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Monnet Time !

© Inès Romain

À seulement 20 ans, son histoire, aussi bien tennistique que de vie, semble avoir été imaginée par les plus grands scénaristes hollywoodiens. Mais la science-fiction n’a pas de place dans le parcours hors du commun de Carole Monnet. Classée 15/3 à 12 ans, la Française n’a cessé depuis d’affoler les compteurs au fil des saisons et pointe désormais au 277e rang mondial à la WTA. Une destinée qu’elle ne doit qu’à sa volonté de fer et à sa confiance absolue. Rencontre avec cette championne en devenir et son coach de toujours, Hervé Romain. Un duo qui fait des ravages et dont on devrait encore parler dans les années à venir. 

 

Pendant que les stars du circuit effectuaient leur rentrée dans l’hémisphère sud en faisant crisser leurs semelles sur les courts de Melbourne Park, les jeunes talents du circuit ITF se livraient une lutte acharnée sous un soleil également ardent. Celui de Monastir en Tunisie. Centre d’entraînement prisé par Ons Jabeur, devenue la première joueuse de l’histoire du monde arabe à intégrer le top 10 en 2021, la cité balnéaire accueillait sur ses terres durant tout le mois de janvier des épreuves masculines et féminines dotées de 25 000 dollars (22 000 euros). Loin des projecteurs des Grands Chelems, ces tournois de troisième zone sont une étape incontournable pour celles et ceux qui aspirent à devenir un jour les Roger Federer et les Serena Williams de demain.

Tout comme l’Américaine, l’une de ses idoles d’enfance, une jeune Française très athlétique, aux faux airs de Samantha Stosur, enchaîne les coups droits gagnants sur les terrains du luxueux complexe hôtelier tunisien. Cette fille, c’est Carole Monnet. Et quand elle ne maltraite pas ses adversaires en compétition à grands coups de boutoir, c’est à l’entraînement qu’elle frappe inlassablement la balle des heures durant. « Souvent sur les tournois, les filles étrangères viennent me voir pendant que Carole s’entraîne en me demandant comment elle fait pour être aussi focus. Je leur réponds alors qu’elle veut simplement devenir une grande joueuse de tennis.» Celui qui vient de prononcer ces mots avec tant de malice n’est autre que son coach de toujours, Hervé Romain. Affable, le technicien de 50 ans, qui en paraît aisément dix de moins, est une référence dans la formation de jeunes talents. Surnommé « Le Professeur » en raison de son bagage technique aussi long qu’un Isner-Mahut (préparateur physique et mental, bio-mécanicien, praticien spécialisé dans les thérapies manuelles japonaises yumeiho et massages…), l’entraîneur est intarissable sur tous les sujets. Et ce, même à plusieurs milliers de kilomètres de distance. 

En effet, Covid oblige, c’est par le biais d’une visioconférence, la meilleure amie des journalistes en ces temps de pandémie, que le contact est noué avec ce faux sosie de Jo-Wilfried Tsonga. Quelques péripéties techniques et un micro capricieux plus tard, son visage souriant ainsi que celui de sa protégée apparaissent à l’écran. La veille, celle-ci tapait sa première finale de la saison à l’occasion de Monastir 2. « Je suis satisfaite de ma performance, j’ai eu de très bonnes sensations et j’ai su rester dans ma bulle malgré les intempéries et les averses de la semaine. » Avant de rempiler dès le lendemain avec le troisième opus du rendez-vous tunisien, le duo de choc s’est donc autorisé quelques minutes de répit sur le balcon de son appartement. Derrière lui, le décor est digne d’une carte postale. Ciel bleu à l’horizon, palmiers à perte de vue, mouettes planant au gré du vent… Le contraste est total avec le brouillard et le froid hivernal qui règnent alors en France. Mais avant de lui permettre de goûter à ces paysages de rêve et à cette récente stabilité financière, ô combien précieuse dans la progression d’un joueur de tennis professionnel, le parcours de Carole Monnet a été tout sauf un long fleuve tranquille. Loin des plages idylliques du Skanes Family Resort de Monastir, c’est dans une petite ville d’Ukraine à une trentaine de kilomètres de Kiev que tout a commencé. 

 

Un parcours atypique 

Boïarka. 1er décembre 2001. Une date qui pourrait bientôt devenir un refrain dans la bouche de Marc Maury, speaker charismatique de Roland-Garros, lors de la présentation des joueurs en avant-match. En attendant que cette prédiction se réalise, il est bon de rembobiner le film. Placée en orphelinat, c’est donc en Europe de l’Est que Carole effectue ses premiers pas avant que les péripéties de la vie ne viennent les prolonger en France à l’âge de deux ans. Dans le Sud précisément, où une famille de Toulousains décide de l’adopter. « Déjà petite, je ne tenais pas en place. Je ressentais toujours le besoin de me défouler. J’étais un véritable garçon manqué (rires) », se remémore-t-elle. 

Ce n’est donc pas un hasard si l’école a toujours été perçue comme une source d’ennui profond pour cette hyperactive. Jamais rassasiée, c’est par la voie du sport que Carole s’évade. Grâce à l’athlétisme dans un premier temps. « C’est la première discipline que j’ai pratiquée. Mes deux grands frères adoptifs en faisaient, donc c’est tout naturellement que j’ai décidé de les imiter », explique celle qui aurait pu briller également dans un couloir de sprint. Mais c’est finalement sur d’autres terrains, ceux des courts en terre battue du club de Muret, en périphérie de la Ville Rose, que Carole va réaliser ses premières glissades et ne plus jamais se retourner par la suite. « J’ai touché ma toute première raquette à l’âge de 8 ans. J’ai ressenti tout de suite l’électrochoc. Je pouvais passer des heures entières à frapper les balles contre un mur sans m’arrêter », raconte-t-elle avec sa joie de vivre communicative. Prise par le virus, Carole ne jure alors que par le tennis. Qu’importe le moment de la journée, cette obsédante balle jaune est la seule chose qui compte pour elle. Si bien qu’à 12 ans, la jeune adolescente décide de passer à la vitesse supérieure. « J’en voulais toujours plus. Je sentais que mes cours en club ne me suffisaient plus. J’avais envie de m’inscrire dans une démarche professionnelle. » 

 

Une rencontre pour la vie

Après quelques rapides recherches sur la Toile, plusieurs vidéos d’un centre d’entraînement perdu dans un petit village du Minervois attirent son attention. « C’était l’académie d’Hervé Romain, la Romain Tennis Team. J’ai visionné pendant de longues heures ses vidéos et ses méthodes d’entraînement, puis j’ai été conquise », explique la Toulousaine. Elle ne le savait pas encore, mais à seulement 1 h 30 de sa Ville Rose, Carole s’apprêtait à faire la rencontre la plus importante de sa vie. Celle de son mentor Hervé Romain qui, lui non plus, n’est pas près d’oublier la première fois qu’il a croisé le regard du phénomène. « Elle est venue en stage pendant une semaine en janvier. Je me souviens qu’elle était classée 15/3. À cette période, j’avais sous mon aile les meilleures joueuses d’Europe de sa génération, des étrangères assimilées à 0. C’était forcément un peu un ovni à côté mais elle y croyait vraiment déjà à l’époque. Elle était complètement habitée en plus d’être têtue. Il y avait quelque chose. Le soir, elle répétait les exercices qu’elle avait vus la journée chez elle en face de la baie vitrée. Une semaine plus tard, elle perfait à 5/6.» Prodigieux, vous avez dit ? Attendez de voir la suite. En moins de quatre ans, le nouveau duo, fraîchement formé, va accomplir des miracles. Là où, dans le même temps, le joueur de club moyen prend péniblement un ou deux classements de plus (ce qui est déjà un bel accomplissement !), Carole avale ces derniers pour se retrouver tout en haut de la pyramide du tennis amateur. De 15/3, elle devient 0 en deux saisons, puis numérotée les deux suivantes à seulement 16 ans. Autrement dit : la plus grosse progression jamais enregistrée du classement français. « Tout est allé très vite en compagnie d’Hervé. Nous avons une relation très forte. Nous sommes fusionnels et on travaille bien ensemble », explique Carole pour décrire cette alchimie totale qui la transcende. 

© Inès Romain

La visualisation mentale : la clé de la méthode Romain

La recette de ce succès s’explique aussi par une approche mentale axée sur le pouvoir de la visualisation. « Avec mes élèves et Carole, nous ne fonctionnons pas en termes d’objectifs bruts mais plutôt en termes de résultats atteints. Carole veut devenir une grande championne de tennis. Ce n’est pas un objectif à court terme mais un résultat. C’est là où se situe toute la différence », éclaire celui qui lui a inculqué ce mode de pensée avant d’étayer ses propos : « Les Novak Djokovic, les Rafael Nadal ou encore les Carlos Alcaraz sont des personnes avec des certitudes ancrées en eux. Ils sont complètement habités à l’idée de devenir meilleur jour après jour. Ils vont développer des capacités, scanner les ressources dont ils ont besoin pour y arriver. » À mi-chemin entre spiritualité et loi de l’attraction, la méthode Hervé Romain se base sur une croyance en soi inébranlable. « Imagine que je te dise là maintenant que tu vas devenir un grand journaliste et que tout le monde se battra pour t’avoir. Si tu y crois vraiment, tu vas débloquer des mécanismes inconscients et mettre en œuvre tout ce qu’il faut pour y parvenir. En le transposant au tennis, c’est exactement ce que j’ai dit à Carole le deuxième jour. Je lui ai fait rencontrer sa meilleure version d’elle-même. Si elle avait déjà ce truc en elle, sa confiance s’est encore plus décuplée depuis. » 

 

Tomber. Se relever. Encore et toujours. 

Si la magie a donc opéré entre le maître et son élève, il ne faut pas croire cependant que tous ces excellents résultats se sont réalisés par enchantement. Loin de là. Derrière cette explosion fulgurante se cachent des heures de dur labeur, énormément de sueur et d’inévitables obstacles à surmonter. 2016, année charnière dans la carrière de Carole, en sera par exemple parsemée. Alors qu’elle surfait sur son excellente dynamique, une vilaine blessure au dos stoppe les ardeurs de la jeune Française. « Un accident de jeunesse que je croyais derrière moi s’est réveillé. J’avais une vertèbre fracturée et un début de glissement intervertébral. Cela m’a valu d’être éloignée des courts pendant huit mois. C’était une période délicate remplie de doutes », se souvient-elle. 

Animée par le célèbre adage nietzschéen « tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », Carole pliera mais ne rompra jamais. Même si elle en bavera énormément. À l’image d’un autre dur au mal, le guerrier Paul-Henri Mathieu, sujet de l’inoubliable « Intérieur Sport » de 2012 qui revient sur sa renaissance au plus haut niveau après une grave blessure à la jambe, Carole entame également sa longue convalescence sur une chaise, solidement attachée à un corset, pour garder des sensations raquette en main. « C’était un long processus. Je me souviens encore des bleus que ça me faisait lorsque j’ai commencé à me remettre debout. J’avais super mal. Mais l’excitation de revenir au plus haut niveau a toujours été plus élevée que la douleur. » 

Grâce à sa détermination sans faille, la jeune joueuse se libère de ce lourd fardeau au prix d’efforts acharnés. À peine débarrassée de son corset, Hervé glissera à sa petite protégée cette phrase : « Tu vas devenir championne de France ». Si ces quelques mots la font sourire au début, ils tourneront peu de temps après à l’obsession. En l’espace de seulement deux mois, ce qui pouvait s’apparenter à une utopie se concrétise. Carole signe un comeback tonitruant et soulève le trophée de meilleure U16 du pays sur la terre battue de Roland-Garros. Le premier trophée d’une longue série qui viendra jalonner 2017, cru inoubliable pour notre Frenchy. Avec une victoire aux Tennis Europe Junior Masters (une grande première pour une Française !), une place de numéro une mondiale sur le circuit Tennis Europe U16, la découverte de la Fed Cup Junior et de l’Orange Bowl à Miami puis enfin l’Award de la meilleure joueuse de l’année, le sac à souvenirs de Carole ne cesse de s’agrandir. 

 

« Je me suis retrouvée sans avenir à 17 ans »

Mais pas le temps de savourer pour le binôme ambitieux. La saison d’après, celui-ci part à la conquête du monde en découvrant l’immense jungle des 15 000 dollars, l’échelon le plus bas du circuit professionnel. Entre joies et déceptions, rires et larmes, Carole se confronte aux galères financières pour la première fois de sa carrière. « Les gains en tournoi sont dérisoires par rapport aux efforts consentis. À chaque fois, il faut déduire les taxes du pays, les impôts, les frais de déplacement, la nourriture, l’hôtel et enfin l’entraîneur qu’il faut payer, héberger et faire voyager », raconte la championne en herbe avant d’étayer ses propos avec une anecdote insolite : « Alors que j’avais atteint la finale d’un tournoi au Portugal, nous n’avions même pas assez d’argent pour nous payer une nuit d’hôtel avec Hervé. On a été obligés de dormir sur le banc de l’aéroport. C’était du grand n’importe quoi (rires) ! »

Malgré les aléas de cette vie de baroudeuse de l’extrême, Carole poursuit son petit bonhomme de chemin et sa progression linéaire. À tel point qu’elle se retrouve au 702e rang mondial à la WTA avant d’attaquer 2019. Malheureusement, alors que tous les signaux étaient jusqu’alors positifs, une réforme de l’ITF vient anéantir ses espoirs. Celle-ci baptisée « World Tour Tennis » a pour but de modifier en profondeur les modes de classement et de participation aux tournois. En d’autres termes : clarifier et rétrécir l’accès au professionnalisme en retirant la distribution de points WTA (et ATP) dans les tournois Futures. Pile ceux que Carole et d’autres milliers de jeunes écumaient aux quatre coins du globe. « On m’avait volé tous mes points. Je me suis retrouvée sans avenir à 17 ans. Je n’avais plus de moyens financiers pour revenir en arrière sur le circuit junior et j’étais dans l’impossibilité de jouer chez les pros », explique la joueuse encore profondément marquée par cette injustice. 

 

Une volonté de fer sur les courts comme en dehors

Alors qu’elle s’était résignée à mettre sa carrière entre parenthèses, un nouveau coup de pouce du destin va tout faire basculer. Victimes de plusieurs désistements de dernière minute, les tournois espagnols de Vinaros et de Villena, deux rendez-vous majeurs du circuit junior, contactent Carole dans l’espoir d’une éventuelle participation. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le tandem Monnet-Romain met le cap vers l’Espagne pour se présenter aux qualifications. Une fois sur place, la Française, morte de faim, s’en extirpera à chaque fois pour se hisser en finale. Sur les terres de l’académie de Juan Carlos Ferrero où elle livrera de farouches batailles, Carole en mènera une autre lors de la cérémonie de remise des trophées en dénonçant courageusement l’ingérence de l’ITF. Muée en porte-voix de milliers de jeunes privés injustement de leur rêve comme elle, la joueuse au caractère forgé dans l’acier le mieux trempé ne le sait pas encore mais ses mots vont faire mouche. Relayé et partagé largement sur les réseaux sociaux, son cri du cœur fait le buzz dans le petit milieu du tennis dès le lendemain. « J’ai reçu des centaines de message de soutien et j’ai bénéficié d’un élan de solidarité inespéré qui m’a permis d’enchaîner les victoires », explique Carole tout sourire. 

Acculée par la colère des joueurs, appuyée par de grands noms du tennis mondial, l’ITF a été forcée de revoir sa copie. Cinq mois à peine après avoir été mise en vigueur, la réforme tant décriée a été abolie, et les points subtilisés, rendus à leurs propriétaires. « C’était une grande victoire, j’ai pu récupérer mon classement », se félicite celle qui a initié ce mouvement. 

© Daniel Deladonne

2019 : l’ascenseur émotionnel 

La suite de l’aventure sera une succession d’expériences humaines et tennistiques inoubliables. Carole découvre les Grands Chelems chez les juniors, s’offre le scalp de la numéro une mondiale de la catégorie à l’époque, tout en poursuivant sa folle ascension. Mais une fois encore, celle-ci va être freinée par des événements extérieurs. Les derniers que Carole aurait pu soupçonner. « Mes parents adoptifs ont voulu s’accaparer mon projet en m’imposant leur point de vue et leurs décisions. Ils voulaient me mettre un agent sur le dos, contrôler mes sorties médiatiques et le pire, stopper ma collaboration avec Hervé ». Piégée dans un engrenage toxique, celle qui était encore mineure en 2019 n’a pas eu d’autres choix que de quitter le cocon familial. « Je n’ai pas forcément envie de m’attarder sur cet épisode mais il m’a permis de me grandir humainement. Avec du recul, c’est à cet instant précis que j’ai l’impression d’être passée de l’état d’enfant à celui d’adulte. » 

Pleine de maturité, la nouvelle Carole parvient à trouver les ressources intérieures nécessaires pour rebondir après ce qu’elle décrit comme « la période la plus éprouvante de sa carrière ». Partis avec leurs ultimes deniers en poche, l’aventurière et son éternel compagnon de route Hervé font escale en Tunisie dans l’espoir de se relancer. C’est alors que l’invraisemblable se produit. Carole remporte le 15 000 $ de Monastir, qui deviendra plus tard son tournoi fétiche, non pas une, ni deux, ni trois… mais quatre fois d’affilée (trois titres en simple et un titre en double) ! Un exploit qu’aucun superlatif ne suffirait à décrire. « C’était une expérience fantastique. Mes résultats ont commencé à faire du bruit. Dans la foulée, j’ai reçu plein de sollicitations d’agences sportives, c’était de la folie ! », s’esclaffe-t-elle. 

Après avoir étudié méticuleusement toutes ces propositions, Carole jette finalement son dévolu sur une jeune agence basée à la fois en Europe et aux États-Unis nommée EDGE. « C’était celle qui correspondait le plus à mon projet et à mes valeurs. Je suis partie faire un test lors de mon intersaison fin 2019 aux États-Unis à Boca Raton. J’ai rencontré sur place toute l’équipe et Rick Macci (ndlr : le premier entraîneur des sœurs Williams, entre autres) qui s’occupe du volet coaching au sein de l’agence », explique la Frenchy. Conquis par la philosophie de cette société pas comme les autres, qui place le sportif et sa progression au centre de tout, Hervé et Carole ne s’en déferont plus. « Ils font un travail exceptionnel et je ne les remercierai jamais assez. Ce sont des passionnés qui transpirent l’amour du tennis. Cette équipe m’apporte le soutien humain et financier nécessaire dans ma progression tout en me laissant beaucoup de liberté. Nos seules préoccupations avec Hervé se résument à l’aspect purement tennistique, c’est le climat idéal pour progresser », éclaire la pensionnaire de EDGE avant de rendre un autre bel hommage à sa structure : « Ils sont ma deuxième famille. On est tous très soudés et on se tire mutuellement vers le haut. »

 

En route vers la WTA ! 

Depuis que sa voie tennistique s’est enfin tracée dans un environnement optimal, Carole récolte les fruits de sa persévérance quotidienne. Avec son caractère bien trempé, Monnet aidée de son énorme coup droit impose petit à petit sa touche dans les plus grands tableaux, comme le faisait son illustre homonyme il y a plus d’un siècle avec son pinceau. Récompensée pour ses excellents résultats et sa constante progression, Carole a pu goûter à l’atmosphère de Roland-Garros chez les grandes grâce à ses deux wild cards obtenues en 2020 et 2021 pour les qualifications. Des invitations honorées de la meilleure des manières puisque la tricolore a passé un tour à chaque fois. « J’avais battu l’Américaine Whitney Osuigwe qui avait été numéro 1 mondiale chez les Juniors. C’était une belle première expérience. Cela me donne envie de redoubler d’efforts pour regoûter à ce genre d’ambiance », conclut la Toulousaine avec son habituel sourire. 

Classée 277e mondiale au moment d’écrire ces lignes, Carole entame doucement mais sûrement sa transition vers les plus hautes sphères du tennis féminin. « Elle apprend à programmer son cerveau en termes de résultat atteint. Elle n’est pas là pour gagner des Futures mais pour s’entraîner et préparer la WTA. C’est une bosseuse acharnée », explique le coach Romain avant de louer les qualités mentales de sa padawan avec un de ces jeux de mots dont il a le secret : « J’ai inventé le terme de Monnet Time qui lui correspond bien. En fait c’est très simple : à chaque fois qu’elle dispute une échéance importante ou un gros match à enjeu, elle arrive à se surpasser. Elle joue à l’instinct et souvent elle est très bonne dans les moments chauds. Elle a un côté chien fou qui lui réussit sous pression. Pour résumer, plus le point est important, plus il y a de chances qu’elle le remporte. C’est ça le Monnet Time. » 

De son tout premier contact avec une raquette à l’âge de 8 ans jusqu’à sa première participation à Roland-Garros en 2020, Carole n’a pas bougé d’un iota malgré les différents obstacles disséminés sur sa route. À l’intérieur, elle est toujours restée cette petite fille qui pouvait jouer des heures entières contre le mur du Tennis Club de Muret. Qu’importe les tempêtes à traverser, cette petite voix qui lui chuchotait sans cesse qu’elle deviendrait un jour une grande championne a toujours été sa plus fidèle alliée. Et pour ne pas perdre de vue sa quête ultime, Carole a sa botte secrète. Lorsque le doute pointe, son bracelet, qu’elle porte au poignet gauche en toutes circonstances, lui rappelle pourquoi il ne faut jamais abandonner. Dans le revers du grigri que délivre Hervé à chacun de ses élèves au début de leur collaboration, sont inscrits ces quelques mots : « Work hard and amazing things will happen » (« Travaille dur et d’incroyables choses arriveront »). 

 

Article publié dans COURTS n° 12, printemps 2022.