant ça, tous les galériens jouent des qualifs et des préqualifs. Je savais que si je remportais mon match de qualif, j’affrontais Cédric. C’est comme jouer Federer au premier tour de Wimbledon. Je me souviens avoir fait le match de ma vie ce jour-là. J’avais gagné le premier jeu, j’étais comme un dingue. Puis j’ai pris 1 et 0 derrière en jouant l’acier et en prenant les balles en demi-volée. » 

Décrit par ses pairs comme « un joueur d’échec sur le court », Cédric était un cauchemar pour bon nombre de ses adversaires. « Honnêtement, je pense que c’est le mec qui a mis le plus de 6-0, 6-0 dans l’histoire du tennis belge. C’est un gars qui te cuisinait, qui ne faisait pas une faute, qui jouait à douze mètres au-dessus du filet. Quand il était jeune, le championnat de Belgique se disputait dans un club, l’Avia TC, situé à côté de l’aéroport national. Je me souviens qu’il y avait des articles de journaux locaux qui écrivaient à l’époque : « les avions ont dû être détournés de l’Avia parce que Cédric Mélot jouait » s’amuse Maxime. Un constat partagé par l’ancien 38e mondial Steve Darcis, autre joueur réputé pour sa malice sur le court, n’hésitant pas à décerner la palme de « la meilleure chandelle au monde » à son comparse qu’il a notamment côtoyé en équipe du côté de Valenciennes. 

« Le sens tactique de Santoro avec le jeu de Bruguera »

Mais il serait un crime de lèse-majesté de réduire Cédric Mélot à ses « moon-ball » flirtant avec l’ISS de Thomas Pesquet. « Joueur très observateur » d’après ses propres dires, ceux qui l’ont connu évoquent un « œil et un sens de l’anticipation exceptionnels », « un super timing », « une balle qui gicle énormément », un « slice déroutant » et « une endurance hallucinante ». Stéphane Woit, autre nom célèbre du tennis belge, grand rival et ami de Cédric avec qui il a livré un nombre incalculable de parties, est probalement celui qui en parle le mieux : « Il a la faculté de rentrer dans la tête de son adversaire. Il comprend très vite comment le mec joue. C’est simple, tout ce que tu n’as pas envie de recevoir, il va le te donner. Je ne peux pas le dire autrement mais il ne te fait jouer que des balles de merde. » Une intelligence et une capacité d’analyse qui font penser à plusieurs champions adeptes de l’usure mentale sur le court. Pour Steve Darcis, Cédric s’apparente à « une espèce de métronome à la Gilles Simon » tandis qu’il serait la fusion du « sens tactique de Santoro et du jeu de Bruguera » selon Maxime Halflants. Bref, le cocktail parfait pour faire disjoncter n’importe quel joueur amateur. 

Et pourtant, à force de persévérance, le dernier nom cité parviendra finalement à trouver la solution contre sa référence au bout de leur troisième confrontation. « C’était en finale du TC Wimbledon, un club de mon village. Je savais que si je gagnais ce match, j’allais monter mathématiquement Série A. A ce moment-là, je revenais d’une année à Hawaï où je m’étais entraîné comme un malade. Lui commençait à décliner un peu physiquement. Pour la toute première fois je me dis qu’il y a enfin la place. Je perds 6-1 au premier en jouant bien puis je prends le second 7-5 en m’arrachant sur tous les points. A 4-3 au troisième pour moi, on dispute un rallye interminable d’une quarantaine d’échanges. Je le perds puis je commence à cramper de partout. Je trouvais ça dingue, j’avais 24 ans, j’étais dans la forme de ma vie et lui n’avait pas une seule goutte de transpiration. C’était énorme. » 

A seulement deux jeux de la plus belle victoire de sa carrière, Maxime jette ses dernières forces dans la bataille et parvient à trouver des ressources physiques insoupçonnées. « Perdu pour perdu, j’ai envoyé la sauce de partout. A 4-4, je balance quatre retours gagnants. Le jeu d’après, je sers le plomb au service puis je m’écroule. Ca y est, j’ai enfin battu Cédric Mélot. Ce match, c’est ma madeleine de Proust. Même si j’ai mieux joué au tennis après cette partie, je n’ai plus jamais retrouvé les sensations tennistiques et les émotions que j’ai eu contre lui. J’étais en transe. Quelque chose me lie à vie, pour moi en tout cas, à lui. A mon niveau, c’est le mec qui m’a permis d’accéder à mon top. » Le principal intéressé appréciera l’hommage. 

 

Un parcours atypique à contre-courant 

Si l’addiction du tennis s’est emparée rapidement de tout son être, Cédric n’était pas prédisposé à épouser le monde de la petite balle jaune. Loin de là. « Il est issu d’une famille assez bourgeoise à des années lumières du sport. Son parcours est très atypique. Il a eu une carrière assez rigolote par rapport au milieu dans lequel il baignait. » rappelle Stéphane Woit, son acolyte de toujours, avec qui il a écumé toute la Belgique. Désormais installé à Ibiza en tant que coach, l’ancien 769e mondial poursuit : « Le choix de vie qu’il a fait a un peu détonné à l’époque dans sa famille. Je me souviens d’une anecdote marrante. Un jour, lors d’un dîner, alors qu’il était déjà classé aux alentours de la 500e place mondiale, son grand-père lui avait demandé : « c’est bien ton truc mais c’est quoi ton vrai métier ? » Derrière ce décalage amusant, Stéphane y voit l’origine du mental en acier de son ami : « Quelque part ça lui a donné une sacrée force de caractère parce qu’il a dû entendre ça toute sa vie, de la part de ses amis, de sa famille… ». Outre le regard dubitatif de son entourage, Cédric a également dû trouver sa place aux côtés des gabarits imposants qui peuplent l’élite de ce sport. « C’est comique parce qu’il ne fait pas forcément joueur de tennis, il est très mince. » se moque gentiment son comparse. Si l’on se réfère à sa fiche ATP, encore trouvable sur la toile, qui indique 1m88 pour 66 kg, le Belge est effectivement loin des standards habituels du joueur moderne. 

Mais il serait une erreur fatale de sous-estimer Mélot, dieu de la variation, qui joue avec brio de son instrument à corde, au rythme des slices et des amorties qu’il distille avec délicatesse. Erreur commise par un Argentin un peu trop sûr de lui comme le raconte Stéphane dans une anecdote savoureuse. « Une année, un tournoi satellite avait été organisé dans le Hainaut à Kain dans un petit club de campagne. Il y avait des joueurs autour de la 300e place mondiale qui étaient présents sur place. Cédric jouait un Argentin. Il avait le profil typique du sud-américain, des grosses guiboles, un sac immense avec plein de raquettes. Il était jeune mais c’était un guerrier déjà dans l’attitude. Puis je vois débarquer Cédric avec son sac de 5 cm d’épaisseur. Il arrive sur le court, le mec le regarde puis se tourne vers son coach avec un rictus en mode « mais c’est qui ce guignol ? ». Cédric sort une raquette de son sac, le cordage est cassé. Il en sort une deuxième, même chose. Il sort un troisième cadre puis je me rends compte que le sac est vide. Il va jouer un gars qui est 400e mondial avec une seule raquette, une bouteille d’eau de 50 cl à moitié remplie et une banane. » 

L’histoire a tout d’une bonne blague belge mais elle est entièrement véridique. « Ils ont commencé à s’échauffer, l’Argentin tapait en cadence et Cédric a poussé la balle durant tout l’échauffement deux mètres derrière sa ligne. Le match a commencé. Au début, le mec déroulait un peu mais ça c’était avant que Cédric le scanne. Il lui a fallu quinze minutes pour comprendre sa manière de jouer. Il’a battu. Il l’a rendu complètement dingue. » Le stratège Mélot n’était pas le joueur le plus puissant ni le plus spectaculaire mais il était assurément le plus rusé sur un court. « C’est un mec qui a exploité son potentiel à 100%. C’est un des gars les plus malins que j’ai rencontré sur un terrain. Il a eu une carrière incroyable en entendant des commentaires négatifs toute sa vie. « Mélot, quel jeu de merde, ce n’est pas drôle à regarder etc… » C’est un exemple en tout point. » conclue un Stéphane admiratif. 

Champion sur le court et en dehors 

A 48 ans, la soif de victoire de Cédric n’est toujours pas comblée. Celle-ci s’est même décuplée depuis le jour où il a découvert le circuit international sénior. « C’est un ami américain, Scott, qui m’en a parlé la toute première fois. Je n’en avais aucune connaissance. Il m’a dit : « écoute ce serait chouette que tu participes au moins une fois à un championnat du monde ». On est partis faire un premier mondial à Miami. C’était une expérience incroyable. La chaleur était étouffante. Je me souviens qu’on se levait à 5h du matin pour s’entraîner à la fraîche. Après avoir goûté à cette aventure, j’ai apprécié les compétitions séniors et plus particulièrement les Championnats du monde » Trois participations plus tard et une médaille d’argent décrochée en 2016 à Umag, le compétiteur acharné a remis le couvert cette année en disputant ses quatrièmes mondiaux sénior. Si le décor restait le même, il ferraillait cette fois-ci dans la catégorie 45-50 ans. Après avoir déjoué un à un les pièges des premiers tours, la tête de série numéro 3 du tableau a livré une bataille épique contre l’Allemand Mirco Heinzinger en huitième de finale. Un marathon interminable de 3h45 de jeu dont il est sorti victorieux au bout du suspense (6-7, 6-3, 6-4). « Très fier d’avoir remporté cette grosse partie, c’était intense. Cela restera le grand souvenir de cette aventure. Malheureusement, cela m’a un peu coûté la suite du tournoi, j’ai laissé beaucoup d’énergie mentale et physique en route. » concède Cédric. Logiquement usé par ce match à rallonge, le guerrier belge, touché aux ischios-jambiers, n’a pas eu d’autres choix que de jeter l’éponge en quarts contre le Danois Kasper Warming au début de la troisième manche. « J’ai senti une alerte, je n’ai pas voulu forcer davantage, mon corps disait stop. » analyse lucidement le compétiteur. S’il confiait déjà avant le début du tournoi que « cette saison était un peu plus compliquée que les autres en raison de bobos physiques », le vétéran belge a pu se consoler en s’emparant du bronze en double aux côtés du luxembourgeois Mike Scheidweiler. « C’était une belle semaine, j’en retire beaucoup de positif » se félicite Cédric avant de se tourner déjà vers l’avenir : « Je reviendrai dans deux ans quand je serai première année 50 ans, c’est mon prochain objectif, ce sera intéressant ».

Une longévité extraordinaire au plus haut niveau qui force le respect. Mais quel est son secret ? Le Benjamin Button de la petite balle jaune serait-il parvenu à mettre au point un élixir de jouvence ? Rangez les grimoires, Cédric est simplement un amoureux de son sport : « Je suis passionné par mon métier et cette discipline ». Coach depuis une quinzaine d’années, Mélot vit et respire tennis au quotidien : « Le fait d’entraîner mes élèves me permet de rester relativement en forme, j’ai de la chance. J’essaye d’avoir la meilleure hygiène de vie possible ». Si le temps n’a donc pas de prise sur la motivation inébranlable de Cédric, son goût du défi et du jeu y sont pour beaucoup comme le souligne Stéphane Woit. « C’est un gros matcheur dans l’âme. Il a besoin d’être challengé. Il a besoin d’avoir une carotte en permanence. Si tu lui dis qu’on va taper 20 000 revers en trois mois sur une période foncière, ça l’ennuie. Par contre, si tu lui dis « si tu mets la balle vingt fois dans la zone, tu gagnes un Ice Tea ou une bouffe », il est injouable. On faisait que des défis comme ça. Il a dû me coûter une maison. S’entraîner, ça l’ennuyait au plus haut point. Son terrain de jeu c’est la compétition pure et dure. » Une analyse partagée par Steve Darcis qui avait également remarqué cette caractéristique chez son sparring-partner de luxe à la fédération. « En début d’entraînement, pendant trois quarts d’heure, on avait l’habitude de faire du « touch ». C’est quelqu’un qui adore le jeu et la gagne, il ne supporte pas perdre. Il veut toujours faire des petits paris pour des Coca ou des conneries du genre. Il a toujours besoin d’un enjeu pour être motivé, je trouve ça génial. Je pense que c’est pour ça qu’il est toujours dans le coup d’ailleurs, qu’il va jouer les championnats du monde pour se prouver à lui-même qu’il est toujours compétitif. »  

Dans le sillage de Cédric, son fils Jules, classé -15/1 à 16 ans, est très prometteur. Coaché par son père avec qui il dispute régulièrement des matches d’entraînement, le jeune adolescent confirme cette appétence pour le challenge. « Jusqu’à mes 14/15 ans, je ne prenais que des roues de vélo contre lui. A chaque fois, il me disait « si tu me prends un jeu c’est comme si tu gagnes la partie ». Quand J’avais 13 ans, je me souviens que je voulais à tout prix une paire de chaussures. Il m’avait dit « Ok on va faire un set, je vais jouer main gauche et si tu me bats je t’offre les baskets de tes rêves ». J’ai perdu 6-4. Il m’a rendu fou ce jour-là. Il m’avait fait péter les plombs. » Avec sa marmite de coups variés et sournois, le plus âgé des deux Mélot n’est pas uniquement créatif sur le court. Il l’est aussi en dehors. Facétieux de nature, ce mordu de tennis « mais également de pétanque » avait diverti ses amis sur les réseaux sociaux pendant le confinement en postant des vidéos de reprises musicales. « J’aime pousser la chansonnette, je suis quelqu’un de très sociable » avoue le Mélot-mane. 

Tous ceux qui ont croisé sa route le confirmeront. Accessible et disponible, Cédric ne fait pas l’unanimité seulement raquette en main. Son lob légendaire n’a d’égal que sa gentillesse et sa simplicité. « Humainement, c’est vraiment un bon gars. Tu vois tout de suite que c’est quelqu’un de très intelligent. Beaucoup de types de son niveau étaient arrogants. Lui non. Il était toujours à fond, il te serrait la main, il venait boire un coup avec toi, il te partage son expérience, il répond à tes questions. C’est une personne très généreuse. » assure Maxime Halflants. Tout comme lui, Steve Darcis dresse un portrait élogieux de son ancien partenaire en interclubs. « C’est un mec super simple, très gentil, on ne s’est jamais pris la tête. Il n’a jamais eu un mot plus haut que l’autre. J’ai énormément de respect pour Cédric, sa carrière, la personne qu’il est, la simplicité du gars, pour l’image qu’il montre. Si on doit donner des noms dans le tennis, je pense que quasiment tous les joueurs donneraient dans leur Top 3 Cédric. » Venant d’un champion de la trempe du Shark, le compliment en dit long sur l’homme. 

Si la longueur d’un palmarès, la collection de trophées et les victoires mesurent l’excellence du champion, ce sont avant tout les qualités humaines qui en déterminent sa grandeur. S’il n’est pas parvenu à décrocher la médaille d’or à Umag, Cédric Mélot est incontestablement le champion du monde de l’humilité et de la générosité.