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Benoît Paire, « prêt à faire de grands résultats en 2022 »

Benoît Paire, à Monte-Carlo en 2021, © Antoine Couvercelle

Après sa défaite au premier tour du Rolex Paris Masters, Benoît Paire a tiré un bilan très franc de sa saison, en dévoilant ses ambitions pour 2022.

Le cœur du fou est dans sa bouche, mais la bouche du sage se trouve dans son cœur.”

À en croire Benjamin Franklin, Benoît Paire serait proche de la folie. Pour dire ce qu’il a sur le cœur sans se soucier des conséquences – a fortiori dans un monde où les médias peuvent lui tomber dessus -, plutôt que de les garder au fond de lui. Après sa défaite au premier tour du Masters 1000 de Paris, le Français à la barbe broussailleuse n’a rien caché. S’il a chuté au classement en compilant 15 victoires pour 37 défaites depuis la reprise du circuit ATP en août 2020 et perdu 7 de ses 8 derniers duels, c’est parce qu’il a « glandouillé ».

« J’ai une explication au fait que l’année a été très difficile, a-t-il confié après sa défaite au premier tour du tournoi de Bercy face à Pablo Carreño Busta. Je me suis mis de la pression au retour du Covid (après l’arrêt du circuit de mars à fin juillet 2020 en raison de la pandémie). Je n’ai pas fait de préparation du tout pendant la coupure. Je suis resté chez moi, c’est tout ce que j’ai fait. » Avant cela, le natif d’Avignon était dans une bonne dynamique. 22e mondial, il sortait d’une finale Auckland début 2020 et d’une année 2019 marquée par deux de ses trois titres en carrière en simple sur le circuit principal – Lyon, Marrakech – et de deux huitièmes de finale, à Roland-Garros et Wimbledon, pour égaler ses meilleurs résultats en Grand Chelem.

“Je n’ai pas fait de préparation du tout pendant la coupure”

« J’étais dans une phase ascendante, qui a été cassée par ça (la pandémie), a-t-il poursuivi. Le fait de me retrouver sur le court, sans être aux niveaux physique et tennistique que j’espérais, ça m’a mis un petit coup sur la tête et je me suis mis trop de pression. Et ça continue. Plus je vieillis, plus je stresse sur le court. Ça devrait être l’inverse. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que c’est dû à cette période où j’ai coupé, en ne faisant pas grand-chose. Je me suis dit : “Je reviens, je n’ai pas le niveau physique, et même pas le niveau tennistique.” Ça a déclenché du stress, à cause de la peur de ne pas retrouver le niveau. »

© Antoine Couvercelle

S’il a le « cœur dans la bouche », Paire l’a aussi sur sa raquette. Quand il entre de l’arène, il joue aussi pour le public. Et malgré le retour des encouragements, cris et applaudissements qui viennent tambouriner ses tympans, il peine à enchaîner les résultats. Un crève-cœur pour lui vis-à-vis de ses fans. « La tristesse », voilà ce qu’il a répondu quand on lui a demandé le sentiment qui prédominait après son élimination d’entrée à Bercy. « La tristesse de ne pas pouvoir donner assez à tous ces gens qui sont venus pour m’apporter énormément de soutien. Ça me fait chaud au cœur de pouvoir communier avec le public, avec des gens qui m’encouragent dès mon entrée sur le court. Je joue au tennis pour ça. » 

“Je suis triste de ne avoir le niveau suffisant pour rendre le public heureux”

« Pourquoi de la tristesse ? Parce que je sens que je n’ai pas le niveau suffisant, le niveau que j’espère pour pouvoir les rendre heureux », a-t-il détaillé. Bien que touché, le natif d’Avignon est loin d’être coulé. Positif et ambitieux, il sent qu’il en a encore dans les tripes pour réussir de bonnes performances la saison prochaine. « Le niveau revient à l’entraînement, a-t-il confié. Je me mets un peu de stress alors que finalement, cette saison, c’est pour préparer la prochaine. Maintenant, ce qu’il faut, c’est repartir sur de bonnes bases l’année prochaine, avec deux, trois semaines d’entraînement (en préparation) pour lancer une nouvelle dynamique. » En bâtissant notamment sur les bases de son éclaircie estivale.

« J’ai fait quelques bons résultats cet été (quarts de finale à Gstaad et Hambourg en juillet), j’ai fait quart à Cinci (Cincinnati, Masters 1000, en battant notamment Denis Shapovalov et John Isner), a-t-il rappelé. Ça me prouve que le niveau est là, et que je l’aurai à nouveau l’an prochain. Je reviendrai à Bercy, et je ferai de gros résultats. Je suis prêt à faire de grands résultats en 2022. » Et il voit encore plus loin. À 32 ans, il ne pense pas à la retraite.  « Il me reste encore quelques années, j’espère, et je vais essayer d’en profiter au maximum », a-t-il déclaré. Avec le retour des stades remplis sans limitation du nombre de spectateurs, Benoît Paire pourrait bien avoir assez de baume au cœur pour réussir quelques folies pendant encore plusieurs saisons. 

A condition, sans doute, d’une rigueur à l’entraînement impérative pour se maintenir au haut niveau quand l’âge commence à peser sur les cannes.

Benoît Paire, avec Adrian Mannarino à Monte-Carlo en 2021, © Antoine Couvercelle