fbpx

Alexander Zverev : « Je pensais que ma carrière était terminée »

Alexander Zverev, quittant le court en béquilles après sa déchirure de la cheville contre Rafael Nadal en demi-finale de Roland-Garros 2022 (Ray Giubilo)

Le 7 novembre 2022, Alexander Zverev chute à la douzième place du classement ATP. Depuis 2017, jamais l’Allemand n’était sorti du top 10. Sa terrible chute en demi-finale de Roland-Garros 2022 l’éloigne des courts pour le reste de la saison. Zverev : Der Unvollendete, un documentaire diffusé sur RTL+, dévoile le quotidien de l’ancien numéro deux mondial pendant cette période douloureuse.

« Il me manque encore deux choses : être numéro un mondial et remporter un titre du Grand Chelem ». Ce sont les premiers mots prononcés par Sascha Zverev lorsqu’il s’assied en face de la caméra. Ces deux rêves étaient à la portée de sa raquette lors de son match contre Rafael Nadal sur le court Philippe-Chatrier. Plus de trois heures durant, l’Allemand égale le niveau de jeu du « Roi de la terre battue ». Ils s’apprêtent à débuter le tie-break du second set, quand tous ses espoirs s’évanouissent : « Ma première pensée était vraiment : ma carrière vient-elle de se terminer ? », se souvient l’Allemand. 

Les dernières images diffusées à la télé sont celles d’Alexander Zverev qui salue l’arbitre de la rencontre en béquilles. Nous le retrouvons quelques jours plus tard à Munich où il apprend que plusieurs ligaments de sa cheville sont déchirés. Néanmoins, l’aspect technique ne l’intéresse pas. Une unique question incessante occupe son esprit : « Je reviendrai à 100% comme avant, n’est-ce pas ? ». Le médecin ne peut lui garantir de tels résultats mais « Sascha » ne lâche pas l’affaire : « Il pose la question encore et encore jusqu’à ce qu’il obtienne la réponse qu’il souhaite entendre », raconte Sophia Thomalla. 

La peur domine les visages du clan Zverev, prisonnier des quatre murs de l’hôpital. Tandis que Mischa se préoccupe de l’état d’esprit de son frère et qu’Alexander senior pense logistique, Sascha s’inquiète d’avoir perdu son tennis pour toujours : « La plupart des gens sont terrorisés par la mort, les serpents, les cambrioleurs […]. Moi, ma plus grande peur est de ne pas réaliser mon rêve d’enfance ». 

Une fois l’opération achevée, l’anxiété laisse place à la détermination. Le médaillé d’or de Tokyo patiente une dizaine de jours avant de se rendre à la salle de gym à Monte-Carlo. Son attèle au pied droit et ses béquilles à la main, obligent son kiné à le porter sur les machines. Même si Sascha Zverev se rend compte du ridicule de la situation, il poursuit ses exercices : « Il y a de nombreuses études qui ont prouvé que lorsque vous entrainez un côté, cela passe directement par le système nerveux vers l’autre. Je garde donc ma jambe gauche complètement en forme ».

Alexander Zverev, au moment de sa blessure à la cheville droite contre Rafael Nadal en demi-finale de Roland-Garros 2022 (Ray Giubilo)

À ces scènes éprouvantes, se mêlent des moments enfantins. Mischa raconte les péripéties de la douche : « La jambe ne doit pas être mouillée mais le petit frère mesure deux mètres et pèse 90 kilos. Bien sûr, c’est moi qui m’y suis collé », tandis qu’Irina baptise la cuisine : « Je vis dans cet appartement depuis deux ans. La cuisinière a été utilisée pour la première fois depuis que ma mère a emménagé », s’amuse Alexander fils. 

Au fil des semaines, la récupération s’intensifie. Le corps se renforce mais le mental résiste. Retrouver confiance en ses appuis après un mois d’immobilisation n’est pas une tâche aisée. De nouveau à la salle de sport, Sascha tente de poser son pied par terre : « Maintenant, je pourrais marcher mais je n’ose pas ». 

Scène après scène, ses efforts portent fruit. Le moment qu’il attendait tant arrive enfin. Le 6 août 2022, le double vainqueur des ATP Finals entre à nouveau sur un court de tennis. Il partage son ressenti face à la caméra : « C’était comme remporter un tournoi, j’ai réussi […]. Je suis là où je devrais être ».  Le travail le plus minutieux peut alors débuter. S’il retrouve vite l’efficacité de ses frappes, les déplacements sur le terrain sont bien plus compliqués : « À chaque pas, à chaque arrêt, à chaque accélération, en avant, en arrière, sur le côté. C’est toujours exactement cet endroit qui est sollicité dans les deux pieds », explique Ulrike von der Groeben. 

Un mois plus tard, Alexander Zverev arrive à Hambourg. Il s’apprête à participer à la Coupe Davis sous le drapeau allemand. Le monde du tennis attend son retour à la compétition avec impatience. Les jours qui précèdent le début du tournoi ne sont pas rassurants. Carlo Thränhardt, le coach fitness de l’équipe, se remémore les premières séances d’entraînement : « On pouvait déjà voir que sa mobilité avec les pieds et les jambes n’était pas optimale ». Malgré cette première alerte, Sascha est décidé à faire son grand retour en Allemagne : « Dans la vidéo tu peux voir que je boite. Tout le monde le savait, sauf moi. J’étais complètement perturbé, je voulais jouer. J’ai été têtu et stupide », se souvient le principal intéressé. 

Le retour de l’Allemand sur le circuit ATP est alors reporté à la saison suivante. Malgré des hauts et des bas durant les premiers mois, son tennis élancé revoit le jour sur l’ocre. Le court Philippe-Chatrier qui a été si cruel avec lui l’an passé, lui sourit lors de l’édition 2023. Un an après sa chute, Alexander Zverev atteint à nouveau les demi-finales de Roland-Garros. Il caresse encore ses rêves du bout des doigts.