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De Bruxelles à New York,

la modernité dans la tradition

© Court 16, Inc.

À quelques foulées de Flushing Meadows, où se déroule chaque année l’US Open, on mélange hardiment l’histoire et l’innovation. Dans le très récent complexe Court 16 de Long Island, Anthony Evrard prolonge l’héritage bruxellois du Royal Léopold Club, le club centenaire qui a façonné le petit garçon derrière cette belle réussite outre-Atlantique. On y joue encadrés par des lignes en LED. Au-delà des lumières modulables, le système de sol - une première mondiale - limite les risques de blessures et se révèle idéal pour les enfants en apprentissage. Le symbole d’un tennis remixé high-tech mais, surtout, très « repensé ».

 

« Un moment fondateur pour la vie, basé sur des valeurs d’esprit sportif, de discipline et d’intégration. » Dans sa story, voilà comment se présente Court 16 (dites sixteen), chaîne de clubs de tennis new-yorkais, imaginée pour les enfants et récemment ouverte aux adultes. Une belle prose à l’américaine, peut-être, mais cette vision du tennis comme « acte fondateur » n’est pas seulement une baseline marketing. Elle s’explique déjà par le nom, à l’odeur bruxelloise sous son air yankee.

Derrière Court 16, un Belge : Anthony Evrard. Fils et petit-fils de « Bourgeois Sport », le premier magasin belge « pro » de tennis, créé en 1968 et bien connu du monde de la raquette bruxelloise. Anthony y passera naturellement une grande partie de son temps, apprenant à corder des raquettes en même temps que l’alphabet, à l’instar de son père pour les professionnels. Il traînera aussi ses premiers revers babillants au Royal Léopold Club, toujours dans le sillage de sa famille, l’une des premières « prolétaires » à fouler les courts du mythique « Léo ». Et plus précisément sur le 16, son préféré, le deuxième sur la gauche quand on entre dans le club.

Des « moments magiques » avec sa famille, qui l’ont poursuivi quand il a décidé de se lancer dans l’aventure de l’entrepreunariat sauce startup sportive. Sa sœur aînée Vanessa est déjà une promesse montante quand Anthony est repéré par l’AFT. Il sera de la première génération à rejoindre le centre de Mons, avec les frères Rochus et une certaine Justine Henin. Destiné à tutoyer les sommets de l’ATP, au moins pour la Belgique, il intègre l’équipe nationale avec, notamment, Xavier Malisse. À 15 ans, il retourne vivre en famille dans son Bruxelles natal, mais l’expérience montoise lui servira de tremplin, quelques années plus tard, pour le grand saut vers les States. Il intègre là-bas la prestigieuse première division de la NCAA, au sein de la Loyola Marymount University à Los Angeles, et y accomplit un cycle complet de quatre années. Puis, quelques jobs dans le marketing et cinq ans fondateurs en tant que senior chez Puma le convainquent de se lancer dans l’aventure new-yorkaise.

© Court 16, Inc.

Networking

Le premier club Court 16 est ouvert à Brooklyn en 2014. Le but est clair : créer des lieux de rencontres, surtout pour les jeunes familles, pas forcément liées traditionnellement au tennis. L’endroit n’est pas choisi au hasard. Il y faut de la vie autour, de l’énergie communicative ; maintenant, et surtout dans la décennie qui vient. Il faut créer un spot, un hub, un endroit cool et urbain, qui inspire et rassemble des jeunes adultes qui souhaitent se rencontrer, connecter, échanger… via les cours de tennis indoor de leurs enfants. 

Avec aujourd’hui 800 familles inscrites au premier club de Brooklyn, le but a été atteint. Mais le virus est contagieux. Très vite, les parents aussi ont voulu suivre des cours. Ce sera finalement chose faite : Court 16 est aujourd’hui ouvert aux adultes, débutants ou confirmés. Avec une pédagogie adaptée, du fun à l’américaine sur et en dehors des courts, des familles qui se lient à un sport parfois difficile à pratiquer dans cette ville, des events à gogo et du matériel de pointe. 

 

Modernité dans la tradition

Outre le paramètre essentiel de la localisation vivante et propice aux rencontres, l’infrastructure est un point fondamental pour Anthony Evrard : amener la modernité dans la tradition. Le tennis remixé, en langage US. Quand le deuxième club ouvre en avril dernier à Long Island City, entre les klaxons, les studios de cinéma et les stations de métro, il offre des terrains avec une surface en verre. Une première. Les lignes ? Des lampes LED qui s’allument selon les besoins ; ce qui évite d’avoir des entrelacements peu clairs, pour finalement obtenir 16 (encore) formats de terrain différents, modulables très rapidement selon les besoins. 

Trois millions de dollars ont été levés pour les deux clubs. Des partenariats avec Babolat, Lacoste ou Pharrell Williams et même avec l’USTA pour un showcase « excellence technique » sur le court central durant l’US Open… Des ouvertures vers les moins chanceux financièrement, des summer camps, et toutes sortes d’événements pour les enfants ou pour les adultes… Des opérations caritatives, le Sounds of Tennis destiné aux malvoyants, un programme de « cardio tennis » plutôt tourné vers un public féminin… ou encore un focus sur le pickleball, qui demande raquettes en bois et balles perforées en plastique sur des petits terrains pour le plus grand bonheur des groupes… Court 16 est à la volée et en fond de court pour créer de « nouveaux moments magiques », souvent en famille comme les Evrard au Léo, la technologie et l’esprit startup en plus. 

 

Article publié dans COURTS n° 2, été 2018.