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Jannik Sinner: a star is born!

Rolex Paris Masters 2023 (© Antoine Couvercelle)

Commitment and humbleness: two values that Sinner is conveying to italians.

Reflecting on the inaugural ATP Finals in Turin in 2021, Matteo Berrettini emerged as the undisputed tennis luminary, capturing the attention of the Italian sporting scene. Turin, unaccustomed to hosting such a prestigious event, bore witness to quieter streets and less populated squares. Lingering fears and uncertainties from the ongoing pandemic still pervaded the atmosphere. Despite these challenges, tennis enthusiasts eagerly anticipated the chance to witness Berrettini and seven other world-class players grace the streets of Turin. Unfortunately, fate dealt a harsh blow when Berrettini succumbed to injury on the central court of Pala Alpitour during his opening match against Zverev. Tears, both from the player and the fans, marked a poignant moment. Jannik Sinner stepped in as a replacement, but at that juncture, a comparison seemed improbable. Sinner, though greeted with cautious enthusiasm, faced a subtle air of skepticism. Questions lingered about his Italian identity. The disappointment of losing Berrettini early in the tournament overshadowed the realization that Italians were witnessing the rise of a tennis legend.

The subsequent year proved to be a period of transformation and challenges for Sinner. Departing from his lifelong coach, Riccardo Piatti, he entrusted his career to Simone Vagnozzi, later joined by Daren Cahill. A year marked by physical setbacks, Sinner grappled with injuries that forced premature exits from several tournaments: against Cerundolo in the quarters of Miami, against Rublev in the round of 16 at Roland Garros and against Rune in the semifinals in Sofia, and even, to drop out of the Indian Wells Masters 1000. Despite participating in fewer events compared to the previous year, Sinner expressed satisfaction with improved performances in major tournaments: three Slam quarterfinals (Australian Open, Wimbledon, US Open) and the round of 16 at Roland-Garros. However, the Italian public remained cautiously reserved in their support, with no clear emotional attachment to the emerging tennis star.

Riccardo Piatti and Jannik Sinner, Monte Carlo 2021 (© Ray Giubilo)

Surprisingly, an article in the Gazzetta dello Sport revealed that Sinner concluded 2022 as the most searched Italian athlete on Google, indicating a growing eagerness and anticipation among the Italian populace. The year 2023 witnessed a meteoric rise for Jannik Sinner, exceeding all expectations. Finishing the year with 6490 points, Sinner achieved a feat not seen in Italian tennis since 2009, outperforming even illustrious names like Djokovic. These points symbolized 57 victories in 71 matches and culminated in five prestigious titles won: the ATP 250 tournament in Montpellier, the first Masters 1000 in Toronto, two ATP 500 tournaments (Beijing and Vienna) and a Davis Cup that Italy had been waiting for 47 years.

Yet, Sinne’s impact extended beyond statistics. Semifinals at Wimbledon, victories against top-ranked players, and a historic triumph over Djokovic during the Davis Cup semifinal solidified Sinner’s status as a tennis phenomenon. Despite securing the runner-up position in the ATP Finals, Sinner’s accomplishments painted a compelling narrative of success.

Transitioning from the realm of numbers to the emotional aftermath, the eruption of "Sinner Mania" became evident. Turin, typically unresponsive to sports idols, experienced an unprecedented frenzy. Crowds gathered outside the players' hotel, hundreds queued to witness Sinner’s Nike store appearance, and Piazza Castello transformed into a sea of spectators during the opening night. This fervor was unprecedented for an Italian tennis player in a city like Turin.

Jannik Sinner after defeating Novak Djokovic during ATP Finals 2023 (© Ray Giubilo)

The emotional impact extended beyond sports bars, supermarkets, and restaurants, where people of all ages glued themselves to screens, captivated by the spectacle of Sinner’s matches. Conversations about Sinner transcended the usual boundaries, with even non-tennis enthusiasts inquiring about his prowess. Rai1, the first televesion channel in Italy, decided to alter its programming for the Sinner-Djokovic final, something that clearly highlighted the magnitude of the phenomenon.

In a nation where football traditionally dominates, Sinner’s ascent to the world number 4 position marked a seismic shift. His Italian identity, distinct characteristics, and humble demeanor endeared him to a diverse audience. The “Sinner Mania” extended beyond the realm of sports, featuring prominently in advertisements, charity auctions, and even chants at San Siro stadium. The prospect of a Netflix series chronicling The Life of Sinner seemed almost inevitable.

Ultimately, “Sinner Mania” provided a comforting reminder to Italy. At just 22 years old, Jannik Sinner embodied the values of commitment and humbleness, demonstrating that these principles were sufficient for achieving monumental success.

 

Feliciano López et sa boîte magique

© Nacho Martinez Castejon, CC BY -SA 2.0

C’est l’une des cathédrales de la terre battue, le tournoi qui emmène sur les hauteurs de Madrid avant de redescendre dans la capitale parisienne pour disputer Roland-Garros. Le Mutua Madrid Open est même fantasmé par Feliciano López, le directeur du tournoi, pour devenir le futur cinquième Grand Chelem. 

Pour cela, il faut remplir des conditions féeriques. Depuis quelques années, on assiste à plus de 657 mètres d’altitude au grand spectacle promis. À bout de forces, dans une ambiance ibérique à couper le souffle, le temps s’arrête et la magie prend place. 

En coulisse du tournoi madrilène, on retrouve Feliciano López tant bien avec une raquette au bout de sa main, qu’une cravate autour du cou. Mais pour sa dernière danse, il n’emmène pas avec lui la raquette sur le court et garde simplement son costume de directeur. Son plan est de mettre le tournoi au-dessus de tout, et jouer la vedette cette fois-ci ne lui donne pas envie. 

« Il était plus important de pouvoir travailler que de prendre un bain de foule, dont je n’ai pas besoin et dont je n’ai pas envie non plus. La chose la plus cohérente à faire était de travailler pour le tournoi avec le changement de format. Il y a beaucoup de défis à relever. » 

Bien sûr, si Feliciano López donne tant d’importance à son rôle de directeur, cela s’explique par un projet de plus en plus grandissant, avec des améliorations chaque année, pour atteindre le rêve im-possible d’amener Madrid à la hauteur de Roland-Garros et de toutes les autres levées du Grand Chelem. 

On évoque ici un tournoi qui, en 2025, prendra une toute autre envergure, qui s’immiscera sûrement à l’échelle du mythique Indian Wells, avec la sortie de terre d’un nouveau court d’une capacité intérieur de 10 000 places. De quoi pouvoir offrir deux matchs en simultané sur deux grands courts. 

Car pour un tournoi qui accueille en même temps un ATP Masters 1000 et un WTA 1000, il faut être au niveau. 

Mais qui dit évolution, amène sur la table le sujet d’une vraie volonté et demande de faire passer ce tournoi se jouant durant deux semaines (rares pour un Master 1000) à l’échelon Grand Chelem, utopique. 

Feliciano López , joueur-directeur unique 

Rares sont les joueurs à endosser un double costume de joueur et de directeur de tournoi. Feliciano López est d’ailleurs le seul tennisman en activité à diriger un évènement d’un statut aussi élevé qu’un Master 1000. À un échelon un peu plus bas, on retrouve, le français Jérémy Chardy, directeur du Challenger Terega Open Pau-Pyrénées. 

Avant d’atteindre cette place de choix dans la capitale, Feliciano López a rendu d’autres services au pays en glanant quatre Coupe Davis et, sur le plan individuel, deux titres importants sur l’herbe du Queen’s, son tournoi coup de cœur.

L’homme aux allures d’un bad boy a toujours été remarqué par son style unique en dehors comme sur le court. Gaucher, au revers à une main, il a aussi été propulsé sur le devant de la scène dans le monde de la mode, pour s’éclater loin du tennis. 

Dans les derniers moments de sa carrière, le spécialiste sur gazon voit la fin du chapitre arriver au bout de son nez. Lui qui a choisi ce moment pour essayer d’avoir le moins de coups de mou possible en repoussant ses limites jusqu’au bout du jeu. Le voici face à l’affrontement le plus difficile du sportif, l’éternel abîme. Pour son grand mérite, on parle d’un athlète d’une longévité record, qui a concouru longtemps sur le circuit professionnel, plus de 20 ans, et cela sans blessure sérieuse. 

© MArianne Bevis, CC BY -ND 2.0

En bonne transition, sûr de lui, sa position de directeur du tournoi l’aide à voir d’un bon augure les futurs défis du tournoi madrilène qui a conquis la ville, les entreprises et les institutions de prendre part à cet événement. En partie grâce au travail de Ion Țiriac, révolutionnaire dans le monde de la petite balle jaune. 

« Les fans attendent le mois de mai pour venir voir le tennis. Sans oublier que la mairie et tous les sponsors, à commencer par Mutua Madrileña et Damm, ont placé le tournoi à un niveau brutal, comparable à celui d’Indian Wells. Et Madrid a le thème social, toutes les entreprises d’Espagne veulent participer à l’événement. » – F.López 

Plein d’ambitions, il sait que sa comparaison avec Indian Wells sera plus réaliste en 2025 car Madrid aura les capacités d’un tournoi d’une telle envergure. Tout en incluant les mesures propres en matière de développement durable avec les défis énergétiques sans oublier l’orientation vers l’axe nord-sud, pour profiter du soleil sans subir les jeux d’ombres. 

L’évolution du nouveau terrain de jeu de Feliciano Lopez, le Master de Madrid. 

Débuté en 2002, ce tournoi, se disputait au départ en indoor à la Madrid Arena. À cette époque, aucune femme ne foulait ces courts. Deux décennies plus tard, le Mutua Madrid Open qui atteindra sa 21e édition en 2023 a bien participé à l’exposition du tennis espagnol, représenté par la génération Nadal et aujourd’hui par celle d’Alcaraz. 

C’est en 2009 que ce Masters 1000 a changera de dimension et prendra place à la célèbre Caja Mágica pour se disputer sur terre battue. Les rendez-vous à Madrid se feront dorénavant fin avril et plus en octobre, avec l’intégration du tournoi féminin. Cette première édition sera marquée par un Fedal qui tournera à l’avantage du Suisse. 

Mais il faudra peu de temps pour que le fantasque personnage du tennis, Ion Țiriac, propriétaire du tournoi, impose sa folie et offre l’édition 2012 sur une terre battue d’un tout autre type, la fameuse terre bleue de Madrid. Sans rapport avec la période bleue de Pablo Picasso, c’était un coup médiatique énorme qui aura beaucoup fait parler. Țiriac se défendait que cela devait permettre au public de mieux distinguer la balle, « una tontería », cela était surtout en référence au logo du sponsor Mutua Madrileña, pourvu de bleu. Sur le plan sportif, ce fut un échec et les joueurs, trouvant la surface trop glissante, s’en sont beaucoup plaints. Heureusement le retour à la norme s’est fait dès l’année suivante.

C’est à partir de 2019 que Feliciano López prend les commandes en tant que directeur du tournoi, après avoir appris aux côtés de Manolo Santana, figure du tennis espagnol des années 60. 

Mais c’est en 2021, que le tournoi, après s’être aguerri, à changer de dimension en instaurant deux semaines de luttes pour s’arracher le trophée Areté qui signifie en grec l’excellence dans le sens d’agir avec succès, de parler et de penser. 

À Madrid, rien n’est limité et tout est une question d’oser, pour atteindre son succès. La Caja Mágica, conçue par l’architecte français Dominique Perrault et qui se traduit par « la boîte magique », à tout pour suivre ce destin. 

« L’idée était d’avoir un tournoi le plus ressemblant possible à un Grand Chelem et je crois qu’on y arrive. L’ATP s’en est rendu compte que les Masters 1000 de deux semaines sont les bijoux de la couronne. C’est la plus grande étape que nous avons faite en tant que tournoi et la suivante est de continuer à grandir. » – F.López 

Rien ne devrait arrêter l’ambition et la folie de Feliciano López dans cette quête de créer un nouveau Majeur. Cela ne fonctionnera peut-être pas, mais la Caja Mágica ne cesse de grandir. Passé d’un tournoi de 56 à 96 joueurs et de 8 à 12 jours de compétitions, cela ressemble de plus en plus à un tournoi du Grand Chelem.